vendredi 29 mai 2015

Araignée Napoléon : première vue au jardin !

Aperçue cette petite araignée le 17 mai 2015 sur une achillée : très furtive, j'ai eu du mal à la photographier.

Il s'agit de Synema globosum, araignée de la famille des araignées crabes (Thomisidae), dite "araignée Napoléon".

En effet, cette araignée se reconnaît facilement "grâce à son dessin noir rappelant Napoléon pour certains (ou une tache d’encre pour d’autres) sur un abdomen jaune, mais dont la couleur peut varier du jaune pâle à l’orange foncé." Voir les dessins ci-dessous :

Emperor Of Francesynaema globosum[Source des dessins et du texte ci-dessus: Synema globosum extrait de "Field guide Spiders of Britain and Northern Europe", Michael J. Roberts - site belge Spidermanneke ]  

Mon spécimen a l'abdomen orange foncé, avec deux bandes jaune vif qui séparent le "bicorne de Napoléon du buste de l'empereur", si je puis reprendre la comparaison.

--> chronique "Araignées" et pages des "Habitants de mon jardin"

jeudi 28 mai 2015

J-M. Guenassia : "La vie rêvée d'Ernesto G."

***** 2012, Ed. Albin Michel, 538 p. - Réf. géogr : France / Algérie / Tchécoslovaquie

Je viens d'apprendre que Jean-Michel Guenassia était né à Alger (en 1950).
Son roman "La vie rêvée d'Ernesto G." nous balade justement de Prague à Paris, puis à Alger, puis dans un no man's land insalubre de l'arrière-pays de Sidi Bel Abbès, puis retour et fin à Prague, avec petite parenthèse vacances en Bulgarie.

Tout d'abord, le titre sonne un peu comme une usurpation. Ernesto G. n'apparaît que vers la fin du roman, qui, lui, déroule la vie sur une centaine d'années (oui !) de Joseph Kaplan, dit Joseph K., jeune médecin d'une famille praguoise d'origine juive, passionné de tango et inconditionnel de Carlos Gardel.
Tombeau de Carlos Gardel
Cementerio de la Chacarita
Buenos Aires
(photo Seb 2015 !)

J'ai trouvé le début peu emballant : le personnage principal après avoir perdu sa mère (adoratrice du tango...) vers l'âge de 10 ans, se désintéresse de son père et grandit tout seul, un brin égoïste et égocentrique tout de même. Après (ou dans le cadre de... v'la que j'ai déjà un trou de mémoire !) ses études de médecine, son père l'envoie à Paris peaufiner sa médecine. Et là ce sont les pages les moins emballantes à mon avis : le Joseph s'amuse et s'amuse dans le tourbillon parisien. Nous, nous ennuyons en lisant ses dévergondages.

La lecture revêt une toute autre dimension quand Joseph débarque à Alger dans un établissement de l'Institut Pasteur. C'est pour Joseph K. comme pour le lecteur l'éblouissement :
"En cette fin de journée d’octobre 38, à l’âge de vingt-huit ans, il découvrit enfin le ciel et le soleil, regarda les docks en arcade montante comme une vague et, posé fièrement au-dessus, un jeu inextricable de cubes soudés par un architecte fou dévalant en cascade jusqu’aux immeubles éclatants qui défiaient la mer et comprit ce que voulait dire Alger la blanche." (p.44)
... Et comme l'avait signalé Albert Camus :

"Je recommande au voyageur sensible, s'il va à Alger, d'aller déjeuner au restaurant Padovani qui est une sorte de dancing sur pilotis au bord de la mer où la vie est toujours facile..." ("L'été", Albert Camus)

Ensuite, Joseph, pour échapper, aux premières vindictes contre les Juifs à Alger, en ces temps de guerre, est "transvasé" (c'est vraiment le cas de le dire) par son chef dans une contrée insalubre de marécages de l'arrière-pays de Sidi Bel Abbès. Il y assure la "direction" de la station expérimentale de l'Institut Pasteur dédiée au paludisme. Dans des conditions dantesques parfois, il y découvre la pratique de la médecine de survie auprès d'une population d'extrême misère, et ça lui parle !
Ce sont là des pages passionnantes, pourtant le temps s'écoule parfois si lentement, à rester cloîtré des heures durant à cause du soleil abrutissant, à guetter à l'orée approximative de chaque fin de mois la jeep de ravitaillement avec l'indispensable kit de survie : les cigarettes et les journaux d'Alger.

Fin de l'occupation. Retour à Alger. Joseph se rapproche de Christine, comédienne dans l'âme ; ils partent s'installer à Prague, en pariant sur des jours meilleurs en cette après-guerre. Joseph épouse le communisme, devient député. Mais il y a Yalta, la guerre froide, le totalitarisme. Fin des libertés et brutal désenchantement.
Joseph et Christine ont deux enfants, Helena et Martin. Soudainement, Christine pète un câble, ou bien décide tout simplement de suivre sa légende personnelle : elle prend son garçonnet, abandonne fillette et mari et disparaît. On n'aura des informations sur cette fuite qu'à la fin.
Joseph accepte de prendre la direction d'un sanatorium d'une région paumée, où, un jour, on lui amène un patient de la plus haute importance. Un certain barbu latino-américain exsangue, Ernesto G.
Je ne sais plus à quelle page apparaît le personnage du Che, mais c'est plus près de la fin que du début. J'ai finalement trouvé cette historiette dans l'histoire et dans l'Histoire un peu trop incongrue. Certes, cela donne une image du Che différente des images d'Épinal qu'on a en tête. Et l'arrière-plan historique des relations soviéto-cubaines est intéressant. Mais, bon, what else ; est-ce bien là une vie rêvée ?
"Il indique que les autorités cubaines, en accord avec les autorités soviétiques, ont décidé d'allumer deux ou trois Vietnam, notamment en Amérique centrale et en Amérique latine. (...) Ernesto Guevara est l'homme-clé de ce dispositif, il est utile à la cause prolétarienne. Il n'est pas question qu'il se soustraie aujourd'hui à ce plan longuement réfléchi et élaboré par les responsables cubains et soviétiques.Comme le précise le représentant soviétique : on n'a pas besoin d'un Guevara heureux. Il convient donc d'empêcher par tous les moyens le départ d'Helena Kaplan." (p.530)
Comme toujours chez Monsieur Guenassia, un louable travail de documentation. Dans le lot des trois romans que j'ai lus de cet auteur, celui-ci occupe la troisième position. 

--> Du même auteur : Le club des incorrigibles optimistes (2009) - Trompe-la-mort (2015)

dimanche 24 mai 2015

Ian Manook : "Yeruldelgger" vous téléporte en Mongolie !

***** 2013 (Ed. Albin Michel, 542 p.)
Réf. géogr : France (auteur) / Mongolie (intrigue)

ouah...
Quelle claque !
Découverte d'un roman policier MAGISTRAL.
Une pépite, qui se déroule en Mongolie, écrite par un auteur... français (Ian Manook, qui est le nom de plume inversé de P. Manoukian). Nous avons en effet des auteurs français qui sont de vrais caméléons pour s'immerger dans des pays étrangers et nous offrir des polars qui sentent tellement le cru local (comme Caryl Férey et ses "Mapuche", "Hata", "Zulu"...).

Manook transporte son lecteur des bas-fonds glauques et miséreux d'Oulan Bator (plongée dans les égouts comprise) jusqu'à l'immensité des steppes mongoles, lui fait manger ravioles de mouton gras et marmottes (boodog) farcies aux galets chauds, arrosées de thé salé au beurre rance. Sans oublier au petit déjeuner toujours ce thé au beurre salé mais avec miam une tartine de myrtilles à la crème. 
"Les restaurants qui servent de la nage de mouton et du caillé de yaourt tiède devraient être inscrits au patrimoine national."
Yeruldelgger est un policier d'Oulan Bator, bourru mais honnête, désenchanté en raison de drames familiaux, mais toujours attaché aux traditions. Il est entouré d'une adjointe sans peur ni reproche, d'une médecin-légiste dévouée et tout aussi attachée aux traditions (qui habite dans une yourte transplantée en pleine banlieue sinistre), d'un gamin des rues (Gantulga) attachant...

L'histoire commence par la découverte du corps d'une fillette blonde enterrée dans la steppe avec son tricycle rose. Et aussi des cadavres mutilés de chinois, dans une usine de la capitale, et dans une décharge des corps de prostituées la bouche farcie de parties génitales.

L'enquête nous mène tambour battant de cette ville si laide (grise à l'image des constructions de l'ère post-soviétique, transpercées ça et là des constructions modernes et anonymes symboles du monde des nouveaux riches qui écument le pays) aux paysages à couper le souffle de la Mongolie des prairies, des forêts et des collines. L'auteur réalise ce tour ce force de nous permettre de sentir l'odeur des conifères et de l'herbe, d'admirer les paysages époustouflants, rien qu'avec ses mots. Magique.

La géopolitique n'est pas oubliée puisque l'intrigue tourne autour de ces minerais rares dont regorge le sol mongol et qui attise les convoitises des magnats chinois, russes, coréens... Ces étrangers avides qui se repaissent du pays en le dénaturant avec leurs quads mugissants et polluants, et leurs orgies.

J'ai hâte de lire la suite, "Les temps sauvages", qui vient de paraître...

Diaporama de mon voyage en Mongolie :


"Yeruldelgger, tout comme la plupart des Mongols, ne savait rien des exactions commises par les nazis en Europe. C'est pour essayer de comprendre la violente indignation de certains touristes français qu'il s'était pour la première fois rendu à l'Alliance Française pour se documenter. [...]- Comment pouvons-nous ignorer l'holocauste de six millions de Juifs ? s'était-il indigné à l'époque.- Parce que ce n'est pas notre histoire, avait répondu tristement Solongo.- Six millions de morts, comment cela peut-il ne pas être notre histoire à nous aussi ?- Notre histoire à nous, elle est plus proche des quatre-vingts millions de morts de Staline, des centaines de millions de morts de Mao et des autres. [...]- Mais ce sont quand même six millions de personnes assassinées !- Je sais, avait répondu Solongo. Je comprends et je n'excuse rien. Je te dis juste que si nous n'en savons rien, c'est que ce n'était pas notre histoire. Notre histoire à nous, pendant ce temps-là, c'était le massacre de nos moines, la destruction de nos temples, et l'interdiction de notre langue. Combien d'Européens le savent, Yeruldelgger ? Et il ne faut pas leur en vouloir parce que ce n'est pas leur histoire non plus."
"Il n’avait pas touché un arc depuis longtemps, mais après son récent séjour au monastère, il savait la puissance et la précision de son tir encore intactes au fond de lui. C’est ce que lui avait réappris le Nerguii : « Tout, toujours, reste en nous, c’est nous qui oublions. » Il observa une dernière fois la scène depuis le haut de la colline. Un naadam de campagne comme il en avait tant fréquenté dans sa jeunesse. Chaque Mongol portait en lui un inoubliable souvenir de naadam : une première cuite, un premier baiser, un premier amour, une première bagarre, une première blessure, une rupture, une infinie solitude dans la foule… Nul doute que ce naadam là allait aussi marquer la vie de Yeruldelgger."
--> les chroniques "polars", "livres choisis" et "voyages"...

Alerte à la tique du chien... au jardin

Au moment du coucher, câlin à mon toutou adoré, tiens, qu'est-ce qu'elle a sur l'épaule ?
Bond de deux mètres : état d'alerte maximale. Vite, chercher le tire-tique !!!
C'est une grosse tique dans la peau de ma Cookie. La tête et le rostre sont dedans, mais le corps dépasse bien. Il est facile de l'ôter.

Du coup, je soumets l'indésirable (j'ai failli écrire "saleté", bon je le pense très fort) à une séance photo forcée.
On distingue bien sa tête et son rostre, et ses quatre paires de pattes (la photo en bas à gauche est prise au flash). Sauf erreur, il s'agit d'une tique Ixodidae  dite "tique dure" bien qu'elle soit d'un aspect mou et gélatineux. Je pencherais pour une femelle mais ne suis pas experte.

A l'issue de la séance photo, l'intruse fut emmaillotée dans un sopalin puis bien bien écrabouillée (mission du mari).
La tique est le plus gros des acariens.
Je suis fort ennuyée car ma chienne n'était pas sortie à l'extérieur, elle a donc "ramassé" cette tique dans le jardin. Je l'avais pourtant pulvérisée au Frontline il y a quinze jours. Je vais passer, sur les conseils avisés de mon frère propriétaire de deux épagneules, à la pipette d'Ectoline.
Et continué de désherber le jardin, qui était devenue une jungle ces dernières semaines (mais cette fois avec chaussettes et manches longues !).

--> chronique "chiens"...
--> Et sur les tiques et la maladie de Lyme : c'est ici

En mai, l'art est dans la rue

Comme chaque année, l'art s'expose dans la rue et dans les lieux culturels municipaux.
De gauche à droite et de haut en bas sur la photo:

- parapluies troués-décorés du CITL La Volière
- sculpture pop-up en carton Les Aliénés I (2013) d'Olivier VALEZY
- gong et bidons (Asian slum Fondation" + tableau "la jauge", de REM
- Banderole "Art" réalisée par l'AAM
- dessin autour du thème de La Vague de Hokusai par les élèves de l'école d'arts plastiques EMAP
- parapluie troué-décoré vu d'en-dessous
- chaises de récupération customisées par les élèves des écoles
- tableau "sans titre 4 (graffeur)" de ASTRIG (cliquer sur la photo pour l'agrandir et voir le graffeur...)

Egalement originaux, les rideaux translucides faits de découpages de cercles de bouteilles en plastique, exposés à la médiathèque.
Cette année cependant, je n'ai pas ressenti d'engouement particulier, je dois avouer que les oeuvres m'ont moins "accrochée" que les années précédentes. Les précédentes éditions étaient effectivement autrement plus colorées et joyeuses à mon sens : voir l'expo 2014, celle de 2013, celle de 2012...

lundi 18 mai 2015

Attaque de chrysomèles du romarin sur ma lavande

Je vous présente ma jolie et odorante lavande papillon.
Tout en beauté à cette mi-mai, et ce sera un vrai régal cet été...

Sauf que, en l'admirant nonchalamment, j'aperçois un éclat brillant à la base de l'une des tiges... Oh, une jolie créature à la robe mordorée, aux éclats métalliques verts et violets/rouges du plus bel effet.
Quelle chance pour mon appareil photo, me suis-je dit.

Et puis en y regardant d'un peu plus près, en voici une deuxième ! L'appareil photo frémit de bonheur... 
Mais voilà-t-y pas que j'aperçois le brillant d'un troisième individu, et pas loin un autre, puis un autre, puis etc. 
Là, l'appareil photo se met au repos pendant que je m'interroge sur une possible situation de crise. Direction l'ordinateur et recherche sur les dégâts de la chrysomèle du romarin... sur un pied de lavande.

Eh bien c'est du sérieux, la chrysomèle (Chrysolina americana), ce coléoptère mordoré véritable petit bijou, s'attaque au feuillage de la lavande et croque les petits brins tendres. Pire, s'il a eu l'opportunité de pondre, les larves se régalent aussi. Méthode la plus efficace : la cueillette manuelle des individus (secouer les tiges au-dessus d'une bassine ou d'un parapluie pour y faire tomber les bestioles et les larves).

Infestation de chrysomèles du romarin sur lavande papillon (13/05/2015)
Je me suis donc précipitée sur mon pauvre pied infesté et j'ai ainsi récolté 14 chrysomèles adultes (voir l'intérieur du gobelet sur la photo ci-dessus) et nombre d'oeufs (ce sont sauf erreur ces petites choses ovales jaunes agglutinées que l'on aperçoit un peu partout sur les photos). Il reste encore, me semble-t-il, un bon nombre d'oeufs sur la plante : je pense que je vais les ramasser avec un coton-tige...
J'ai aussi aperçu un petit groupe de trois ronds noirs sous une feuille : ce pourrait être trois jeunes larves ("Noires, et très petites à la naissance, les larves passent rapidement au rougeâtre, puis au gris plus ou moins mêlé de brun clair et de blanc" : www.insectes-net.fr).

Ci-dessous un cliché gros plan de la chrysomèle fanatiquement au travail : et que je t'enserre ma tendre feuille de lavande avec les pattes avant pour carrément croquer férocement dedans. Révoltant.
On voit tout autour nombre de brins ainsi grignotés.
A noter que la vilaine a une comparse juste au dessus qui inflige la même torture à ma lavande.
Chrysomèle broutant avec avidité la pousse tendre de lavande
Et dire que l'an dernier ou il y a deux ans, quand j'avais découvert pour la première fois ce si bel insecte au jardin (un individu isolé, il faut dire : cela change la perception !), je m'étais régalée de le prendre en photo et l'avais gentiment laissé en place.
C'est un dilemme, observer la nature, prendre des photos et la laisser en l'état, ou bien faire prévaloir la loi du jardinier avant toutes choses et se débarrasser des parasites mêmes les plus magnifiques !

--> Chronique "insectes" et page des "habitants de mon jardin"

samedi 16 mai 2015

Michel Bussi : "Nymphéas noirs"

*****
Il manquait à mon tableau de chasse ce Bussi publié en 2011. C'est chose faite et je ne me remets toujours pas de cette intrigue si stupéfiante.
Mazette, quelle savante construction ! J'avais été bluffée par "Un avion sans elle"... Là c'est presque puissance 10.
Michel Bussi sait mener son lecteur en bateau (sur cet étang aux nymphéas) !

Tout d'abord cette lecture fut fort plaisante car se déroulant à Giverny sur les terres de Monet, et la peinture impressionniste y joue un rôle de premier plan. J'ai de ci-de là appris des informations sur l'univers des galeries et les chasseurs d'oeuvres d'art. Et n'étant encore jamais allée à Giverny (!!!), ce roman fait aussi office de guide touristique, on est même un peu gênés par les flots de touristes que déversent les cars sur l'affreux parking goudronné.

L'intrigue ? Le roman commence avec la présentation de trois personnages féminins : Fanette écolière douée en peinture, Stéphanie Dupain la jolie institutrice (mal) mariée à un agent immobilier peu affriolant, et une vieille dame à l'allure de sorcière qui habite dans la tour du moulin et observe depuis sa lucarne tous les faits et gestes du village.

Après cette introduction, un mort, que la vieille découvre dans le lit du ruisseau adjacent : un habitant du village qui a réussi comme ophtalmologiste à la capitale, coureur de jupons et collectionneur de tableaux.

Pour suivre cette affaire : un duo de policiers fort sympathiques : le jeune inspecteur du sud, Laurenç Sérénac (amateur de peinture) et son adjoint du cru Sylvio Bénavidès (collectionneur de barbecues !). Tout les sépare au début et leur complicité fera son bout de chemin tout au long du roman.

Voilà, peux pas en dire plus, sinon que la fin est à tomber ! "Une tuerie" !
Ah comme j'ai hâte d'offrir ce polar et de partager mon plaisir...

Dans la foulée, je vous invite à rendre visite à :

Pavots et aulx : mariage parfait

Ce sont bien là les deux stars du jardin en ce moment :

- les magnifiques boules violettes des alliums aflatunense "Purple sensation" / calibre 12/14

- les larges et délicats pétales de mes pavots d'Orient rouges, légèrement décoiffés comme les stars à la montée des marches du festival de Cannes ces jours-ci...

Matin et soir, on ne se lasse pas de les regarder. 
A elles deux ces plantes créent un superbe feu d'artifice dans le jardin. Elles éclipsent tout le reste. Comme les stars au festiv... ah non déjà dit !

--> Mon jardin au fil des jours...

vendredi 15 mai 2015

Liu Bolin : l'artiste caméléon à Paris de nouveau !

Liu Bolin : Security Check
Liu Bolin : j'avais découvert cet artiste chinois à la faveur d'un reportage sur les artistes "Chine : les nouveaux dissidents" diffusé sur LCP il y a quelques années (et pour cela : ô combien merci cher Télérama d'avoir joué votre rôle de veilleur culturel et lanceur d'alerte, qui m'amena aussi à visiter l'expo du jeu de Paume consacrée à Ai Wei Wei).

C'est donc ainsi que je me rendis à la galerie Paris-Beijing voir cette (pour moi) première expo à Paris en 2013
Bluffée et intriguée. Je décidai de mettre Liu Bolin dans mes tablettes de veille.

2015 rebelote : annonce de l'expo de nouvelles oeuvres de Liu Bolin dans cette galerie Paris-Beijing, qui, entre-temps, me fit l'entourloupe de changer d'adresse à quelques rues près.

Alors... cette nouvelle expo m'a certes moins intriguée que la précédente qui fut un véritable choc émotionnel. Là, j'avançai préparée. Toutefois, je recueillis dans cette 2e visite de précieuses informations sur le mode opératoire de Liu Bolin et sa volonté d'artiste international (à présent reconnu en effet) de partager la réalisation (oserais-je dire la paternité ?) de ses oeuvres avec des tiers anonymes ou non. Car alors le message et non l'auteur devient le vecteur le plus important.

Liu Bolin/Alexis Rero : Hiding in the City – Wall : Declaration of Human Rights
L'expo montre le making-of de l’œuvre Hiding in the City/Wall:
réalisée à Paris en 2013, où Liu BOLIN pose devant la Déclaration des droits de l'homme revisitée par l'artiste français street art Alexis RERO, qui a rayé tous les mots (sa marque de fabrique).

A côté de la photographie, est exposé le costume que revêtait Liu Bolin, recouvert de peinture, tandis qu'une vidéo montre le déroulement.
En sweat bleu sur la photo : le français RERO.




Autre temps fort de cette expo, les trois mises en scène faites à partir de collages de magazines.
Le spectateur qui se tient face au mur d'affiches ne distingue que les couvertures de magazines.
En changeant d'angle et en s'approchant, quelle surprise de découvrir le moulage de la tête en relief de Liu Bolin, recouverte des mêmes couvertures de magazine de façon à ce que l'artiste puisse ainsi se fondre dans le décor. C'est époustouflant.

En haut, mise en scène autour des magazines "Automoto" et "Archéologie" : affiche de face puis profil droit !
En bas, mise en scène autour de "Têtu" et "Paulette" : 
affiche de face puis profil gauche
Idem ci-dessous avec une affiche composée entre autres de couvertures du "Figaro magazine" avec Van Gogh, de "transfuge", d'un magazine avec Marilyn...

Vue de face du mur d'affiches de magazines, puis profil droit et en-dessous profil gauche
et la vue de dessus où apparaît Marilyn! 
Meat factory - Cancer Village + Fist -
Target/Chinese Fan

La galerie expose le fameux poing baissé vers le sol et quelques autres clichés dont celui de gens pris dans un champ de blé avec se dessinant au-loin une usine polluante ("Village Cancer").

Aussi :

- Liu Bolin au beau milieu de quartiers de viande ("Meat Factory")
- ou cette très belle vue panoramique de gens dissimulés parmi les arbres d'une forêt.
- J'ai moins aimé la série des éventails ("Chinese Fan"), un peu trop classique à mon goût.


--> "expos"

jeudi 14 mai 2015

Jean-Michel Guenassia : "Trompe-la-mort"

***** (2015, Ed. Albin-Michel, 393 p.)
Réf. géogr : France / Inde / Royaume-Uni / Irak

Le roman "Le club des incorrigibles optimistes", publié en 2009 par Jean-Michel Guenassia fait partie de mon panthéon littéraire.
Sans surprise, voyant son nouvel opus disponible en rayon, je me suis lancée avec un plaisir anticipé. Et je ne suis pas déçue du voyage. Car voyages il y a !!! 

Le début du roman constitue un petit obstacle à sauter : c'est un homme mort qui semble parler de l'au-delà. Euh, mince dans quel bourbier littéraire me suis-je engagée ? Tenir bon quelques pages pour retomber sur ses pieds... L'accent mis sur les bobos et accidents en tous genres de Tom depuis tout petit m'a semblé aussi un peu longuet... Mais bon, cela explique le titre.

Le roman (re)commence ensuite par un flashback à New Delhi où ce fameux Tom, fils d'un expatrié anglais et de sa collaboratrice indienne que celui-ci a eu le courage d'épouser en plein apartheid racial dans les deux pays, désavouant tous couples mixtes, grandit avec bonheur dans les bras de sa nourrice et de sa mère. La nounou lui apprend entre autres le nec plus ultra de l'art de manier le cerf-volant, que les indiens rivalisent à faire voler depuis les toits de la ville.
Mais voilà, aux huit ans de Tom, le père est rapatrié dans une banlieue sinistre de Londres, une de ces exiguës maisons mitoyennes en brique rouge, loin du centre, dans un quartier à forte population immigrée notamment indiens et pakistanais. So long la nounou si attentionnée, la chaleur, la vie nonchalante comme trépidante, le standing des expats', les épices...
"Quand nous avons débarqué à Heathrow, en début d’après-midi, ce fut une immense déception, le ciel était de plomb et il pleuvait. Perché sur la passerelle, j’ai immédiatement détesté ce pays." (p.33)
"Nous sentant en vacances, ma mère et moi sommes partis à la découverte de Londres. Contrairement à ce qu’elle m’avait affirmé, Londres n’avait aucun point commun avec Delhi. C’était moche, ça puait, c’était triste à mourir. Et pourtant il n’y avait aucun détritus par terre, pas de vaches dans les rues, ni de chiens, ni de rickshaws. J’ai détesté cette ville lugubre. "(p.34)
Tom se fait des copains indo-pakistanais. Heureusement le cricket fait ciment ! Première petite amie hélas promise à un mariage arrangé. Accident le privant de son bras habile au cricket. Eloignement de ses copains asiatiques. Maladie de sa mère. Désoeuvré et en mal de repères, Tom allume une bougie comme "au pays", dans toute célébration indienne. La maison s'enflamme. Tom s'en sort par miracle, le reste n'est que fumée. Le père lui est bien sûr indemne puisque dès son retour au bercail il a entamé une double vie dormant la plupart du temps sous prétexte de déplacements chez son amante anglaise.

Cet événement tragique marque la rupture entre le père et le fils. Tom renonce à tout et s'engage dans l'armée britannique. Ouaouh la description des mises à l'épreuve... Et voici Tom propulsé en Irak au coeur des conflits. Sans être une tête brûlée, Tom échappe à divers accidents dont l'explosion de son hélicoptère, où, déclaré mort, l'expertise d'un médecin le quasi-ressuscite ! Voilà, la légende de Tom le "Trompe-la-mort" se répand comme une traînée de poudre dans les médias grâce aux efforts d'une journaliste sans peur ni reproche, Sally.

L'amour s'invite au voyage, vie commune dans le petit nid précieux de Sally, une petite fille que Tom élève avec joie en tant que père au foyer "retraité" (déclaré inapte à 50%) de l'armée. Et un appel désespéré d'un richissime anglais ayant perdu trace de son fiston "récalcitrant" en Inde.
Je ne vais pas raconter tout le livre, tout est passionnant et mérite d'être lu.

Les points forts sont les descriptions de la vie ou de l'expérience en Inde, dans la banlieue anglaise, dans les zones de conflits en Irak, les relations interraciales, et surtout les relations père-fils.
En filigrane du roman, des couplets de la chanson de Dire Straits "Brothers in Arms", dont j'ai regretté que les paroles soient traduites en français.
L'écriture de J.M. Guenassia me plaît toujours ; je le mets dans la même corbeille des auteurs français que j'aime à suivre tels aussi Mathieu Belezi ou Claudie Gallay.
"C'est comme si ma mère me faisait un signe et me pardonnait. J’entends ses paroles, deux ou trois mois avant sa disparition quand elle me disait en regardant tomber la pluie : « Tu sais, mon fils, il ne faut penser qu’au présent, sans cesse. Le reste n’a pas d’intérêt. L’avenir nous est interdit ; pour nous êtres humains, c’est le présent qui existe. (…) " (p.388)
Citation de Montaigne en fin d’ouvrage : "Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche."

--> Coup d'oeil à mes "livres préférés"...

samedi 9 mai 2015

Annie Ernaux fait ses courses à Auchan

"Regarde les lumières mon amour" ***** (2014, Ed. Seuil/Raconter sa vie, 72 p.)

Annie Ernaux a tenu le journal d'une année de courses dans son hypermarché Auchan "Les trois fontaines" à Cergy.

... Nous aussi on fait nos courses à Auchan (que je délaisse car trop grand trop fatigant), ou super U qui est plus proche et à taille humaine (mais quel drame quand il a remplacé mon chouchou absolu alias Monoprix...), et au nouveau petit dernier "G20", tout mignonnet avec sa façade en baies vitrées et son intérieur design (dire qu'il remplace le Lidl qui a fini par plier bagages pour overdose de braquages). Le Leclerc est trop loin (5 minutes de plus en auto) et depuis le réaménagement de ses rayons, je perds du temps à chercher ce que je veux, et ça me gonfle, donc ciao Leclerc qui pourtant se prévaut d'avoir les prix les plus bas.

Annie Ernaux non seulement fait ses courses à Auchan (qui plus est LE Auchan que fréquente notre fiston), mais c'est aussi un écrivain que j'apprécie beaucoup. Quand j'ai découvert "La place", ce fut un séisme dans ma culture littéraire : Annie Ernaux révolutionna mes lectures et mes goûts, je n'avais de cesse de dévorer compulsivement tous ses livres. Le seul qui m'a déçue fut "Passion simple" (1994) et j'eus du reste bien honte pour elle en lisant ce livre que j'aurais bien mis au rebut de son oeuvre.

Alors quand Annie Ernaux fait ses courses aux "Trois fontaines" de Cergy, elle entreprend en fait une sorte de pèlerinage social. Elle observe : qui achète quoi, quel jour et à quelle tranche horaire. 
"L'agitation en tous sens qui parcourt les grandes surfaces tombe brusquement aux caisses. (...) Dans les allées de l'hyper, les gens étaient des présences qu'on croise et qu'on voit vaguement. C'est seulement aux caisses qu'ils s'individualisent." (.47) Exposant, comme nulle part autant, notre façon de vivre et notre compte en banque. Nos habitudes alimentaires, nos intérêts les plus intimes. Même notre structure familiale. les marchandises qu'on pose sur le tapis disent si l'on vit seul, en couple, avec bébé, jeunes enfants, animaux." (p.47)
"Liste au stylo-bille noir trouvée dans un caddie : frisée, farine, jambon, lardons, fromage râpé, yaourts, Nescafé, vinaigre. J'ai comparé avec la mienne : Ricoré, biscuits cuiller, mascarpone, lait, crème, pain de mie, chat (boites et croquettes), post-it. L'hypermarché contient environ 50 000 références alimentaires. Considérant que je dois en utiliser 100, il en reste 49 900 que j'ignore." (p.50)
C'est vrai qu'en courses, je regarde parfois par désoeuvrement les produits que le client devant moi pose sur le tapis roulant, sans y prêter trop attention. Mais tout est dit dans ce déballage, comme le fait remarquer A. Ernaux : nos intérêts les plus intimes sont exposés aux yeux de tous, et scannés par le magasin à son grand bénéfice marketing qui, tel Big Brother, enregistre le moindre de nos approvisionnements et transforme notre vie en statistiques consuméristes.

Ce petit livre ne compte résolument pas pour sa prose littéraire, L'écriture m'a semblé vraiment banale, peut-être n'est-ce finalement que le ton adapté pour un simple journal de courses : des notes prises tel ou tel jour sans fioritures. Certaines observations sont intéressantes (même si elles ont forcément dû faire l'objet de thèses de marketing hautement plus poussées ; au moins A. Ernaux les met à notre portée très simplement) :
" A quelques mètres, dans le rayon installé pour le ramadan, un petit garçon extasié tient un paquet de dattes fourrées de pâte d'amande rose et verte. Indifférent aux peurs xénophobes d'une partie de la société, l'hyper s'adapte à la diversité culturelle de la clientèle, suit scrupuleusement ses fêtes. Aucune éthique là-dedans, juste du "marketing ethnique". (p.65)
Cet opuscule présente aussi un certain intérêt car il nous interroge sur ce que nous "vivons" ou ce que nous "sommes" quand nous "faisons" nos courses. Et il invite le lecteur à prêter davantage attention à ce moment de convivialité sociale si l'on peut dire.
"Pour autant, je n'ai cessé de ressentir l'attractivité de ce lieu et de la vie collective, subtile, spécifique, qui s'y déroule. Il se peut que cette vie disparaisse bientôt avec la prolifération des systèmes commerciaux individualistes, tels que la commande sur Internet et le "drive" qui, paraît-il, gagne de jour en jour du terrain dans les classes moyennes et supérieures." (p.71)
Je laisse aux lecteur la surprise de découvrir ce que revêt le titre si poétique... Une lecture rapide et sans prétention, qui invite cependant tout un chacun qui comme tout le monde fait ses courses à réfléchir sur cet environnement de prime abord si anonyme et synonyme de corvée.

mardi 5 mai 2015

Cette semaine au jardin : c'est la jungle

Du rattrapage s'impose ! je ne parle plus en semaine mais en mois : ça devient grave !


EN MARS : 

  • les roses de Noël toujours à la noce, 
  • primevères
  • délicates violettes
  • pétaradantes giroflées
  • élégantes fleurs du cognassier du Japon, hésitant entre le rouge et le rose, et comme posées avec un peu de colle sur leur branche
  • sympathique viburnum en bouton.

Premiers bourdons, coccinelles, syrphes...












EN AVRIL : 
  • ce fut la fête aux fleurs violettes des lunaires (alias monnaies du pape ou herbes aux écus), 
  • au lilas dont on a peu profité car le temps s'est gâté et les branches se sont affaissées de façon peu élégante tandis que les fleurs ont vite tourné au marronnasse... 
  • Les bergeras ont fièrement pointé leurs premières grappes de fleurs roses. 
  • Les jacinthes ont continué de s'épanouir mais ce furent leurs derniers jours, 
  • de même que les muscaris ravissants qui tendent leur épi violet au bout d'une tige qui semble si fragile. 
  • Les tulipes encore et toujours, les tardives succédant aux précoces du début de printemps.
  • Sans oublier le buisson de corètes du japon qui dardent le chemin de leurs pompons jaunes. 
  • Jaunes et tout aussi peu discrets, les buissons de luzerne arborescente étaient magnifiques... jusqu'à ce que les averses répétées aient eu raison des fleurs et des branches que j'ai retrouvées affaissées au sol et bien pitoyables.

Ah ce qu'on est bien quand est... au jardin !


L'invité du 18 avril pour les 20 ans de mon Boune...
C'est ce bourdon qui semblait vraiment dormir sur ma tulipe blanche.
Affalé sans bouger, il prenait le soleil. Un vrai boune...









ET DEBUT MAI : 

  • du violet partout ! Les aulx ont commencé à éclore : sur les photos ce sont mes alliums aflatunense "Purple sensation" calibre 12/14 : pour le coup il font vraiment sensation dans les massifs ! J'attends pour un peu plus tard la venue de leurs cousins plus petits "alliums sphaerocephalon"...
  • Les géraniums vivaces se sont aussi mis de la partie (roses et violets).
  • Et mon arbuste Choisya Arizona "Aztec Pearl", également appelé "oranger du Mexique" (en haut à droite sur la photo) ne démérite pas avec ses fleurs blanches. 
  • Le convolvulus en pot a sorti ses premières fleurs blanches, qui ressemblent aux corolles des liserons ; alors celui-là, une fois lancé, il fleurira jusqu'à l'arrivée de l'hiver !
  • Et en place centrale de cette photo de groupe, j'ai mis à l'honneur mes premières "portées" de Bugle rampant pourpre Ajuga reptans 'Atropurpurea', soit trois tout petits pots achetés et plantés l'an dernier en guise de couvre-sol autour de mes hortensias et roses trémières. Eh bien, quel effet ! ils se sont étalés recouvrant une mauvaise terre de leur beau feuillage pourpre/vert et ô surprise (je ne m'y attendais pas du tout), voilà qu'ils font aussi des fleurs en épis, d'un beau violet tranchant joliment avec le pourpre du feuillage. Renseignements pris, la floraison ne se produit qu'au mois de mai, mais elle vaut le coup d'oeil, et le feuillage est persistant tout le reste de l'année : que du bonus !

Mes excuses aux absentes de ces photos, pourtant bien présentes au jardin : les pervenches vinca, les premières scabieuses, les heuchères (désespoirs du peintre), ma première fleur d'arum hélas déjà mise à mal par les gastéropodes...

Et c'est pour bientôt : énormes boutons dans mon énooorme touffe de pavots d'Orient, bientôt aussi une première ancolie, plein de boutons sur les centaurées, le temps des sauges vivaces... J'espère que les averses ne vont pas venir me gâcher cette floraison tant attendue (et si fragile dans le cas des pavots).

--> Chronique "jardin"...

dimanche 3 mai 2015

De la littérature cubaine aux instantanés de voyage

Je viens de terminer l'excellent roman "L'homme qui aimait les chiens" de l'écrivain cubain Leonardo Padura. Pour poursuivre dans la veine cubaine, j'entends lire d'autres romans de cet auteur connu pour ses polars, et me refaire, pourquoi pas, un petit Eduardo Manet.

Si je dresse un petit récapitulatif de mes lectures cubaines, il reste du pain sur la planche, mais j'ai nombre d'ouvrages en réserve, notamment ceux récupérés à la sauvette sur le marché ou sous le manteau lors de mon voyage à Cuba en 1998, des livres alors (toujours ?) soumis à la censure.

Quelques instantanés de ce séjour à La Havane :



Et mes lectures cubaines :

  • Ampuero, Roberto (chilien) : Quand nous étions révolutionnaires **** (Nuestros aňos verde olive - 1999)
  • Arenas, Reinaldo : Avant la nuit/Antes que anochezca *****, Le portier, Celestino avant l'aube, Voyage à Cuba, Le monde hallucinant, Adios a mama,
  • Arufat, Antonio : Virgilio Piňera : entre el y yo 1994
  • Cabrera Infante, Guillermo : La Habana para un infante difunto 1979
  • Carpentier, Alejo : Le siècle des lumières ****, Concert baroque *** 1974, Le partage des eaux
  • Chavarria, Daniel : Adios Muchachos
  • Diaz, Jesus : Digale que si a su niňo
  • Garcia, Cristina (E-U) : Soňar en cubano *****
  • Greene, Graham (R-U) : Notre agent à La Havane ***
  • Guenassia, Jean-Michel (Fr.) : La vie rêvée d'Ernesto G. *** 2012 
  • Guttierez, Pedro Juan : Trilogie sale à La Havane
  • Hemingway, Ernest (E-U) : Le vieil homme et la mer *****
  • Lezama Lima, José : Paradiso 1968
  • Lunar, Lorenzo : La vie est un tango *** 2005 -
  • Manet, Eduardo : Rhapsodie cubaine *****, Mes années Cuba ****, Maestro, Habanera *****, Un cri sur le rivage, Un balcon sur les Andes*****, Le Fifre *** 2011
  • Menendes, Ana (E-U) : Che Guevara mon amour
  • Monénembo, Tierno (Guinée) : Les coqs cubains chantent à minuit 2015
  • Padura, Leonardo : Vientos de cuaresma 1994 Les brumes du passé, Mascaras 1997, L'homme qui aimait les chiens **** 2009, Adios Heminguay, Le palmier et l'étoile, Pasado Perfecto 1991, Electre à La Havane, L'automne à cuba, Mort d'un chinois à La Havane
  • Piňera, Virgilio : La carne de René
  • Rosales, Guillermo : Mon ange (Boarding home), El juego de la viola 1968
  • Sarduy, Severo : De donde son los cantantes 1968, Gestos 1963, Escritos sobre un cuerpo 1969, Big bang 1974, Colibri 1984, Cocuyo 1991
  • Suarez, Carla : Tropique des silences, La Havane année zéro
  • Valdes, Zoé : La douleur du dollar ****, Cafe Nostalgia *****, La nada cotidiana *** 1995, Te di la vida entera **** 1996, Sang bleu ***,  Querido primer novio 1999, Miracle à Miami, Louves de mer, Les mystères de La Havane,
(Légende / En noir : livres lus avec le nombre d'étoiles sur 5 en appréciation, et parfois chroniqués sur ce blog (en bleu), en vert : livres à lire...)

--> Autres "notes de lectures d'Amérique latine" et page "voyages"

samedi 2 mai 2015

L. Padura : "L'homme qui aimait les chiens" (Cuba)

***** "El hombre que amaba a los perros", 2009
Edition française : Métaillé, Trad. R. Solis & E. Zayas, 672 p.
Réf. géogr : Cuba / Mexique / Russie / France etc.

Comment décrire ce roman ? Un roman magistral, minutieux et passionnant qui nous plonge dans les pages rouges de l'histoire du XXe siècle.
En premier lieu, c'est fort bien écrit (et fort bien traduit !), ce qui est appréciable compte tenu de l'épaisseur de l'ouvrage. Et le roman révèle un travail de documentation titanesque, l'auteur ayant pioché aussi dans les archives déclassifiées pour relater les dessous terrifiants de l'histoire stalinienne.

Ensuite, je m'y suis personnellement attaquée car je poursuis mon cheminement sur les traces de Frida Kahlo, et tout livre abordant l'intimité de Trotsky croise à un moment donné l'intense artiste mexicaine. Ce fut le cas avec le roman "Viva" de Patrick Deville, lu récemment, qui s'articulait autour d'un duo peu probable, Trotsky et... Malcolm Lowry.

"L'homme qui aimait les chiens" trace les portraits ou plutôt déroule les vies, jusqu'à leur mort, de trois hommes : Léon Trotsky, son futur assassin le catalan Ramon Mercader, et un cubain meurtri par la vie, Ivan, ancien écrivain et pseudo vétérinaire, qui recueille certaines confessions de Ramon Mercader durant son exil à Cuba. Ce sont du reste là trois hommes qui partagent un amour pour les chiens, et qui au final mèneront une vie bien solitaire chacun "à sa façon" ou selon son histoire.

En parlant d'exil, le livre de Padura rend brillamment compte de l'exil sans fin auquel est condamné Trotsky, envoyé par Staline au fin fond du Kazakhstan, en Sibérie, puis chassé d'URSS, arrivant en Turquie, à nouveau sur la route en quête d'un asile, il transite par la Norvège, la France pour arriver à se poser au Mexique.
Le récit de cet exil permanent est époustouflant, et l'auteur a le don de se mettre dans la peau du banni de la planète (le "juif errant") pour exposer ses moindres pensées, ses craintes pour son entourage, ses espoirs de sauver la révolution russe, son combat acharné pour défendre ses théories, fonder une IVe internationale et braver les dérives de Staline alors en pleines purges. Jour après jour, mois après mois, Trotsky voit tomber ses anciens camarades, les membres de sa famille, les quelques amis qui lui étaient restés fidèles. C'est un homme incroyablement seul et traqué à mort.
"Le petit vapeur partit à neuf heures du matin. Coiffés de chapeaux, ils occupèrent la proue de l'embarcation pour jouir du paysage qu'offraient les deux moitiés d'Istanbul. Le regard de lev Davidovich essaierait cependant de voir au-delà des édifices, des églises pointues, des mosquées arrondies, il s'efforcerait de se retrouver lui-même dans cette ville où il n'avait aucun ami, aucun sympathisant fiable. Mais ce fut en vain. Il sentit que son exil commençait à cet instant précis : un véritable exil, sans limites, sans rien à quoi à se raccrocher. A part la famille et quelques rares amis qui avaient réaffirmé leur solidarité, c'était un homme incroyablement seul. (...) A chaque fois qu'il évoquerait ce matin d'apparence si paisible, Lev Davidovich se rappellerait qu'il avait éprouvé le besoin urgent de presser la main de Natalia Sedova pour sentir près de lui une chaleur humaine, pour ne pas étouffer d'inquiétude, harcelé par cette sensation d'égarement. Mais il se souviendrait aussi qu'à ce moment, il avait réaffirmé sa décision : même seul, son devoir était la lutte." (p.63)
En alternance, nous découvrons le parcours du jeune Ramon Mercader, idéaliste combattant dans la guerre civile espagnole contre Franco, qui se fera embrigadé par les communistes staliniens et formé par le NKVD pour devenir l'homme d'une mission : tuer Trotsky. La période de la guerre civile espagnole, des dissensions entre socialistes, anarchistes, communistes et du rôle de l'URSS est aussi remarquablement restituée. 
L'on suit Ramon Mercader façonné au fil des ans en différents personnages pour finir sous l'identité d'un belge (Jacques Mornard), en voyage d'affaires au Mexique, où par des machinations incroyables et prenant à coeur sa mission jusqu'à entretenir une liaison avec une américaine membre du comité de soutien à Trotsky, fadasse et laide qui l'insupporte nuit et jour. C'est par elle qu'il s'introduira subrepticement dans l'entourage de Trotsky alors réfugié dans sa maison fortifiée à Coyoacan, après sa rupture avec le couple Diego Rivera et Frida Kahlo. Quels sont les quelques moments de détente de Trotsky alors isolé de tous, seul avec sa femme Natalia et son petit-fils, et les gardes ? S'occuper de ses poules et lapins et collectionner les cactus... comme le dépeint si bien L. Padura.

La Habana vieja
Le point culminant du récit, l'assassinat de Trotsky, est raconté de façon terrible. Coups de piolet dans la tête, cervelle qui écume alors qu'il est toujours vivant, le cri abominable qu'il a poussé et qui aura au moins le mérite de hanter toute sa vie son meurtrier. Trotsky mettra deux jours à agoniser. 21 août 1940.

Leonardo Padura a vraiment donné corps à ces deux personnages, Trotsky et Mercader : c'en est glaçant.

En revanche, j'ai éprouvé un ressenti plus mitigé sur le troisième personnage, Ivan, qui au hasard d'une promenade sur la plage, croisera en 1977 le meurtrier en exil, Ramon Mercader.
Ce dernier, qui se fait vieux et souffre d'une étrange maladie le rongeant à petits feux, ne semble plus vivre que pour côtoyer ses deux lévriers barzoï. Un personnage devenu finalement pathétique, au point d'oser quelques confidences auprès du pauvre Ivan.
Je dis pauvre Ivan, car vraiment sa vie est jalonnée de malheurs, mais Leonardo Padura ne trouve-t-il pas au travers de la vie de ce malheureux le moyen de dénoncer les méfaits du socialisme à la cubaine ? Censure, pénuries, dénonciations, répression des homosexuels, pauvreté, la toile de fond cubaine du roman est sordide.

On ressort de cette lecture abasourdi : tant de haines, de manipulations, de trahisons ; les dessous de l'histoire sont terribles... Abasourdi donc mais aussi ébloui par la puissance narrative de cet ovni de la littérature. A quand une adaptation cinématographique ?

--> Autres "lectures d'Amérique latine" et la page récapitulative par pays "Littératures d'Amérique latine"

vendredi 1 mai 2015

1er "mai", 1er "ami"...

1er mai 2015...

Quoi de mieux que du muguet (merci Nathalie) et son "pet" favori ?
(Ah tiens le muguet a atterri dans la tasse Simpsons de l'ado : ce n'est que du provisoire avant transplantation au jardin ! Sorry Mardge, euh Bart...)
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