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mercredi 19 janvier 2022

Les cerisiers en fleurs de Damien Hirst

Grand merci aux couloirs du métro à Nation...

Luttant contre les tornades venteuses de ces tunnels la tête repliée dans le cou le nez au sol, mais bien obligée de temps en temps de lever la tête pour ne pas foncer dans les autres voyageurs... plaf je me prends un bain de couleur en pleine figure !
Les murs du "tunnel de tous les vents" sont tapissés des affiches de cerisiers en fleurs annonçant l'expo de Damien Hirst. [NB : c’était en novembre 2021...]

Qui ? J'avoue que je connaissais l'artiste de nom, un artiste contemporain, mais j'aurais bien été incapable de visualiser dans ma petite tête une de ses œuvres. 

Il m'a fallu près de 4 mois pour trouver l'occasion de visiter cette expo à la Fondation Cartier. 

Ce fut une drôle de découverte, à commencer par l'immense salle du sous-sol où étaient exposées 14 toiles grand format, dont les titres n'étaient indiqués que sur un petit pan de mur à l'entrée : Late Blossom, Mother's Blossom, Queen's Blossom, Wisdom's B, Emperor's B, God's B, Love's B, Colourful's B (!), Imperial B, Fantasia B, Morning B, Truth's B, Celebratory B...

Ayant d'abord pensé que le titre de la toile correspondait à l'époque de la floraison, ou à quelque subtile lien, l'envie d'associer le bon titre à chaque toile m'est vite passée, car d'une part c'était fastidieux de se souvenir du plan des titres, et d'autre part, j'ai rapidement séché sur une interprétation liée à la saison.
Tous les cerisiers étaient en fleurs (ben voyons, vu le titre de l'exposition), les toiles m'ont fait l'effet d'oeuvres de pointillisme géant. Dans cette salle du sous-sol, l'impression de se promener sous une pluie de confettis plus ou moins denses, plus ou moins empâtés. Ici et là, des coulures, provenant de lancers de peinture à la Jackson Pollock.
Les toiles sont très chargées, remplies de tâches roses, rouges, blanches, avec ici et là quelques petites touches de bleu, d'orange, et de vert. Le visiteur a peu de recul, il n'aperçoit pas l'arbre dans son entièreté mais se trouve comme absorbé dans une débauche de fleurs.

C'était plaisant. mais ce ne fut pas vraiment l'effet que j'attendais. Certaines toiles ne m'inspiraient pas de sentiment d'éblouissement, mais plutôt la vision d'une répétition de points géants balancés sur la toile, ici avec une dominante de rose pâle, là un peu plus de rose soutenu, ici un peu de ciel bleu, là davantage de feuilles vertes (les feuilles sont peintes au tampon) : ce devaient donc être les repères de l’évolution de la floraison des cerisiers. Damien Hirst a volontairement souhaité que les titres ne soient pas indiqués sous les toiles pour amener le visiteur à s'immerger pleinement dans les cerisiers en fleurs.

God's Blossom / Winter's Blossom
L'amie qui m'accompagnait a néanmoins su me sensibiliser aux subtilités de ces arbres se découpant sur des morceaux de ciel, croulant sous les fleurs, laissant deviner ici bas des miroitements dans l'eau d'un étang.
En particulier nous sous sommes extasiées devant (sauf erreur) le Winter's Blossom, qui nous a semblé représenter un personnage ondulant sous les lianes...

Au rez-de-chaussée, les toiles sont plus "travaillées", toutes laissent apparaître des entrelacs de branches, un bout de tronc, des coins de ciel...
Deux toiles (Fragility Blossom et Wondeful World Blossom) m'ont rappelé "L'amandier en fleurs" de Van Gogh.

C'est vrai que j'ai été plus sensible à la poésie de ces toiles du rez-de-chaussée. On se prend à s'imaginer allongé sous le cerisier d'un parc japonais, la tête non pas dans les étoiles mais dans les ramures chargées de fleurs. Pas de bruit si ce n'est le doux bruissement des feuilles. Parfois un pétale vient chatouiller le visage. On rêve. On se perd dans cette explosion de couleurs et de fleurs.

Sakura Life Blossom
Wonderful World Blossom / Détail d'un cerisier
Greater Love Has No-One Than This Blossom / Precious Moment Blossom

J'avais pensé que Damien Hirst avait accompli une petite retraite au Japon pour trouver l'inspiration et peindre ses 130 toiles de cerisiers en fleurs. Mais il semble que non et qu'il ait choisi de faire du "second degré", en peignant d'après des reproductions. Cela a quelque peu fait retomber mon enthousiasme, mais bon, c'est une forme d'art comme une autre. Mais j'avoue, après coup, avoir plus de peine à m'imaginer somnoler sous un cerisier chargé de fleurs quelque part dans un jardin de Kyoto...

"Regarde les fleurs de cerisier !
Leur couleur et leur parfum
tombent avec elles,
disparaissent à jamais,
mais inconscient
le printemps revient." (Ikkyû, XVe s.)

mardi 17 août 2021

Caroline Deyns : "Trencadis", une pépite sur Niki de Saint-Phalle

Autoportrait (zoom)
Caroline Deyns a écrit une
Pink Nude in Landscape 1959 (zoom)
biographie romancée
de l'artiste Niki de Saint Phalle. Et le résultat est aussi passionnant qu'impressionnant. (Ed. Quidam Editeur, 2020, 354 p.)

Pour quelqu'un qui comme moi adore Niki de Saint Phalle et a eu l'occasion de savourer goulûment ses œuvres lors de la magnifique expo au Grand Palais en 2015 (cf. photos), ce roman est une pépite.

Car si l'on connaît l'histoire de Niki :
... sa jeunesse de bonne famille à New-York, l'enfance pétrifiée par l'inceste commis par son père, ses accès de mélancolie, ses débuts de mannequin, son premier mariage, le "renoncement" à ses enfants, ses internements en clinique psychiatrique et son apaisement par le dessin ou la peinture, puis sa découverte de l'univers de Gaudi au Parc Güell, les "trencadis" (mosaïques en catalan), la rencontre avec Jean Tinguely, les "tirs" à la carabine, cathartiques, la vie à deux, les sculptures, les mosaïques, les douleurs physiques liées à son art, les infidélités de Jean, la souffrance psychique, le deuxième mariage (avec Jean), le Jardin des Tarots, la Californie...

Donc, si l'on connaît déjà les grandes lignes de la vie de Niki de Saint Phalle, on ne saurait imaginer son quotidien. 

" J'ai eu la chance de rencontrer l'art parce que j'avais, sur le plan psychologique, tout ce qu'il faut pour devenir une terroriste."

Et c'est ce que comble Caroline Deyns, avec un talent de conteuse exceptionnel, qui passe par un souci du détail inouï : 

  • Le ballet des Nanas (scénographie envoûtante de l'expo)
    la façon dont Niki enfant ou ado est contrainte d'accompagner sa mère en visite auprès de ses amies de la bonne société new-yorkaise, s'ennuyant à mourir sur sa chaise... ou le regard soudain hypnotisé par la collection d’œufs de Fabergé de la mondaine insipide qui sert d'amie à sa mère...
  • Comment jeune mère, elle pèle à n'en plus finir une pomme...
  • Quand elle commence à collecter les instruments tranchants sous son lit...
  • Quand elle invite l'artisan forain à utiliser sa carabine pour une séance de ses bientôt fameux "tirs" : 

"(...) j'ai tiré. Du sang vert a jailli en gerbes molles. Ébahi, je l'ai interrogée du regard. Elle a éclaté de rire. Ce rire... Je m'en souviendrai toute ma vie, parce qu'il avait beau être aussi juvénile que sa silhouette, on le sentait quelque part creusé de sécheresses, comme des écailles de serpent. (...) Derrière le plâtre, Andréas, il y a des poches dissimulées, des poches avec de la peinture, et puis plein d'autres choses, des tomates, du café, du shampoing, des œufs, des spaghettis. voilà vous savez, maintenant tires encore, Go on ! J'ai obéi et du pus bleu a coulé de l’abcès blanc. C'était magnifique, c'était horrible (...)."

  • Ou que, femme mûre, elle attend désespérément Jean au restaurant le soir d'un de ses vernissages, et il arrive au bras de sa maîtresse...
  • Quand elle sombre dans la dépression... 

"Mais là aussi la vie a repris. Elle entent, elle voit : les piailleries des oiseaux et le jour qui force les stores. Le monde voudrait la lever à grands coups de pieds au cul qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Se lever ? Elle referme les yeux pour dessiner mentalement les couleurs du corps posé sur le matelas, du corps à mouvoir. Son corps. (...) Se lever. La belle affaire."

La fontaine Stravinsky (Tinguely / Saint-Phalle, 1983)
à Paris/Beaubourg, avec en arrière-plan
la fresque "
Chuuuttt !!!" peinte par Jef Aerosol en 2011
 

Caroline Deyns imagine ainsi chaque pan de la vie de Niki, déroule ses crises de mélancolie ou ses accès de créativité, ses pensées, ses douleurs ("Oui j,ai mal, affreusement à me faire hurler toutes les nuits (...)", ses cataplasmes, le souvenir d'abord refoulé puis devenu béant des actes que son père commet sur l'enfant de onze ans qu'elle était, son amour pour un homme volage... Le lecteur vit en miroir la vie de cette femme libre, douée, artiste, blessée, résiliente, indépendante et aimante - ou amante.

Comme elle l'écrit dans les remerciements à la fin de son livre, l'auteure évoque son "double romanesque". Comme le dit Libé : "Blessée mais toujours debout".
Un roman vraiment incontournable pour qui admire cette incroyable artiste, la mère des Nanas. Mais attention, l'écriture de Caroline Deyns est extrêmement foisonnante, voire fourmillante, il m'a fallu un petit temps d’adaptation pour accepter de me laisser submerger et savourer.

Male Gaze : Des femmes remarquables cernées de zizis en pâte de verre

Non ce n'est pas un Muppet 😁
Tout à fait par hasard (oui oui ;-)), à l'occasion d'un petit daytrip à Chartres pour enfin découvrir la cathédrale et la Maison Picassiette, je suis passée devant une petite expo sise dans une chapelle, la chapelle Saint-Éman.
Ni une ni deux, par l'art alléchée je me rue à l'intérieur (moins vite qu'à mon habitude, pass sanit' oblige) sans même regarder l'objet de l'expo, et la première chose que j'aperçois, c'est une magnifique sculpture en verre, dans les couleurs que je vénère, violet, pourpre, vert anis... 
On dirait un bonhomme tout en longueur qui accueille sympathiquement les visiteurs, je ne sais pas pourquoi cela m'a (de loin) fait penser à une marionnette du Muppets Show. J'admets avoir parfois beaucoup d'imagination.
 
Puis avec un léger recul, ouah ! je réalise que cette sculpture si délicate et onirique représente un zizi et ses deux acolytes 😄 !

Renseignements, très succincts, pris à l'accueil, il s'agit d'une expo de la mosaïste italienne Dusciana BRAVURA née à Venise en 1969, qui vit et travaille entre Ravenne et Venise...

Pas de petite plaquette explicative de l'expo, sinon un extrait du programme culturel de la ville de Chartres qui présente en quelques lignes cette exposition intitulée « Prénom Vénus », montrant "un bestiaire digne d'une fable médiévale qui prend vie en tatous, tortues, caméléons et lézards émeraude (...) semblant tout droit sortis d'un conte de Perrault."
Euh... mais ouf, je suis tout de même rassurée d'avoir identifié un Muppet Show dans ce bestiaire, mais pour dire vrai, à part des zizis raffinés, je n'ai pas aperçu ou su identifier tatous, tortues ou autres animaux. Je me demande si le programme culturel officiel n'aurait pas pêché par excès de pruderie. Ou bien erreur de thème !
Sur Internet, un peu plus de précisions :
Dusciana Bravura interroge l’influence de la société patriarcale sur la vision que les femmes ont d’elles-mêmes et que la société a des femmes. « Le regard dominant n’est pas seulement masculin dans les médias, mais conditionne les actions, les relations, les modes de vie ». Et si on changeait d’approche ! Comment se positionner sur une vision de grands personnages de la société du point de vue d’un regard féminin ? Par ses sculptures « Male gaze » (vision masculine dominante) Dusciana nous interpelle sur la représentation contemporaine des standards masculins.
Ainsi, le Male Gaze est illustré par les (magnifiques) sculptures de zizis en verre et murine de Murano qui trônent sur des piédestals au milieu de l'espace, dardant leur "regard" vers des portraits de femmes.
D. Bravura a réalisé ces portraits via une  technique d’impression numérique sur toile velours. Chaque portrait est accompagné de quelques lignes mettant en exergue le caractère remarquable de ces femmes "que l’histoire a souvent oubliées"
Parmi celles-ci :
  • Ada Lovelace (premier programmeur informatique)
  • Greta Thunberg et son intervention à la COP24 sur l'urgence climatique
  • Heddy Lammarr (actrice et co-inventrice d'un système de guidage à distance des torpilles)
  • Marylin Monroe qui a permis à Ella Fitzgerald de se produire sur la scène d'un club qui la discriminait
  • Emmeline Pankhurst, leader du mouvement des suffragettes au Royaume-Uni
  • Stéphanie Frappart, 1e femme arbitre internationale de foot en 2021
  • Gerda Lenner, écrivaine et historienne
  • Andrée Geulen Herscovici, enseignante belge, Juste parmi les Nations
  • Zitkala-Sa, Oiseau Rouge, première compositrice d'un opéra amérindien (sioux)
  • Creole Katherine Johnson, scientifique qui a calculé la trajectoire du 1er Américain dans l’espace et d'Apollon II vers la Lune en 1969
  • Rosalind Franklin, chimiste ayant contribué à la structure moléculaire de l'ADN
  • Lise Meitner, scientifique, travaux sur la fission nucléaire
et d'autres portraits encore, que je n'ai malheureusement pu tous relever... car le mari trépignait pour aller voir la cathédrale !

Le Male Gaze à la chapelle Saint-Eman, comme un parc d'ogives nucléaires
 
A noter que cette expo fort intéressante est présentée dans une chapelle. 😉

samedi 28 novembre 2020

David Hockney en Normandie

D. Hockney peignant devant sa maison de Beuvron-sur-Auge
(photo figurant sur la carte-cadeau reçue à l'expo)
Je crois bien qu'il s'agissait de ma première sortie "expo" depuis le premier confinement, à part la virée sur l'expo Web de Josh Smith à New York, et la dernière avant le deuxième confinement. Décidément, il faut être rapide, et affuté quant aux bons plans.

Cette petite exposition d'une dizaine d'œuvres de David Hockney à la galerie Lelong est prolongée jusqu'au 27/02/2021, elle est gratuite, il faut y courir dès que ce sera possible ! Elle met en joie. Même à travers le masque, on a l'impression de respirer à pleins poumons l'air de la campagne normande. Il faut dire que les tableaux sont de bonne taille, les couleurs bien vives, le trait alerte. Sacré bol d'air qui fait tant de bien en ce moment.


Et de surcroît, la galerie offre aux visiteurs une très jolie carte présentant le tableau du pommier "Apple tree" et une photographie de David Hockney peignant depuis la cour, la maison de son coeur... Un petit souvenir de fort belle facture.

Trees Mist
De fait, David Hockney, qui était revenu en Europe dans le cadre des grandes expositions qui lui ont été consacrées, à Londres, Paris, Amsterdam, avait décidé de passer un peu de temps en France avant de refaire le fatigant voyage transatlantique qui le ramènerait dans sa Californie adoptive.
Il tenait en particulier à revoir la tapisserie de la reine Mathilde à Bayeux.

C'est en compagnie d'amis dont le directeur de la galerie Lelong, admirant depuis Honfleur la vue sur le pont de Normandie et Le Havre, que l'idée lui vient de faire une pause ici, dans le pays d'Auge, pour prendre le temps de peindre le paysage au gré des saisons. Alors il s'installe dans une vieille maison traditionnelle à colombages du XVIIe siècle près du village de Beuvron-sur-Auge. Comme l'indique le texte introductif de la galerie Lelong, Hockney observe "que les impressionnistes, à l’affût de la modernité, ont dédaigné ces maisons typiques de la région. [Lui] y voit par contre un écho des chaumières du paysage hollandais que représentèrent Rembrandt et le jeune Van Gogh, les deux grands maîtres qu'il aime à regarder en ce moment".

Dessin sur iPad
Il installe donc son atelier dans la grange, et peint accompagné de son Jack Russell Ruby, qui figure sur plusieurs dessins. La maison est entourée d'un vaste terrain, d'une mare et d'arbres, pommiers, poiriers, cognassiers ("quince tree"), peupliers que David Hockney reproduit en peinture au fil des saisons, dans la pleine lumière de l'été et dans les premières brumes de l'hiver : "Trees mist", "Trees with less mist"...
David Hockney entend capturer "le passage du temps" depuis sa nouvelle demeure, et "se rend compte que la plupart des gens ne regardent pas vraiment ce qu'ils ont sous les yeux, ils ont sans doute autre chose à faire."

La galerie expose des acryliques sur toile et quelques dessins réalisés sur iPad.

Pour découvrir les pans intimes de la vie de David Hockney, son histoire, les ressorts de son talent, ses amours, ses amis, rien de plus sympathique et passionnant que le roman de Catherine Cusset "Vie de David Hockney" paru en poche.
Le Monsieur est né en 1937, il a aujourd'hui 83 printemps...

https://www.galerie-lelong.com/fr/exposition/99/david-hockney-ma-normandie 

lundi 21 mai 2018

L'art de ville

C'était en mai 2017, j'ai juste un an de retard, et d'ailleurs l'édition de mai 2018 m'attend avant sa clôture le 27 mai. J'adore cet événement, qui embellit la ville et met l'art à portée de tous, à tout moment en faisant ses courses, en allant au parc ou à la médiathèque. On découvre des artistes et leur travail très varié, sur toutes sortes de supports, ça ouvre l'horizon.

Alors il y a un an, je dois dire que j'ai été moins enthousiasmée que les éditions précédentes (mais j'avoue ne pas avoir eu le temps de passer dans les différents lieux). 
Un artiste a retenu mon attention : Julien RICHETTI, ainsi qu'un groupe de petits artistes (une classe de CM2 !).

Julien RICHETTI superpose des photos (de son crû), fait de la retouche numérique, fusionne, colorise etc. et le résultat s'appelle une estampe numérique. Agrandie comme ça avec une couche de vernis brillant... C'est beau, c'est onirique. Et très original. 
"Europa" 2016 et "Alexandre Bleu" 2014
"Holly Heisenberg smile" Série Secondes peaux 2016 - "Les temps modernes" Série Printemps 2015
 Deuxième coup de coeur de cette édition 2017 d'Art'ifice... les petits tableaux peints par des élèves de CM2 du groupe scolaire Jean Moulin, sur le thème de la mythologie et de l'universalité des contes. Cela paraît compliqué mais les enfants ont magnifiquement transposé "la vie d'Hermes" au Japon.
Ils ont créé des tissus de kimono, appris les proportions du corps humain et les plans de paysage. Et le résultat est magique ! Hiroshige en CM2 !
J'en profite pour redire mon admiration devant l'imagination et la poésie des travaux scolaires de la petite section au collège... Ce sont chacune de petites oeuvres d'art. Bravo aux enseignants et personnels des centres aérés.


--> Voir les éditions 2016, 2015, 2014, 2013, 2012...

jeudi 8 septembre 2016

Tim Burton : un univers poétique et magique qui fait du bien



Affiches dans le hall de la Cinémathèque
J'ai récemment revu "Mars Attacks" de Tim Burton... Réalisé en 1996 et inspiré de "La guerre des mondes" de H.G. Wells. Mordant, ironique, incroyablement violent et sans pitié : le Président des EU décide de faire bon accueil à une délégation de Martiens ... Et c'est la tuerie ! 
Extrême naïveté ? Faute professionnelle des services secrets et de l'armée ? Peur de l'inconnu ou méconnaissance absolue ? Confiance totale et sans appel dans la suprématie états-unienne ? 
Le film marque par l'utilisation des effets spéciaux, de la couleur, de la scénographie années 70, et l'alternance de scènes dramatiques et cocasses. Pas un film culte pour mon goût personnel mais à voir pour apprécier l'univers de Tim Burton.

Cela m'a fait penser que je n'avais jamais publié ma chronique sur l'expo... de 2012 (!!!) sur l’univers de Tim Burton, à la Cinémathèque française,  qui fut un régal… 
Visitée avec mon fils passionné de cinéma, encore plus mémorable !

La scénographie était intéressante, avec par exemple une salle obscure où étaient exposés les dessins et œuvres réalisés à la peinture phosphorescente. Effet géant !
Des extraits de films, y compris œuvres de jeunesse méconnus, rendaient la visite bien vivante. Les figurines des personnages fétiches de Tim Burton étaient impressionnantes à regarder. Et ses croquis (certains sur des serviettes de table), dessins, tableaux, carnets d’écoliers, tous plein de couleurs et si inventifs et humoristiques, et si habilement exécutés… un vrai régal que de voir tout cela.

Catalogue de l'expo et nos tickets
Le catalogue de l’exposition (R. Magliozzo & J. He, Edition La cinémathèque française, 2012) nous éclaire sur la jeunesse et le parcours de cet artiste hors normes :

"Tim Burton est né le 25/08/1958. Il se décrit comme un ado introverti et farceur. Il collectionne les cartes de vœux, dresse la liste des films d’horreur et de SF, dessine sa star préférée Vincent Price.
Sa ville natale, Burbank (banlieue californienne) se prête à la mise en images de sa jeunesse : il l’utilisera aussi pour la finale frénétique de Pee Wee Big Adventures (1985), la banlieue pastel d’Edward aux mains d’argent (1990), la petite ville dystopique de Beetlejuice (1988)…


Le lien entre l’enfance et l’âge adulte est récurrent dans son œuvre et explique son attirance pour les contes de fée, la littérature enfantine, l’horreur gothique et la SF.
TB a jusqu’à présent tourné 16 films : « Raconter des histoires, principalement à travers des images frappantes et des personnages inoubliables incarnant ses thèmes récurrents : isolement d’un héros en rupture avec le monde, et la recherche d’identité. »

Les intrigues simples de ses films se traduisent par des enchaînements visuels complexes.
La présence  de comique dans le macabre fait contrepoids aux personnages lascifs et aux actions gore ou crues. La violence de ses films tient trop du cartoon pour être perturbante.

- Dans Mars Attacks (1996), la première dame meurt écrasée par un lustre, "et on s’étonne à peine qu’une langue immensément longue sorte de sa tête comme un dessin animé de la Warner".
- Les têtes de Sleepy Hollow  tournent sur leur cou avant leur décapitation.
- Dans Sweeney Todd, le sang fuse en geyser et les corps tombent avec un bruit exagérément sourd dans le conduit du hachoir géant.
Burton a déclaré : « J’aime les personnages extrêmes, mais qui n’ont pas conscience de leur étrangeté ». Ainsi :
- Edward aux mains d’argent (1990) : Edward incarne physiquement l’isolement avec son incapacité à toucher  directement les autres à cause de ses mains en ciseaux
- Batman, le défi (1992) : Batman, Catwoman et le pingouin  ne luttent pas seulement les uns contre les autres mais contre leur obligation de maintenir des identités doubles.
- L’étrange Noël de Monsieur Jack (1993) : Jack Skellington, insatisfait de son succès en tant que roi des citrouilles,  à Halloween Ville, se lance dans un nouveau rôle : le « perce-oreilles ».
- Big Fish (2003) : les mensonges qu’Edward Bloom raconte sur sa jeunesse l’éloignent de son fils.
- Charlie et la chocolaterie (2005) : Charlie Bucket remarque avec sagesse : « Les sucreries n’ont pas à signifier quoi que ce soit. C’est pour ça que ce sont des sucreries. »

- INFLUENCE DU PEINTRE NORVEGIEN EDVAR MUNCH :


E. Munch :Attraction
Wikipedia cite l'influence graphique d'Edvard Munch et du tableau Le Cri auxquels Beetlejuice et L'Étrange Noël de Monsieur Jack font explicitement référence.
Idem pour les aquarelles de Munch "L'Attraction" (1896) ou "l'Amaryllis" dessinée en 1909, dont l'inspiration dans l'oeuvre de T. Burton semble flagrante.

"Etrange Noël de Mr Jack" : statue du "Cri" de Munch
E. Munch : Amaryllis




"Le Cri d’Edvard Munch symbolise « l’homme moderne emporté par une crise d’angoisse existentielle. »1 On peut aisément relier l’angoisse aux cauchemars, soit car ces derniers en sont la cause, soit car l’angoisse est un élément déclencheur et/ou « catalyseur » des cauchemars. On peut donc dire que la représentation de ce célèbre tableau est un élément tournant autour de la peur, l’angoisse et l’égarement. Autant d’éléments que l’on retrouve dans l’univers burtonien.
Dans le cas de nos deux statues, elles font toutes deux, au fond, référence à l’étouffement provoqué par l’angoisse et le stress. Ces derniers nous renvoyant aux cauchemars."
1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Cri
2 http://fr.wikipedia.org/wiki/Symbolique_du_cheval#Chevaux_mal.C3.A9fiques_et_d.C3.A9moniaques
3 Film (00 : 07 : 00)

- Filmographie de Tim Burton :
  • Pee-wee's Big Adventure : The Story of a Rebel and his Bike (1985)
  • Beetlejuice (1988) : culte...
  • Batman (1989)
  • Edward aux mains d’argent / Edward Scissorhands (1990) : culte...
  • Batman, le défi / Batman Returns (1992), pas trop mon genre mais ok.
  • L’étrange Noël de Monsieur Jack / The Nightmare before Christmas (1993) – scénario inspiré d’un poème d’Edgar Allan Poe. (NB : T. Burton est producteur de ce film), génial...
  • Ed Wood (1994)
  • Mars Attacks (1996) – inspiré de « la Guerre des mondes » d’H.G. Wells, voit ci-dessus
  • Sleepy Hollow (1999), incontournable... Vu et revu avec autant de chair de poule.
  • La planète des singes / Planet of the apes (2001), d’après Pierre Boulle. Pas mon univers...
  • Big Fish (2003) : j'avoue que j'ai du mal avec ce film pourtant estimé... Les jonquilles géantes m'horripilent entre autres... l'histoire me semble si neuneu...
  • Charlie et la chocolaterie / Charlie and the Chocolate Factory (2005) d’après Roald Dahl. Super !
  • Les noces funèbres / Corpse Bride (2005) : adoré aussi !
  • Sweeney Todd : le diabolique barbier de Fleet Street / The Demon Barber of Fleet Street (2007)
  • Alice au pays des merveilles / Alice in Wonderland (2010). Un peu chargé...
  • Dark Shadows (2012) 
  • Frankenweenie (2012) : très bien
  • Night of the Living (2013). pas vu
  • Big Eyes (2014) : Excellent film, voir mon billet ICI
  • Miss Peregrine et les enfants particuliers (2016)
  • Dumbo (2016)
  • Beetlejuice 2 (2017)

--> Voir aussi ma (toute petite) chronique "cinéma"...

mardi 17 mai 2016

Le pointillisme par Dada

Décidément, la petite revue Dada est passionnante...
Dans son dernier n°, elle zoome sur Georges Seurat, fondateur du mouvement pointilliste dont la première oeuvre est "Une baignade à Asnières"(1884), et Paul Signac, qui fut le théoricien du pointillisme.
"A l'origine du pointillisme on trouve des théories sur la couleur et la lumière. Plus question de mélanger les teintes directement sur la toile pour créer de nouvelles nuances. Désormais, le peintre juxtapose des tâches de couleurs, pures et complémentaires. A une certaine distance, ces amas de points prennent vie."
Parmi les reproductions figurant dans la revue, j'ai adoré :
- Henri-Edmond Cross : "Les îles d'Or, îles d'Hyères" (1891), tellement lumineux, et moderne...
- Signac : "Cassis, Cap Canaille" (1889) - "La bouée rouge" (1895)
- Maximilien Luce : "Bord de mer, la pointe du Toulinguet" (1893)

Je suis moins fan des grands tableaux de Seurat.

La revue Dada nous emmène aussi à la découverte des autres peintres qui ont versé à un moment donné dans le pointillisme : ainsi "L'autoportrait" de Van Gogh (1887), mais aussi Derain, Matisse, Kandinsky, et l'incroyable "Ad Parnassum" de Paul Klee (1932).

A défaut de temps pour voir toutes les expos du moment, la petite revue fait bien l'affaire !

--> tags "peinture" et "expos"

dimanche 29 mars 2015

Frida Kahlo... "Un ruban autour d'une bombe"

Quelques têtes de chapitre du livre
Maud Guély & Rachel Viné-Krupa : 

"Un ruban autour d'une bombe, une biographie textile de Frida Kahlo"
(Ed. Nada, 2013, 128 p.)

Voici un ouvrage original pour qui s'intéresse à Frida Kahlo (comme moi !).
Il ne s'agit pas à proprement parler d'une "biographie textile" : le livre déroule la vie de Frida Kahlo par grandes périodes, chaque tête de chapitre étant illustrée par un portrait de Frida et chaque chapitre comportant plusieurs dessins de ses costumes mis en scène en noir et blanc :
  • 1907-10 / Ma naissance
  • 1910-17 / La révolution
  • 1918-21 / Frida jambe de bois
  • 1922-28 / Les cachuchas
  • 1929-33 / Frida Kahlo de Rivera
  • 1934-38 / La pelona
  • 1938-40 / New York-Paris
  • 1941-49 / Le cerf blessé
  • 1950-52 / Nature vivante
  • Frida Kahlo peignant alitée en 1954
    1953-54 / Alas pa' volar
 
La biographie est bien résumée, et met parfaitement en exergue les terribles douleurs qu'endurera Frida absolument chaque jour de sa vie. Terrifiant. Elle n'a que 47 ans quand elle meurt en 1954 et on frissonne en lisant comment son corps est cassé et rapiécé, le nombre d'opérations et de mois d'immobilisation clouée au lit. Mais toujours, même alitée, comme le présente l'ouvrage, Frida Kahlo aura à coeur d'être coiffée, maquillée, élégamment vêtue et parée de ses bijoux.
Le récit est en outre agrémenté d'extraits de la correspondance de Frida soigneusement choisis.
📜 Frida :"Mon Diego, Miroir de la nuit. (…) Tu t’appelleras AUXOCHROME – celui qui capte la couleur. Moi CHROMOPHORE – celle qui donne la couleur. Tu es toutes les combinaisons des nombres. La vie (…) Tu remplis et je reçois. Ta parole parcourt tout l’espace et parvient jusqu’à mes cellules qui sont mes astres et va jusqu’aux tiennes qui sont ma lumière." (p.87)
📜 André Breton lors de son séjour au Mexique en avril 1938 :  "Au mur du cabinet de travail de Trotski, j'ai longuement admiré un portrait de Frida Kahlo de Rivera par elle-même, en robe d'ailes dorées de papillons, c'est bien réellement sous cet aspect qu'elle entrouvre le rideau mental. il nous est donné d'assister, comme aux plus beaux jours du romantisme allemand, à l'entrée d'une jeune femme pourvue de tous les dons de séductions qui a coutume d'évoluer entre les hommes de génie". (p.58) 
Après sa rupture avec Frida (à l'initiative de celle-ci), Trotsky quittera la maison bleue en y laissant le tableau offert par Frida (pour voir ce tableau : "L'ultime secret de Frida K", pour voir le dessin correspondant dans "Un ruban autour d'une bombe" : "Viva").
📜 André Breton :  "L'art de Frida Kahlo est un ruban autour d'une bombe". (p.58)
Costume et cheveux coupés
"Un ruban autour..." p.67
Feuillages,  petit singe...
"Un ruban autour..." p76
 
Les dessins en noir et blanc sont agréables ; on n'a qu'une envie : sortir ses crayons de couleur ! 

Ils illustrent des moments de la vie de Frida avec ses tenues particulières, comme le costume masculin trop grand que Frida porte dans son autoportrait aux cheveux courts, alors qu'elle venait de se couper elle-même les cheveux par révolte contre les tromperies de Diego. 

Ou son "accessoire" fétiche : son petit singe adoré, Fulang Chang (voir tableau ci-dessous).
En fait, les informations sur les codes vestimentaires de Frida sont plus fournies dans l'annexe de l'ouvrage intitulée : "Mon vêtement, c'est moi".

 
L'évolution des tenues que porte Frida au gré des événements de sa vie y est fort bien décrite, mettant en regard les tableaux où elle se peint arborant à dessein telle ou telle tenue. 

L'ouvrage comprend aussi un focus très intéressant sur
 ses coiffures et sur ses bijoux, également mis en scène dans ses différents autoportraits.
 
Frida et Diego au MoMa :
Ci-joints deux tableaux pris en photo au MoMa lors d'un voyage en famille à New-York, le 02/08/2014. A quelques jours près c'était mon anniversaire, et franchement New York c'était un merveilleux cadeau.
 
Fulang Chang and I -1967(MoMa NY)

Autoportrait cheveux courts
1940 (MoMa New York)
L'autoportrait de Frida avec son singe Fulang Chang est en fait assez petit, et le cadre très ouvragé ne manque pas de suprendre au début, puis j'ai pensé qu'il mettait très bien en valeur la toile, qu'il la sublimait même.
Le seul autre tableau peint par Frida exposé au MoMa lors de notre visite était son autoportrait aux cheveux courts, habillée en costume masculin. 
 
Pas de jalousie, sauf erreur, avec Diego Rivera dont je n'ai répéré que deux toiles aussi : "Young man in a gray sweater, Jacques Lipchitz" (1914, inspiration cubiste...) et l'immense toile "Flower Festival Feast at Santa Anita" (1931).

dimanche 1 juin 2014

L'art imprègne à nouveau la ville !

Réalisations des enfants des écoles et centres aérés
A nouveau cette année, la ville donne carte blanche aux artistes et les passants se régalent. C'est beau, gai, coloré, plein de vie, et de l'art accessible à tous.
La médiathèque se pare de lanternes magiques

J'aime toujours aller voir les réalisations faites par les enfants des écoles de la ville (fresques avec jouets collés, pantins en jouets de récupération, sculptures de peluches !) ou l'école municipale d'arts plastiques (lanternes magiques, corps en extension dans le parc : "suspendu au fil du temps").
Corps en Extension & Avataraam
Ecumoires (Murakami)


Mais il y a également une poignée d'artistes invités qui nous régalent de leurs oeuvres...


"Les écumoires" de Nobuko Murakami (2013) :
écumoires, fibre, plastique, poésie

Cet artiste d'origine japonaise révèle que dans la culture japonaise, les objets ont une vie. Les objets de plus de 100 ans ont en plus un esprit !



Face (Josyane Guitard-Leroux)
Les masques en fil de fer et vrais cheveux ("Faces") de Josyane Guitard-Leroux : "plasticienne qui utilise ses cheveux pour créer ses oeuvres, je mène une réflexion sur le temps, la perte et la mort".

Il y a trois masques (Face I - II - III) suspendus à un fil et qui tournoient légèrement, suivis par leur ombre sur le mur : c'est vraiment une magnifique réalisation.



Sylvain Lecrivain : Phénix et compagnie (2012-2014), volière métal et oiseaux faits de livres

"Depuis peu c'est le livre qui s'est vu descendre de son piédestal pour devenir simple matériau de base : à l'ère du tout numérique, que restera-t-il du livre passé sous le rouleau compresseur des écrans plats ?"

Je dois avouer que je n'ai pas encore succombé à la liseuse électronique, je suis tellement attachée au livre-objet, mais je sais que je vais y venir, c'est dans l'ordre des choses !
D'autres oeuvres étaient exposées dans d'autres lieux de la ville, mais je n'ai pu couvrir...

NB : Cliquer sur les photos pour les agrandir

--> Bravo la ville pour cette initiative qui je crois fête sa 4e année. Jetez un oeil sur les précédentes éditions : 2013 / "Il fait un froid de canard vite une expo de circonstance !" et 2012 / "Street Art'ifice 2012"
--> Rubriques "Street art" et "Expos"...

vendredi 16 mai 2014

Les Terracota Daughters chinoises de Prune Nourry

Au Cent-Quatre à Paris, se déroule l'expo "Avec motifs apparents" qui réunit plusieurs artistes. Expo très éclectique, où je suis passée à côté des oeuvres de 3 artistes sur les 4 exposés...

En effet, le seul travail qui m'a intéressée est celui de l'artiste française Prune Nourry, avec ses  "Terracota Daughters". Cette armée d'écolières chinoises en terre cuite vaut vraiment le détour, mais il faut absolument visionner le petit film qui accompagne cette oeuvre, un film très intéressant. 

Directement inspirée par la célèbre armée de terre cuite de Xi’an, cette artiste française a constitué sa propre armée de Terracotta Daughters pour illustrer la problématique du déséquilibre démographique en Chine lié à la politique de l'enfant unique et la sélection du sexe qui en a découlé (soit des bébés filles tuées à la naissance faute d'être née "garçons").

Ce sont donc plus de 100 fillettes en grandeur nature, en rang, qui accueillent le visiteur dans la grande halle centrale du 104.
Le film dévoile l'histoire de ces statues : à la base, Prune Nourry a photographié 8 fillettes d'un orphelinat en Chine, elle a fait ses moulages d'après les portraits des fillettes, puis des artisans chinois spécialistes de la sculpture sur terre cuite ont pris le relais en créant des différences dans les chevelures (qui des couettes, qui une queue de cheval, ou les cheveux courts, une barrette...), les traits (nez, écarquillement des yeux...) de ces moulages pour qu'au final, chaque statue soit légèrement différente. Cependant toutes portent le même habit et le même foulard noué.
Ces artisans ont l'habitude par exemple de faire des reproductions de qualité de l'armée de terre cuite enterrée.



Prune Nourry a déjà présenté son armée de Terracotta Daughters à Shanghai. Cela vaut la peine d'aller admirer ces fillettes à Paris car il est annoncé qu'en 2015 l'ensemble sera enterré dans un lieu secret jusqu'en 2030... lorsque le déséquilibre démographique de la Chine se fera réellement sentir.


Favelas & Empty Gift
- Pascale Marthine Tayou (artiste plasticien camerounais) : ok pour les nichoirs à oiseaux reproduisant une certaine vision des habitats urbains (Favelas, 2012). Mais une seule de ces oeuvres aurait peut-être suffi à faire passer le message.
Sa boule géante composée de paquets cadeaux vides (Empty Gift, 2013) tournant comme un immense strombinoscope est jolie, je le reconnais, mais puis-je dire que cela n'illustre pas vraiment à mes yeux une oeuvre d'art. Mais cela fait son effet... En revanche, son oeuvre "Court-Circuit (2014) ne m'a pas emballée du tout, une horreur avec des vieux postes TV suspendus en l'air à des poteaux, des fils électriques et du bric-à-brac : comme une décharge en plein ciel...
- Jérémy Gobé a lui entouré de tricot des meubles, un plafond... (La liberté guidant la laine, 2014). Vraiment sans plus...
- Xavier Juillot a recouvert de film aluminium le château d'eau du 104, l'oeuvre s'appelle "Déprime passagère" (!?), cela m'a permis de faire une photo sympa, mais à part ça, tout cela ne casse pas des briques , ça rappelle la démarche de Christo, mais là en brillant...

--> chronique "EXPOS"

jeudi 5 septembre 2013

Art déco : Tamara de Lempicka

C’est attirée par le volet Art nouveau que je suis allée voir la double exposition "Art nouveau / Art déco" à la Pinacothèque de Paris. L'affiche très originale m'avait aussi tapé dans l'oeil !
Et finalement, la partie consacrée à Tamara de Lempicka, réine de l’Art déco, m’a plus inspirée, car je ne connaissais que certaines de ses célèbres reproductions illustrant les Années folles, alors que les affiches et objets Art nouveau recelaient moins de mystère pour moi dont la bibliothèque a son lot de livres sur Mucha, Hector Guimard, l’Ecole de Nancy etc.  Ah si pardon, je corrige : j’ai admiré les boucles de ceinture de Lalique et confrères… je n'avais jamais vu de boucles de ceinture Art nouveau, des merveilles !

Il s’agissait tout de même de la 1e rétrospective de l’Art nouveau français à Paris depuis 1960…
Pour résumer les infos liées à l'expo :
L’Art nouveau est à son apogée de 1890 à 1905 et triomphe littéralement à partir de l’Exposition universelle de 1900. 
Puis le mouvement s’essouffle, les arabesques sont moins utilisées et le style devient plus géométrique et moins sophistiqué :
L'affiche (très réussie) dans le métro :
on dirait un duel de regards - 2 styles qui se confrontent ?
C’est l’Art déco qui prend la relève à partir de 1920. 

La représentation féminine connaît aussi une évolution majeure : à la sensualité de l’Art nouveau succède une "sexualité transgressive plus poussée", illustrée par l’icône Art déco que devient Tamara de Lempicka : née en Pologne en 1898, elle rejoint Paris dans les années ‘20, "femme libérée", jet-setteuse férue de mode (on est en plein Gatsby le magnifique !!!), coiffée à la garçonne mais s’habillant toujours en mondaine élégante, mariée deux fois mais aimant les femmes. Quand même plutôt imbue de sa personne, m'a-t-il semblé...

L’expo présente de nombreux tableaux (portraits et nus, quelques natures mortes) et encore plus nombreux dessins. Je pense que je n'en connaissais à vrai dire qu'un seul (it rang a bell ! : Saint Moritz soit le tableau représentant le visage d'une jeune skieuse, genre affiche publicitaire). Une curiosité : une salle est réservée à sa relation (en l’occurrence épistolaire) avec l’écrivain italien Gabriele D’Annunzio : amusant de lire tous les petits mots échangés.


J'ai découvert une peintre "moderne", au trait stylisé et graphique qui n'empêche pas de reproduire de très belles expressions du visage.
Parmi les tableaux que j’ai le plus appréciés (cf. site officiel : http://www.delempicka.org/ ) :

Légende de gauche à droite et de haut en bas :
J’emprunte à la critique de Télérama (n° 3303) la description de cette oeuvre très spéciale (en ce sens que peu habituelle pour les néophytes comme moi) : 
"(...) le trait ultra moderne, graphique, aux cadrages cinématographiques et aux couleurs raffinées, symbolise la quintessence de l'Art déco. Entre 1925 et 1935, Lempicka est à son apogée avec des portraits et des nus très construits, qui évoquent à la fois Ingres (on parle d'« ingrisme pervers ») et le cubisme, corps sensuels et déformés, drapés sculpturaux et décors facettés aux vert jade ou rubis superbes. Follement snob, mais toujours classe."

Je complète par ces précisions intéressantes de l’ami Wikipedia :
"Ses modèles se caractérisent par des regards interrogateurs et sensuels, une bouche pulpeuse pour les femmes et pincée pour les hommes, des couleurs vives, mais en nombre limité, mises en valeur par des fonds gris ou noirs. Derrière une stylisation néo-cubiste, qui les situe parfaitement dans leur temps, les portraits de Tamara de Lempicka ne négligent aucune des magistrales recettes de composition qui furent élaborées par ses grands prédécesseurs de la Renaissance italienne."

Tamara de Lempicka est morte en 1980 au Mexique. Elle a longtemps vécu aux Etats-Unis. Je me suis demandée si elle avait jamais rencontré Frida KAHLO… Pour sûr qu'elles avaient des univers en commun.

--> Voir la chronique "EXPOSdu blog ou plus spécifiquement les billets "PEINTURE"
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