mardi 29 janvier 2013

Bonne année 2013 !!!



Carte réalisée avec beaucoup de neige (il a fallu attendre le 20 janvier !), quelques lettres du Boggle, et la réserve de bougies d'anniversaire.


Ci-contre, le making of en vue "panoramique" :
Notre salon de jardin joliment recouvert de neige.
Une semaine après, plus aucune trace de neige !





Et voici une carte de voeux alternative préparée pour une collègue qui ne me croyait pas qu'un bougainvillier pouvait hiberner dans un salon, qui plus est près d'une cheminée...

Conseil pour les aficionados :
L'an dernier j'avais remisé mon bougainvillier tout l'hiver à la cave. Résultat : au printemps un spécimen dénudé, l'air chétif et qui ne fit de fleurs (certes superbes et rose foncé, cf. photo) qu'à l'automne et moins d'une dizaine, l'économe !

Le bougainvillier
sur la terrasse
Cette année, compte tenu du poids du pot et de ma volonté défaillante, je me suis contentée de le rentrer au salon... Il a commencé à perdre toutes ses feuilles, puis de nouvelles petites feuilles vert tendre ont poussé, et ô surprise à partir de Noël : des fleurs en masse, mais rose pâle (on ne peut pas tout avoir).

Info pour les craintifs (qui n'osent acquérir un bougainvillier en région parisienne) : j'ai acheté ce spécimen d'environ 1 m de hauteur en liquidation à Super U pour... 2 € !!! Je peux dire que j'en ai eu pour mon argent, une belle affaire dont je suis fière !
Et re-bonne année à toutes et tous amis bloggeurs !

----> rubrique "jardin" du blog...

La belle expo Edward Hopper à Paris

L'affiche de l'expo (Nighthawks) dans le métro
Affiche près du Grand Palais 
L'exposition consacrée à Edward Hopper au Grand Palais m'a bien plu. On dit de ce peintre figuratif américain que ses tableaux traduisent l'attente. Eh bien quelle attente pour entrer voir l'expo, un monde fou.


"I think I'm not very human, I didn't want to paint people posturing and grimacing. What I wanted to do was to paint sunlight on the side of the house."
Magnets de l'expo Hopper et le livre The masterpieces

Des personnages, toujours seuls ou esseulés même si ensemble. Regards dans le vide. Solitude et ennui. Absence de communication.

The figures are engulfed in a strangely dense atmosphere that empedes their movement and force them to look into themselves, away from the person facing them, away from the outside world in general. (Edward Hopper, The Masterpieces, Schirmer Art Books, p17)

Les interactions sont factices. The sidewalks are empty and deserted, there is no traffic on the streets ; both functions mereley as formal elements, together with the architecture.

New York Office

Par ex. dans "Western Motel", la voiture et la rue ont complètement intégré le décor tranquille de l'intérieur du motel.

House by the railroad

Place de l'architecture :
His portrayal of architecture, emphasizing the formal, disregards the human elements. (id., p16)
La maison du tableau House by the railroad aurait inspiré la demeure inquiétante de Hitchcock dans Psychose, et celle de Tim Burton dans Beetlejuice...

Autonomie des objets : Par exemple, sur le tableau Chop Suey, la théhière, les objets sur la table, le manteau accroché au porte manteau... sont de véritables figurants.


Quelques indications d'experts concernant le tableau Nighthawks :



"In Nighthawks, we immediately see that Hopper’s understanding of modern man has achieved his definite expression. The picture speaks directly to the observer, focusing our attention on the people portrayed and their relationship to each other. In the wedge-shaped, protruding building that occupies the greater part of the picture, a panoramic window allows us to look in on the brightly illuminated scene and the arrangement of the figures. There is no interaction between them, only their formal juxtaposition is depicted. The silent, introverted figures are surrounded by objects, and are not aware that they too have become objects, reduced to mere functions. (...)
In Nighthawks, the only traces of movement are outside the brightly illuminated and clearly structured interior. On the sidewalk and in the window of the house across the street, a fine fleeted movement of light enfolds. This stands in contrast to the rigid order centered around the people. In the play of light we again see traces of that “other” reality dealt with again and again in Hopper’s paintings."
(source : Edward Hopper The Masterpieces, H. Liesbrock/schirmer Art Books, 2004)

Crédit pour mes photos : merci à la pleine page promo de l'expo passée dans le journal Metro, que j'ai affichée dans mon bureau... puis j'ai positionné tant bien que mal le livre Art Books et les magnets à côté. Le poster du musée, je l'ai acheté... et accroché dans la chambre. Fan moi ? vous m'en direz tant !

---> Voir aussi : Philippe Besson : L'arrière-saison (roman inspiré du tableau Nighthawks... lui-même inspiré de la nouvelle The killers d'Hemingway)

dimanche 27 janvier 2013

Harriet Scott Chessman : "Lydia Cassatt lisant le journal du matin"

***** Réf géogr. Etats-Unis/France - Genre : Récit intimiste féminin entre souffrance et peinture

Dans la foulée de mes découvertes impressionnistes de l'année 2012 (Berthe Morisot, Julie Manet, Eva Gonzales, Federico Zandomeneghi, Monet...), j'ai eu plaisir à conjuguer expo et biographie.
Je me suis lancée dans le roman "Lydia Cassatt lisant le journal du matin" en perspective de l'expo sur la soeur de Lydia, Mary Cassatt, à l'American Institute de Paris. Et j'ai réussi à manquer l'expo ! Comme je m'en veux... procrastination.
Je ne dispose ainsi d'une vision de la peintre impressionniste américaine Mary Cassatt qu'au travers du prisme du roman consacré à sa relation avec sa soeur malade dans le Paris du 19e s. et des représentations de tableaux dispos en ligne sur le web (notamment www.marycassatt.org).
3 des 5 tableaux composant un chapitre du livre
Le roman est habilement découpé en 5 tableaux, donc chacun porte le nom d'un tableau de Mary Cassatt sur lequel figure Lydia : Femme lisant / Le thé / Le jardin / En voiture / Lydia assise devant le métier à broder.

Woman (Lydia Cassat)
with a pearl necklace
Tandis que Mary Cassatt bouillonne de vie, de rire, d'indépendance (elle s'affirme féministe), Lydia se recroqueville autour de sa maladie (maladie de Bright) dont elle se sait condamnée. Affaiblie et souffrant un martyr, elle pose cependant pour sa soeur afin de contenter cette dernière, qui ne peut se passer d'elle comme modèle et dans la vie de tous les jours.

Lydia Seated In The Garden With A Dog In Her Lap - Mary Cassatt - www.marycassatt.org
Lydia sitting in the garden
with a dog on her lap
C'est donc un roman assez triste, dans lequel Lydia qui en est la narratrice, égrène au fil des pages les souvenirs américains de son enfance heureuse, ses premiers émois amoureux, le fiancé disparu, ainsi que le rapport lourd de la famille à la maladie : le jeune frère est mort d'un cancer des os, leur meilleure amie, soeur de Louisa May Alcott (Les 4 filles du Dr March) décède après ses couches...
Puis c'est l'arrivée à Paris et la relation fusionnelle que Lydia partage avec sa soeur, et la naissance d'un sentiment particulier qu'elle va éprouver pour le peintre Degas, ami de la famille.

Mary Cassatt apparaît plus insouciante (elle est plus jeune aussi), déterminée, indépendante (le mariage brise l'indépendance, selon Mary qui restera célibataire). Assez contradictoirement, Mary Cassatt excelle dans les peintures représentant une mère et ses enfants : c'est une de mes découvertes importantes de son oeuvre. Je trouve ses tableaux sur la maternité magnifiques et très expressifs de la relation de la mère à l'enfant et vice-versa. Voir ma mini sélection d'oeuvres ci-dessous, où les gestes de bras des enfants et de la mère sont si chargés d'émotion. 
Le roman se termine avec la mort de Lydia, soit avant que sa soeur Mary ne découvre la peinture japonaise et s'en inspire dans la deuxième partie de sa carrière de peintre.

Breakfast in Bed - Mary Cassatt - www.marycassatt.orgMaternal Caress - Mary Cassatt - www.marycassatt.orgMother And Child7 - Mary Cassatt - www.marycassatt.org

Légendes des tableaux : Breakfast in Bed - Maternal caress - Mother and child 7 -
Je ne suis cependant pas sûre que ce court roman (Ed. Folio, 230 p.) passionnera les lecteurs qui ne sont pas un brin "amateurs" de peinture ou de l'ambiance du Paris impressionniste et artistique.

---> voir aussi sur ce blog : "Mary Cassatt au MET de New York" et la rubrique "PEINTURE"

samedi 12 janvier 2013

SCORPIONS, Wind of Change, live 2012

Scorpions entamant Wind of Change (Orleans, 2012)
Chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989. Gorbatchev et la glasnost (transparence)...
Klaus Meine, chanteur du groupe allemand Scorpions, décide d'écrire une chanson hommage alors que le groupe est en tournée à Moscou.
Ce sera Wind of Change, composée un an après la réunification, en 1990 (album Crazy World), et qui commence par une mélodie sifflée superbement par Klaus.
Un an plus tard, les Scorpions sont reçus par Gorbatchev au Kremlin et ils lui offrent les paroles de la chanson gravée sur plaque.
Petit rappel certainement superflu pour les experts en géopolitique : à la chute du mur, le monde entier craignait une intervention russe... et la Russie a choisi de "laisser faire". Une page mémorable de l'histoire.
Et une chanson mémorable.

Scorpions : Video "Wind of Change" (Orleans, 27/11/2012)


Le groupe a joué Wind of Change en 2e morceau de rappel (18e chanson du concert), lors du concert du 27/11/2012 au Zénith d'Orléans. Sur l'écran géant, défilaient l'histoire du mur et les grands moments de sa chute.

J'ai conservé le n° sur la réunification allemande
du Figaro (01/10/1990)...
 et j'ai ajouté sur la photo
mon mini bout du mur (5€ à Berlin airport: fake ?...)
I follow the Moskva - Down to Gorky Park
Listening to the wind of change
An August summer night - Soldiers passing by
Listening to the wind of change

The world is closing in - Did you ever think
That we could be so close, like brothers
The future's in the air - I can feel it everywhere

Blowing with the wind of change

Take me to the magic of the moment On a glory night
Where the children of tomorrow dream away
In the wind of change


Walking down the street - Distant memories
Are buried in the past forever
I follow the Moskva - Down to Gorky Park
Listening to the wind of change


The wind of change

Berlin Porte de Brandenburg
(depuis mon taxi, en 2006)
Blows straight into the face of time
Like a stormwind that will ring the freedom bell
For peace of mind - Let your balalaika sing

What my guitar wants to say

Take me to the magic of the moment On a glory night
Where the children of tomorrow share their dreams

With you and me…


--> Les autres billets du concert fabuleux de Scorpions, Orléans, 27/11/2012 :

--> Voir la suite de la rubrique "musique" du blog !

Didier Decoin : "Je vois des jardins partout"

***** Réf. géographique : France, R-U... (2012) - Genre : Eloge du jardin (mais pas du jardinage !)

Didier Decoin est un auteur que je n'avais pas "croisé" depuis des années... depuis mon adolescence quand je dévorais John L'Enfer (1977), Abraham de Brooklyn (1971), Un policeman (1975), Laurence (1969)... Des livres "à tomber" que je n'ai pas relus depuis certes, mais je les ai toujours dans ma bibliothèque. Pour un jour, les redécouvrir.

Mon cher Didier Decoin (au demeurant fils du fameux cinéaste Henri D...) m'a fait l'heureuse surprise de dévoiler sa passion pour les jardins dans un petit livre sympathique et bourré d'anecdotes.
De la grande littérature de l'élu de l'académie Goncourt : point... mais de l'humour et de la simplicité : oh que oui !
Même si le début du livre m'a paru un tantinet longuet, la suite, je l'ai avalée en me projetant visuellement dans toutes les descriptions de fleurs et jardins de l'auteur.
Morceaux choisis en vrac de ce livre court mais "botanicoptimiste" :
- Bien aimé l'anecdote sur les graines de palmier qui ont donné naissance au bout de 2 ans à une virgule devenue après 7 années de soins, espoir et cajoleries (et fierté !) un palmito de 13 cm... qui mourut soudain au grand désespoir de son mentor, désespoir que je comprends pleinement. (Je suis moi-même en phase d'expérimentation ès palmiers depuis une éternité...)
- La théorie du rhizome :
"Carl Jung avait raison de comparer l’existence humaine "à une plante qui vit de son rhizome. La vraie vie de cette plante est invisible, cachée dans son rhizome. La partie qui émerge au-dessus du sol ne dure qu’un seul été. Après cette apparition éphémère, elle se fane. Ce que nous percevons de la vie, c’est l’éclosion, la floraison, puis cela disparaît. Mais le rhizome, lui, perdure." Un jardin n’est-il pas lui aussi un rhizome ? Une part immense de son territoire échappe à nos regards, nous dissimule ce qui s’y passe vraiment.
(…) Pourtant, sous la terre, le jardin progresse. Chaque saison, sans que cela m’apparaisse, mes amis les rhizomes, ceux des iris, des bégonias, des euphorbes, du muguet, des fougères – mais aussi du chiendent, conquièrent de nouveaux territoires souterrains."

- Toujours à propos de rhizomes... Didier Decoin ne manque pas de révéler la recette de la caipirina qu'il a goûtée auprès d'un serveur expert de Rio : toute la différence repose sur le citron macéré pendant une heure dans du gingembre pilé... (NB : gingembre = rhizome)

- Didier Decoin raconte comment, enfant, il créait des jardins hydrophiles : plantant des graines dans le coton démaquillant chipé à sa mère, s’extasiant "devant un foisonnement de petites plantules d’un vert tendre", il enfonçait des crayons de couleur pour figurer des buissons et éparpillait des boutons colorés en guise de massifs de fleurs.

- Compte rendu de ses voyages botaniques en Grande-Bretagne, accompagné de son épouse et des amis du Club de la 5e saison… l’occasion de nous conter l’histoire du jardin dans le ciel : les 23 amis amoureux de la botanique rapportant chacun des potées et sacs de plantes en bagage cabine, l’hôtesse de la British Airways prit sur elle d’entreposer tous les végétaux dans la cabine de 1e classe libre, et d’attacher les plantes sur les sièges avec les ceintures de sécurité.
A cet égard, je puis moi-même témoigner de cette folie de bagages végétaux : où que je sois allée dans le monde, je n'ai manqué de revenir avec boutures (conservées idéalement enrobées de kleenex humides à l'intérieur de rouleaux vides de sopalin ou encore mieux de contenants vides de chips style pringles que j'emporte toujours au cas où...).

- Anecdote du cucumis fugex : le concombre fugitif, soi-disant un concombre apparaissant furtivement à un endroit puis disparaissant…

- "Novembre : l’automne fut longtemps l’époque où il fallait fermer le jardin."

- "Surprises par l’objectif de Rachel Lévy, les fleurs en fanaison se parent de teintes violettes (…). A cet égard, l’agonie des iris, et notamment de l’iris germanica, offre la plus extravagante, la plus riche, la plus folle des palettes. Rachel Lévy prouve que la fleur qui dépérit, est capable de textures et de coloris plus complexes et surtout plus émouvants, que la même fleur dans la gloire un peu arrogante de sa jeunesse."

- Une citation qui colle tellement à mes pérégrinations au jardin :
"Avec ses 1001 métamorphoses dans l’instant (une abeille qui s’enfouit en frissonnant au fond d’un doigt de digitale, une goutte de pluie qui se détache du velu gris-vert d’une feuille de sauge, le vent d’ouest qui incline la tête blanche d’une viorne de Carles vers les grappes rose tendre d’un lilas des Indes – flirt outrancier de viburnum carlesii avec lagerstroamia indica – mais que font donc les paparazzi ?...) comme dans la durée, le jardin est devenu pour moi illustration d’éternité."

--> Voir aussi ma chronique "jardin"

Karyl Férey : "Alice au Maroc"

***** Réf. géographique : France / Maroc (2009) - Genre : Policier jeunesse, rando écologique dans le désert

Bien aimé ce petit récit pour les jeunes, de mon auteur fétiche de polars Caryl Férey (attention, ses romans "adultes" sont d'une violence... parfois déconcertante).
Ici, j'ai apprécié plusieurs thèmes disparates : en début de roman, le quotidien d'Alice jeune ado de 14 ans dont s'occupe le père (un papa au foyer : première surprise) pendant que la mère, géographe, sonde les sols de la région de Ouarzazate au Maroc.
La meilleure amie d'Alice, c'est Atika ("celle qui sauve la vie" !), une des 6 enfants d'une famille berbère marocaine immigrée - et qui n'a jamais visité son pays d'origine.
La maman d'Alice téléphone du Maroc pour informer la famille que le meurtre de son technicien spécialiste de la qualité de l'eau la contraint de rester sur place. Alors Alice, le papa et Atika s'en viennent passer les vacances de Pâques (tombées à point nommé) au Maroc.
"Les gorges du Dadès étaient heureusement préservées de la foule : une route sinueuse serpentait entre les falaise de roches rouges et roses qui dominaient la vallée." (p63)
Or moi-même... toute jeune diplômée du bac (il y a belle lurette), j'ai eu le bonheur de partir sac au dos au Maroc en passant par les gorges du Dodra et du Dadès (des frayeurs quand le bus frôlait le ravin...) avec mon frère, et mes potes de lycée Joëlle et Arjen - l'argent de poche planqué dans les "pataugas", les "gazelles" à tout va, un peu d'insécurité pour de jeunes voyageant alors tous seuls en trains et bus locaux mais compensée par une immense générosité et convivialité des Marocains.
Caryl Férey distille au jeune lecteur des informations sur Marrackech, le tourisme, la vallée des roses, la précarité, les rapts, un détour dans le désert et la palmeraie de figuiers dépérissants (pourtant seule ressource du vieux chef berbère Driss), le sort obligé de la fille de Driss à 12 ans : renoncer à l'école pour se consacrer aux travaux de la palmeraie.
Sans dévoiler le fin mot des péripéties de la famille, j'ai apprécié que l'auteur intéresse les jeunes lecteurs aux ambitions des multinationales agricoles ("Bonsanto"...) d'ensemencer en cultures OGM les surfaces de la région, en essayant par tous moyens de soumettre les paysans locaux, y compris en menaçant cette ressource si capitale dans la région que constitue l'eau... 
"Rachid Mouteblika était le principal propriétaire terrien de la région du Dadès. il s'était allié avec BONSANTO, une entreprise multinationale spécialisée dans la culture d'OGM. (...) Mais un problème de taille se dressait sur leur route : l'eau." (p.103)

Un bémol : la couverture du livre : aurait pu faire mieux ! (Ed. Syros/Souris noire, 2009, à partir de 10 ans, 112 p.)

--> voir aussi : "Lectures d'Afrique" et rubrique "enfants"
et de l'écrivain Caryl Férey, mes billets sur "Mapuche", "Zulu" et la rubrique "polars"

dimanche 6 janvier 2013

Philippe Besson : "L'arrière-saison" (Nighthawks/Hopper)

***** Réf géographique : France/Etats-Unis (2002) - Genre : Variation romanesque autour d'un tableau d'Edward Hopper (Ed. Pocket, 191p)

Ce n'est qu'après avoir visité l'expo Hopper au Grand Palais que j'ai découvert ce roman de Philippe Besson, inspiré du fameux tableau Nighthawks ("Les rôdeurs de la nuit" ou "Noctambules", 1942).
Voici comment l'auteur explique la genèse de son roman :
Au commencement, il y a cette peinture d'Edward Hopper qu'on peut voir à Chicago. J'ai dû l'apercevoir à plusieurs reprises avant de m'en procurer une reproduction, un dimanche d'ennui. Quand je l'ai installée dans mon appartement, elle m'a semblé curieusement familière. Du coup, je ne lui ai pas vraiment prêté attention. Elle a traîné, pendant plusieurs jours, dans son cadre posé contre un mur, à même le parquet (du reste, elle y est encore). Un soir, sans intention particulière, j'ai observé la femme en robe rouge de la peinture, assise au comptoir d'un café nommé Phillies, entourée de trois hommes. Je me suis souvenu aussi de la passion de Hopper pour les paysages de la Nouvelle-Angleterre. Alors, ça s'est imposé à moi, sans que j'aie rien cherché. J'ai eu l'envie impérieuse de raconter l'histoire de la femme à la robe rouge, et des trois hommes autour d'elle, et d'un café à Cape Cod. Oui, cela a été clair en un instant. (Philippe Besson)

J'ai apprécié ce livre grâce au tableau de Hopper : si je n'avais eu le repère de ce tableau, je me serais peut-être ennuyée.
Ce ne doit pas être aisé de tisser un roman autour d'un tableau. Forcément, l'auteur use et abuse de détails, de réflexions, de périphrases, pour parvenir à meubler quelques instants du tableau (un instantané).
Et il lui faut faire durer le récit sur au moins une centaine de pages, ce qui implique un huis-clos, dans ce café, aux scènes très longues, aux pensées des quelques (4) protagonistes  étirées au maximum et puisant à foison dans les souvenirs, aux descriptions du temps, du mobilier, des moeurs de la région très détaillées également.
Mais je pense que c'est le procédé incontournable pour bâtir un roman à partir d'une oeuvre figée en peinture... Cela me fait penser à un exercice de style intéressant pour étudiants.
Cela dit, peut-être que le choix de Philippe Besson de construire un récit très lent, articulé autour de phrases allongées et d'expressions souvent redondantes, et axé sur une histoire d'amour "ancienne" et un peu éculée, pourrait forcer l'ennui de certains lecteurs. 
Le roman :
Nous découvrons ainsi Louise Cooper, la jolie rousse à la robe rouge, élégante, dans la vie auteur de pièces de théâtre à succès. La 1e phrase du roman la met ainsi en scène :


"Donc, au début, elle sourit. C’est un sourire discret, presque imperceptible, de ceux qui se forment sur le visage parfois, sans qu’on le décide, qui surgissent sans qu’on les commande, qui ne semblent reliés à rien en particulier, qu’on ne saurait pas forcément expliquer. Voilà, c’est un sourire de presque rien, qui pourrait être le signal du bonheur."
Louise habite près de cette station balnéaire huppée de Cape Cod, non loin de Boston. Elle n'est plus toute jeune, 35 ans environ, célibataire toujours, sans enfant. Chaque soir, elle prend place au café Phillies, où Ben le serveur lui sert son Martini (sur le tableau, Louise est attablée devant un café).
"(…) Louise est entrée pour la 1e fois chez Phillies le jour exact où Ben y entamait sa carrière de serveur, il y a 9 ans de ça maintenant. Et c’est ainsi, il est toujours là, derrière son comptoir, qu’il astique mécaniquement avec un chiffon humide ; elle, elle vient toujours, avec la même régularité, dans ce café, qui est devenu son repaire autant que son repère. (…)Même sa robe rouge, il la connaît par cœur. Non qu’il la remarque souvent sur elle mais elle l’a achetée il y a longtemps déjà et elle la porte dans les occasions importantes ou quand elle a envie de plaire." (p13)
Il m'a fallu un certain temps pour déterminer si l'histoire que brodait P. Besson autour de ce tableau était contemporaine à la date du tableau (1942) ou non. Le 1er détail qui m'a orientée (et un peu perturbée !) fut la description du T.shirt que porte le voisin de Louise, alors que le tableau le montre chemisé/cravaté et coiffé d'un chapeau. Le 2e détail, imparable, ce fut quand Louise sortit son... téléphone portable. La 2e liberté que semble s'être accordée l'auteur concerne le lieu : Cape Cod en fin d'après-midi (où avaient certes l'habitude de séjourner le peintre Edward Hopper et sa femme) alors que le tableau dépeint un café de New York, la nuit tombée.
Revenons à Louise, qui :
"D’un regard long, elle embrasse le territoire du café, histoire de songer à autre chose, de se débarrasser de ses obsessions, de ses pressentiments. Pas grand-chose à contempler : comme à l’habitude, le dimanche soir, le café est désert. Juste Ben et elle. Et la lumière par la baie vitrée, la belle lumière de septembre." (p.15)
Louise se remet du rouge à lèvres, sirote son Martini, elle tue le temps, car elle attend un appel de son amant Norman qui a promis de quitter son épouse et ses enfants pour vivre avec elle et doit la rejoindre chez Phillies… C'est alors qu'arrive au café un homme, qui laisse Louise et Ben stupéfiés. Louise est décontenancée : il s'agit de Stephen Townsend, qui l'a quittée 5 ans auparavant pour épouser leur meilleure amie Rachel.
"Et aussi curieux que cela puisse paraître, il n’a pas du tout été étonné lorsque, après avoir garé sa voiture le long de la corniche, il s’est approché de la baie vitrée chez Phillies et a aperçu Louise de dos, assise sur un tabouret, accoudée au bar, conversant négligemment avec Ben. (…) Il a retrouvé avec bonheur les gestes anciens du serveur en train d’essuyer ses verres mais surtout cette façon qu’a Louise de remettre du rouge sur ses lèvres." (p59)
Stephen, père de deux garçons, a récemment divorcé d'avec Rachel. Il entend reconquérir Louise, comme ça, après ces 5 années d'abandon. Il me semble prétentieux et maladroit... Mais Louise, pour sa part, se remémore autant les moments de bonheur que la souffrance qui s'ensuivit. C'est un peu un dialogue de sourds qui se noue entre eux, avec Ben comme témoin mal à l'aise, et un client qui détone dans ce roman : un pêcheur rustre fidèle buveur de bières (qui ne colle pas du tout au personnage dépeint sur le tableau, en costume et chapeau).
"C’est cela qui leur est arrivé : plus personne pour les attendre. Ils sont seuls, comme ne le sont que les vieillards. Ils ont le regard hagard de solitude. Ils ont le souffle court des épuisés. Ils ont les gestes ralentis des plus démunis. Ils s’abritent dans un café improbable à l’extrémité d’un continent. Ils égrènent leur vie comme d’autres des prières en roulant leur chapelet entre leurs doigts osseux. Ils sont parvenus au terme de quelque chose, sans être en mesure de discerner encore ce qui pourrait commencer pour eux. Ils se sont égarés." (p154)
Alors la fin de cette histoire ? Elle est en accord parfait avec le déroulé lent, hésitant, les pensées intimes à l'infini, l'incertitude... l'attente, le thème de prédilection d'Edward Hopper : "Il est beaucoup trop tôt pour s’engager sur quoi que ce soit. L’important, c’est l’instant, sa fragilité et son intensité." (p185)

L'inspiration à l'origine du tableau de Hopper :
Le tableau Nighthawks de Hopper lui a été inspiré par la nouvelle d'Ernest Hemingway : "The Killers" (1927) qui se déroule dans la ville de Summit. Extraits :


"The door of Henry’s lunchrom opened and two men came in. They sat down at the counter."

(...) What do you do here nights? Al asked.
They eat the dinner, his friend said. They all come here and eat the big dinner.

(...) He didn’t look at Georges but looked in the mirror that ran along back of the counter. Henry’s had been made over from a saloon into a lunch-counter.

De cette même nouvelle fut adapté le film noir Les tueurs réalisé par Robert Siodmak en 1946, avec Burt Lancaster, Edmond O'Brien et Ava Gardner.  Le film (sublime...) en N&B s'inspire lui-aussi du tableau de Hopper : même café avec la grande fenêtre, le comptoir, le serveur...

Synopsis du film (bien plus d'action - et de violence - que le roman de P. Besson, mais c'est un autre genre ! et cela explique peut-être pourquoi Besson ne pouvait reproduire une histoire similaire) : "Deux tueurs débarquent un soir dans un restaurant d'une paisible commune du New Jersey, à la recherche du « Suédois », le pompiste de la station-service voisine...".

Voir le billet sur l'expo Hopper...

jeudi 3 janvier 2013

SCORPIONS, Still Loving You, Holiday - live 2012

Time, it needs time...
Still Loving You  (Love at First Sting, 1984) : 1ere chanson en rappel du concert de Scorpions, au Zenith d'Orléans le mardi 27 novembre 2012...
Sur fond de lumières bleu/rouge/violet.
Video de Still Loving You
Scorpions : Rudi et Matthias (Orleans 2012)
super complicité
Time, it needs time
To win back your love again
I will be there, I will be there
Love, only love -  Can bring back your love someday
I will be there, I will be there

I'll fight, babe, I'll fight -  To win back your love again
I will be there, I will be there
Love, only love -  Can break down the wall someday
I will be there, I will be there
If we'd go again All the way from the start
I would try to change - The things that killed our love
Your pride has built a wall, so strong -That I can't get through
Is there really no chance - To start once again
I'm loving you

Scorpions : Klaus, Matthias, Rudi et Pawel (Orleans 2012)
Try, baby try -  To trust in my love again
I will be there, I will be there

Love, our love -  Just shouldn't be thrown away
I will be there, I will be there
 If we'd go again All the way from the start
I would try to change - The things that killed our love
Yes, I've hurt your pride, and I know - What you've been through
You should give me a chance - This can't be the end
I'm still loving you
I'm still loving you, I need your love -  I'm still loving you



Still loving you et Wind of change en rappel.
En milieu de concert, Send me an Angel (Crazy World, 1990),  joué en 8e morceau, tout en jeux de lumière roses et bordeaux, chanson qui fut suivie de Holiday : deux slows qui ont mis le public In Trance !

Scorpions : Send me an Angel (Orleans, 2012)
HOLIDAY (Lovedrive, 1979) jouée en 9e morceau du concert, sur fond de lumières jaunes et vertes... et le public qui chante à fond. et bibi aussi. Et panne de batterie au début, avec changement ultrarapide comme je l'ai jamais fait, matter of life !
Video de Holiday

Let me take far away, youd' like a holiday...
Scorpions : Holiday
Exchange the cold days for the sun
A good time and fun
Let me take far away, youd' like a holiday...

Exchange your troubles for some love

Wherever you are

Let me take far away, youd' like a holiday... Longing for the sun you will come
To the island without name
Longing for the sun be welcome
On the island many miles away from home
Be welcome on the island without name
Longing for the sun you will come
To the island many miles away from home...


 Ah quel concert requinquant, une vraie cure de bonheur...




--> les autres billets du concert fabuleux de Scorpions, Orléans 2012 :

--> voir la suite de la rubrique "musique" du blog

mardi 1 janvier 2013

Mon jardin au 1er jour de l'année

1er janvier 2013, jour de l'An... 9° ce matin et joli soleil au sud de Paris.
Pas de neige, pas de grands frimas, pas vraiment d'hiver. J'ai aperçu 6 insectes (une mouche, un syrphe, une sorte de mini-araignée que je dois absolument identifier, et 3 coccinelles calfeutrées sous leur pot).
Et déjà ou même encore des fleurs, que des fleurs jaunes sauf l'hellébore blanche et des primevères violettes.

Une coreopsis verticillata jaune est en fleur (ce sont des semis sauvages, que je laisse s'installer où bon leur chante) : celle-ci pousse dans une jardinière près de la décoration faîtière récupérée de la maison de famille seine-et-marnaise.

L'arbuste "Medicago arborea" (Luzerne arborescente) montre aussi quelques fleurs jaunes. C'est un arbuste au feuillage persistant bleuté, qui se ressème partout dans le jardin, et dont je repique souvent les jeunes pousses. Aucun entretien, plusieurs floraisons, au printemps et en automne, il est entièrement couvert de fleurs jaunes...

Les touffes d'euphorbes sont devenues très imposantes... Mais quelle splendeur dans un jardin en hiver...

La perle du jardin en hiver : la rose de Noël ou hellébore.
 
J'en avais déjà une en pleine terre qui fleurit vers février/mars, et qui pointe ses fleurs et feuilles à travers la neige.

Cette année, hiver clément, mon hellébore a quand mêmes une fleur et plusieurs boutons se préparent...

mais elle est agressée par les escargots et limaces (bigre, en plein hiver quand même...).

La veille du réveillon, je me suis fait un plaisir : j'en ai acheté trois potées chez le petit pépiniériste de Draveil : des merveilles à 15€ le pied.



Les sedums, toujours vaillants ! 

Ces choux sont plantés dans une petite marmite en fonte et s'y plaisent bien.
Les achillées sont plus que fanées, j'ai laissé quelques têtes pour animer le jardin, ici une fleur fanée qui conte fleurette à une marguerite ou un dahlia en tissu.


Le mahonia prépare ses boutons floraux : en hiver il va nous régaler de ses superbes inflorescences jaune vif.

C'est aussi un très joli arbuste au feuillage persistant (dentelé un peu comme le houx mais sans vraiment piquer).
J'en ai un peu partout dans le jardin.
Certains pieds de mahonias meurent de je ne sais quoi mais tant d'autres apparaissent spontanément que la population est stable.
 

Ci-contre, petite vue d'ensemble de ma bordure de devant (hélas entourée de grillages pour cause de chien ravageur), et plantée ça et là de tuteurs décorés de bouteilles ou objets en verre bleu vif.


On aperçoit dans la plate-bande la grosse touffe de géranium sanguin, des pieds de rose trémière, de coréopsis jaunes, de giroflées, une primevère violette en fleur, de la camomille sauvage, des heuchères, des tiges de muscaris un peu précoces...

Cela fait un peu brouillon, vu comme ça sans les fleurs, mais voir toute cette verdure en plein hiver, le jour de l'An, ça sent si bizarrement le printemps...
--> voir les autres billets de ma rubrique "jardin"... et la page "jardin" du blog !

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