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mercredi 19 janvier 2022

Les cerisiers en fleurs de Damien Hirst

Grand merci aux couloirs du métro à Nation...

Luttant contre les tornades venteuses de ces tunnels la tête repliée dans le cou le nez au sol, mais bien obligée de temps en temps de lever la tête pour ne pas foncer dans les autres voyageurs... plaf je me prends un bain de couleur en pleine figure !
Les murs du "tunnel de tous les vents" sont tapissés des affiches de cerisiers en fleurs annonçant l'expo de Damien Hirst. [NB : c’était en novembre 2021...]

Qui ? J'avoue que je connaissais l'artiste de nom, un artiste contemporain, mais j'aurais bien été incapable de visualiser dans ma petite tête une de ses œuvres. 

Il m'a fallu près de 4 mois pour trouver l'occasion de visiter cette expo à la Fondation Cartier. 

Ce fut une drôle de découverte, à commencer par l'immense salle du sous-sol où étaient exposées 14 toiles grand format, dont les titres n'étaient indiqués que sur un petit pan de mur à l'entrée : Late Blossom, Mother's Blossom, Queen's Blossom, Wisdom's B, Emperor's B, God's B, Love's B, Colourful's B (!), Imperial B, Fantasia B, Morning B, Truth's B, Celebratory B...

Ayant d'abord pensé que le titre de la toile correspondait à l'époque de la floraison, ou à quelque subtile lien, l'envie d'associer le bon titre à chaque toile m'est vite passée, car d'une part c'était fastidieux de se souvenir du plan des titres, et d'autre part, j'ai rapidement séché sur une interprétation liée à la saison.
Tous les cerisiers étaient en fleurs (ben voyons, vu le titre de l'exposition), les toiles m'ont fait l'effet d'oeuvres de pointillisme géant. Dans cette salle du sous-sol, l'impression de se promener sous une pluie de confettis plus ou moins denses, plus ou moins empâtés. Ici et là, des coulures, provenant de lancers de peinture à la Jackson Pollock.
Les toiles sont très chargées, remplies de tâches roses, rouges, blanches, avec ici et là quelques petites touches de bleu, d'orange, et de vert. Le visiteur a peu de recul, il n'aperçoit pas l'arbre dans son entièreté mais se trouve comme absorbé dans une débauche de fleurs.

C'était plaisant. mais ce ne fut pas vraiment l'effet que j'attendais. Certaines toiles ne m'inspiraient pas de sentiment d'éblouissement, mais plutôt la vision d'une répétition de points géants balancés sur la toile, ici avec une dominante de rose pâle, là un peu plus de rose soutenu, ici un peu de ciel bleu, là davantage de feuilles vertes (les feuilles sont peintes au tampon) : ce devaient donc être les repères de l’évolution de la floraison des cerisiers. Damien Hirst a volontairement souhaité que les titres ne soient pas indiqués sous les toiles pour amener le visiteur à s'immerger pleinement dans les cerisiers en fleurs.

God's Blossom / Winter's Blossom
L'amie qui m'accompagnait a néanmoins su me sensibiliser aux subtilités de ces arbres se découpant sur des morceaux de ciel, croulant sous les fleurs, laissant deviner ici bas des miroitements dans l'eau d'un étang.
En particulier nous sous sommes extasiées devant (sauf erreur) le Winter's Blossom, qui nous a semblé représenter un personnage ondulant sous les lianes...

Au rez-de-chaussée, les toiles sont plus "travaillées", toutes laissent apparaître des entrelacs de branches, un bout de tronc, des coins de ciel...
Deux toiles (Fragility Blossom et Wondeful World Blossom) m'ont rappelé "L'amandier en fleurs" de Van Gogh.

C'est vrai que j'ai été plus sensible à la poésie de ces toiles du rez-de-chaussée. On se prend à s'imaginer allongé sous le cerisier d'un parc japonais, la tête non pas dans les étoiles mais dans les ramures chargées de fleurs. Pas de bruit si ce n'est le doux bruissement des feuilles. Parfois un pétale vient chatouiller le visage. On rêve. On se perd dans cette explosion de couleurs et de fleurs.

Sakura Life Blossom
Wonderful World Blossom / Détail d'un cerisier
Greater Love Has No-One Than This Blossom / Precious Moment Blossom

J'avais pensé que Damien Hirst avait accompli une petite retraite au Japon pour trouver l'inspiration et peindre ses 130 toiles de cerisiers en fleurs. Mais il semble que non et qu'il ait choisi de faire du "second degré", en peignant d'après des reproductions. Cela a quelque peu fait retomber mon enthousiasme, mais bon, c'est une forme d'art comme une autre. Mais j'avoue, après coup, avoir plus de peine à m'imaginer somnoler sous un cerisier chargé de fleurs quelque part dans un jardin de Kyoto...

"Regarde les fleurs de cerisier !
Leur couleur et leur parfum
tombent avec elles,
disparaissent à jamais,
mais inconscient
le printemps revient." (Ikkyû, XVe s.)

samedi 28 novembre 2020

David Hockney en Normandie

D. Hockney peignant devant sa maison de Beuvron-sur-Auge
(photo figurant sur la carte-cadeau reçue à l'expo)
Je crois bien qu'il s'agissait de ma première sortie "expo" depuis le premier confinement, à part la virée sur l'expo Web de Josh Smith à New York, et la dernière avant le deuxième confinement. Décidément, il faut être rapide, et affuté quant aux bons plans.

Cette petite exposition d'une dizaine d'œuvres de David Hockney à la galerie Lelong est prolongée jusqu'au 27/02/2021, elle est gratuite, il faut y courir dès que ce sera possible ! Elle met en joie. Même à travers le masque, on a l'impression de respirer à pleins poumons l'air de la campagne normande. Il faut dire que les tableaux sont de bonne taille, les couleurs bien vives, le trait alerte. Sacré bol d'air qui fait tant de bien en ce moment.


Et de surcroît, la galerie offre aux visiteurs une très jolie carte présentant le tableau du pommier "Apple tree" et une photographie de David Hockney peignant depuis la cour, la maison de son coeur... Un petit souvenir de fort belle facture.

Trees Mist
De fait, David Hockney, qui était revenu en Europe dans le cadre des grandes expositions qui lui ont été consacrées, à Londres, Paris, Amsterdam, avait décidé de passer un peu de temps en France avant de refaire le fatigant voyage transatlantique qui le ramènerait dans sa Californie adoptive.
Il tenait en particulier à revoir la tapisserie de la reine Mathilde à Bayeux.

C'est en compagnie d'amis dont le directeur de la galerie Lelong, admirant depuis Honfleur la vue sur le pont de Normandie et Le Havre, que l'idée lui vient de faire une pause ici, dans le pays d'Auge, pour prendre le temps de peindre le paysage au gré des saisons. Alors il s'installe dans une vieille maison traditionnelle à colombages du XVIIe siècle près du village de Beuvron-sur-Auge. Comme l'indique le texte introductif de la galerie Lelong, Hockney observe "que les impressionnistes, à l’affût de la modernité, ont dédaigné ces maisons typiques de la région. [Lui] y voit par contre un écho des chaumières du paysage hollandais que représentèrent Rembrandt et le jeune Van Gogh, les deux grands maîtres qu'il aime à regarder en ce moment".

Dessin sur iPad
Il installe donc son atelier dans la grange, et peint accompagné de son Jack Russell Ruby, qui figure sur plusieurs dessins. La maison est entourée d'un vaste terrain, d'une mare et d'arbres, pommiers, poiriers, cognassiers ("quince tree"), peupliers que David Hockney reproduit en peinture au fil des saisons, dans la pleine lumière de l'été et dans les premières brumes de l'hiver : "Trees mist", "Trees with less mist"...
David Hockney entend capturer "le passage du temps" depuis sa nouvelle demeure, et "se rend compte que la plupart des gens ne regardent pas vraiment ce qu'ils ont sous les yeux, ils ont sans doute autre chose à faire."

La galerie expose des acryliques sur toile et quelques dessins réalisés sur iPad.

Pour découvrir les pans intimes de la vie de David Hockney, son histoire, les ressorts de son talent, ses amours, ses amis, rien de plus sympathique et passionnant que le roman de Catherine Cusset "Vie de David Hockney" paru en poche.
Le Monsieur est né en 1937, il a aujourd'hui 83 printemps...

https://www.galerie-lelong.com/fr/exposition/99/david-hockney-ma-normandie 

mardi 9 juin 2020

Josh Smith : High as F..., an open air covid-free exhibition from New-York

Découvert cette expo par hasard en suivant un lien vers le site du galeriste David Zwirner.
L'artiste Josh Smith (né en 1976) y présente sur le toit de son studio à Brooklyn les tableaux qu'il a peints pendant la période de confinement lié au covid-19, inspirés de scènes de rues de New York absolument déserte. Cela n'en donne que plus de majesté et de beauté aux bâtiments et fait ressortir l’architecture particulière des immeubles d’habitation, commerces et bureaux. J'aime ces peintures de New York aux couleurs si lumineuses. Ça m'a fait quelque peu penser aux tons de David Hockney.
Le quartier de l'artiste regorge de buildings datant de la fin du 18e siècle ou du début du 19e, et c'est en se baladant tôt le matin, à 06h30 ou 07h, qu'il a capté ces paysages, cette belle lumière, cette quiétude. "There is no one out. Everything looks so fresh and clean, the street plan is open, the angles are all funny..." 
"The airplane-less, pollution-free clarity of the open sky, the lack of cars, noise, and people, revealed the nuances of absolutely everything. A whole new world of varied and unique local architecture was instantly revealed to the artist."

Je partage avec Josh sa remarque "I think I might be a new person". 

Série Emo Jungle
(la grande faucheuse)
Sur le site du galeriste, chacun a la possibilité de signer le guest book et de recevoir une copie du catalogue de l'expo en pdf, intégrant sa signature. J'ai trouvé ça sympa, et inédit, en l'occurrence en temps de Covid quand les visites culturelles sont bannies. En vidéo, Josh nous montre même comment fabriquer notre propre catalogue de l'expo, après moult pliages et avoir cousu le pli central. Bonne idée pour les confinés, par exemple à faire avec des enfants, le genre d'activité manuelle qui m'aurait beaucoup plu, petite.


Voyage à NY, vers Nolita (2014)





De fil en aiguille comme toujours avec le web, je suis remontée jusqu'à une autre expo de Josh Smith, "Emo Jungle", présentée à NY en 2019. 
Très colorée, inspirée de palmiers, poissons, oiseaux, squelettes, araignées etc. (c'est la jungle !) et de la grande faucheuse (photo ci-dessus), elle-aussi très colorée.


Et puis, à évoquer ainsi NEW-YORK 💚💗, j'ai eu soudain grande envie de revoir les photos de notre voyage en famille à l'été 2014, logés dans un superbe BnB en brownstone à Harlem. 
1. Depuis le MoMa - 2. Chinatown - 3. Nolita



Moi aussi, j'avais flashé sur les buildings...

Et je remarque avec étonnement que les immeubles peints par Josh Smith n'ont pas d'escaliers de secours apparents. 

Soit il choisit de ne pas reproduire la face des buildings qui les montre, soit il les masque sciemment, soit il ne reproduit aucun immeuble d'habitation... ce qui n'a pourtant pas l'air le cas. 
C'est sûr que pour nous Européens, ces escaliers de secours apportent leur touche d'exotisme aux villes d'Amérique du Nord, et on ne se verrait pas les gommer de nos photos, bien au contraire 😉

En haut, la skyline de New York vue à travers le parapet vitré de la terrasse en haut du MoMa (à faire absolument !)
En bas : tiens, une photo... sans aucun escalier 
 --> Chroniques "Expos" et "Voyages"

lundi 12 août 2019

Niki de Saint Phalle

Une expo magnifique... qui remonte à 2015

Il m'a fallu attendre si longtemps pour préparer un billet digne de ce nom. Et puis non, procrastination, je tarde et tarde mais le souvenir de cette expo et de la découverte de cette incroyable femme m'habite toujours. 
Que savais-je vraiment de Niki de Saint Phalle ? 
Pas grand-chose, je reconnais, si ce n'est la fontaine en bas du Centre Pompidou, conjuguée avec les oeuvres de Jean Tinguely. Et encore cette fontaine je pense ne l'avoir vue que du haut des terrasses du Centre Pompidou lors de visites d'expos...
En fait, de Niki de Saint Phalle, je connaissais surtout le nom, quasiment rien que le nom. 
Terrible, je n'en reviens pas moi-même, d'être passée à côté d'une telle artiste contemporaine.

"Totem" et "Skull" (Meditation room) - 1990 - Hanovre
Artiste autodidacte. Elle réalise de superbes compositions de sculpture, peinture, mosaïques. 
Sa vie ne fut pas rose, violée à 11 ans par son père, grave dépression à 22 ans qui la conduit à des soins en hôpital psychiatrique par électrochocs. A force de respirer les poussières de polyester, elle attrape une maladie pulmonaire et mourra des suites de cette insuffisance respiratoire.

Mariées - Mères -Accouchements


Les tirs (en haut : "King Kong 1962", en bas : "Pterodactyle over NY")
Le Mur de la Rage
1.         la faim 
2.         La soif 
3.         L'injustice        
4.         La misère        
5.         La cruauté       
6.         L'indifférence   
7.         La torture physique      
8.         La torture mentale        
9.         La maladie       
10.       Le racisme       
11.       La souffrance  
12.       La mort
13.       La respectabilité          
14.       La bêtise         
15.       Le fanatisme religieux
16.       La méchanceté
17.       Le SIDA
18.       Les camps de concentration
19.       Les Goulags
20.       Le vieillissement
21.       La drogue dure
22.       les eaux polluées
33.       Le laisser-aller
34.       Les pièges
35.       La plupart des politiciens
36.       Le meurtre
37.       La douleur
38.       Les animaux blessés
39.       L'antisémitisme
40.       Le gaspillage
41.       L'arnaque
42.       L'intolérance
43.       Le Fascisme
44.       La bigoterie
45.       La pitié de soi-même
46.       La condition humaine
47.       Le sexisme
48.       Le Laisser aller

49.       Le machisme
50.       La folie destructrice
51.       La décrépitude
52.       La mesquinerie
53.       Cœur de pierre
54.       L'enfer
55.       La pauvreté
56.       L'ignorance
57.       Le viol
58.       Le manque de respect de notre Terre
59.       Moi Moi            Moi
60.       Je tire sur la négligence des débris nucléaires
61.       Je tire sur le risque de centrales nucléaires
62.       Je tire sur notre manque d'humanité
63.       Je tire sur les serrures dans les asiles Psychiatriques qui ferment à clé les fous
64.       Je tire sur la corruption
65.       sur la pourriture
66.       le pouvoir
67.       L'apartheid
68.       L'agression sexuelle envers les mineurs
69.       Les dealers
70.       Blanchissement (argent  de la drogue)
71.       La trahison
72.       La guerre et les armes
73.       L'inégalité
74.       L'oubli
75.       Le mépris
76.       La décadence
77.       Le conformisme
78.       La saloperie
79.       L'inertie
80.       Je tire sur ma    propre  violence
81.       Je tire sur la haine
82.       Je tire sur mon  manque de foi
83.       Je tire sur ma propre mort et celle de ceux que j'aime
84.       Je tire sur la condition humaine


La veille de partir en vacances, je trie mes affaires, etc., je fais le ménage, je mets au propre, dans tous les sens du terme... Voilà tout ce qui rendra la rentrée plus fluide... Ou le départ plus zen... Vice versa, recto verso...
Et ce faisant, je farfouille dans les brouillons de mon blog et tombe sur ce malheureux article que j'ai commencé il y a quatre ans !!! 
Mes souvenirs de cette incroyable expo de Niki de Saint Phalle coincés dans le dossier brouillon de mon blogspot..., dans l'attente que je m'attelle à un commentaire plus fourni, mais quand, le temps passe, et Niki se lasse.
Alors promis, la suite de mon commentaire, ce sera pour cette année, chère Niki. A présent, j'ai ta petite statuette Nana qui me tient compagnie dans mon bureau et elle me fait chaud au cœur dès que j'y entre... Et j'ai offert à ma meilleure amie anglaise une autre petite Nana; nous sommes en stéréo de chaque côté de la Manche, en fusion.

--> La chronique "expos" du blog

jeudi 28 juin 2018

Art de ville 2018

Bon, inutile de pointer mon retard : mon dernier post concernait l'expo annuelle du mois de mai 2017 dans les différents espaces de la ville... Eh bien voici le brief concernant l'édition 2018 !
Mieux vaut tard que jamais, c'est mon nouvel adage culte. Slow life, zen, pas de prise de tête !

Jean-Christophe Bridoux / Angélique Jung
Donc place à l'édition 2018 mais d'abord avec un coup de gueule : Quoi ça !... Notre maire éclair (avant de démissionner pour la place de président du département) a osé écrire en intro au catalogue de l'expo qu'il "avait le sentiment que la qualité des œuvres présentées dans le cadre de notre exposition d'art contemporain augmente d'année en année (...)". 
Mais que nenni ! Quel manque de délicatesse eu égard aux artistes précédents, qui tous avaient leur patte et leur intérêt. D'autant que j'ai trouvé que cette édition 2018 semblait plutôt pâlotte par rapport aux précédentes, n'est-ce pas monsieur devenu le 1er adjoint au maire...

Bon, passons aux choses sérieuses. 


Plusieurs artistes ont retenu mon attention, comblant mon plaisir de voir l'art s'étaler dans le ville au profit de tout un chacun.



  • Jean-Christophe Bridoux et ses intéressants personnages en fil de fer. Pas si dépouillés que ça. Beaux et pénétrants.

  • Angélique Jung et ses trois sculptures en pierre qu'elle colore de pigments naturels. Ses "p'tites bonnes femmes" (Poils aux pattes, Coeur sur la main...) sont très expressives et attachantes.
Linchih Taï













  • Linchih Taï, d'origine taïwanaise, a transformé en image des sentiments inhibés liés à son acculturation en France. 
Ses dessins à l'encre de Chine et à l'acrylique sont empreints de poésie. 

J'aime beaucoup celui où, petite fille, elle repose endormie en entourant le village de son bras, comme un doudou.

C'est une très belle métaphore de l'acculturation.


















Jade Fenu : la belle surprise !
Tout d'abord, de loin, ses tableaux ne m'ont pas attirée : un peu criards et trop abstraits à mon goût.
Nonobstant cette première mauvaise impression, je me suis approchée par curiosité... et là, j'ai saisi le travail de l'artiste entre improvisation et composition, à partir de peinture acrylique, peinture en bombe, collages et huile.
Il "utilise aussi les accidents et expérimente tout au long du processus créatif, ne s'arrêtant que lorsque le tableau trouve son autonomie et lui permet de saisir une réalité autre que la sienne".
Franchement, ces tableaux quand je les regardais de près m'ont happée !
J'étais fascinée par la beauté des couleurs, les variations d’épaisseur de trait, et l'effet magique produit par les collages. En revanche, de loin, l'effet magique s'estompait et mon plaisir en était diminué. A admirer collé-serré donc (en ce qui me concerne) !
Jade Fenu
--> Voir les éditions 201720162015201420132012...

lundi 21 mai 2018

L'art de ville

C'était en mai 2017, j'ai juste un an de retard, et d'ailleurs l'édition de mai 2018 m'attend avant sa clôture le 27 mai. J'adore cet événement, qui embellit la ville et met l'art à portée de tous, à tout moment en faisant ses courses, en allant au parc ou à la médiathèque. On découvre des artistes et leur travail très varié, sur toutes sortes de supports, ça ouvre l'horizon.

Alors il y a un an, je dois dire que j'ai été moins enthousiasmée que les éditions précédentes (mais j'avoue ne pas avoir eu le temps de passer dans les différents lieux). 
Un artiste a retenu mon attention : Julien RICHETTI, ainsi qu'un groupe de petits artistes (une classe de CM2 !).

Julien RICHETTI superpose des photos (de son crû), fait de la retouche numérique, fusionne, colorise etc. et le résultat s'appelle une estampe numérique. Agrandie comme ça avec une couche de vernis brillant... C'est beau, c'est onirique. Et très original. 
"Europa" 2016 et "Alexandre Bleu" 2014
"Holly Heisenberg smile" Série Secondes peaux 2016 - "Les temps modernes" Série Printemps 2015
 Deuxième coup de coeur de cette édition 2017 d'Art'ifice... les petits tableaux peints par des élèves de CM2 du groupe scolaire Jean Moulin, sur le thème de la mythologie et de l'universalité des contes. Cela paraît compliqué mais les enfants ont magnifiquement transposé "la vie d'Hermes" au Japon.
Ils ont créé des tissus de kimono, appris les proportions du corps humain et les plans de paysage. Et le résultat est magique ! Hiroshige en CM2 !
J'en profite pour redire mon admiration devant l'imagination et la poésie des travaux scolaires de la petite section au collège... Ce sont chacune de petites oeuvres d'art. Bravo aux enseignants et personnels des centres aérés.


--> Voir les éditions 2016, 2015, 2014, 2013, 2012...

lundi 25 juillet 2016

L'art est dans la rue... édition 2016

Cela se passait au mois de mai...

Comme chaque année, la municipalité organise un événement artistique, qui se traduit par l'exposition d’œuvres d'art professionnelles ou amateurs dans la rue, sur les grilles du musée, dans les parcs, à la médiathèque...

Cette année, les enfants ont notamment travaillé sur l'architecture et j'ai choisi un petit dessin inspiré de Hundertwasser...

C'est très gai. 
Cela met de la vie dans la ville. 

Je regrette d'avoir eu si peu de temps pour mieux apprécier ce musée en herbe / euh pardon en ville...

-->  voir les expos de 2015,  2014, 2013, 2012...
EDIT + 2016 - 2018

mardi 17 mai 2016

Le pointillisme par Dada

Décidément, la petite revue Dada est passionnante...
Dans son dernier n°, elle zoome sur Georges Seurat, fondateur du mouvement pointilliste dont la première oeuvre est "Une baignade à Asnières"(1884), et Paul Signac, qui fut le théoricien du pointillisme.
"A l'origine du pointillisme on trouve des théories sur la couleur et la lumière. Plus question de mélanger les teintes directement sur la toile pour créer de nouvelles nuances. Désormais, le peintre juxtapose des tâches de couleurs, pures et complémentaires. A une certaine distance, ces amas de points prennent vie."
Parmi les reproductions figurant dans la revue, j'ai adoré :
- Henri-Edmond Cross : "Les îles d'Or, îles d'Hyères" (1891), tellement lumineux, et moderne...
- Signac : "Cassis, Cap Canaille" (1889) - "La bouée rouge" (1895)
- Maximilien Luce : "Bord de mer, la pointe du Toulinguet" (1893)

Je suis moins fan des grands tableaux de Seurat.

La revue Dada nous emmène aussi à la découverte des autres peintres qui ont versé à un moment donné dans le pointillisme : ainsi "L'autoportrait" de Van Gogh (1887), mais aussi Derain, Matisse, Kandinsky, et l'incroyable "Ad Parnassum" de Paul Klee (1932).

A défaut de temps pour voir toutes les expos du moment, la petite revue fait bien l'affaire !

--> tags "peinture" et "expos"

samedi 12 décembre 2015

Hundertwasser, la vie en couleurs et en courbes, pour l'écologie

La COP 21 sur les changements climatiques est à Paris.

C'est le moment de parler de Hundertwasser, dont nous avions visité la belle expo "Dans la peau d'Hundertwasser" en 2013 au Musée de l'herbe à Paris. Et sur lequel je viens de lire un agréable petit opuscule ("Hundertwasser, inventer la ville" de R. David et P. Sciot).

Friedrich Stowasser décide de changer de nom (en plusieurs étapes) pour devenir finalement "Friedensreich Hundertwasser Regentag Dunkelbunt", soit "royaume de la paix aux cents eaux, un jour de pluie aux couleurs sombres et multicolores".

Peintre de la nature, il considère qu'"en tant qu'artiste, je suis de plus en plus conscient que la créativité de la nature et celle de l'homme doivent être réunies".
"Mes lignes colorées sont comme les anneaux de la sève des arbres". 

A la quarantaine, et sans compétence dans le domaine, il décide de devenir "le médecin de l'architecture". J'ai eu l'opportunité de découvrir sa Hundertwasserhaus à Vienne peu de temps après son inauguration. Un HLM tout en courbes et en couleurs, détonant dans la Vienne ancestrale.
Hundertwasser développe des toilettes à humus, capitalise sur l'énergie solaire, installe des toits végétalisés en haut de ses constructions, des récupérateurs d'eau de pluie. Il participe à de nombreux combats écologiques, comme en témoignent ses magnifiques affiches "Save the Rain", Save the Wales", "Tomorrow's World"...

Totalement épris d'écologie, Hundertwasser va développer sa théorie de l'arbre locataire et du "droit des arbres". Il plante ses premiers arbres locataires en Italie en 1973.
Cette même année, il voyage pour la première fois en Nouvelle-Zélande et s'éprend du pays.  Il admire la relation du peuple maori à la nature et aux arbres en particulier. Il s'y installe dans une ferme où il demandera à être enterré nu et sans cercueil sous un arbre. Hundertwasser meurt d'une crise cardiaque en 2000 à bord du Queen Elizabeth 2, à 72 ans.

J'adore ses peintures, si colorées, et sans lignes droite, tout en courbes !

En savoir plus sur l'expo présentée au Musée en herbe en 2013 : ici . Les maquettes étaient époustouflantes.

--> billets "expos" ou "peinture"...

dimanche 5 juillet 2015

Au temps de Klimt : La Sécession à Vienne


Affiches de l'expo et vue de la pinacothèque avec
au 1er plan un panneau sens interdit customisé
par l'artiste Clet Abraham

Cette expo à la Pinacothèque de Paris, que j'ai hélas un peu bâclée au pas de course m'a rappelée de fort beaux souvenirs : la ville de Vienne en version originale et les visites approfondies de la Sezession (« A chaque époque son art. A l’art sa liberté. »), du Belvédère et de tous les sites Art Nouveau que j'ai pu visiter à n'en plus soif. Plus fan de "Yugentstil" à l'époque, y avait pas !

Bien sûr, j'en accumule des livres sur Klimt, des affiches murales de Judith, des Serpents d'eau, des tasses Klimt, des montres Klimt (même une avec Adele Bloch Bauer), des photophores Klimt, des magnets, dessous de verre, foulards (4, rien que ça...), un cabas Der Kuss. Je possède même une bague et une paire de boucles d'oreille du "Baiser" achetées en Russie.. J'ai aussi, maintenant cela m'y fait penser, un pendentif du tableau de la mère et l'enfant peints au dos d'un coquillage en nacre, et acheté en Ukraine je crois (magnifique du reste, comme les miniatures que peignait ma grand-tante).

Tout ça le fruit de x anniversaires et Noëls, mais aussi de ma compulsion personnelle à craquer pour tout ce qui était klimtien !
Klimtomane moi ????

Alors, et l'expo dans tout cela ?
On m'avait dit que pour ceux qui avaient visité Vienne, elle était banale...

Eh bien moi je l'ai trouvée intéressante. divisée en différents thèmes, parfois surprenants : intro - Paris/Vienne - Historicisme/Compagnie des artistes - La frise Beethoven - Sécession - Femme fragile - Femme fatale - Paysages / picturalisme - Portraits.
Jusqu’à qu’il décide de faire « Sécession » en 1897, avec une vingtaine d’autres comparses, pour se démarquer d’un art viennois jugé trop bourgeois, trop classique…
l’exposition de la Pinacothèque s’arrêtant à la mort de Klimt (et de Schiele), en 1918.

Tout d'abord, bien qu'un peu klimtomaniaque, j'ignorais ou avais oublié l'oeuvre de son frère, Ernst... et puis Josepf Hoffmann (1870-1956, architecte et directeur des ateliers viennois) m'était un peu sorti de l'esprit, ainsi qu'Adolf Loos, car cela faisait un petit moment que je m'étais pas repromenée dans les oeuvres de cette époque. Idem pour Oskar Kokoschka (1886-1980) et Egon Schiele (1890-1918), dont j'ai apprécié de pouvoir admirer des oeuvres en face-à-face.

Je fus fascinée (est-ce le poids des années et la maturité ?) comme jamais par les quelques panneaux de la Frise Beethoven, longue de vingt-deux mètres, peinte par Klimt en 1902 et faisant référence à la 9e symphonie. 
Dire que je les ai pourtant admirés in situ il y a près de trente ans... Comme quoi l'âge apporte certains bénéfices. Vraiment je me suis même assise pour rester longtemps à contempler les panneaux de la frise. Merveilleux. Bien bêtement ou béatement, je l'ai admirée sous toutes les coutures, me demandant comment l'on pouvait si aisément découper des pans de mur pour les transborder d'un musée à un autre...
La maquette du Palais de la Sécession et tous les travaux des candidats valaient le coup d'oeil.

La salle consacrée au thème classique de Judith et Holopherne est à tomber, inoubliable... Heureusement, un petit banc permet de s'absorber dans Judith I (1901) : c'est éblouissant, elle est là à portée de main, sublime... Et, en se tournant, nous voici face à Salomé (Judith II, 1909) que je n'avais jamais vue puisque exposée à Venise.

Ici et là des sculptures, céramiques, meubles de cette époque. Cela m'a moins intéressée. Certaines céramiques m'ont paru grotesques. 
Et puis il y eut des tableaux ou esquisses de Schiele et Kokoschka, ce qui valait le détour. Tiens en parlant de Kokoschka, j'ai appris qu'il avait peint le portrait d'Agatha Christie, à sa demande, en 1968 pour 15000 £.

--> chronique "Expos" ou plus spécifiquement "peinture"

samedi 16 mai 2015

Michel Bussi : "Nymphéas noirs"

*****
Il manquait à mon tableau de chasse ce Bussi publié en 2011. C'est chose faite et je ne me remets toujours pas de cette intrigue si stupéfiante.
Mazette, quelle savante construction ! J'avais été bluffée par "Un avion sans elle"... Là c'est presque puissance 10.
Michel Bussi sait mener son lecteur en bateau (sur cet étang aux nymphéas) !

Tout d'abord cette lecture fut fort plaisante car se déroulant à Giverny sur les terres de Monet, et la peinture impressionniste y joue un rôle de premier plan. J'ai de ci-de là appris des informations sur l'univers des galeries et les chasseurs d'oeuvres d'art. Et n'étant encore jamais allée à Giverny (!!!), ce roman fait aussi office de guide touristique, on est même un peu gênés par les flots de touristes que déversent les cars sur l'affreux parking goudronné.

L'intrigue ? Le roman commence avec la présentation de trois personnages féminins : Fanette écolière douée en peinture, Stéphanie Dupain la jolie institutrice (mal) mariée à un agent immobilier peu affriolant, et une vieille dame à l'allure de sorcière qui habite dans la tour du moulin et observe depuis sa lucarne tous les faits et gestes du village.

Après cette introduction, un mort, que la vieille découvre dans le lit du ruisseau adjacent : un habitant du village qui a réussi comme ophtalmologiste à la capitale, coureur de jupons et collectionneur de tableaux.

Pour suivre cette affaire : un duo de policiers fort sympathiques : le jeune inspecteur du sud, Laurenç Sérénac (amateur de peinture) et son adjoint du cru Sylvio Bénavidès (collectionneur de barbecues !). Tout les sépare au début et leur complicité fera son bout de chemin tout au long du roman.

Voilà, peux pas en dire plus, sinon que la fin est à tomber ! "Une tuerie" !
Ah comme j'ai hâte d'offrir ce polar et de partager mon plaisir...

Dans la foulée, je vous invite à rendre visite à :

dimanche 29 mars 2015

Frida Kahlo... "Un ruban autour d'une bombe"

Quelques têtes de chapitre du livre
Maud Guély & Rachel Viné-Krupa : 

"Un ruban autour d'une bombe, une biographie textile de Frida Kahlo"
(Ed. Nada, 2013, 128 p.)

Voici un ouvrage original pour qui s'intéresse à Frida Kahlo (comme moi !).
Il ne s'agit pas à proprement parler d'une "biographie textile" : le livre déroule la vie de Frida Kahlo par grandes périodes, chaque tête de chapitre étant illustrée par un portrait de Frida et chaque chapitre comportant plusieurs dessins de ses costumes mis en scène en noir et blanc :
  • 1907-10 / Ma naissance
  • 1910-17 / La révolution
  • 1918-21 / Frida jambe de bois
  • 1922-28 / Les cachuchas
  • 1929-33 / Frida Kahlo de Rivera
  • 1934-38 / La pelona
  • 1938-40 / New York-Paris
  • 1941-49 / Le cerf blessé
  • 1950-52 / Nature vivante
  • Frida Kahlo peignant alitée en 1954
    1953-54 / Alas pa' volar
 
La biographie est bien résumée, et met parfaitement en exergue les terribles douleurs qu'endurera Frida absolument chaque jour de sa vie. Terrifiant. Elle n'a que 47 ans quand elle meurt en 1954 et on frissonne en lisant comment son corps est cassé et rapiécé, le nombre d'opérations et de mois d'immobilisation clouée au lit. Mais toujours, même alitée, comme le présente l'ouvrage, Frida Kahlo aura à coeur d'être coiffée, maquillée, élégamment vêtue et parée de ses bijoux.
Le récit est en outre agrémenté d'extraits de la correspondance de Frida soigneusement choisis.
📜 Frida :"Mon Diego, Miroir de la nuit. (…) Tu t’appelleras AUXOCHROME – celui qui capte la couleur. Moi CHROMOPHORE – celle qui donne la couleur. Tu es toutes les combinaisons des nombres. La vie (…) Tu remplis et je reçois. Ta parole parcourt tout l’espace et parvient jusqu’à mes cellules qui sont mes astres et va jusqu’aux tiennes qui sont ma lumière." (p.87)
📜 André Breton lors de son séjour au Mexique en avril 1938 :  "Au mur du cabinet de travail de Trotski, j'ai longuement admiré un portrait de Frida Kahlo de Rivera par elle-même, en robe d'ailes dorées de papillons, c'est bien réellement sous cet aspect qu'elle entrouvre le rideau mental. il nous est donné d'assister, comme aux plus beaux jours du romantisme allemand, à l'entrée d'une jeune femme pourvue de tous les dons de séductions qui a coutume d'évoluer entre les hommes de génie". (p.58) 
Après sa rupture avec Frida (à l'initiative de celle-ci), Trotsky quittera la maison bleue en y laissant le tableau offert par Frida (pour voir ce tableau : "L'ultime secret de Frida K", pour voir le dessin correspondant dans "Un ruban autour d'une bombe" : "Viva").
📜 André Breton :  "L'art de Frida Kahlo est un ruban autour d'une bombe". (p.58)
Costume et cheveux coupés
"Un ruban autour..." p.67
Feuillages,  petit singe...
"Un ruban autour..." p76
 
Les dessins en noir et blanc sont agréables ; on n'a qu'une envie : sortir ses crayons de couleur ! 

Ils illustrent des moments de la vie de Frida avec ses tenues particulières, comme le costume masculin trop grand que Frida porte dans son autoportrait aux cheveux courts, alors qu'elle venait de se couper elle-même les cheveux par révolte contre les tromperies de Diego. 

Ou son "accessoire" fétiche : son petit singe adoré, Fulang Chang (voir tableau ci-dessous).
En fait, les informations sur les codes vestimentaires de Frida sont plus fournies dans l'annexe de l'ouvrage intitulée : "Mon vêtement, c'est moi".

 
L'évolution des tenues que porte Frida au gré des événements de sa vie y est fort bien décrite, mettant en regard les tableaux où elle se peint arborant à dessein telle ou telle tenue. 

L'ouvrage comprend aussi un focus très intéressant sur
 ses coiffures et sur ses bijoux, également mis en scène dans ses différents autoportraits.
 
Frida et Diego au MoMa :
Ci-joints deux tableaux pris en photo au MoMa lors d'un voyage en famille à New-York, le 02/08/2014. A quelques jours près c'était mon anniversaire, et franchement New York c'était un merveilleux cadeau.
 
Fulang Chang and I -1967(MoMa NY)

Autoportrait cheveux courts
1940 (MoMa New York)
L'autoportrait de Frida avec son singe Fulang Chang est en fait assez petit, et le cadre très ouvragé ne manque pas de suprendre au début, puis j'ai pensé qu'il mettait très bien en valeur la toile, qu'il la sublimait même.
Le seul autre tableau peint par Frida exposé au MoMa lors de notre visite était son autoportrait aux cheveux courts, habillée en costume masculin. 
 
Pas de jalousie, sauf erreur, avec Diego Rivera dont je n'ai répéré que deux toiles aussi : "Young man in a gray sweater, Jacques Lipchitz" (1914, inspiration cubiste...) et l'immense toile "Flower Festival Feast at Santa Anita" (1931).

mercredi 25 mars 2015

Patrick Deville : "Viva" (Mexico !)

***** Réf. géogr. : France/Mexique (2014, Ed. Seuil, 220 p.)

Attention : livre compliqué, voire complexe !
Cela me fait penser au commentaire que j'avais écrit après la lecture de "Peste et choléra" du même auteur : "à lire si vous êtes téméraire (soit ouvert à un style neutre et doublé d'une construction déroutante sans aucune chronologie) et avez le goût des voyages lointains."

Il m'a fallu quand même un certain temps pour venir à bout des 220 pages de "Viva", tant le texte suit une construction aléatoire, et recèle de références à foison à des personnages tantôt liés à l'histoire de Trotsky et tantôt liés à la vie et l'oeuvre de Malcolm Lowry. Le tout s'enchaînant quasiment sans transition, basculant d'une époque à une autre et d'une histoire à l'autre. Il faut parfois s'accrocher dur.

Les toutes premières pages m'ont par exemple rendue perplexe : cela parlait du Trésor de la Sierra Madre de cet auteur allemand B. Traven / Ret Maru dont je n'avais guère entendu parler (si ce n'est par l'adaptation cinématographique de son roman). Une entrée en matière déroutante.

Donc "Viva" est un portrait alterné de deux figures "en exil" au Mexique : Trotsky "le proscrit" qui y est accueilli par le président Cardenas en 1937 et qui résidera dans les premiers temps (avant leur fâcherie) chez Diego Rivera et Frida Kahlo, et Malcolm Lowry, l'écrivain anglais alcoolique et instable qui s'attelle tant bien que mal à la rédaction de son futur chef d'oeuvre "Au-dessous du volcan".
Pas du tout de portraits croisés puisque ces deux hommes ne se croiseront jamais au Mexique. Alors quelle drôle d'idée que d'écrire un roman sur leurs destinées parallèles en terre mexicaine...
Ces deux-là, s'ils ne se croisent pas, croiseront la route de moult personnages qui seront égrenés au fil du livre : la photographe Tina Modotti, Antonin Artaud, André Breton et sa femme Jacqueline, Kotov et Caridad Mercader, mère de Ramon Mercader l'assassin de Trostky, Graham Green, le fantôme d'Oscar Wilde...

Il faut reconnaître à Patrick Deville un effort de recherches documentaires stupéfiant. Et d'accompagner ses références des souvenirs de ses déambulations sur les pas des personnages, dans les hôtels où ils ont séjourné de par le monde, ou les lieux qu'ils ont visité. Il a même emprunté l'Orient-Express pour rouler sur les rails de l'exil de Trostky. J'ai trouvé passionnante la rencontre avec le petit-fils de Trotsky, qui a fait sa vie au Mexique.

"Por Leon Trotsky con todo cariño
dédico esta peintura, el dia 7 de Noviembre de 1937
Frida Kahlo" (Guély/Viné-Krupa, p56)
Cela fait de "Viva" un drôle d'ouvrage : pas un roman, mais un catalogue d'anecdotes et d'histoires avec pour toile de fond le Mexique des années 30 et 40. Je dois dire que je l'ai lu avant tout pour sa référence à Frida Kahlo... L'aurais-je lu en entier sinon ? Euh, pas sûre... Mais je ne regrette pas cette lecture ! Et elle m'a mis l'eau à la bouche pour relire "Under the Volcano" ou revoir le film...
"Trotsky voit devant lui le sourire de la belle Frida aux sourcils très noirs, au merle sur le front, la blouse indienne multicolore, les lèvres rouges qui peut-être fredonnent. Il est jaloux déjà de Rivera. La jolie princesse et le gros crapaud. (...) Il a cinquante-sept ans et c'est bien la dernière chose à laquelle il s'attendait". (p.47)
"C'est la nuit et la tempête. Le Consul libère le cheval volé du pelado et frappe sa croupe. Les fascistes lui tirent une balle dans le ventre et il tombe. Le cheval emballé s'enfuit sous l'orage. au hasard de la forêt, il piétinera Yvonne partie à la recherche du Consul. Riders on the Storm. On jette le corps du Consul au fond de la barranca et un chien mort après lui. This is the End. Le vieux violoniste prie pour lui la Virgen de la Soldedad, abogada de los que no tienen a nadie." (p.199)
Frida Kahlo : "Fulang Chang and I"
(MoMa de New York, 04/08/2014)

Diego Rivera : Jeune homme au pull gris
/ Jacques Lipchitz (Moma, 04/08/14)

Sur Frida Kahlo, je commence à accumuler les portraits...:

- Gregorio Leon : "L'ultime secret de Frida K."
- "Frida Kahlo aimait tant la beauté des enfants chinois que..."
- Leonardo Padura : "L'homme qui aimait les chiens"
- M. Guély & R. Viné-Krupa : "Un ruban autour d'une bombe, une biographie textile de Frida Kahlo"
- Barbara Kingsolver : "The Lacuna"
- Gérard de Cortanze : "Frida Kahlo, la beauté terrible"
- JMG le Clézio : "Diego et Frida"

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