mercredi 30 décembre 2020

Les films au compteur de 2020 : "Les invisibles", "Corniche Kennedy", "A star is born", "Incendies"

Une petite chronique des principaux films regardés en 2020 mais pas forcément "estampillés 2020".
Si je devais choisir LE film de cette année, pour moi, ce serait "Corniche Kennedy"... mais suivi de très près par "A star is born" (ben oui, musique et romance, je craque).

😍 Corniche Kennedy de Dominique Cabrera (Fr., 2017) avec Lola Creton, Aïssa Maïga, Moussa Maaskri, Alain Demaria, Kamel Kadri, Cyril Brunet
Absolument génial, intense, inoubliable... Tourné avec des acteurs non professionnels (sauf Lola Creton et Aïssa Maïga, actrices professionnelles), de jeunes ados Marseillais qui plongent depuis la corniche au risque de leur vie. Voilà leur fureur de vivre. Un film vraiment génial, d'après le roman de Maylis de Kérangal (une écrivaine que j'apprécie énormément), 
Je recommande vivement ce film qui a énormément marqué mon année ; les bonus sont passionnants, qui racontent le parcours de ces jeunes retenus pour jouer dans le film, le tournage, leur participation à la présentation du film dans les festivals...
Un film d'une exceptionnelle intensité, prenant de bout en bout.
Rien qu'en y repensant, j'entends sous un soleil de plomb le clapotis de l'eau, le bruit des scooters, le rap de la bande son composée par l'un des jeunes acteurs, le "1 2 3 " avant de sauter...

😍 Les invisibles de Louis-Julien Petit (Fr. 2019) avec Audrey Lamy, Corinne Masiero, Noémie Lvovsky, Deborah Lukumuena
Quel film...  Une pépite d'humanité. Interprétation magistrale, des comédiens professionnels et des femmes qui connaissent la rue, qui elles aussi, se sont retrouvées, un jour, "invisibles". Propos tellement fort. Touchant, mais aussi drôle... Un film vraiment formidable.
Les tribulations d'un foyer d'accueil de jour pour femmes SDF, et la ténacité des responsables du foyer pour aider ces femmes à se remettre sur la voie du travail. 

😁Les roseaux sauvages d'André Téchiné (Fr. 1994) avec Elodie bouchez, Gaël Morel, Stéphane Rideau, Michèle Moretti, Jacques Nolot, Eric Kreikenmayer
Très beau film... Remarquablement filmé et interprété. Une œuvre forte, en partie autobiographique. 
France, 1962, la guerre d'Algérie déchire le pays. Des adolescents qui préparent le baccalauréat s'éveillent à la politique et aux sentiments. L'un découvre son homosexualité. 
Le jeu des acteurs est intense.

😀 Everybody knows de Pedro Almodovar (Espagne, 2019) avec Penélope Cruz, Javier Bardem 
Vraiment excellent. 
Secrets de famille en Espagne. une gamine kidnappée en fait par la parenté qui veut extorquer une rançon à Penélope Cruz exilée en Argentine mais, ce que la famille ignore, ruinée. 
Almodovar grandissime.
Pénélope Cruz merveilleuse.

😏J'accuse de Roman Polanski (Fr. 2019) avec Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner, Grégory Gadebois, Mathieu Amalric, Melvil Poupaud, Vincent Perez...
Alors, un film intéressant pour les détails de l'enquête conduite autour du "bordereau" trafiqué par Esterházy, qui conduisit le capitaine Dreyfus au bagne, dégradé. Mais le scénario tourne entièrement autour de l'homme qui mène cette enquête, le lieutenant-colonel Picquart, et le film se déroule quasi exclusivement dans le milieu militaire, avec très peu d'aperçus de l'impact de "l'affaire" sur la société française et la vie politique, déchirées entre dreyfusards et antidreyfusards. Jean Dujardin est de tous les plans et incarne impeccablement le colonel, mais je ne pouvais m'empêcher de traquer les tics d'OSS 117 derrière le personnage. Le film est fort bien documenté, à tel point qu'il vaut mieux rester concentré pour ne pas parfois perdre pied. Un point fort : les reproductions filmées de scènes célèbres de l'époque, le déjeuner sur l'herbe de Manet, les folies bergères de Toulouse-Lautrec, les reproductions des journaux... Le film représente finalement un documentaire intéressant sur l'enquête qui a mené à la réhabilitation du capitaine Dreyfus, détaché de toute considération sur les violents clivages qui ont agité la société durant ces douze ans. 

😍 A star is born de Bradley Cooper (EU, 2019) avec Lady Gaga, Bradley Cooper
Je sais, mon côté fleur bleue puissance 1 million. Tellement adoré que j'ai fini par acheter le DVD afin de le revoir au moins 5 fois d'affilée... La B.O. est dans mes écouteurs, je suis fan, je redeviens fleur bleue en regardant ce film. Bluffée par Lady Gaga que je ne connaissais quasi que par son tube Bad Romance (excellent du reste) et ses tenues extravagantes dans ses clips... Gaga, je vous aurais donné l'Oscar sans hésiter. Et bluffée par Bradley Cooper, qui a appris la guitare et le chant pour ce film et s'en sort avec tous les honneurs, coaché par Lukas Nelson, le fils du grand bluesman Willie Nelson. Et puis Bradley... dont c'est le PREMIER film en tant que réalisateur : moi je dis chapeau bas !

😞 A star is born /1976 de F. Pierson, (EU, 1976) avec Barbra Streisand et Kris Kristofferson
Pas pu m'empêcher de revoir cette version dans la foulée : eh bien vraiment pas le coup de foudre, trouvée insipide, sauf pour les tenues seventies sympas des acteurs 😉

😀 Une valse dans les allées / In den Gängen de Thomas Stuber (All, 2018) avec Sandra Hüller (l'actrice de "Toni Erdmann"), Peter Kurth, Franz Rogowski
Beaucoup de poésie se dégage de ce beau film qui a pour décor... un hypermarché hard discount quelque part en Allemagne. Je n'ai jamais vu de magasin aussi gigantesque, sorte d'entrepôt libre service, où l'on aperçoit de très rares clients dans les allées désertes. Le personnel va et vient pour rapprovisionner les rayons. Bruno se charge de former Christian à la conduite du chariot élévateur au rayon boissons, Marion s'occupe du rayon confiserie. Petit à petit, devant la machine à café, Christian le taiseux et Marion la mélancolique brisent la glace. En filigrane, la vie souvent triste ou banale des employés, comme Bruno, qui se réchauffent la journée au contact de leurs collègues avant d'affronter leur solitude le soir.
La bande son est superbe, et l'image de grande qualité, qu'il s'agisse de filmer le parking du magasin la nuit ou les cohortes de camions routiers sur l'autoroute au petit jour.  

😁 Un amour impossible de Catherine Corsini (Fr. 2018) avec Virginie Efira, Niels Schneider, Iliana Zabeth 
C'est une excellente adaptation du roman de Christine Angot. Virginie Efira déploie un talent fou. J'apprécie de plus en plus cette actrice, qui m'avait déjà impressionnée dans Victoria. 

😍 Coco de Lee Unkrich & Adrian Molina (EU, 2017)
Formidable dessin animé des studios Pixar/Disney, une pépite !!! un petit chef d'œuvre d'animation ! 💚💀Festival de couleurs, de musique, d'humour, de tendresse et de poésie, sublime restitution de la fête des morts au Mexique

😂 Aya de Yopougon de Marguerite Abouet & Clément Oubrerie (France 2013) avec les voix d'Aïssa Maïga, Tatiana Rojo, Tella Kpomahou
Un dessin animé aussi bon que les BD qui l'ont inspiré, qui dépeint la vie dans les années '70 d'un quartier d'Abidjan, Yopougon, autour du personnage d'Aya, jeune fille de 19 ans le nez dans les études pour devenir médecin, tandis que ses copines Adjoua et Bintou ne jurent que par les soirées au maquis et la chasse au mari.
C'est absolument délicieux, et tellement drôle ! Un petit bonheur ce dessin animé...

😃 Green Book / Sur les routes du Sud de Peter Farrelly (EU, 2019) avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini 
Très bien.  Un italo-américain raciste, Tony Vallelonga, devient le chauffeur et garde du corps du pianiste de jazz noir Don Shirley lors de sa tournée dans le Midwest et le Sud des EU, dans les années '60. Ils doivent, dans cette Amérique ségrégationniste, respecter les recommandations de voyage du "Negro Motorist Green Book" et ne fréquenter que les lieux autorisant les personnes de couleur. Attention aux sundown towns... Tout d'abord distants et méfiants l'un de l'autre, les deux hommes se rapprochent, échangent sur leurs familles respectives : un frère oublié pour l'un et une femme adorée pour l'autre. Tandis que le musicien dicte à son chauffeur les belles lettres destinées à sa femme restée à NY, l'ancien videur raciste prend conscience du talent de Don et de la discrimination honteuse qu'il subit, en tant que Noir (et homosexuel).
Evidemment, que j'ai versé ma petite larme à la fin.

😂 Les crevettes pailletées de Cédric Le Gallo & Maxime Govare (Fr., 2019) avec Nicolas Gob, Alban Lenoir, Michaël Abiteboul
Drôle ! De la même veine que "Le grand bain". D'après l'histoire vraie d'une équipe de water-polo gay participant aux Gay Games en Croatie. Bonne rigolade en famille, mais j'admets être très bon public dès qu'il s'agit de rire.

😊 Tel Aviv on fire de Sameh Zoabi (palestinien, 2019) avec Kais Nashif, Lubna Azabal, Yaniv Biton
Le conflit israélo-palestinien abordé de façon incongrue avec beaucoup d'ironie et d'humour. Et c'est une belle leçon de cinéma "au-dessus de la mêlée". L'histoire est celle d'un Palestinien embauché comme petite main sur la réalisation d'un soap arabe, qui, en se rendant au tournage, est arrêté au check-point israélien. Le quidam ose alors, face à l'officier juif dont l'épouse est folle de cette série palestinienne, se faire passer pour le scénariste... C'est l'engrenage, à chacun de ses contrôles au checkpoint, l'officier l'attend pour l'amener à faire évoluer le scénario en fonction des attentes de son épouse. 
Franchement, un film très bien très drôle !
Et le houmous occupe une place clé dans le film...

😊 Exodus d'Otto Preminger (EU, 1961) avec Paul Newman, Eva Marie Saint, Ralph Richardson
Pas revu depuis des lustres. Culte. Waouh Paul Newman, oublié qu'il était si beau...
La fondation de l'Etat d'Israël, l'opposition entre deux mouvements juifs, l'un pacifiste (la Hagana), l'autre terroriste (l'Irgoun), certes avec certaines libertés par rapport à l'Histoire, mais un beau grand moment de cinéma, habité par une bande son exceptionnelle (composée par Ernest Gold).

😊 Amanda de Mikhael Hers (Fr. 2018) avec Vincent Lacoste, Isaure Multrier, Stacy Martin, Ophélia Kolb, Marianne Basler, Greta Scacchi
Un jeune adulte, le parfait exemple de l'adulescent, contraint de devenir le tuteur de sa nièce de 7 ans dont la mère, sa soeur, est décédée dans un attentat. 
Superbement joué, Vincent Lacoste est vraiment un sacré acteur... La gamine est également très attachante. Un film fort touchant.
(clin d'oeil à la phrase « Elvis has left the building » annoncée à la fin des concerts du King pour calmer les fans et signifier que tout était terminé et qu'ils devaient partir...)

😊 Première année de Thomas Lilti (Fr. 2018) avec Vincent Lacoste, William Lebghil, Alexandre Blazy
Très très bien. 
La vie d'un étudiant en 1re année de médecine : ,j'ai trouvé cela édifiant et pensé à tous les professionnels de santé passés par ce parcours du combattant, dont un certain nombre de mes amies. Le réalisateur, lui-même diplômé de médecine, pointe l'une des causes probables des déserts médicaux actuels.
Bon, je me répète, mais Vincent Lacoste prouve qu'il peut tout jouer, il est incroyable. Mais comment fait-il pour enchainer tous ces tournages (cf. Amanda ci-dessous, aussi sortie en 2018) ?

😊 Qui a tué Lady Wesley ? de Hiner Saleem (Turquie/FR./Belg., 2018) avec Mehmet Kurtulus, Ezgi Mola, Ahmet Uz 
Film turc filmé dans une ambiance désuète à la Agatha Christie
Sorte de huis-clos sur une île au large du Bosphore, face à Istanbul, où tout le monde (turc) est cousin et hostile aux étrangers à l'île. Une romancière (américaine) y est assassinée... Un inspecteur (kurde) dépêché sur les lieux. Il s'installe dans l'hôtel du village, tenu par une belle femme (turque)...
On a l'impression que l'action se passe dans un autre temps, aussi, quand soudain l'inspecteur consulte son portable, j'ai pensé à un anachronisme tant on aurait dit que le temps s'était arrêté sur cette île. 
Seul bémol : une telle kyrielle de personnages que l'on s'y perd un peu...

😃 States of Grace de Destin Daniel Cretton (EU, 2013) avec Brie Larson, John Gallagher Jr., Stephanie Beatriz
Dans un foyer d'accueil pour ados, Grace, enceinte de son chum, se démène pour venir en aide à des ados paumés, dont l'une la renvoie à sa propre histoire quand, adolescente, elle fut violée par son père et contrainte d'avorter. Un petit film indépendant d'une grande sensibilité et portée par des interprètes formidables, à commencer par Brie Larson, extraordinaire.

😃 La chute de l'empire américain de Denys Arcand (Canada, 2019) avec Alexandre Landry, Marie-Pier Morin, Rémy Girard, Louis Morissette
Troisième et dernier volet de la trilogie initiée avec Le déclin de l'empire américain (1986, la claque !) et Les invasions barbares (2003), on retrouve deux des compères : Rémy Girard et Louis Morissette.
A partir d'une histoire un peu tirée par les cheveux (on pourrait se croire dans un film des frères Coen), le film est une satire (sympa) sur l'empire de l'argent. D'entrée de jeu, l'intelligence est décrite comme un handicap et l'argent comme l'unique clé du bonheur. Alors Pierre-Paul, thèse de philo mais chauffeur-livreur, va s'emparer sans plus réfléchir du butin d'un hold-up sanglant auquel il a assisté. Gloups, c'est là que ça se complique, que faire de ces millions, un patachon comme lui ??? Il s'amourache d'une escort girl, fait appel à un ancien taulard reconverti dans "l'optimisation fiscale", et la cavale commence. Des moments drôles, mais pas un film culte comme l'est "Le déclin..." qu'on se plait toujours autant à voir et revoir. Quand même très sympa de revoir Montréal en film. NB : j'ai été plutôt surprise de l'allusion à des quartiers de no go pour la police... 

😅 
Incendies 
de Denis Villeneuve (Canada, 2010) avec Rémy Girard, Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin
Film  inspiré de la pièce de théâtre de Wajdi Mouawad, elle-même inspirée de la vie de Souha Bechara.
Plongée en apnée dans ce drame de la guerre du Liban qui place le spectateur au coeur des terribles affrontements entre chrétiens et musulmans. La réalisation et le scénario sont tels que l'on ne connaît aucun répit durant les deux heures de cette âpre mais captivante tragédie.
Le film débute la quête identitaire de deux jeunes québécois à la suite du décès de leur mère, Nawal, et déroule l'histoire dans une contrée en proie aux tensions religieuses, de cette femme, chrétienne, amoureuse et enceinte d'un jeune musulman que ses frères tuent devant ses yeux au nom de l'honneur de la famille. Nawal est bannie car devenue la honte de la famille, et son bébé confié à un orphelinat. Honneur bafoué, haine... le film nous montre le cheminement de Nawal d'abord mère en quête de son fils abandonné, puis terroriste, et prisonnière. Le calvaire enduré dans sa minuscule geôle, violée et battue par un tortionnaire redoutable, Abou Tarek, la pousse à chanter pour résister. "La femme qui chante" tombe enceinte de son tortionnaire et accouche de deux jumeaux qui lui sont retirés. 
A sa sortie de prison quinze ans plus tard, elle récupère ses deux enfants et s'exile au Québec. 
Impossible de raconter la fin sans gâcher le mystère, qui met KO...
Un film d'une rare densité porté par des acteurs au jeu parfait.

😏 Le chant du loup d'Antonin Baudry (Fr. 2019) avec François Civil, Omar Sy, Mathieu Kassovitz, Reda Kateb
Pas seulement un film d'action dans le monde du silence, à l'écoute du moindre petit son de sous-marin, mais aussi une démonstration sur la dissuasion à la française, du faible au fort, qui repose sur ses sous-marins nucléaires lanceurs d'engins. J'ai été bluffée et même secouée par les détails révélés par le scénario, écrit par cet ancien diplomate qui avait déjà officié sur l'excellent (mais beaucoup plus léger) Quai d'Orsay.
La fin, euh, que dire sinon qu'on est franchement sonné. Mr President, please think twice before pushing the button...

😀 Sous surveillance / The company we keep (EU, 2012) de et avec Robert Redford, Susan Sarandon, Shia Labouf et Julie Christie.
Avant, dans les années soixante-dix, ils appartenaient au mouvement radical d'extrême gauche US Weather Underground et fomentaient des attentats pour protester contre la guerre du Vietnam. 
A présent, ils ont refait leur vie sous une nouvelle identité de bons pères de famille. 
Jusqu'à ce que le FBI et un journaliste persévérant ne commencent leur traque. On ne peut enterrer ses anciens idéaux si facilement et se forger une nouvelle vie toute clean.
Bon film. 

😅 Deepwater de Peter Berg (EU, 2016) avec Mark Wahlberg, Kurt Russell, Gina Rodriguez, John Malkovich, Dylan O'Brien, Kate Hudson
L'explosion de la plate-forme pétrolière BP Deepwater Horizon en Louisiane en 2010, immense catastrophe écologique. Le film souligne la bêtise de la compagnie pétrolière uniquement concentrée sur l'aspect financier et la résistance d'une poignée d'ouvriers. C'est édifiant. Une reconstitution minutieuse parait-il de la plateforme, un gros travail documentaire, et des effets spéciaux phénoménaux. Oups, ça fait froid dans le dos.

😐 Arctic de Joe Penna (Islande, 2018) Avec Mads Mikkelsen, Maria Thelma Smáradóttir,
Peu de dialogue, paysage impressionnant. Seulement deux acteurs dans un huis-clos into the Arctic wild world. Un film de survie glaçant bien sûr, mais qui tient en haleine.
Réalisé par un jeune vidéaste brésilien !

😅 The Shallows / Instinct de survie de Jaume Collet-Serra (EU, 2016) avec Blake Lively
Autre film de survie, cette fois-ci dans l'eau et l'ours féroce est remplacé par un vilain requin blanc. Une touriste américaine, seule, dans une crique perdue au Mexique, décide de... se faire une petite sortie de surf ! Je ne connaissais pas Blake Lively hormis qu'elle était mariée à je ne sais plus qui. Eh bien, j'ai tremblé tout le long avec elle dans son combat de dents de la mer. Pas ennuyée un instant, pas eu le temps tant je tremblais de me faire bouffer un bras. Bref, un moment intense ! Mais  un one shot pour moi, pas le type de film que je prendrai grand plaisir à revoir.

😏 Un divan à Tunis de Manele Labidi (Tunisie, 2019) avec Golshifteh Farahani, Majd Mastoura
Alors que la jeunesse tunisienne rêve de partir à l'étranger, Selma laisse Paris pour retourner à Tunis au lendemain de la Révolution et installer au débotté son petit cabinet de psychanalyse, sur un toit terrasse. Elle mise sur le besoin de s'épancher d'une population qui émerge de tant d'années bâillonnée. Un petit film plein de fraîcheur qui donne lieu à des situations parfois cocasses et a le mérite de nous plonger dans la Tunisie d'aujourd'hui, les jeunes, les vieux, les femmes, les jeunes femmes, la coiffeuse, l'administration, la corruption, les forces de l'ordre... Et des clins d'oeil à la relation particulière qui lie le pays à la France.

😏 Black Panther de Ryan Coogler (EU 2018) avec Chadwick Boseman, Lupita Nyong'o, Danai Gurira, Martin Freeman, Michael B. Jordan
Tout d'abord, je ne suis absolument pas familière de l'univers de Marvel. Black Panther, je n'en avais jamais entendu parler. J'ai d'emblée été captivée par ce film, d'abord par sa qualité visuelle, images, effets spéciaux déments, couleurs, costumes. D'ordinaire plutôt peu réceptive aux films de science fiction ou d'anticipation, là j'ai plongé dans l'environnement du Wakanda, et me suis laissée emporter par le fil rouge de l'histoire, l'opposition entre un roi wakandais du cru et un challenger exilé des Etats-Unis, sur fond de mainmise sur la richesse unique de ce pays, le vibranium, qui l'a rendu autosuffisant en tout et technologiquement en avance sur le reste du monde. A tel point que pour se protéger des prédateurs, le Wakanda se dissimule du mieux qu'il peut aux yeux du monde. Cet aspect m'a scotchée.
Voilà, un bon moment de divertissement, que j'aurais aimé voir au cinéma tant les effets sont fantastiques.

😐 Victoria de Justine Triet (Fr. 2016) avec Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud
Ok... Une comédie sympathique, ce n'est pas un chef-d'œuvre mais un bon divertissement.
Virginie Efira joue bien ! 

😑 Mes vies de chien de Lasse Hallström (EU, 2017) Avec Britt Robertson, K.J. Apa, John Ortiz, Dennis Quaid
Bon j'aime les chiens mais ce film n'est vraiment pas inoubliable... Suis du reste la seule de notre dogfriendly family à avoir daigné le regarder. L'histoire d'un toutou réincarné tour à tour en berger allemand, golden retriever ou labrador... auprès de différents maîtres. 

😐 Mr. Holmes de Bill Condon (GB, 2016) avec Ian McKellen, Laura Linney, Milo Parker
ok...
En 1947, Sherlock Holmes est à la retraite dans sa propriété de campagne, où il veille avec passion sur ses ruches. Néanmoins, il se fait vieux, perd un peu la mémoire, et s'obnubile autour d'une vieille affaire qu'il n'a jamais pu résoudre. Il trouve un appui dans cette enquête en le jeune fils de sa gouvernante, un petit détective en herbe. Si l'histoire est un brin tirée par les cheveux, l'amitié entre le vieil enquêteur, so British, et le garçonnet, ainsi que la très belle réalisation, avec des images sublimes de la campagne anglaise, peuvent mériter le détour. 

😀 Sing street de John Carney (Irlande 2016) avec Ferdia Walsh-Peelo, Lucy Boynton, Jack Reynor
Très bien ! Plongée dans le Dublin des années '80, plein de grisaille, sur fond de crise économique et d'un carcan social et culturel très prégnant (divorce interdit, méthodes éducatives archaïques, furtive évocation de pédophilie...).
C'est l'histoire de Conor, quinze ans, dont les parents ne peuvent plus payer la scolarité privée et qui se trouve contraint d'intégrer l'école publique Christian Brothers School dirigée par le tyrannique frère Baxter. Pour faire l'intéressant auprès d'une fille, Raphina, Conor prétend être chanteur et doit monter en toute catastrophe un groupe de rock. Une bande de collégiens disparates fera l'affaire, mais finalement leur motivation s'avère réelle et à force de travail et répétitions, et d'organisation sous la houlette d'un apprenti manager de 14 ans, les gamins écrivent plusieurs chansons et bricolent le tournage de clips dans lesquels Raphina fait office de "model". Outre l'éducation sentimentale des deux jeunes, tendrement filmée, le film met en lumière l'éclatement de la cellule familiale de Conor, dont les parents se déchirent, et l'appel du large que représente l'eldorado anglais pour la jeunesse irlandaise.
Et puis enfin, Sing Street offre une bande son géniale qui ne peut que ravir les nostalgiques des années '80 : Duran Duran, Hall and Oats (Maneater), The Cure, Joe Jackson, "Pop Musik"... ainsi que de très bonnes compositions originales.

😐 Cézanne et moi de Danièle Thompson (Fr. 2016) avec Guillaume Gallienne, Guillaume Canet, Alice Pol 
Intéressant du point de vue de l'amitié entre Cézanne et Émile Zola, le chemin vers le succès de l'écrivain alors que le peintre ne rencontre que déception, chemine vers l'amertume, devient acariâtre... Cézanne était-il vraiment aussi antipathique que dépeint dans ce film ? Probablement.  Je l’ignorais. Cézanne et ses pommes... Seul le dernier tableau qu'il peignait dans le film m'a plu, dois-je admettre.

😐 Entre ses mains d'Anne Fontaine (Fr., 2005) avec Isabelle Carré, Benoît Poelvoorde, Jonathan Zaccaï, Valérie Donzelli
Thriller. Un vétérinaire tueur en série et une agent d'assurance. Prenant

😞 Douleur et gloire de Pedro Almodovar (Espagne, 2019) avec Antonio Banderas, Asier Etxeandia, Leonardo Sbaraglia
Euh, d'abord c'est longuet, ensuite... c'est vraiment très très longuet
Point fort : le décor très années seventies de l’appartement, kitschissime ! 
Un film peut-être à réserver aux inconditionnels du cinéaste, qui découvriront ainsi des pans de sa vie inattendus (en ce qui me concerne) : accablé de moult douleurs physiques (migraines, dos, etc.), sujet à des accès de profonde mélancolie, rongé par le regret et le souvenir d'amours passées.

😌 La historia oficial de Luis Puenzo (Argentine, 1985), avec Norma Aleandro, Héctor Alterio, Hugo Arana
Alicia, professeur d'histoire dans un lycée de Buenos Aires, en 1983, s'évertue ou s'entête à enseigner l'histoire officielle qui sied parfaitement à sa condition de femme de la bourgeoisie mariée à un homme d'affaires et mère d'une petite fille, aveugle aux critiques contre la dictature de Videla. Certains de ses élèves questionnent la véracité de l'histoire officielle véhiculée dans les manuels. Alicia nie fermement puis le doute s'insinue, renforcé par les confidences d'une amie torturée par la junte. Elle ne peut plus ignorer les Grands-mères de la Place de Mai qui croisent sa route pancarte au bras, et commence à enquêter sur l'adoption de sa petite fille, subodorant qu'il s'agisse d'une enfant volée à un couple de desaparecidos.
Un film politique dont on ne peut être indifférent au propos, mais à la réalisation souffreteuse.
Oscar du meilleur film étranger

😔 Neruda de Pablo Larraín (Chili, 2016) avec Luis Gnecco, Gael García Bernal, Alfredo Castro, Mercedes Morán
En 1948 au Chili, le jeu du chat et de la souris entre Neruda, sénateur très critique envers le gouvernement, accompagné de son épouse la peintre Delia del Carril, et l'inspecteur Óscar Peluchonneau chargé de l'arrêter.
Le scénario : franchement bof, je me suis vite perdue dans ce film qu'on a décrit comme onirique, borgésien, flamboyant etc.. Je reconnais au film des images soignées et une grande poésie qui se dégage de la réalisation, et confesse mon étonnement de découvrir le portrait inattendu pour moi du futur prix Nobel de littérature en poète décadent et lubrique (voyons donc, je ne le voyais pas ainsi), Néanmoins le film m'a paru globalement foutraque.

😐 I feel Good de Benoît Delépine & Gustave Kervernxx (Fr. 2018) avec Jean Dujardin, Yolande Moreau, Joseph Dahan
Comédie sympathique portée par le duo attachant J. Dujardin/Y. Moreau. Disons que Yolande est attachante en directrice d'une communauté Emmaüs, tandis que son frère, campé par Jean, est un minable opportuniste prêt à tout pour créer sa start-up et décocher le jackpot. Il monte ex nihilo une entreprise de "relifiting" promettant aux collègues naïfs et cabossés de la communauté un miracle esthétique dans une clinique de Bulgarie qui les transformera en créatures de rêve, moyennant leurs économies. La fin est très inattendue. Tel est pris qui croyait prendre, Dujardin, victime d'un accident en Bulgarie, subit une reconstruction faciale réalisée à partir d'une photo de l'Abbé Pierre. 
A son retour au sein de la communauté Emmaüs, il réalise que la beauté était chez les gens et que l'apparence est vanité... 

😏 Woman in Gold / La femme au tableau de Simon Curtis (GB, 2015) avec Helen Mirren, Ryan Reynolds, Daniel Brühl, Katie Holmes
Trouvé ce film divertissant mais surtout très intéressant car inspiré de l'histoire de Maria Altmann, juive rescapée de la shoah, qui défie l'Autriche de lui rendre des tableaux de Klimt dont sa famille a été spoliée, en particulier le portrait de sa tante Adèle Bloch-Bauer (tableau renommé La femme en or par le Musée du Belvédère à Vienne pour dissimuler l'origine juive). Elle est soutenue par l'avocat Randol Schönberg, petit-fils du compositeur Schönberg.
Certes, je suis tombée amoureuse des tableaux de Klimt à l'aube de mes vingt ans, donc mon appréciation est probablement biaisée.

😐 Une séparation de Asghar Farhadi (Iran, 2011) avec Leila Hatami, Payman Maadi, Shahab Hosseini
Thriller psychologique à Téhéran... L'épouse veut s'exiler pour offrir un avenir à leur fille tandis que le mari entend rester pour soutenir son père atteint d'Alzheimer et malade. Alors ils se séparent, s'opposent et la garde de leur fille entre en jeu. Lui engage une aide ménagère pour s'occuper de son père, ignorant que cette femme pauvre et sous l'emprise d'un mari violent qui s'épuise à venir de l'autre bout de la ville est enceinte. Bousculade dans l'appartement, il la fait tomber. Fausse couche. Procès.
A la séparation entre le couple se superpose au cours du procès une séparation entre deux classes sociales. Interprétation remarquable. Oscar et ours d'or 2011.

😏 A propos d'Elly de Asghar Farhadi (Iran, 2009) avec Taraneh Alidoosti, Golshifteh Farahani, Shahab Hosseini
D'abord j'ai pensé au "Déclin de l'empire américain", pour cette ambiance de couples et amis en weekend. Le début est léger et joyeux : les couples dont certains avec enfants ont prévu un weekend dans une villa au bord de la mer caspienne. Tous rient, échangent des souvenirs, nettoient de bon cœur la villa poussiéreuse. Fin de la 1ere partie. La suite est angoissante : qu'est devenue Elly, l'amie institutrice célibataire (finalement pas tant que ça), dernièrement aperçue surveillant les gamins au bord d'une mer très agitée ? J'avoue que le suspense est total, et que durant toute cette 2e partie, on se demande si Elly a vraiment pu se noyer ou si elle n'est pas retournée en catimini à Téhéran.
Donc un film au suspense maîtrisé, aux dialogues enlevés qui révèlent les failles de la vie de couple, que ce soit dans l'Iran contemporain ou ailleurs, avec des acteurs parfaits, mention spéciale à Golshifteh Farahani qui est plus que parfaite (honnêtement, quelle formidable actrice...), et les paysages impressionnants de la région autour d'une mer caspienne déchainée. 
Pour ceux qui s'attendent à une peinture plus approfondie de la société iranienne, seules des bribes disséminées ici et là apporteront quelques indices.

😪 Les sept jours / Shiv'ah de Shlomi Elkabetz & Ronit Elkabetz (Israël 2008) avec Ronit Elkabetz, Albert Illouz, Yaël Abecassis, Simon Abkarian, Hanna Laslo, Moshe Ivgy, Keren Mor, Alon Aboutboul, Evelyne Hagoel, Rafi Amzaleg, Hanna Azoulay Hasfari...
Sur fond de guerre du Golfe (1991) et d'alertes aux bombardements de Saddam Hussein, une (grande) famille israélienne se réunit pour observer le deuil traditionnel de sept jours dans la maison du défunt. Au fil des jours, les uns prennent certaines libertés avec les coutumes pourtant très strictes du deuil, rabroués par les autres, puis franchement c'est la cata dans cette famille où tous finissent par cracher leur haine, leurs jalousies refoulées, leurs secrets de famille. Le grand déballage bien cruel et bien cru.
Euh, comment dire, déjà tant de personnages que j'en confondais beaucoup, ensuite, mazette, les coutumes du deuil juif, pour qui n'en est pas familier, c'est une découverte qui impressionne... et le film les met en exergue tout du long mais en montrant en parallèle les travers des uns et des autres, l'hypocrisie, les ressentiments, les convoitises, les règlements de comptes très amers... Alors au bout du compte on regarde ce film empreint d'un malaise croissant, que la fin ne soulage pas. Mais on est soulagé que l'épreuve soit finie.

😉 Operation Petticoat de Blake Edwards (EU, 1959) avec Cary Grant, Tony Curtis, Joan O'Brien
Pendant la deuxième GM, des machos de l'US Navy aux prises avec des femmes soldates qu'ils ont sauvées d'une île dans le Pacifique. Chacune d'entre elles prend ses quartiers sur le sous-marin, perturbant l'ordre masculin établi. Et le sous-marin finira même repeint en rose ! Pink submarine.
Pas du meilleur Blake Edwards, qui signe un petit film drôle-désuet-charmant mais avec tout de même un bon coup de vieux. 

😠 Chambre 212  de Christophe Honoré (Fr. 2019) avec Chiara Mastroianni, Benjamin Biolay, Vincent Lacoste, Camille Cottin
Absolument pas accroché à cette histoire de couple qui bat de l'aile entre Chiara Mastroianni (qui passe une partie du film à poil, surprenant) et Benjamin Biolay. Je me suis rarement autant ennuyée au cinéma, à tel point que j'ai réellement piqué du nez et ma voisine aussi !

😕 Parasite de Bong Joon Ho (Corée du Sud, 2019) avec Song Kang-Ho, Woo-sik Choi, Park So-Dam
Euh, suis gênée de dire que je n'ai pas apprécié ce film auréolé de prix.
Je ne critique pas la satire de la société coréenne au travers de l'opposition de classe entre les deux familles, les maîtres de maison et les servants. Non, j'ai juste été déroutée par la violence débridée du film dans un crescendo hallucinant, jusqu'à une fin digne d'Orange mécanique, qui m'a causé autant de hauts le cœur. 
Interprétation néanmoins excellente. Mais pour moi un film qui fait trop froid dans le dos.

😕Happy Together de Wong Kar-Wai (Hong Kong, 1997 reprise 2017) avec Tony Leung Chiu Wai, Leslie Cheung, Chen Chang - Prix de la mise en scène Cannes 1997
Deux homosexuels hongkongais en exil en Argentine, qui se déchirent. 
L'histoire me semblait intéressante mais les deux protagonistes ont passé tout le film à se HURLER dessus à tel point que, pour échapper au stress de ces cris et disputes incessants, j'ai choisi d'abandonner le visionnage. 
Franchement, c'est rare qu'un film finisse par m'épuiser à ce point.

😠 Youth de Paolo Sorrentino (It., 2015) avec Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz
Oh la la, tellement ennuyeux, pour ne pas dire "chiant"... 
Trop de blabla égocentrique. Pas tenu jusqu'à la fin.

😠 Le daim de Quentin Duprieu (Fr., 2019) avec Jean Dujardin, Adèle Haenel.
Vraiment pas réussi à m'intéresser à ce film concentré sur un personnage, joué par Jean Dujardin, et sa veste en daim à franges. Abandon à un tiers du film.

😠 Mamma Mia 2 : Here I go again d'Oliver Parker (EU, 2018) avec Lily James, Amanda Seyfried, Meryl Streep, Colin Firth, Pierce Brosnan, Cher, Andy Garcia
Mince, j'avais bien aimé le premier opus - qui n'aime pas les tubes d'Abba ni Meryl Streep ? 
Mais cette suite (disons le début de cette suite) m'a paru si désastreuse que je me suis résolue à interrompre après 15 minutes.

samedi 12 décembre 2020

A la chasse au blob

Les bouleaux en forêt de Sénart
Ce dimanche après-midi, j'ai décidé de partir à la chasse au blob.
Chien : "ok "
Mari : "Ah bon, c'est quoi ça ? "

Explication très très succincte : le blob est une créature fascinante et mystérieuse. Unicellulaire, sans cerveau, sans yeux, sans oreilles, sans neurones, sans système nerveux... il est intelligent, il se déplace (1 cm/heure) en optimisant ses parcours, il a de la mémoire... Il est jaune, ressemble à du petit vomis de chien ou à un champignon colonisant une souche vermoulue. 
Son petit nom : Physarum polycephalum.

Je pense en avoir vu un UNE FOIS dans mon jardin il y a plusieurs mois, sans savoir ce que c'était alors que cette chose bizarre, qui m'avait fait penser à un petit vomis gélatineux. Ca m'avait vraiment interpelée.
Pas de blob ? Ceci ressemble plutôt à un champignon 
en forme de petit cervelet 
jaune d'or...
(En tout cas, truc très intéressant qu'il faudra que j'analyse)
En temps normal, j'aurais passé la journée avec lui, à le photographier, lui causer et lui faire des papouilles. Mais hélas je devais être prise par d'autres impératifs ce jour-là. Si j'avais su... Si au moins je l'avais pris en photo...

Donc aujourd'hui, promenade en forêt de Sénart, mission Blob.
Rencontré beaucoup beaucoup de chiens, Olga et sa copine Nouchka étaient aux anges. Ont toutes deux boulotté du crottin de cheval, les chipies, et se sont roulées dedans, tant qu'à faire profitons des plaisirs de la nature.

Là encore, fausse alerte (sauf erreur !) :
sortes de petits champignons orangés
sur litière de mousse
Le temps était idéal pour chasser le blob : la forêt était bien humide. Je me suis donc mise en quête de souches, branches cassées, tas de feuilles mortes et champignons (car blobby est amateur de champignons)...

J'ai repéré à plusieurs reprises (une petite dizaine de fois tout de même) des sortes de petits champignons sur des souches pourries, en groupe, et de couleur tendant plus vers l'orangé que vers le jaune.

Hélas je n'ai pas encore reçu mon auto-cadeau de Noël, un nouvel appareil photo, et j'ai dû me contenter de mon téléphone dont la caméra est plus que décevante.
Mais il est clair que ces choses sont des champignons.

Amas gélatineux jaunes avec nervures...
En revanche, à un endroit où s'entassaient les feuilles de chêne, sur une vieille souche en partie recouverte de mousse, des choses jaune orange ont retenu toute mon attention : d'aspect plutôt gélatineux ici et là, un peu moins ailleurs, colonisant le pourtour des feuilles de chêne, ce qui m'a semblé assez insolite et peut-être significatif, et sur la partie en bas à gauche de la photo (il faut cliquer pour agrandir), une de ces choses à la forme en éventail semble avoir des nervures constituant comme un réseau typique des blobs.
Alors bingo ??? Cela mérite analyse. Mais j'ai un bon pressentiment 💛

J'aurais pu prélever le morceau de bois et le ramener chez moi, car les blobs se plaisent aussi dans les jardins. Il y a même des tutoriels pour apprivoiser un blob dans son salon (on le nourrit avec des flocons d'avoine), mais ce sera pour une prochaine fois. Là, j'étais en mission découverte. 

Je ne résiste pas à la tentation de poster un gros plan de ces amas gélatineux en éventail sur les feuilles de chêne et un peu plus bas sur la souche. Je m'en veux, j'aurais dû prélever une des feuilles et peut-être adopter mon premier blob 😢... J'ai déjà les flocons d'avoine à la maison.

Donc un bilan très positif de cette chasse au blob : pas vraiment sûre d'en avoir repéré, mais petit espoir quand même avec la dernière photo. Vivement le weekend prochain pour repartir sur les traces de blobby, mon nouveau hobby 😉.

Serait-ce un blob ??? (Forêt de Sénart, 06/12/2020)

--> Voir d'autres "zarbis / insolites" sur ce blog : ICI (dont le pezize écarlate qui se conjugue assez bien avec cet article)

mardi 8 décembre 2020

Fabrice Midal : "Méditer, le bonheur d'être présent" (BD)

 ***** de Fabrice Midal, Emmanuel Despujol, Eric Corbeyran (Ed. Rey, 2019)

Le dessin est très simple, ce qui n'est pas gênant au vu du thème.
Bien sûr, la médiation est tendance. Même à mon travail, on propose aux salariés de participer à un atelier de méditation le mercredi en fin d'après-midi sur zoom (confinement oblige, en temps normal la séance a lieu dans une salle sur place...).
J'ai déjà une première, et unique, expérience de la méditation, qui ne m'avait pas paru très concluante. C'était à l'occasion d'un stage de tai-chi, nous étions tous assis sur un coussin en cercle dans une petite clairière entourée d'arbres.
J'ai eu beaucoup de mal à échapper aux bruits de la nature, captivants dans ce silence un peu lourd des autres méditants, et surtout mon esprit était assailli de pensées pas des plus poétiques ou relaxantes : trucs à faire, boulot, famille ("il faut que j'écrive à Dominique"... "Et pourquoi j'ai pas fait ça ?"..."Mince j'ai un an de plus"... "Est-ce qu'ils ont pensé à nourrir les tortues ?"..."Pourvu qu'il trouve une alternance"..."Il faut tuber la cheminée"..."Faire attention aux tiques"..."RV dentiste"... "Je m'ennuie un peu"...). L'impression de perdre mon temps assise sur ce coussin à ne rien faire, je suis gênée de l'avouer. Cela tient probablement au fait que je n'ai pas trop l'habitude de me poser au calme, ce qui est dommage. 

Alors j'ai pensé qu'il serait plaisant d'en savoir plus sur la méditation en lisant une BD !
Le dessin ci-dessous me semble par exemple une bonne illustration de ce que j'ai vécu et de comment persévérer :

Ainsi, le sens de la méditation n'est pas de générer du calme ni de faire le vide dans sa tête, mais de chercher à s'ancrer dans sa respiration et dans le moment présent et devenir ami avec soi.
Fabrice Midal livre un aperçu de son expérience personnelle et des conseils vraiment simples, le tout sur un ton fort sympathique.
Voilà, "y a plus qu'à" ! Affaire à suivre...

Toujours à propos de méditation, j'avais hâte de lire le dernier roman d'Emmanuel Carrère ("Limonov" est un de mes livres cultes), "Yoga", dans lequel il raconte son expérience de la méditation, sa dépression, et la découverte de sa bipolarité. 
Que d'éloges autour de la sortie de ce livre devenu l'incontournable de la rentrée littéraire.

Cependant j'ai été assez refroidie par le droit de réponse publié par son ex-femme, qui contredit pas mal des propos de Carrère et souligne ses nombreux arrangements avec l'honnêteté et la vérité. Hum, ça m'a coupée dans mon élan... J'ai tout de même fait l'effort de prendre le livre en main et de le feuilleter jusqu'à la page 13, où là, le livre m'est tombé des mains à la lecture d'une phrase : "Le car est très vite sorti de la ville et s'est mis à rouler sur de toutes petites routes, traversant des hameaux où rien ne semblait ouvert, pas même les volets".
"pas même les volets". "Rien ne semblait ouvert, pas même les volets"... Alors là, je me suis dit qu'un tas de bons livres m'attendent ailleurs, ma vie est trop courte pour apprendre que rien ne semblait ouvert, pas même les volets.
Il aura suffi d'une phrase, la messe est dite (tiens, ça me fait penser à mé-di-ter... la boucle serait-elle bouclée ?!, non je plaisante, je promets d'essayer, la méditation, pas "Yoga").

lundi 7 décembre 2020

Des romans en BD : "Nymphéas noirs", "Les Indes fourbes", "Karoo"

La tendance de ces dernières années est d'adapter en bande dessinée ou roman graphique des livres à succès. S'il s'agit d'un roman que j'ai particulièrement apprécié, la curiosité m'incite à découvrir l'adaptation dessinée, et cela permet de raviver le plaisir de lecture.
Parfois, il m'arrive de succomber à la solution de facilité qui consiste à lire l'adaptation graphique plutôt ou avant la version écrite (par exemple pour le roman de Steve Kesich "Karoo").

***** "Nymphéas noirs" de Fred Duval et Didier Cassegrain, d'après Michel Bussi (Dupuis/Aire Libre, 2019)

Très bonne adaptation du polar de Michel Bussi, à l'histoire si alambiquée, qui se déroule dans le beau village de Giverny pris d'assaut par les hordes de touristes affamés de Monet money. 
La BD se lit fort bien et sait restituer l'atmosphère du roman.
Même en ayant lu le roman, on reste toujours tourneboulé par cette fin inattendue. 
Sacré manipulateur ce Bussi, pour notre grand plaisir.

***** "Les Indes fourbes" d'Alain Ayroles et Juanjo Guarnido (Ed. Delcourt, 2019)

Suite imaginaire du roman picaresque du XVIIe siècle "El Buscón" / "Vie de l’aventurier Don Pablos de Ségovie", de Francisco de Quevedo (1580-1645)Des dessins somptueux, des couleurs magnifiques, un livre au format hors normes qui en fait un fort bel objet. Tout cela traduit un travail certes titanesque pour adapter ce roman foisonnant. Mais au bout du compte, j'ai trouvé cet ouvrage un peu trop très dense, voire touffu, émaillé de tant de sauts dans le temps que je perdais parfois mes repères. 
Le personnage de Pablos est haut en couleurs, un gredin, né "gueux" et converti dès son enfance à la paresse et à la roublardise, on ne peut plus opportuniste, qui se met en quête de l'eldorado. L'album est découpé en trois parties, dont la dernière amène une fin surprenante et comme on dit plutôt "capillotractée". 

Si l'on peine à s'attacher à cette fripouille, en revanche le graphisme magnifique de l'album ferait se tourner toutes seules les pages (160 !). Un travail d'orfèvre couronné de très nombreux prix qui ferait un joli cadeau, mais pas à moi, soulagée de l'avoir seulement emprunté.

***** "Karoo" de Bézian, d'après Steve Tesich (Ed. Delcourt, 2019)

Saul Karoo est un script doctor appelé à la rescousse pour extraire de plus ou moins banales ou plus ou moins singulières productions hollywoodiennes la substantifique moelle qui les transformera en pépites commerciales. Il triture les films pour en faire des blockbusters. Personnage imposant, fumeur, alcoolique, cynique, divorcé, père sans le savoir, il traîne sa lourde carcasse comme une épave au milieu des cocktails branchés du tout-hollywood, s'écharpe avec son ex-femme, néglige son fils adoptif, s'interroge sur le sens de sa vie... La fin est un vrai choc. Peu de zones de lumière dans cette sombre histoire. 
Malheureusement, j'ai été handicapée dans cette lecture par ma difficulté à distinguer les personnages les uns des autres ; certes dans la vraie vie, je ne suis pas du tout physionomiste, mais de là à ce que cela m'arrive à ce point dans une BD... Et je n'ai pas du tout aimé le graphisme, aux traits si acérés ou pointus. 
Déçue donc de cette adaptation d'un roman que je n'ai pas lu et que malheureusement la BD a défloré sans allumer de petit flamme d'intérêt. Je doute de jamais lire le livre qui fut pourtant auréolé de critiques à sa sortie en 2012.

C'est pour bientôt : hâte de découvrir les adaptations de "Vernon Subutex", "Voyage au bout de la nuit" et "Des souris et des hommes"

--> D'autres adaptations BD de romans, sur ce blog :

AJ Dungo : "In Waves" (BD)

***** (Casterman, 2019, 400 p.)

L'auteur relate cette douloureuse histoire de sa petite amie atteinte en pleine jeunesse d'un cancer des os et de leur amour naissant puis condamné. Elle adorait surfer, et s'efforcera dans le temps qui lui est accordé d'insuffler cette passion à son amoureux. 
L'océan est au coeur de l'album, qui s'étale sur des aplats couleur turquoise, et le surf encore davantage, avec des parenthèses (en planches couleur sépia), à cent ans d'intervalle, sur l'histoire de ce sport autour de deux de ses pionniers, l'hawaïen Duke Kahanamoku et Tom Blake l'inventeur de la hollow board, une planche légère et transportable.

C'est une histoire bien sûr triste et émouvante. 
AJ Dungo distille par petites touches éparses, entrecoupées des pages sur l'histoire des dieux du surf, sa première rencontre avec Kristen, ses premières déceptions de garçon éconduit, puis l'intérêt timide que lui manifeste Kristen quand il skate avec son frère. Enfin, le moment précis où leur histoire a commencé, quand Kristen apprend qu'elle a un cancer et doit se faire amputer de la jambe. 
Il tombe amoureux, elle tombe malade. L'un surfe, l'autre regarde assise depuis la plage ou la maison. Kristen fait preuve de sérénité et de courage face à la maladie. Puis son état de santé empire, le temps est compté et les jeunes décident de faire une liste des choses à faire "avant que". Ils ne pourront que réaliser le voyage vers Portland, Oregon. 
Kristen décède en 2016, à 25 ans. Leur histoire d'amour aura duré huit ans.

AJ Dungo dépeint cette tragédie avec beaucoup de retenue et de délicatesse. Il a su composer un récit à double niveau, son histoire avec Kristen et un précis d'histoire du surf, les deux s'imbriquant harmonieusement sans jamais de rupture de rythme.
Ce roman graphique a remporté de nombreux prix. Néanmoins, si je l'ai apprécié, ma lecture n'a pas été aussi enthousiaste que les critiques dithyrambiques. Les dialogues sont très concis et les dessins (simples mais expressifs) très étirés, ce qui m'a peut-être amenée à tourner trop rapidement les pages et à ne pas savourer à leur juste valeur les planches et le récit. Il y a peut-être aussi les attentes trop fortes à l'égard d'un ouvrage couronné par des prix prestigieux, faisant que quelque part la marche est apparue trop haute.

"La fille de Vercingétorix" (BD) : Ah ces ados !

 ***** de Ferri et Conrad (Ed. Albert René, 2019)

Okay, ça ne casse pas des briques, opus numéro 38 d'Astérix, mais moi je ris ! Cette ado gothique, Adrénaline, elle est quand même marrante et elle fait bien tourner en bourrique le village, les romains, les pirates, ses parents... 
Les anachronismes sont rigolos, les jeux de mot sont là, le dessin est fidèle à la série. Voilà, on ne va pas bouder ce petit moment de détente.
Y a même un certain personnage, Letitbix, qui clame "Vous pouvez dire que je suis un rêveur mais, comme vous, je crois qu'un jour la paix reviendra... Il n'y aura plus de frontières, romains et gaulois échangeront leurs armes contre des fleurs et sèmeront ensemble des graines à tous les vents..." 🎵

samedi 28 novembre 2020

David Hockney en Normandie

D. Hockney peignant devant sa maison de Beuvron-sur-Auge
(photo figurant sur la carte-cadeau reçue à l'expo)
Je crois bien qu'il s'agissait de ma première sortie "expo" depuis le premier confinement, à part la virée sur l'expo Web de Josh Smith à New York, et la dernière avant le deuxième confinement. Décidément, il faut être rapide, et affuté quant aux bons plans.

Cette petite exposition d'une dizaine d'œuvres de David Hockney à la galerie Lelong est prolongée jusqu'au 27/02/2021, elle est gratuite, il faut y courir dès que ce sera possible ! Elle met en joie. Même à travers le masque, on a l'impression de respirer à pleins poumons l'air de la campagne normande. Il faut dire que les tableaux sont de bonne taille, les couleurs bien vives, le trait alerte. Sacré bol d'air qui fait tant de bien en ce moment.


Et de surcroît, la galerie offre aux visiteurs une très jolie carte présentant le tableau du pommier "Apple tree" et une photographie de David Hockney peignant depuis la cour, la maison de son coeur... Un petit souvenir de fort belle facture.

Trees Mist
De fait, David Hockney, qui était revenu en Europe dans le cadre des grandes expositions qui lui ont été consacrées, à Londres, Paris, Amsterdam, avait décidé de passer un peu de temps en France avant de refaire le fatigant voyage transatlantique qui le ramènerait dans sa Californie adoptive.
Il tenait en particulier à revoir la tapisserie de la reine Mathilde à Bayeux.

C'est en compagnie d'amis dont le directeur de la galerie Lelong, admirant depuis Honfleur la vue sur le pont de Normandie et Le Havre, que l'idée lui vient de faire une pause ici, dans le pays d'Auge, pour prendre le temps de peindre le paysage au gré des saisons. Alors il s'installe dans une vieille maison traditionnelle à colombages du XVIIe siècle près du village de Beuvron-sur-Auge. Comme l'indique le texte introductif de la galerie Lelong, Hockney observe "que les impressionnistes, à l’affût de la modernité, ont dédaigné ces maisons typiques de la région. [Lui] y voit par contre un écho des chaumières du paysage hollandais que représentèrent Rembrandt et le jeune Van Gogh, les deux grands maîtres qu'il aime à regarder en ce moment".

Dessin sur iPad
Il installe donc son atelier dans la grange, et peint accompagné de son Jack Russell Ruby, qui figure sur plusieurs dessins. La maison est entourée d'un vaste terrain, d'une mare et d'arbres, pommiers, poiriers, cognassiers ("quince tree"), peupliers que David Hockney reproduit en peinture au fil des saisons, dans la pleine lumière de l'été et dans les premières brumes de l'hiver : "Trees mist", "Trees with less mist"...
David Hockney entend capturer "le passage du temps" depuis sa nouvelle demeure, et "se rend compte que la plupart des gens ne regardent pas vraiment ce qu'ils ont sous les yeux, ils ont sans doute autre chose à faire."

La galerie expose des acryliques sur toile et quelques dessins réalisés sur iPad.

Pour découvrir les pans intimes de la vie de David Hockney, son histoire, les ressorts de son talent, ses amours, ses amis, rien de plus sympathique et passionnant que le roman de Catherine Cusset "Vie de David Hockney" paru en poche.
Le Monsieur est né en 1937, il a aujourd'hui 83 printemps...

https://www.galerie-lelong.com/fr/exposition/99/david-hockney-ma-normandie 

mercredi 18 novembre 2020

Claire Léost : "Le monde à nos pieds"

*****  (JC Lattès, 2019, 300 p.) 💚
Dévoré ce roman !
Le devenir d'un petit groupe d'amis depuis leur première rentrée à Sciences-Po en 1994, à la fin des années Mitterrand, jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron en 2017. 
Trois garçons et trois filles d'horizons variés, Louise, Katel, Delphine, Lucas, Max, Stan... 
A peine vingt ans. Jeunes, beaux, pleins de rêves et d'idéaux. Militants, engagés, ils se passionnent pour la chose politique. Confiants qu'un jour le monde sera à leurs pieds. Amitié et histoires de coeur aussi...
Puis la compétition, les ambitions divergentes, les aléas de la vie, fragmentent l'amitié et construisent les adultes qui tenteront de s'épanouir qui en politicien, qui en femme de presse, qui en écrivain... Chacun son chemin. Jusqu'aux retrouvailles. Une fin aussi qui n'a pas manqué de toucher mon petit côté fleur bleue.

Un livre très bien écrit et des personnages tous attachants à leur manière, que l'on prend plaisir à suivre.
Une chronique passionnante de la vie politique de ces deux décennies et des débats estudiantins. Cela n'a pas manqué de me rappeler des souvenirs. 
Je m'y suis retrouvée, dans ces années '90.

Quant à la décennie précédente, aux nostalgiques des années '80, je conseille un roman graphique absolument exceptionnel, à lire, et à offrir : "La vie sans mode d'emploi, putain d'années '80" de Désirée et Alain Frappier 💛

Sigrid Nunez : "L'ami" (E-U)

 ***** The Friend (Ed. Stock, 2019) - National Book Award 2018

La narratrice pleure son ami et mentor, un écrivain et professeur de littérature qui s'est suicidé.
Le défunt laisse derrière lui un vieux danois, Apollon, un chien non pas beau comme un dieu mais grand comme un poney, que l'épouse numéro trois s'empresse de confier à la narratrice. Cette dernière, qui se considère avant tout comme une femme à chats, habite un appartement minuscule à Brooklyn, interdit aux chiens. Il va falloir s'y faire.
En même temps qu'elle réfléchit à la perte de son ami suicidé, à la nature profonde de leur relation (peut-on parler d'amitié amoureuse ?), elle lui dédit des écrits, elle "journalise". 

"Je journalise, bien sûr - d'ailleurs, je considère le fait de tenir un journal comme une sorte de méditation - et j'écris de la poésie".

Et elle s'efforce d'apprivoiser Apollon, ce grand dadais de chien qui bave, qui pond des déjections monumentales, et qui n'a même pas la place pour faire demi-tour dans le petit salon.
Seulement voilà, Apollon vit aussi son deuil et souffre de la perte de son maître. Le pauvre chien balourd et surdimensionné déprime.

« La plupart du temps, il m’ignore. Il pourrait aussi bien vivre seul ici. De temps à autre, il croise mon regard mais détourne les yeux immédiatement. Ses grands yeux noisette sont frappants d’humanité ; ils me rappellent les tiens. »

J'ai bien apprécié ce roman, certes parce que le chien est un personnage central, mais pas que !
Des passages drôles, une écriture sensible, des révélations sur le milieu de l'édition littéraire et une chronique de la vie universitaire américaine. Et puis, tout de même, j'ai été touchée par cet apprentissage d'une relation très particulière entre un gros chien arthritique et dépressif et une femme d'un certain âge abonnée à la solitude, une "invisible" comme disait l'écrivain.

"Ces derniers jours, j'ai passé tellement de temps à promener Apollon que je n'arrive plus à imaginer sortir marcher seule dans la rue."

Il me vient également à l'esprit deux autres romans qui dépeignent assez bien le milieu universitaire nord-américain :

  • "L'autre qu'on adorait" de Catherine Cusset  
  • "Special topics on calamity physics" ("La physique des catastrophes") de Marisha Pess

= deux énooormes coups de 💚

Sinon, d'autres lectures qui ont du chien : ICI ;=))

dimanche 15 novembre 2020

Du bonheur d'écouter Fleetwood Mac sur un skate

Tout récemment, une petite vidéo a fait le buzz et permis de faire découvrir aux jeunes générations un morceau culte du groupe Fleetwood Mac.
Sur cette vidéo, un homme roule sur son skate, heureux, tout bonnement heureux, en écoutant cette chanson de 1977, Dreams, et en chantant les paroles en playback. Par moments, il avale quelques gorgées de la bouteille de jus de canneberge qu'il tient la main. Cet homme affiche une telle nonchalance, il respire le bonheur. He IS feeling good.
La vidéo (Nathan Apodaca sur son skate ) est devenue virale, elle a été vue des dizaines de millions de fois et a relancé les ventes de l'album Rumours (1977) duquel est extrait la chanson (un album culte culte culte, non, cultissime !). Mick Fleetwood lui-même a commenté la vidéo et s'est filmé pareillement 😉.
Nathan Apodaca a expliqué que son auto étant tombée en panne, il est allé en skate à son travail dans un entrepôt de pommes de terre de Idaho Falls, en longeant l'autoroute, muni de sa bouteille de jus OceanSpray et de son téléphone. La société OceanSpray lui a offert un pickup, en remerciement de ce coup de pub incroyable et non prémédité...

Fleetwood Mac est un de mes groupes "de chevet", et Rumours un de mes plus précieux albums. 

Très beau concert le 11 octobre 2013 à Paris/Bercy, hélas juste avant que Christine McVie ne se décide à sortir de sa retraite d'ermite pour remonter sur scène. Nous avons donc eu droit au quatuor Stevie Nicks au chant, Mick Fleetwood à la batterie, Lindsey Buckingham à la guitare et chant et John McVie à la basse.
Stevie Nicks, toujours magnétique et magnifique
Fleetwood Mac, POPB, 11/10/2013



















Ce fut un très bon concert. Où l'on constate l'ascendant que prend le guitariste (Lindsey) sur les autres musiciens : solos de guitare nombreux, back vocals en sus de Stevie Nicks, chant en solo sur Big Love, speech d'intro du dernier morceau en rappel...).

Depuis, les inimitiés anciennes et récentes entre les membres ont fini par ronger la cohésion retrouvée sur le tard. 
Il faut dire que les relations houleuses trouvent leur origine dans les histoires d'amour et de sexe des membres : à l'origine, deux couples, Lindsey Buckingham (né en 1949) + Stevie Nicks (1948) d'une part, John McVie (1945) + Christine McVie (1943) d'autre part, et Mick Fleetwood  (1947) "dans l'entre-deux". Puis les couples se sont déchirés, les uns frayant avec les autres... Cela me fait vraiment penser à "Monday morning you sure look fine / Friday I got travelin' on my mind / First you love me, and then you fade away / I can't go on believin' this way"...
Le grand n'importe quoi, départs du groupe, carrières solos... 
Jusqu'à cette reformation autour de 2010 et à nouveau des concerts juteux. Encore plus juteux une fois que Christine McVie  a accepté de revenir, et que le groupe renoue avec sa formation initiale culte. 
Cependant, les blessures n'ont jamais cicatrisé et à la moindre étincelle, l'explosion couve. 
En 2018, le groupe reproche à Lindsey Buckingham de se prendre "pour le roi" et le congédie purement et simplement de la tournée à venir. Dans la presse, on lit ici et là que Stevie Nicks avait posé un ultimatum : soit elle, soit Lindsey... 
Contre-attaque judiciaire de ce dernier, affaire de gros sous, dédommagement à l'amiable qui sonne la fin définitive de la formation culte. Triste épilogue... Le Fleetwood Mac continue ses tournées, il a fallu deux guitaristes pour remplacer le prodigieux Lindsey.

I can still hear you saying you would never break the chain...
Fleetwood Mac : The Chain (Paris, 11/10/2013)
La setlist et les vidéos tirées de ce concert : 
  1. Second Hand News
  2. The Chain
  3. Dreams
  4. Sad Angel
  5. Rhiannon 
    Lindsey Buckingham, John John McVie et Mick Fleetwod
  6. Not that Funny
  7. Tusk
  8. Sisters of the Moon
  9. Sara 
  10. Big Love (Performed by Lindsey Buckingham)
  11. Landslide 
  12. Never Going Back Again
  13. Without you (une chanson de Fleetwood Mac qui avait été "perdue" : Stevie Nicks raconte en intro l'histoire de cette "lost song"...)
  14. Gypsy 
  15. Eyes of the World
  16. Gold Dust Woman
  17. I'm So Afraid
  18. Stand Back (Stevie Nicks song)
  19. Go your own Way
    Rappels :
  20. World turning
  21. Don't Stop
  22. Silver Springs
  23. Say Goodbye (23e et dernière chanson du concert, précédée d'une intro de Lindsey Buckingham)
Stevie Nicks continue de faire l'actualité, grâce à une reprise de son tube solo "Edge of Seventeen" en mash-up avec le morceau "Midnight Sky" de Miley Cyrus (duo à l'initiative de cette dernière), et le résultat est très appréciable - il faut dire que la chanson Edge of Seventeen (1981) est à l'origine une pépite exceptionnelle. 
Le résultat de ce duo inattendu s'intitule Edge of midnight (version mixée). 
Stevie Nicks a annoncé qu'elle avait accepté cette demande de Miley Cyrus car, n'ayant jamais eu d'enfant, cela lui faisait plaisir de rendre service aux jeunes.

--> chronique "music" du blog
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