dimanche 29 juin 2014

Marie Laurencin, exquises peintures

Affiche de l'expo devant le Musée Marmottan
Marie Laurencin (1883-1954), peintre français

Je ne connaissais cette artiste que par la chanson de Joe Dassin (L'été indien) :

"Avec ta robe longue tu ressemblais
A une aquarelle de Marie Laurencin
Et je me souviens, je me souviens très bien
De ce que je t'ai dit ce matin-là
Il y a un an, y a un siècle, y a une éternité". 


Puis, les affiches de l'expo qui lui était consacrée en 2013 au Musée Marmottan, habillant tout un couloir du métro, m'avaient émerveillée.

L’ouvrage incontournable de José Pierre sur Marie Laurencin (Ed. Somogy, 1988) m’a fort heureusement accompagnée à l’expo. 
Ses commentaires et explications sont très intéressants (parfois impertinents !), et l’ouvrage comporte des repères biographiques et chronologiques précieux.

José Pierre décrit Marie Laurencin comme peintre non seulement de la femme, mais de la féminité. Les seuls hommes qu’elle a peints sont poètes (Apollinaire, André Salmon, Cocteau, Somerset Maugham…) et non pas mondains.
Il met en avant « sa touche molle et caressante », si caractéristique de ses tableaux.

Il décrit la simplification croissante de la composition : 

Les deux espagnoles (1915) - La liseuse (1913) - La prisonnière (1917)
(cartes postales achetées à l'expo)
Elle écarte les « animaux, fleurs, suggestions de paysage qui tendaient à envahir l’espace autour du personnage figuré à partir de 1924 au profit des compositions plus ou moins allégoriques de la même période. 
Bientôt le personnage réduit à sa seule présence se découpera sur un fond dépourvu de toute allusion figurative, un fond non pas uni mais en quelque sorte brouillé et comme animé de taches qui, si l’on faisait abstraction du modèle, annoncerait les peintures non figuratives (…). » 

Une très belle exposition au musée Marmottan, qui permit de voir nombre de tableaux conservés au Japon, où cette peintre est fort prisée.

En néophyte, ma préférence va aux tableaux de la période espagnole ou antérieure. 

J’ai moins apprécié les visages sans modelé, sans traits, sans nez, de sa période suivante.

Du rapport de Marie Laurencin au cubisme, José Pierre dit :

"C’est un cubisme « rococo » dont on pourrait parler à son propos, comme suffirait à le prouver le très charmant « Portrait de Nicole Groult », inscrit dans l’ovale adopté par braque et Picasso dès 1911 et où l’on remarque la présence du fameux lama."

Marie Laurencin : Coco Chanel - Mme G. Benard - Baronne Gourgaud -
Couverture du livre de J. Pierre - Cecilia de Madrazo - Jeunes Filles 

"Or ML adopte justement du cubisme des débuts, d’une part un trait ininterrompu, allusif, cursif même, qui ne se soucie ni de délimiter une surface comme l’arabesque gauguinienne ou matissienne, ni d’aider à suggérer un volume comme le voudrait la tradition cézanienne, d’autre part un chromatisme des plus discrets, réduit la plupart du temps à des « jus » très délayés dans la térébenthine."

"Parmi les peintures de 1913-1914 où l’on voit ML s’affranchir progressivement du joug cubiste, il y aurait "L’écharpe rose", "Deux Femmes au piano", "Les Deux sœurs au violoncelle", "La Fillette au chapeau bleu et noir" et "La Femme au bouledogue". Les éléments cubistes demeurent ici et là mais cessent de corseter le tableau, de l’emprisonner dans le réseau contraignant de structures préétablies. L’air, soudain, circule, le sang remonte soudain lentement aux pommettes des personnages, ce ne sont plus des spectres exsangues, mais à nouveau des petites filles, des jeunes filles, des femmes."

1919/1922 : l’élaboration d’un style
"ML se libère de son héritage cubiste d’avant la guerre (sauf ce petit flashback qu’elle s’autorise dans "Les Amazones" de 1921) et accumule en divers  sens des réussites aussi peu contestables que "Femmes à la colombe" /1919, "Femmes dans la forêt" / 1921, et aussi "Femme en noir", assises, voire "Princesse p…" / 1921, "Le Peintre et son modèle", "Symphonie" ou "Les Danseuses" et "La Visite"/1922, enfin "Scène champêtre" ou "La Promenade dans les bois", "Jeunes filles dans les bois" et "Femmes à la cage"."

"Parmi les peintures exécutées en 1921, l’année du retour à Paris : "La Femme au chien", qui appartient à Paul Morand, renchérit encore sur la grisaille floue de "la Femme au singe" et des "Femmes à la colombe" (ou Marie Laurencin et Nicole Groult) : l’image est au bord de la dissolution totale dans la brume et il n’est pas douteux d’ailleurs que ce soit de cette année-là qu’il faille dater l’effacement du nez dans les visages vus de face."

Marie Laurencin et les couleurs :

ML déclare en 1934 : "Je n’aimais pas toutes les couleurs. Alors pourquoi se servir de celles que je n’aimais pas ? Résolument, je les mis de côté. Ainsi, je n’employais que le bleu, le rouge et le vert, le blanc, le noir. En vieillissant, j’ai admis le jaune et le rouge."

1952, elle explique "les couleurs me terrifiaient. Elles devenaient si vite sales. Le rouge était mon ennemi. Je n’ai jamais pu employer le vermillon. Et toujours, jusqu’à maintenant, la volonté de le faire m’a manqué. Je l’ai remplacé par la laque de garance.
A propos de couleurs, avez-vous remarqué comment les savants, les grands travailleurs, aiment le bleu ? Cet amour du bleu est sympathique : les gens qui aiment le bleu sont toujours des gens très bien."
"Aujourd’hui, le rouge, le jaune et le vert prédominent dans mes tableaux, sur le noir, le bleu et le rose. C’est le résultat d’une lente, très lente évolution."

"( …) On constate que la couleur, limitée à de simples rehauts au cours de la période cubiste, elle prend de l’importance, petit à petit, à partir de 1915, devient onctueuse et suave vers 1923, règne en maîtresse à partir de 1926-27, quelquefois au détriment de la forme, tend à devenir plus éclatante dès le début des années 30 et davantage encore dans les douze dernières années ? Dès 1936, on trouve assez fréquemment utilisées dans le même tableau les trois couleurs primaires (l’artiste, elle parlait du rouge, du jaune et du vert)."
Un mur d'affiches de l'exposition transforme le triste couloir
du métro parisien en annexe de musée !

Les accessoires :
ML aura recours aux mêmes accessoires dans sa peinture pendant un demi-siècle : instruments de musique (piano, mandoline, guitare), éventails, miroir à main, rubans, fleurs.
"(…) Les rubans, fleurs dans les cheveux et divers accessoires ou le choix de tel ou tel dessin de tissu ne sont nullement appelés par l’anecdote et moins encore par la recherche de l’effet ou même du « joli », mais par des exigences structurelles."




D'année en année, je découvre des femmes peintres que je ne connaissais pas... Berthe Morisot, Eva Gonzalès, Mary Cassatt, Tamara de Lempicka... et Frida Kahlo que je connaissais mais dont je n'avais pas encore vu d'exposition consacrée avant celle de cette année au Musée du Luxembourg.

--> Rubrique "Expos" du blog...

samedi 28 juin 2014

Jeanette Winterson : "Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?"

***** "Why be happy when we could be normal ?" (2011) - Réf géogr : Royaume-Uni
(Editions de L'Olivier, 2012, auj. disponible en poche)

Un orphelinat d’une banlieue  du nord de l’Angleterre, dans le Lancashire, au début des années 60.
Jeanette, bébé à adopter.  
Mauvais berceau. 
Mauvais foyer...

Une mère adoptive tyrannique et foldingue, qui punit  sa fille en l’enfermant dehors, interdit tout livre dans la maison (elle brûle les ouvrages que Jeannette parvient à cacher sous son lit), parsème la maison de petits mots à portée religieuse. Cette fanatique pentecôtiste obnubilée par l’Apocalypse aura aussi raison de son mari.
La vie de Jeanette est un enfer, qu’elle surmonte en se plongeant dans la lecture du rayon de littérature anglaise de la bibliothèque municipale. 
Elle avale chaque auteur de la lettre A (« Ne sachant quoi lire, j’ai suivi l’alphabet. Dieu merci, elle s’appelait Austen… ») à W (et Virginia Woolf…).

Jeanette nous relate son parcours, depuis cette banlieue ouvrière de Manchester, dans les années 60 et 70, qui la mènera jusqu’à la prestigieuse Oxford, son histoire d’amour, ses fragilités et finalement la quête obsessionnelle de sa mère biologique dans les années 80/90.
Un tableau aussi de l’Angleterre de cette époque, et c’est extrêmement intéressant.

 Le titre, c’est tout simplement la question que pose sa mère à Jeanette, 16 ans, qui lui a révélé son homosexualité, et son désir d’être heureuse.

Vraiment un bon livre. Lu l'an dernier (voir mon Best of des lectures 2013), il m'en reste des images ou des scènes frappantes : le service à thé de la mère, le remariage du père et la fin du service à thé décrété par la nouvelle belle-mère (heureusement plus "normale"), Jeannette passant la nuit sur le perron, jusqu'au passage du livreur de lait, Jeanette dans le cabinet de toilette de la cour, lisant à la chandelle, le poèle, la mère et ses mets à l'ananas en l'honneur d'une amie de couleur, la petite voiture qui servira de toit et de nid d'amour, les livres qui deviennent sa raison d'être...

Sur le site Internet de Jeanette Winterson, à la rubrique Column, j'ai retenu deux billets que Jeanette a postés en février 2014 et août 2012 :
"August. My birthday month. My advice to anybody is: Get Born. I love August – the end of summer, the stone that has absorbed the heat, the fruits on the trees starting to colour. The second flush of roses. The […]"
"February is known as the suicide month. A cluster of misery – long winter, low light, less exercise, debts from Christmas, no holiday, feeling terrible, looking terrible. So what can we do? Well, try the Shelf-Help series from Vintage Books. This […]"
Il me faut lire à présent un précédent roman de cet auteur : "Oranges Are Not the Only Fruit", qui porte également sur l'enfance de Jeanette et connut un grand succès.

Brigitte Giraud : "Avoir un corps"

***** (Editions Stock, 2013)
Brigitte Giraud... J'avais hâte de lire son nouvel ouvrage après avoir été subjuguée par "Une année étrangère" (2009). 
C'est chose faite. "Avoir un corps" est un roman intéressant, sans être un coup de coeur
Brigitte Giraud y livre le récit de son enfance, adolescence, jeune mariée, jeune maman trentenaire puis jeune veuve, au travers des changements de son corps.

Le début est le plus accrocheur : l'évolution du corps de la fillette, qui étouffe dans les tenues étriquées de princesse que lui confectionne sa mère couturière, les bobos, la pêche aux moules avec le père, puis la découverte du nouveau corps en colonies de vacances, les garçons. Puis "le garçon" avec lequel elle se marie, et qui durant tout le récit ne sera désigné que comme étant "le garçon"... un peu surprenant et sec.

La deuxième partie est plus austère. 
Les parents vieillissent et leur santé décline, puis le roman ne les mentionne plus du tout. Le "garçon" meurt d'un accident de moto, la jeune mère devient veuve et mère seule. Le récit de l'absence de l'autre est poignant. De la solitude, du corps qui n'a plus d'intérêt, du bébé qui grandit tout de même, mais qui n'intéresse plus autant... de la reconquête du corps. 

C'est un récit très intime, j'ai été déstabilisée de découvrir la triste histoire de Brigitte Giraud, et je me surprends à regarder les photos d'elle d'un autre oeil. Je me suis sentie quelque peu mal à l'aise de n'accorder que deux étoiles à ce roman. Peut-être que trois seraient méritées, mais je dois reconnaître que c'est un livre que je ne chercherais pas à avoir dans ma bibliothèque ou à offrir à quelqu'un.

J'ai lu "Avoir un corps" peu de temps après avoir abandonné l'autobiographie de Paul Auster dépeinte sous l'angle de l'évolution de son corps ("Winter Journal" / "Chroniques d'hiver"), que j'avais trouvé décousu et nombriliste. 
Et le "Journal d'un corps" de Daniel Pennac m'attend sur l'étagère. C'est donc dans l'air du temps de livrer le journal de sa vie au travers de son corps.

jeudi 19 juin 2014

Rolling Stones live @ Paris !


Once in a lifetime... At least...
The Rolling Stones in Paris !!!
(peut-être leur dernier concert ever in France ?).
D'emblée, Mick, dans un français impeccable, a fait part au public de sa joie d'être de retour au Stade de France. "Ce soir, on va vous zlataner."
Il a plaisanté en lançant, juste avant "Doom and Gloom" (voir la vidéo) : "Alors dites-moi, la France va gagner la coupe du monde, hein ? ... Contre l'Angleterre en finale hein ?"
Et, blaguant à l'attention de Ron Wood vêtu d'un flashy blouson rouge vif : "Il a fait shopping à Paris, vous ne l'avez pas vu hier chez TATI ?".
Je ne savais même pas que Mick Jagger s'exprimait aussi bien en français et avec autant d'humour : quel plaisir !

Vidéo de "(I Can't Get No) Satisfaction" (dernier morceau du concert !)

Un début de concert avec un son qui se cherche sur Jumping Jack Flash (étonnant ce son confus au début pour un groupe aussi professionnel). Mais on oublie vite les à-côtés techniques pour embarquer totalement sur le Rolling Stones "14 on Fire Tour".

Vidéo de "Miss You" (Rolling Stones, Paris 2014)

En fait, le public ne peut que suivre la cadence endiablée de Mick Jagger (71 ans le 26/07/2014), qui court et bondit d'un bout à l'autre de la scène tel un jaguar, tellement absolument infatigable que l'on en est scotché (est-ce grâce à ses baskets compensées noires... on dirait les Air Max en noir que mon fiston a en blanc/vert fluo... Dans ce cas, je comprends enfin le prix et le pouvoir magique de ces baskets !).
Mick fait aussi des mimiques uniques sur chacun des titres, tel un acteur shakespearien sur une scène de théâtre anglais. Voilà une star devant mes yeux, unbelievable... Plus vrai que dans les tabloids, Mick Jagger, Himself. ouah...

L'autre star, Keith Richards (71 ans le 28/12/14), bataille dur aussi pour occuper aussi le devant de la scène, mais il faut reconnaître, dit "F" mon expert, que le Keith est devenu poussif sur sa guitare ! 
Mais quel ego surdimensionné il trimbale notre Keith... Ça se calme pas avec l'âge ces choses-là ?... Sacré Keith qui se voit toujours aujourd'hui en star intertemporelle et interplanétaire : allez Keith, Get down (a little bit) off your cloud...
Et mince, sur 19 morceaux du concert, Keith trouve le moyen de placer (d'occuper ?) deux chansons où il joue et chante, tous les autres en retrait dans l'obscurité (You Got the Silver et  Can't Be Seen).  Et moi, sniff, je n'ai même pas eu "Get off my cloud" ce soir...

MAIS ce, à la différence de... Mick Taylor, qui a surgi pour jouer avec sa Gibson sur Midnight Rambler, là de façon impeccable et remarquable, puis sur Satisfaction en final du concert : Mick Taylor qui fut membre des Stones de 1969 à 1974 et qui ce soir de juin 204 à Paris a allumé le feu ! 

Vidéo de "It's Only Rock'n'Roll (And I Like It)

Vidéo de Sympathy For The Devil

Quant à Charlie Watts, il est resté pendant ces 2h30 impassible et droit derrière sa batterie. Bon batteur mais peu communiquant !

La setlist du concert du 13 juin 2014 au stade de France :
1. Jumpin' Jack Flash - Vidéo de 4'44
2. You Got Me Rocking
3. It's Only Rock 'n' Roll (But I Like It) - Vidéo de 5'30
4. Tumbling Dice
5. Wild Horses (à la demande des internautes français)
6. Doom and Gloom Vidéo de 4'36
7. Bitch (à la demande)
8. Out of Control
9. Honky Tonk Women (suivie de la présentation du groupe) - Vidéo de 4'21
10. You Got the Silver (Keith Richards en lead vocals) - Vidéo de 3'25
11. Can't Be Seen (Keith Richards en lead vocals)
12. Midnight Rambler (avec Mick Taylor) - Vidéo de 13'27
13. Miss You Vidéo de 7'42
14. Gimme Shelter
15. Start Me Up - Vidéo de 4'11
16. Sympathy for the Devil - Vidéo de 7'29, avec effets de pyromanie (on suffoque... mais on est dans le coup !)
17. Brown Sugar - Vidéo de 6'52
Encore:
18. You Can't Always Get What You Want (+ choeurs de l'Ensemble Vocal Allegri) - Vidéo de 8'08
19. (I Can't Get No) Satisfaction (avec Mick Taylor) - Vidéo de 9'44, avec effets de pyromanie

Vidéo de "You Can't Always Get What You Want"

Bon, un peu déçue quand même de ne pas avoir eu droit à Angie (franchement, comment croire que le public français a voté dans le "By Request" pour Wild Horses au lieu d'Angie ??? ça cloche là...), 
Et Ruby Tuesday, Paint it Black, Get off my Cloud... qui ont pourtant été jouées à d'autres concerts de cette même tournée mondiale. A la place, le public français a donc eu droit à Wild Horses, Bitch, Out of Control, morceaux qui me parlent vraiment moins...
Rolling Stones : "Tumbling Dices" (Paris 2014)

En ce jour de grève SNCF, ce fut aussi l'occasion de rencontrer Gare du Nord trois messieurs anglais de 70 ans et quelque, habillés d'un short chic et d'unT-Shirt Rolling Stones (avec la langue : vision un tant soit peu incongrue !), juste débarqués de l'Eurostar et en panique pour trouver le RER qui les mènera au Stade de France. Nous avons donc voyagé gaiement ensemble, et l'un de ces gentlemen venait voir les Stones pour la ... 50ème fois !!!
Ces 3 amis venaient voir le concert en France car en 2014 les Stones ne se produisent pas en Angleterre. Chapeau bas...

En sortant du concert, euphoriques comme tous les autres fans et chantant "Ouh ouh ouh ouh... Girl I Miss You...", j'entends une dame commenter la super forme de Mick : elle-même, fort alerte (70 ans) et son mari (72 ans) avaient bravé les grèves pour voir leurs idoles et se retrouvaient après le concert emportés dans le flot de la marée humaine en quête d'un transport... absolument pas perturbés mais heureux !
Ouah me suis-je dit, "amazing". Et nous, à 70 ans passés, irons-nous toujours en concert sold out (faut en plus s'organiser comme pas un pour arriver à acheter des places !) au Stade de France et qui plus-est un jour de grève  ??? 
Vidéo de "Start Me Up"

--> Voir aussi la chronique "musique" et page "concerts"

Hannah Kent : "A la grâce des hommes"... sublime !

***** "Burial Rites" - 2013 (Editions Presses de la Cité, 2014, traduit par K. Reignier, 296 p.) - Réf. géogr : Australie/ Islande
Hannah Kent est une jeune écrivaine australienne, née à Adelaïde en 1985.
A la faveur d'un voyage en Islande, elle a eu connaissance de l'histoire de la dernière femme condamnée à mort dans ce pays, Agnes Magnúsdóttir, et en a fait la trame de son magnifique roman.

Oh que oui, quel roman magnifique, attachant, inoubliable... 
Je ne pouvais plus le lâcher. Je me retiens de l'acheter en VO pour le déguster à nouveau.
Le lecteur est plongé dans l'Islande rurale et pauvre des années 1820/1830, encore sous tutelle du royaume du Danemark. Et soudain, dès les premières pages, nous habitons nous aussi cette chaumière vétuste qui laisse passer les courants d'air, où l'humidité est omniprésente en hiver, avec du givre sur les couvertures au réveil, tandis qu'en été, la tourbe qui recouvre les murs s'effrite créant une poussière irrespirable et nocive. Et nous dînons comme la famille d'une bien frugale soupe de lichen préparée par Agnes...

Agnes Magnúsdóttir est accusée, avec deux autres "comparses", du meurtre de son ancien maître et amant, Nathan, herboriste et fermier à la renommée défaillante. 
Elle est transférée dans une ferme isolée pour aider comme domestique en attendant son exécution. Accueillie avec crainte et dégoût par la famille, sa nature besogneuse, son dévouement et sa situation inconfortable lui gagnent peu à peu l'amitié de la famille. Agnes se dévoile en effet lentement au fil des pages, livre ses pensées, les souvenirs de son enfance peu heureuse (orpheline abandonnée par sa mère, errant ensuite de ferme en ferme pour proposer ses services), et son angoisse de mourir pour une cause qu'elle estime injuste.

Agnes est-elle le monstre que les juges et la police décrivent ? Une femme instruite (elle s'est repue des "sagas", les contes traditionnels nordiques, a appris à lire et ... à penser, et même envisagé de progresser dans l'échelle sociale, guignant un poste d'intendante : un signe ô combien suspect pour une femme de basse extraction à cette époque).

Hannah Kent écrit comme personne : un style très imagé, visuel (voir les extraits ci-dessous), qui emprisonne le lecteur dans les circonstances de l'époque. D'ailleurs, un film est annoncé avec Jennifer Lawrence dans le rôle de la jeune condamnée. J'adhère totalement à ce projet, après avoir admiré cette jeune actrice dans le film Winter's Bones (2010) où elle incarnait une ado de 17 ans soutenant sa famille disloquée au milieu de nulle part dans une forêt du Missouri : remarquable !).

Que dire de plus sur ce roman unique :  gros coup de coeur de cette année 2014 ! 
Et la fin est tout de même fort émouvante... Lisez-le absolument ! Ce récit vous habitera de la première à la dernière page. Merci aux Editeurs et à Babelio de me l'avoir fait découvrir.

Morceaux choisis :

"Il faisait si froid cet hiver-là que je trouvais chaque matin une couche de givre sur mes couvertures…"

"(…) sèche en été, la tourbe répandait constamment de la poussière et de l’herbe sur les lits. Elle produisait des moisissures qui tombaient sur les couvertures de laine et infestaient les poumons de toute la famille. La ferme avait commencé à se désintégrer. Elle se transformait en taudis et son état de délabrement gagnait ses habitants (…)." (p.64)

"Bientôt, l’hiver déferlera sur nous comme une vague monstre sur le rivage : rapide et brutal, il avalera le soleil et ne laissera derrière lui qu’un bloc de terre gelée. En quelques jours à peine, tout se figera. Tout s’arrêtera." (p.149)

"Je m’enivre d’été et de lumière." (p.130)

Aurore boréale :
"Le ciel s’embrasait. Il était envahi de couleurs. Je n’avais jamais vu ça. D’immenses rideaux de lumière ondulaient, comme poussés par le vent, et tournoyaient au-dessus de nos têtes. Björn avait raison : on avait l’impression que le ciel se consumait à petit feu. De longues traînées violettes dévoraient l’obscurité nocturne et les étoiles qui la piquetaient. Les lumières venaient et refluaient telles des vagues sur l’océan, soudain interrompues par des éclairs vert cru qui plongeaient  à travers le ciel comme s’ils tombaient de très haut." (p.175)

"Le révérend ne revient pas. L’hiver, si. L’automne s’est enfui, chassé par un vent glacé qui plaque des rafales de neige contre les murs de la ferme. L’air devient transparent, fin comme du papier. Mon souffle reste en suspens devant ma bouche tel un esprit malin. Le sol gelé disparaît sous une brume épaisse, descendue des montagnes. Les ténèbres ont pris possession du nord de l’île. Elles s’étendent sur la vallée comme un bleu sur la chair de la terre." (p.305)

"Il faut être, comme moi, traînée vers sa propre mort pour savoir ce que c’est : mon cœur a durci d’un seul coup. Je porte un nid de pierres dans la poitrine ; et dans ce nid ? Rien. Je ne suis plus qu’une coquille vide. Stérile. N’attendez pas : je ne produirai plus rien. Je suis le poisson moribond dans l’air glacé, l’oiseau déjà mort sur la grève. En moi, tout  s’est asséché. Je ne suis pas certaine de saigner quand ils me trancheront le cou." (p.375)

--> Voir aussi les "livres nordiques", les "lectures d'Océanie" (Hannah Kent y a gagné haut la main sa place), ou mes "livres favoris" dont celui-ci évidemment !

vendredi 13 juin 2014

Des grêlons comme des balles de ping pong

Et voilà la clé du zarbi d'hier :
Ce lundi de pentecôte, un orage s'est abattu sur le département de l'Essonne, entre autres départements. Et soudain des bruits incroyables sur le toit, les fenêtres...
Vite, il a fallu foncer rentrer la voiture au garage et abriter mon nouveau palmier en pot. Des grêlons comme nous n'en avions JAMAIS vus (sauf à la télé) s'abattaient dans la rue, sur le jardin. Un boucan d'enfer !
Bon, maintenant, on a 4 spécimens en stock dans le bac à glaçons.
On ne va pas non plus en faire des confitures j'espère...

--> Voir d'autres "zarbis"

jeudi 12 juin 2014

Je vous présente mon éphémère de Virginie

Chacune des fleurs de l'éphémère de Virginie (tradescantia x andersoniana) ne dure qu'un jour, le lendemain une nouvelle fleur prend le relais.
Quand j'ai acheté cette plante il y a au moins trois ans dans une brocante, je n'en avais jamais entendu parler. Le volubile et passionné jardinier amateur qui me l'a revendue m'en a vanté la beauté et l'originalité. J'ai donc craqué pour quelques euros.

Mais, par la suite, j'ai vite regretté mon achat car la belle ne se dévoilait pas : en juin je ne voyais que sa tige et ses quelques feuilles d'où ne pointaient qu'un ou deux minuscules boutons floraux : rien d'impressionnant. Une non-fleur... La plante passait totalement inaperçue et j'avais dû planter un tuteur repère pour ne pas l'arracher en désherbant.

Comme quoi la patience paie, c'est la première année que ma belle éphémère de Virginie daigne s'épanouir ! Sa hampe florale porte une dizaine de boutons, et, si tout se passe bien dans le meilleur des mondes, mon éphémère devrait nous ravir jusqu'en septembre... De plus, chose incroyable : les escargots ne s'intéresseraient pas à elle : elle a tout bon, à présent qu'elle est grande.

 --> chronique "jardin"

C'est quoi ce zarbi ?

Cela fait un bout de temps que je n'ai pas alimenté mes photos zarbis.

Voici donc la photo bizarre du jour :
je vous laisse deviner...

Réponse demain !

--> voir d'autres "zarbis"

lundi 9 juin 2014

Cette semaine au jardin: tout fleurit..

Potentille
Tulipe
Semaine ô combien mitigée : pluies intenses, orages, chaleur, soleil...
Pour tous les goûts.
Remarquez, quand je vois mon blog à la même époque de l'an dernier, le temps n'était pas génial : ce n'est que le 1er juin 2013 que je vis mon 1er pavot, ma 1e coquelourde, ma 1e centaurée...

Ne pouvant aujourd'hui prendre en photo tout le jardin (ancolies, marguerites, silènes, roses, eupatoires, géraniums vivaces roses pâles et violets, éphémère de Virginie, pourpier, coquelourdes (lychnis coronaria), campanules, scabieuses, heuchères, centaurées, chèvrefeuille etc. - et je vous épargne les plantes défleuries comme le lilas ou les giroflées)... car en même temps le jardin redoublait de boulot !)...

Voici donc pour ce jour la première fleur de potentille et ses étamines en forme de feu d'artifice jaune rouge.

Et puis je dois me rattraper au sujet des photos du jardin, donc c'est parti.
Oups ! ça commence mal : j'ai failli mettre un cliché de mon cognassier du Japon en pleine floraison au mois d'avril dernier, mais voilà que je l'avais déjà publié pour l'arrivée du printemps au 20 mars ! (En revanche, la floraison passée, les fleurs fanées forment des petits tas marronnasses, c'est vraiment très laid.) Donc je me hâte de le remplacer par une de mes belles tulipes prise le 14 avril.
Jacinthe

Jacinthe
ET aussi... tant que j'y suis dans les retards, et pour rester dans les tons jaunes, voici mon mahonia en fleur le 14 mars 2014... Très bel arbuste, qui se multiplie à foison dans le jardin (donc cela signifie surveillance assidue de rejets sous peine d'invasion !) et qui est l'un des premiers sur lesquels se jettent les premiers bourdons printaniers.


ET enfin, pour en finir avec mes retards de suivi du jardin, voici un aperçu de mes jacinthes en mars dernier !

Bon, j'espère pour la suite pouvoir être en phase avec l'agenda réel...

(mais y'a les Stones qui s'en viennent, ça va être du boulot aussi !)

--> chronique "jardin"

mercredi 4 juin 2014

Street Art et jardin de rue


Instantané d'un jardin collectif en cours d'installation dans la ville de Montreuil
(géré par l'association "TANT QU'ON SEME") : vues de près et de loin, et zoom sur le mur de l'immeuble du fond et sa majesté Monsieur Chat sur une planche qui contemple un graffiti (représentant un teckel ?).

--> rubrique "Street Art"

"The Outsider" de Camus : traduction relookée...

"L'Etranger" d'Albert Camus, a fait l'objet d'une énième nouvelle traduction en anglais en 2012.
Le titre avait lui-même subi un changement important, passant de "The Stranger" à "The Outsider". L'exemplaire de ma bibliothèque (Penguin Books, 1980), s'intitulait déjà "The Outsider".
Mais sa première phrase a été revue : à la place de "Mother died today.", la nouvelle version a retenu "My mother died today".

Personnellement, cette modification ne me convainc pas vraiment. Pourquoi ne pas avoir choisi "Mum died today." ? pour traduire "Aujourd'hui, maman est morte."
Car on pourrait retraduire dans l'autre sens par "Ma mère est morte aujourd'hui".

La suite de mon édition de 1980 : "Or, maybe, yesterday ; I can't be sure. The telegram from the home says : Your mother passed away. Funeral tomorrow. Deep sympathy. Which leaves the matter doubtful ; it could have been yesterday."

Bon, ce n'est pas histoire de couper des cheveux en quatre. Mais l'on parle ici de l'une des plus célèbres premières phrases de roman !

--> Voir aussi la bande dessinée "L'étranger" par Jacques Ferrandez

mardi 3 juin 2014

Coccinelle asiatique : larve, nymphe et adulte... hélas j'ai tout chez moi


(Hélas) je suis une coccinelle asiatique
Coccinelle noire à
4 points rouges
(asiatique ?)
Suite à mon billet du 18 mai (Red code : larves de coccinelles asiatiques), je pense que l'invasion de coccinelles asiatiques (Harmonia axyridis) se confirme dans mon jardin (situé dans le sud de la banlieue parisienne)...

L'énergumène ci-contre à gauche en bien une (je lui ai compté 18 points).
Et il se pourrait bien que la coccinelle noire à 4 points rouges que j'ai observée la même semaine sur une fleur de sauge de Jérusalem soit aussi une sorte de coccinelle asiatique. La photo montre le même individu pris sous un angle différent.

La larve de coccinelle asiatique possède deux bandes dorsales parallèles oranges situées sur les segments abdominaux 1 à 5. Entre ces deux lignes, les segments 4 et 5 portent chacun une paire de tubercules oranges. (source)
La photo ci-dessous permet de voir ces bandes dorsales oranges et les tubercules oranges sur les segments 4 et 5, et que cette larve, contrairement à la coccinelle de chez nous, est couverte d'épines souples. Voir aussi la beauté de ma fleur de centaurée !

Larve de coccinelle asiatique sur une fleur de centaurée
Nymphe (pupe) de coccinelle asiatique

La larve de la coccinelle, parvenue à un certain stade, se positionne sur une feuille, un brin d'herbe ou une aiguille de pin, n'en bouge plus et se transforme en une nymphe orangée. On parle de "pupe", dernier stade de transformation de la larve, équivalent au stade de la chrysalide chez les papillons. (Photo ci-contre du même individu sous un angle différent)

Je rappelle que je m'étais étonnée de n'avoir quasiment pas vu de coccinelles l'an dernier contrairement à l'année d'avant... On dirait que 2014 ouvre la voie aux coccinelles asiatiques (et celles-ci sont reconnues comme étant invasives et dangereuses pour les coccinelles indigènes).

--> la rubrique "coccinelles" du blog

dimanche 1 juin 2014

L'art imprègne à nouveau la ville !

Réalisations des enfants des écoles et centres aérés
A nouveau cette année, la ville donne carte blanche aux artistes et les passants se régalent. C'est beau, gai, coloré, plein de vie, et de l'art accessible à tous.
La médiathèque se pare de lanternes magiques

J'aime toujours aller voir les réalisations faites par les enfants des écoles de la ville (fresques avec jouets collés, pantins en jouets de récupération, sculptures de peluches !) ou l'école municipale d'arts plastiques (lanternes magiques, corps en extension dans le parc : "suspendu au fil du temps").
Corps en Extension & Avataraam
Ecumoires (Murakami)


Mais il y a également une poignée d'artistes invités qui nous régalent de leurs oeuvres...


"Les écumoires" de Nobuko Murakami (2013) :
écumoires, fibre, plastique, poésie

Cet artiste d'origine japonaise révèle que dans la culture japonaise, les objets ont une vie. Les objets de plus de 100 ans ont en plus un esprit !



Face (Josyane Guitard-Leroux)
Les masques en fil de fer et vrais cheveux ("Faces") de Josyane Guitard-Leroux : "plasticienne qui utilise ses cheveux pour créer ses oeuvres, je mène une réflexion sur le temps, la perte et la mort".

Il y a trois masques (Face I - II - III) suspendus à un fil et qui tournoient légèrement, suivis par leur ombre sur le mur : c'est vraiment une magnifique réalisation.



Sylvain Lecrivain : Phénix et compagnie (2012-2014), volière métal et oiseaux faits de livres

"Depuis peu c'est le livre qui s'est vu descendre de son piédestal pour devenir simple matériau de base : à l'ère du tout numérique, que restera-t-il du livre passé sous le rouleau compresseur des écrans plats ?"

Je dois avouer que je n'ai pas encore succombé à la liseuse électronique, je suis tellement attachée au livre-objet, mais je sais que je vais y venir, c'est dans l'ordre des choses !
D'autres oeuvres étaient exposées dans d'autres lieux de la ville, mais je n'ai pu couvrir...

NB : Cliquer sur les photos pour les agrandir

--> Bravo la ville pour cette initiative qui je crois fête sa 4e année. Jetez un oeil sur les précédentes éditions : 2013 / "Il fait un froid de canard vite une expo de circonstance !" et 2012 / "Street Art'ifice 2012"
--> Rubriques "Street art" et "Expos"...

T. Morrison : "Home" - P. Auster : "Winter Journal"

J'ai lu dans la foulée en anglais deux livres de grands auteurs américains contemporains, l'un très prenant ("Home"), et l'autre plutôt... soporifique ("Winter Journal")

Toni MORRISON : "Home" ***** 

Prix Nobel de littérature en 1993 (+ prix Pulitzer Fiction en 1988 pour "Beloved")

Quel beau roman, un texte court d'environ 150 pages, superbement écrit, que l'on ne peut lâcher avant d'avoir fini de cheminer aux côtés de Frank Money, vétéran noir, médaillé, de la guerre de Corée, cassé par la guerre mais habité par le souvenir de sa petite soeur restée en Géorgie, son fil rouge qui le ramène at home...
Toni Morrison choisit les mots simples et justes pour décrire l'Amérique des années '50, la ségrégation, la pauvreté rurale, le désarroi des vétérans (aujourd'hui on parle des troubles de stress post-traumatique pour les soldats revenus de la guerre en Irak).

Le livre commence par une scène étrange, deux enfants cachés dans les herbes qui observent des combats de chevaux, du bruit, des va-et-vient, un corps jeté en terre et un pied nu et noir qui dépasse... Je n'ai compris cette scène qu'à la fin du roman, et j'ai relu le début : je pense que l'auteur a sciemment construit sa trame pour ne dévoiler qu'à la fin le sens du début. 
Frank rentre donc de la guerre et échappe à l'hôpital psychiatrique et un sort plus terrible selon le pasteur blanc qui le recueille quelques heures avec tant d'humanité. S'ensuit la traversée du pays en se cachant des autorités, des gangs, en faisant quelques belles rencontres, mais sans jamais connaître le repos de l'esprit, toujours assailli de cauchemars et de flashes de la guerre. Une petite fille qui se nourrit des restes jetés par les soldats, un bout d'orange pourrie...
Progressant vers sa Géorgie natale au secours de sa petite soeur Ycidra (Cee) tombée entre les mains d'un médecin Dr Jekyll et Mr Hyde, qui s'essaie à l'eugénisme. Les personnages sont si bien décrits (la gouvernante qui cohabite avec Cee et alerte Frank au péril de son emploi, la jeune costumière qui héberge Frank, le pasteur et sa femme, la terrible grand-mère pire que Folcoche, les femmes du village solidaires pour soigner Cee...).

Frank est parti faire la guerre avec ses deux copains pour quitter ce lieu pourri sans avenir. Les deux copains sont morts, Frank est médaillé mais porte un si lourd secret. Finalement, c'est en rentrant dans sa petite ville qu'il détestait plus que tout que Frank pourra tourner la page et se sentir enfin quelque part, à la maison.

Chapitre 17 :
I stood there a long while, staring at that tree. It looked so strong So beautiful. Hurt right down the middle But alive and well. Cee touched my shoulder Lightly. Frank ! Yes ! Come on, brother. Let's go home.
Paul AUSTER : "Winter Journal" *****
(2012, Picador Editions, 209 p.) - "Chronique d’hiver"  pour l'édition française

Dans ce roman autobiographique, Paul Auster, 64 ans mais le regard toujours aussi ténébreux, se raconte à la deuxième personne du singulier ("You / Tu...") et c'est déjà assez singulier.
Il se raconte au travers des souvenirs de son corps : ses premiers bobos, sa blessure à la joue, le coup sur la tête etc.
"A history of his body and its sensations… “That is where the story begins, in your body, and everything will end in the body as well.” Après les bobos du corps, Paul Auster nous décrit ses blessures psychiques, ses crises d'angoisse : You lay on the floor and howled, howled at the top of your lungs, howled because death was inside you, and you didn’t want to die.” (p.29)

J'ai trouvé le texte trop décousu et trop nombriliste (ben oui il parle de son corps) et ennuyeux si je puis me permettre : tous les bobos et l'apprentissage du petit Paul, puis Paul marié, son grand amour en secondes noces : Siri Hustvedt, flashback Paul ado en voyage vers la France, Paul ceci Paul cela... Paul habite ici puis déménage là... Quel intérêt ? Selon moi, ce livre est à réserver aux inconditionnels de Paul Auster. Et de surcroît, l'édition que j'ai lue en anglais est affreuse : texte ultra serré, quasiment aucune marge, pas de paragraphe : je me sentais avalée par la mise en page si dense.


NB : De son épouse Siri Hustved, je n'ai lu que le roman "Tout ce que j’aimais" (2003) : pas du tout accroché, roman limite déprimant avec New York en toile de fond...

--> Page "Lectures d'Amérique du Nord"

J. Jonasson : "L'analphabète qui savait compter"

***** Réf. géographique : Suède, Afrique du Sud (Presses de la Cité, 2013)

Ayant lu avec détente et sourire "Le vieux qui ne voulait pas fête son anniversaire" du même auteur, je me suis dit "allez, repartons pour un autre moment de détente idéal pour lire dans les transports" avec l'opus suivant de Jonas Jonasson.

L'effet de surprise est cependant passé et j'ai trouvé que l'auteur surfait un peu trop facilement sur la même vague. Mais bon, l'histoire réserve bien des surprises et possède tout de même l'intérêt de nous faire traverser l'Histoire de l'Afrique du Sud et de la Suède (et un peu de Chine, d'Israël et autres ici et là).
Les réflexions sur la royauté suédoise sont assez cocasses (le roi tordant le cou aux volailles : excellent !). L'histoire de ce missile égaré pêche en revanche par trop d'invraisemblances : mais à lire Jonas Jonasson, on s'attend à des situations des plus saugrenues. Dommage que le style narratif soit assez terne. 

Résumé de l'éditeur
"Statistiquement la probabilité qu'une analphabète née dans les années 1960 à Soweto grandisse et se retrouve un jour enfermée dans un camion de pommes de terre en compagnie du roi de Suède et de son Premier ministre est d'une sur 45,666212810 milliards. Selon les calculs de ladite analphabète."
Tout semblait vouer Nombeko Mayeki, petite fille noire née dans le plus grand ghetto d'Afrique du Sud, à mener une existence de dur labeur et à mourir jeune dans l'indifférence générale. Tout sauf le destin. Et sa prodigieuse faculté à manier les nombres. Ainsi, Nombeko, l'analphabète qui sait compter, se retrouve propulsée loin de son pays et de la misère, dans les hautes sphères de la politique internationale.
Lors de son incroyable périple à travers le monde, notre héroïne rencontre des personnages hauts en couleur, parmi lesquels deux frères physiquement identiques et pourtant très différents, une jeune fille en colère et un potier paranoïaque. Elle se met à dos les services secrets les plus redoutés au monde et se retrouve enfermée dans un camion de pommes de terre. À ce moment-là, l'humanité entière est menacée de destruction.
Dans sa nouvelle comédie explosive, Jonas Jonasson s'attaque, avec l'humour déjanté qu'on lui connaît, aux préjugés et démolit pour de bon le mythe selon lequel les rois ne tordent pas le cou aux poules.

--> Voir la chronique "Livres nordiques"
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