vendredi 16 août 2013

Agnès Martin-Lugand : "Les gens heureux lisent et boivent du café"

***** (2013) Réf géogr. : France / Irlande
Coup de foudre pour le titre ! au final, un petit livre qui se lit vite et bien, what else

Le titre est donc sympa, la couverture ressemble à celle du si beau "Rien ne s'oppose à la nuit" de Delphine de Vigan... il n'en fallait pas plus pour attiser mon envie. 
Je l'ai donc lu il y a un mois en 2 heures dans les transports. Or à mon retour de vacances, voilà que j'ai constaté que j'étais incapable de me souvenir de l'histoire. C'est dire... (ou c'est Alzheimer précoce).

Je ne dénigre pas ce roman cependant, il est simple de style et d'intrigue et se lit avec rapidité et plaisamment ; il ne faut pas chercher plus. RIEN A VOIR AVEC LE PRENANT DELPHINE DE VIGAN !


Le début des "Gens heureux" m'a fait penser un peu au film "21 grammes" (excellent !) quand le père perd sa femme et sa fille renversés par un chauffard.
La suite et la rencontre avec le sauvageon d'Irlandais : là c'est à Heathcliff et aux Hauts de Hurlevent (merveilleux !) que j'ai pensé, voire au Marc Darcy d'Orgueil et préjugés

Sinon, l'intrigue est assez convenue, j'ai bien apprécié l'intrusion du chien (dont le maître est cet irlandais bourru) dans le récit, ce qui ne vole pas haut je le reconnais !
Un livre donc vite lu et sans déplaisir, mais que je n'imagine pas dans ma bibliothèque... 

4e de couverture : 
"Ils étaient partis en chahutant dans l'escalier. J'avais appris qu'ils faisaient encore les pitres dans la voiture, au moment où le camion les avait percutés. Je m'étais dit qu'ils étaient morts en riant. Je m'étais dit que j'aurais voulu être avec eux." 
Diane perd brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. Dès lors, tout se fige en elle, à l'exception de son coeur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l'existence. C'est peut-être en foulant la terre d'Irlande, où elle s'exile, qu'elle apercevra la lumière au bout du tunnel. Entre « Le Journal de Bridget Jones » et « Love Story », l'histoire de Diane nous fait passer par toutes les émotions. Impossible de rester insensible au parcours tantôt dramatique tantôt drôle de cette jeune femme à qui la vie a tout donné puis tout repris, et qui n'a pas d'autre choix que de faire avec."

--> Voir plutôt ma chronique "Livres choisis"  et la page de mes "Romans préférés"...

Quai d'Orsay : excellente BD !


***** 2 tomes - Dessins : Christophe Blain – Scénario : Abel Lanzac alias Antonin Baudry - Genre : Chroniques diplomatiques pleines d'humour et instructives... A lire !


Arthur Vlaminck est embauché comme conseiller en langages au cabinet du ministre des Affaires Etrangères, Alexandre Taillard de Worms, en qui l’on reconnaît Dominique de Villepin alors ministre de Jacques Chirac.
Arthur, chargé d’écrire les discours du ministre, va découvrir les arcanes du Quai d’Orsay, les rivalités entre conseillers et zones géographiques, le stress indissociable de l’actualité, et s’échiner à rédiger bouillons et énièmes versions souvent renvoyées au pilon par le maître de céans. 

Le ministre en effet a ses petites lubies rhétoriques et si dans le premier tome il ne jure que par les Fragments d’Héraclite, dans le deuxième il s’attache à l’œuvre de Démocrite et au mythe du Minotaure et de Thésée…
Chaque chapitre du tome 1 porte ainsi en titre une citation d’Héraclite : "je me suis cherché moi-même." - "A l’âme appartient le discours qui s’accroît lui-même." "Présents, ils sont absents." "En se transformant, il reste au repos." "Fatigue c’est : peiner aux mêmes tâches et par elles commencer." "La sagesse : dire le vrai et agir selon la nature." "Errants dans la nuit : mages, bacchants, bacchantes, initiés."

J’ai beaucoup aimé le graphisme et le rendu de la personnalité grandiloquente du ministre, sa gestuelle tranchante ou brusque (Vlon ! Tchac tchac tchac ! Vlan !), ses déplacements à la Speedy Gonzales ou à la BipBip Coyote, sa prestance (il est gigantesque dans les dessins). Le ministre fonce à 100 à l’heure et cela donne un rythme effréné à la BD qui contribue à notre plaisir.
Le scénariste fait la part belle aux soudaines envolées lyriques du ministre (et ses expressions « maison » comme « le taylorisme du terrorisme ») qui contrastent avec de tout aussi soudains et inattendus propos des plus triviaux :

"Arthur. Venez, on va pisser." (T2, p.11)
"Mangez, mangez, Cahut. Vous êtes tout blanc. Je veux des conseillers, pas des endives." (T1 p.39)
En pleine prise d’otages dans l’Afrique des Grands Lacs : "J’ai toujours pas eu le temps de pisser depuis ce matin. Heureusement que personne n’a pris la peine de me donner un verre de flotte non plus." (T1 p.60)
Le Stabylo...
- "M. le Ministre, le Ministre des affaires étrangères norvégien vous attend.
- Rhâââ putain, c’est pas vrai ! Le norvégien ! Faut que je traite le Norvégien. Quelle connerie ce métier. Le Norvégien ! A chaque fois il déboule en vélo, en plus. Quel connard. Rien à lui dire, moi.
- Ce serait bien que tu y ailles, Alexandre. Il est important, le Norvégien.
- GRMBLH. Hier, j’ai eu le Slovène. Claude, mon vieux, fais au mieux." (T1 p.47)

Cela confère au personnage un naturel attachant.

Certains passages surtout dans le tome 1 sont vraiment drôles (le coup du stabylo !!! je porte un regard différent sur les stabylos depuis cette BD !), j’ai certes moins ri dans le tome 2 (ah si, le coup des chaussures qui brillent, condition sine qua non pour faire son entrée tête haute à l’ONU, ou l’épisode du voyage mouvementé jusqu’à Moscou en Falcon) tout en appréciant autant la BD. 
Seek and Destroy !!!

Et que dire (de la part d’une fan de rock) de la bonne surprise de la sonnerie du portable d’Arthur "Seek and destroy" de Metallica… et du « gig » improvisé avec un autre conseiller diplomatique sur fond de métal !

Les thèmes abordés dans le tome 1 sont variés : prise d’otages de citoyens français, soulèvements en Afrique, discours sur l’Europe, la crise de l’anchois ( !), le déjeuner avec l’écrivaine irlandaise prix Nobel de littérature… Le pain quotidien du Quai d'Orsay.

Le tome 2 adopte en effet un ton plus sérieux et déroule le fil menant au fameux discours prononcé par  D. de Villepin le 14/02/2003 à la tribune de l’ONU contre la guerre en Irak (rebaptisé « Lousdem » dans la BD). 
Le récit est très instructif et nous plonge dans les tergiversations, réunions de crise, les négociations menées en parallèle avec les grands (M. Cole ressemble à un certain Colin Powell) et petits de la planète pour asseoir la démarche en deux temps proposée par la France. 
Le sujet est crucial, l’Irak et la franche opposition entre les gros Etats/Unis et la petite France. Un grand moment de la diplomatie française, retranscrit avec originalité et brio dans cette bande dessinée. Passionnant !
Les chapitres du T2 : "United Nations Plaza / Conséquences graves / Le labyrinthe / 1441 / Noël / La schnouff / Moscou / 14 février".

Le scénariste fut conseiller au Quai d’Orsay entre 2002 et 2004.
La BD a reçu le Grand prix RTL de la BD 2010 pour le tome 1 et prix du meilleur album pour le tome 2 au festival d’Angoulême 2013.

--> chronique BD ...naissante (y'a pas d'âge !)

vendredi 9 août 2013

Scholastique Mukasonga : "Notre-Dame du Nil" (Rwanda)

En fond . cliche rallye Citroen au Congo
***** 2012 - Réf. Géogr : Rwanda - Genre : A l'école de la barbarie...
 (Ed. Gallimard Continents Noirs, 225 p)

Attention : livre unique !
Scholastique Mukasonga est une rescapée du génocide de la population tutsie au Rwanda  qui a décimé sa famille en 1994.

Dans son roman, elle raconte une année scolaire dans un pensionnat pour jeunes filles au Rwanda, sis au sommet d’une montagne afin de décourager les visiteurs indésirables. Les jeunes filles, la plupart de bonne famille et issues de l’ethnie hutue, filles de diplomates, de militaires, banquiers et riches hommes d’affaires, sont là pour acquérir une certaine éducation qui leur ouvrira toutes grandes les portes d’un beau mariage. Voilà l’affaire !
Mais le pensionnat de Notre-Dame du Nil,  accueille aussi un « quota » de filles tutsies, et petit à petit se forge la distanciation entre les jeunes filles de chaque ethnie et la montée des tensions au sein de cette petite communauté fermée que forme le pensionnat. Celle qui porte haut et fort le message de haine, c’est la terrifiante Gloriosa, fille d’un ministre hutu auto proclamée chef de guerre au pensionn comnien l'oat, convertie à la nécessité de l’épuration ethnique. Et la peur grandit chez celles qui n’appartiennent pas à « l’ethnie majoritaire », qualifiées d’Inyenzi (cafards). Veronica et Virginia représentent les deux jeunes filles tutsies de cette classe de terminale aux côtés de 18 jeunes hutues.

Pendant ce temps, les religieuses, l’aumônier et les professeurs belges ferment les yeux…
Le roman se déroule probablement dans les années ’70 (l‘époque n’est pas précisée) alors que les Hutus ont pris le pouvoir dans cette ancienne colonie belge devenue indépendante en 1962.

Chapitres : ils égrennent le cheminement vers l'horreur 
"Notre-Dame du Nil - La rentrée - Des travaux et des jours - La pluie - Isis - Le sang de la honte - Les gorilles - Sous le manteau de la vierge - L'umuzimu de la reine - La file du roi Baudouin - Le nez de la vierge - L'école est finie"

J’ai apprécié le style d’écriture de l’auteur, simple et précis. En filigrane, nous découvrons la culture rwandaise, entre traditions et modernité, les dérives de l’occupation coloniale, l’attachement cocasse de la population à la famille royale belge, et le quotidien de jeunes étudiantes séparées de leurs familles, leurs débrouilles et leurs embrouilles... Mais Scholastique Mukasonga brosse dans son roman les prémices du génocide, à l’échelle d’une petite communauté isolée de jeunes lycéennes. C’est terrifiant.
Je ne regrette pas d'avoir lu ce livre. Il m'a marquée et m'a fait réaliser combien l'on oublie vite ces drames de l'histoire : est-ce que la jeune génération a entendu parler de ce génocide ?

Morceaux choisis :
- p88 : "se déhutuhiser" - p89 : "se détutsiser"
- p94 : "Il y aura peut-être un jour un Rwanda sans Hutu ni Tutsi"
- p125 : "Virginia était étudiante, et quand on est étudiante, pensait-elle, c'est comme si on n'était plus ni hutu ni tutsi, comme si on accédait à une autre "ethnie" : celle que les Belges appelaient naguère les évolués."


--> Voir les autres chroniques de mes lectures d’Afrique 

"El violin"/"Le violon" : Sombre et beau film mexicain

"El violin" / "Le violon" - réalisé par Francisco Vargas (2006)

Voici un film très émouvant sur l’oppression des petits paysans dans un pays indéfini d’Amérique latine, leur cheminement vers la guérilla, la répression, au travers du parcours d’un vieux paysan, Don Plutarco, amputé d’une main, qui joue du violon comme si de rien n’était…

Francisco Vargas, le réalisateur mexicain, n’a pas expressément donné d’indication sur le pays dans lequel se passe l’histoire, ni sur l’époque exacte « afin de symboliser la lutte du peuple latino-américain dans son ensemble. »

Synopsis du film : "Don Plutarco, son fils Genaro et son petit-fils Lucio vivent une double vie : musiciens et paysans, ils participent à la "guérilla campesina" dont l’objectif est de s'opposer en armes au gouvernement. L’armée attaque le village et les rebelles se réfugient dans la sierra, laissant derrière eux leur stock de munitions. Tandis que la guérilla prépare une contre-attaque, le vieux Plutarco a son propre plan : jouant de son violon comme de son apparence inoffensive, il va au village pour récupérer les munitions. Le vieux monsieur impressionne le Capitaine avec sa musique, et ce dernier, fasciné, oblige le vieil homme à revenir chaque jour jouer de son violon pendant qu´il déjeune.
Don Plutarco a la musique, il veut les munitions… Le Capitaine veut étouffer la rébellion, mais il aime la musique… Armes et musique. Le respect de leurs idéaux ou la douloureuse trahison."

"El violín es una historia pasada y presente, una página apenas de un capítulo desgraciadamente nunca cerrado: el de aquellos que por décadas han sido olvidados por nuestra sociedad: los indios, campesinos; hombres y mujeres a quienes muchas veces la miseria e injusticia han llevado a tomar la vía armada como un camino desesperado para tratar de mejorar sus condiciones de vida."
"…ceux que Luis Buñuel en 1950 appelait LOS OLVIDADOS."

La fin du film : 
"-¡Le estoy ordenando que toque, viejo!
Don Plutarco cierra la tapa y voltea retador : - Se acabó la música... "

Prix du meilleur acteur pour Ángel Tavira (don Plutarco) au festival de Cannes / Un certain regard 2006
Site officiel : http://www.elviolinthemovie.com/  

--> Voir la petite chronique (naissante !) "cinéma"

Raule & Roger : "Jazz Maynard" (BD barcelonaise)

***** Réf Géographique : Espagne/Catalogne - Genre : BD musclée (sans jazz) !
Scénario : Raule / Dessins : Roger (Ed. Dargaud - 4 tomes)

BD lue dans la foulée de mes lectures barcelonaises.
Encore peu habituée aux BD récentes (mais ça change !!!), j'ai pourtant fini par prendre goût aux aventures de Jazz Maynard et ses amis.

Nous sommes dans les années '50 '60 dans le quartier d'El Raval, quartier populaire défavorisé situé en bas des Ramblas et non loin de la colline de Montjuïc, où le droit n'entre pas. En fait, la BD utilise Barcelone comme simple toile de fond, mais on est loin de pouvoir contempler la ville sous un angle touristique. Certains détails cependant donnent le "la" sur la vie du quartier à cette époque, à noter quelques inscriptions ici et là de slogans en catalan. Sinon, pas question de réflexion politique sur l'indépendance de la Catalogne, c'est hors sujet dans cette BD.

Les images sont très belles, les héros sont de vrais éphèbes. 
Justement, j'ai regretté que les personnages "gentils" soient tous si beaux et quasi-ciselés de la même façon : j'en ai éprouvé quelques difficultés à les distinguer les uns des autres en particulier lors des scènes de combat (nombreuses !). Question d'habitude peut-être.
Et des scènes d'actions, de bagarres, de meurtres etc. ...la BD en regorge. Un peu trop à mon goût, mais d'un autre côté le lecteur ne peut dire que l'histoire manque de rythme...

Qui est donc ce Jazz Maynard ? Un ancien gentleman cambrioleur devenu trompettiste à NY et contraint de rentrer précipitamment à Barcelone après 10 ans d'exil. Au fil des tomes, nous découvrons davantage le personnage grâce aux nombreux flashbacks. Et ce beau trompettiste se révèle un athlète de combat qui, selon les tomes, va affronter des proxénètes américains, la mafia du quartier, les politiques corrompus de la ville, la police ripoue aussi, et même de redoutables guerriers chinois maniant le sabre affiliés aux triades de Hong-Kong.
Barcelone est la proie d'une administration de mèche avec la mafia, et seule une poignée d'incorruptibles semble leur faire face : Jazz, son ami d'enfance et de galère Teo, sa sœur Laura, le jeune commissaire Blanc (tellement beau aussi !) et son adjointe, ainsi que Lucia, une journaliste gauchiste...

J'ai donc pris goût à cette série, après un début quelque peu laborieux dû à mon inexpérience des BD au rythme si enlevé mais aussi à une intrigue principale qui m'échappait totalement ! ça s'est arrangé par la suite heureusement, et j'ai avalé d'une traite les tomes suivants.

--> Chronique BD...

jeudi 1 août 2013

Javier Calvo : "Les lunes de Barcelone"- "Le jardin suspendu" (Espagne)

***** Les lunes de Barcelone (2010) – Genre : Barcelone au 19e siècle en mode roman noir et gothique

Pas facile de dire si le livre m’a plu ou non…
J’ai d’abord été attirée par le contexte historique de la Barcelone de l’ère industrielle au XXe siècle, et le dépaysement que procure cette histoire dans les bas-fonds de la ville aux côtés de personnages quasiment issus de la cour des miracles. Une atmosphère un peu à la Eugène Sue des mystères de Paris, mais en plus glauque et pervertie.
Le roman se laisse ainsi lire rien que pour le plaisir de découvrir les descriptions et l’ambiance de la ville, en pleine "révolution industrielle". On ne s’attache pas du tout aux personnages (un inspecteur chétif et cocu, un savant disséqueur de cadavres et ne supportant pas la lumière soudain libéré après 7 ans de prison, la sourde muette qui vit avec lui, un romancier de feuilletons graveleux, une bande de gamins des rues, etc.) mais point n’en est besoin jusqu’aux trois-quarts du récit.
Ensuite, arrivée vers la fin, cela s’est corsé pour moi, j’ai perdu le fil et la dernière page tournée, j’ai réalisé que je ne comprenais pas du tout le fin mot de l’histoire. Pas compris qui étaient les méchants d’entre les méchants, les liens entre les personnages. Pas compris la fin.
J’aurais interrompu ma lecture aux trois-quarts du livre, je restais sur une bonne impression. La fin m’a trop glissé entre les doigts et me laisse ensevelie sous l’incompréhension.

***** El jardin colgado - Le jardin suspendu (2012) - Genre : Chronique d'anticipation politico-policière de l'Espagne post-franquiste de la fin des '70


NB: Attirée par le mot jardin dans le titre, j'ai acheté le livre en VO... Mais de jardin, il n'en est pas question : le titre est emprunté à une chanson de The Cure - et moi qui n'avais même pas tilté !).

Barcelone toujours, mais en contre fonds, et changement d'époque (propulsés dans les '70) et d'environnement (nous découvrons "La Nouvelle Espagne" de la transition démocratique 1 an après la mort de Franco).

C'est un drôle de livre que ce second roman du Barcelonais Javier Calvo... récit de guérilla entre d'insolites agents de services secrets dirigés par un chef gros et gras, brillant et grotesque tas de chair amateur de puzzles, et un groupuscule terroriste d'extrême gauche...
Au début du roman, le lecteur doit faire l'effort de s'immerger dans les débats sans fin de diverses associations syndicales et universitaires qui se ramifient autour de cette organisation terroriste... Dur alors pour moi de suivre d'autant que j'ai lu le livre en espagnol et suis peut-être passée à côté d'infos saillantes. Le lecteur finit par comprendre qu'il doit suivre en particulier le destin de Teo Barbosa, un agent secret infiltré au sein du groupe, personnage très surprenant, impulsif, genre sincère, mais plutôt attachant.

Finalement assez dérangeant de par l'intrigue plutôt compliquée et vraiment déjantée a mon goût et les nombreux personnages qui paraissent plus bizarres les uns que les autres (les terroristes qui finissent terrés sur une île près d'Ibiza portent des surnoms de personnages des contes de Grimm, écoutent complètement camés les Sex Pistols), et le message derrière tout ça...

J'ai pensé à Orrwell entre autres en lisant ce livre. Puis la fin hallucinée m'a projetée dans les pires scènes de carnage du roman dystopique "ROMAN" de l'écrivain russe Vladimir Sorokine, un vrai parallèle...
Javier Calvo a dit avoir écrit un crime fiction en décrivant l'époque de la transition démocratique comme triple sacrifice : de l'Histoire, de la vérité et des vies humaines. "Dans l'Espagne d'alors comme dans tout changement de régime, il fallait reconstruire un pays sur des bases neuves en occultant et en enterrant des choses." (Le Matricule des Anges, 04/2013)

Conclusion : un livre peu facile, avec un message historico-politique certainement fort mais qui m'est plutôt passé à côté... Bien écrit !

L'auteur Javier Calvo est né en 1973. Il est écrivain et traducteur de David Foster Wallace et J.M. Coetzee.

--> Voir d'autres chroniques sur des lectures espagnoles dans Livres d'Europe...
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