lundi 31 août 2015

CLET : le street artist des panneaux de signalisation

Clet Abraham est un artiste français que l'on connaît sans connaître. C'est lui qui a créé les habillages drôles ou poétiques de panneaux de signalisation. 
J'ai lu sur le web qu'il aurait ainsi habillé environ 1500 panneaux à Paris ! Je confesse n'en avoir relevé que 3...(rue de Rivoli, Bld Saint-Germain, et en face de la Pinacothèque place de la Madeleine).

Plusieurs de ses panneaux décorés étaient exposés ce printemps à la galerie Artistik Rezo à Paris (des panneaux qu'il avait rachetés pour les customiser dans son atelier, et non pas enlevés de la rue !).


Citation de l'artiste : 
"Je n'empêche pas la fonction du panneau – on voit toujours qu'il s'agit, par exemple, d'un sens interdit –, je ne les détériore pas – j'utilise des stickers –, mais je réveille l'attention, je crée un dialogue." (LeJDD, 17/05/2015)

Florilège de panneaux de Clet exposés à la galerie Artistik Rezo
J'aime beaucoup le panneau où le policier fait des bisous (coeurs) à la barre du sens interdit, et ceux où un guitariste s'agrippe à la flèche du sens unique.
Un Clet boulevard Saint-Germain à Paris
Cela étant, bien que ces panneaux humoristiquement customisés soient amusants à regarder, se pose quand même la question de jusqu'où peut aller cette sorte de main-mise sur les ouvrages publics, qui plus est destinés à la sécurité routière. Sur la photo ci-dessus, une personne âgée au volant, un peu stressée dans le flot de la circulation parisienne, pourrait mal distinguer le sens interdit sur le panneau. Je dois reconnaître que le sujet m'interpelle.

--> rubrique "Street Art" !

vendredi 28 août 2015

Le bousier, joli scarabée bleu

Je n'aperçois pas souvent de scarabées dans mon jardin...


Cette année cependant, j'ai été gâtée d'un point de vue esthétique avec trois cétoines dorées aux reflets mordorés vert métallique aperçues le 26 mai 2015, et ce beau scarabée de couleur bleu métallisé (sur le ventre) aperçu le 26 août.

Il s'agirait d'un "Bousier commun" des chemins : Geotrupes (Anoplotrupes) stercorosus.
(étymologie :  geotrupes = qui perce la terre, et stercorosus = du fumier).

J'ai eu de la chance de croiser son chemin sur la pelouse du jardin car normalement on le rencontre en forêt. Il gesticulait beaucoup, se mettait sur le dos puis tentait de se remettre sur le ventre et voulait s'envoler. Une fois reposé dans l'herbe, il s'est empressé de se faufiler sous la mousse pour rentrer sous terre.

--> ma chronique "insectes" et la page des "habitants de mon jardin"...

vendredi 21 août 2015

Pigeon couve !

Au jardin, deux couples de pigeons ramiers ont élu domicile chacun dans un coin différent.

L'un est en train de construire le nid, on voit des allers-retours incessants des volatiles avec une brindille dans le bec à chaque fois. La tâche est longue. Et nombre de petites branches finissent pas retomber sur la table de jardin qui se trouve sous le platane "élu".

L'autre couple est plus avancé : le nid est prêt et il est occupé par deux oeufs... Monsieur ou madame pigeon couve sagement. Ce nid n'est pas installé très haut dans l'arbre (un seringat) et l'on voit facilement notre pigeon dépasser du nid :


La photo a été prise le 16 août... A quand l'arrivée des petits ?

R. Goddard : "Heather Mallender a disparu" à Rhodes...

***** ("Into the blue") - Ed. Le Livre de poche, 2013, 715 p.
Réf. géogr : R-U / Rhodes / Athènes

"Si elle revenait maintenant, ou même dans cinq minutes, tout irait bien."...

Je range ce livre dans la veine des enquêtes policières à la Robert Galbraith (L'appel du coucou - Le ver à soie) voire Elizabeth George. Quoique, "pour de vrai", j'ai bien souvent pensé au roman "Cinq mouches bleues" de Carmen Posadas au fil de ma lecture.

Soit une enquête assez prenante, un personnage principal bien sympathique, Harry Barnett, anglais quinquagénaire qui n'a pas fait grand-chose de sa vie, et qui vivote sur l'île de Rhodes en faisant office de gardien de la villa de son ami le distingué sous-secrétaire d'Etat à la Défense Alan Dysart.
C'est là que débarque un jour la jeune  Heather Mallender, relation du propriétaire, venue se reposer au soleil de la Méditerranée. Elle n'y reste qu'un mois... car à l'occasion d'une promenade dans la montagne, elle disparaît subitement. Les soupçons pèsent sur Harry, qui découvre un jeu de photos laissées par Heather, et décide de suivre la piste indiquée par chacune des photos pur remonter à la source de la disparition de la jeune femme.

J'ai regretté que le passage sur l'île de Rhodes soit finalement assez court contrairement à ce que laissait supposer la (belle) couverture. Car le roman se poursuit en grande partie autour de Londres et dans la campagne anglaise, ce qui n'a pas gâché mon plaisir car les descriptions sont fort joliment amenées et les plongées dans les milieux étudiants privilégiés tout aussi intéressants.

Un polar classique et de bonne facture, bien écrit, sans hémoglobine à tout va : c'est bon à prendre. 

lundi 17 août 2015

Lupano & Cauuet : "Les vieux fourneaux", archi drôles !


Wilfrid Lupano & Paul Cauuet : "Les vieux fourneaux" *****

T1 "Ceux qui restent"
T2 "Bonny and Pierrot"

(Ed. Dargaud, 2015, 56 p. x2)

Ah voilà une savoureuse BD.
Qui ragaillardit !
Une gang de vieux pépés amis à la vie à la mort. 
L'un un poil pèpère dans sa maison de retraite, l'autre qui anime une association gériatro-anarchiste "Ni Yeux ni Maîtres", et le troisième qui vient d'enterrer sa femme à la campagne mais qui peut compter sur sa petite-fille Sophie pour ne pas sombrer dans la tristesse.

"- Dis, tu vas klaxonner et faire des appels de phare tout le long comme ça?
- Oui, j'ai remarqué que les gens sont plus attentifs quand je fais ça."

-" Y a de la gonzesse !" Comment tu peux dire des trucs pareils, un jour comme aujourd'hui ? Tu ne changeras jamais !
- Mais, c'est bon, c'est une blague entre mon filleul et moi, une "privette joque", comme disent les angliches. 
"VIEILLIR TUE" - "NI YEUX NI MAITRES"
"Des non-voyants anarchistes! "Ni yeux ni maître", qu'on s'appelle! On fait du terrorisme situationnel. C'est bidonnant. On s'incruste dans les réceptions, les soirées branchées, les cocktails, les réunions politiques, et pis on fout le boxon. Que des handicapés et des vieux méchants comme des teignes! Le cauchemar des services d'ordre. S'ils nous touchent, on porte plainte, on demande des dommages et intérêts, ça arrondit les fins de mois." 

tome 2 :

"- C'est... C'est le siège social de "Ni Yeux, ni Maître", ici ?
- Hahaha ! Ah non, heureusement ! T'imagines l'enfer avec cette musique de débiles et cette déco de merde ?
- Je ne suis pas sûr de bien comprendre. Vous faites quoi, au juste, ici ?
- Rien, on est là, c'est tout. C'est un attentat gériatrique. Quand un endroit de ce genre devient problématique, on s'y rassemble tous les soirs pendant un certain temps. Ça fait monter d'un coup la moyenne d'âge de l'établissement. Généralement, il ne s'en relève pas. Le vieux est l'ennemi du bien, de nos jours. A quoi ça tient la branchitude tout de même...
- Mais qu'est-ce qu'il vous a fait, ce bar ?
- Il nous a fait qu'avant, c'était un sympathique petit bistrot de quartier, et que là, ça ressemble à un vaisseau spatial. Le soir ils mettent leur zinzin à fond les gamelles, et ça fait tomber les assiettes des murs, chez Dolores. "

"- Mais non, Fanfan, c'est pas l'URSS, c'est un flux RSS. Rien à voir.
- Ah bon. Je préfère. "

A lire et à relire aussitôt. Eclats de rire garantis (surtout dans le 1er tome). Un 3e tome est prévu... Miam

--> mes "BD"

Ian Manook : "Les temps sauvages" en Mongolie

***** Ed. Albin Michel, 2015, 523 p.
Réf. géogr : France (auteur) / Mongolie & Russie

"Engoncée dans sa parka polaire, l'inspecteur Oyun essayait de comprendre l'empilement des choses."

Suite du 1er tome, "Yeruldelgger", qui fut mon gros coup de coeur du printemps !
Pas déçue par ce tome 2, mais sans le frisson de nouveauté qu'avait apporté le 1er opus.

L'intrigue nous bringueballe des steppes mongoles aux villes fantômes russes, comme Krasnokamensk où fut emprisonné Mikhaïl Khodorkovski, en passant par Le Havre en France. J'ai trouvé cette multiplicité de lieux un tantinet compliquée. Mais je pardonne, car Yeruldelgger est là, ce vieux flic attaché aux traditions et à l'âme mongole en proie aux nouveaux riches, aux politiciens véreux et aux militaires sans scrupules. Face aux villes russes contaminées par la pollution à l'uranium et aux métaux lourds, il se sent impuissant :
"Yeruldelgger regardait avec horreur ce que sa Mongolie pouvait devenir. Dans les forêts dépecées, il voyait ses steppes lardées de mines à ciel ouvert. Dans les quartiers d’isbas de mauvais bois où se résignait un sous-prolétariat désœuvré, il reconnaissait ceux de yourtes à Oulan-Bator où se desséchaient les vieilles grands-mères pendant que les vieux nomades s’imbibaient de vodka chinoise de contrebande. Et les mêmes immeubles à la soviétique qui se délitaient entre des routes précaires et des rues défoncées. Il sentit son âme enfler d’un terrible découragement." (p.209)
Yeruldelgger est là, souvent seul, plus invincible et déterminé que jamais. "Les temps sauvages" font un peu valser le travail en équipe du commissariat et chacun y va de son bout d'enquête, jusqu'à ce que le maillage se resserre autour d'une même affaire.
Certes, les personnages clés du premier tome sont toujours présents, Oyun, Solongo, Gantulga principalement, mais on ne les voit quasi jamais réunis. Une seule nuit dans la yourte avec Solongo si mon compte est bon :
"Solongo s'en voulait d'avoir trop cuisiné. Yeruldelgger hésitait entre le rave fermenté au saumure et la queue de mouton en bouillon doré, gras et chaud à s'en brûler les lèvres. Les aigres boulettes de fromage séché, les crêpes au gras d'agneau ou le yaourt tiède. Ou encore la chèvre bouillie." (p.67)
Certains passages sont empreints de poésie, et je rends hommage à Ian Manook pour avoir conté l'épisode de la chevauchée dans la steppe enneigée de Yeruldelgger et d'Agop, et du yack Grandgousier, qui pour moi restera un des personnages forts de ce roman !  Oui, le vieux yack blanc !
"Il avait couru vers Grandgousier en pensant le chevaucher pour s’enfuir, mais ils l’auraient repéré. Il avait préféré se terrer entre le rocher et le yack, et le tirer pour qu’il se couche de côté contre lui. La bête l’avait presqu’écrasé contre la roche et il avait cru mourir étouffé, mais la ruse avait fonctionné. Agop était persuadé que l’animal avait compris la situation et qu’il avait joué son rôle de yack sauvage surpris en plein sommeil hivernal. Dès qu’Agop s’extirpa de sa cachette, le yack se releva à son tour et posa son museau fumant contre le ventre de l’homme. Le professeur enlaça sa grosse tête entre ses bras et posa sa joue dans la fourrure épaisse. Puis s’excusant, expliquant sa fatigue et le choc de l’attaque, il se hissa sur son dos en s’agrippant à son poil long et dru et n’eut rien besoin de dire pour que le yack prenne le chemin du musée de son pas lent et sûr." (p.57)
Yeruldelgger  dans ce deuxième tome nous surprend par la rage et la furie qui petit à petit s'emparent de lui. C'est devenu un être violent et impitoyable. Comme Clint Eastwood dans le film éponyme... Il convient de reconnaître que les "méchants" qu'il affronte tuent à tout va et sans faire dans la dentelle.
Étrangement, dans cette histoire, l'auteur amène un nouveau personnage, un policier de la brigade ferroviaire (!) français d'origine arménienne, ancien barbouze, Zarza, qui partage pas mal de traits de caractère avec Yeruldelgger. Et je me demande si les prochains romans ne se recentreront pas sur ce policier très spécial.

Allez, une dernière remarque de Yeruldelgger contre l'architecture granquignolesque et insipide qui dénaturent les anciens satellites de l'URSS :
"Ou plutôt, il n'aimait pas ce qu'on avait fait de son architecture audacieuse. Vers l'extérieur, comme un défi au pays et au monde entier, la couronne de béton était sculptée de reproductions monumentales des décorations de l'armée russe. A l'intérieur, une fresque retraçait quelques morceaux soigneusement choisis de l'amitié russo-mongole. La défaite de l'occupant chinois par les soldats du peuple russe en 1921. La défaite de l'occupant japonais par les soldats du peuple russe en 1929. Les figures légendaires de l'héroïsme soviétique : l'infirmière, le cosmonaute, le métallurgiste. (…) Yeruldelgger haïssait ce monument plus soviétique que russe, toute sa symbolique guerrière et  sa virile espérance, promesse de jours heureux, et plus que tout le géant de béton casqué et botté brandissant face à la ville qui n’était pas la sienne, un étendard dont la démesure et la prétention en faisaient une voile rigide de béton gris. La représentation d’une amitié russo-mongole qui n’était que russe, sans steppes, sans montagnes, sans troupeaux, sans yourtes." (p.195-196)
 --> ma chronique "Polars"...

Jirô Taniguchi : "L'homme qui marche"


***** Éd. Casterman, 2015 (1e édition 1995)
Ce pourrait bien être le premier manga japonais (manga tout court même ?) que je lis...

Jolie découverte. Une succession de petites historiettes mettant en scène un homme d'une trentaine d'années (peut-être plus, peut-être moins - on sait qu'il est marié mais n'a pas d'enfants), le visage poupin, des lunettes. Et que fait cet homme ? Il marche. Tout simplement.

Il prévient son épouse affairée aux tâches ménagères qu'il sort. Et il va se promener, nez au vent, le regard émerveillé, suivant telle petite rue ou décidant de s'arrêter au parc ou de piquer une tête dans le bassin. Il découvre ce quartier car il vient d'emménager. Et par bonheur, l'ancien locataire a laissé son chien qui va devenir l'aimable compagnon de ses promenades.
A chaque fois, il profite pleinement de l'environnement, admire les fleurs du cerisier, apprécie l'odeur de la végétation, craque devant la vitrine d'une échoppe et achète des ballons en papier ou des douceurs. 
Son visage respire le bonheur, il marche et profite de la vie avec son chien. C'est un homme sans contrariété. Même la pluie qui commence à tomber le distrait et il tend son visage vers les gouttes. Les premiers flocons de neige sont aussi les bienvenus, un cadeau du ciel. A toute saison, cet homme trouve son content de petits bonheurs. Marcher dans les flaques, écouter le silence de la neige qui tombe, regarder les feuilles des arbres remuer doucement, observer les oiseaux. S'émerveiller devant un joli coquillage.

Ce livre invite à ralentir ses gestes et à prêter attention aux petites choses qui nous entourent. Redécouvrir le bonheur de se promener.

Il me reste cependant une interrogation : cet homme que l'on voit marcher chaque jour, travaille-t-il ? Et son épouse, ne pourrait-elle partager à ses côtés ces petits bonheurs de la promenade quotidienne ? Certes, le couple part ensemble en pèlerinage au bord de la mer pour remettre à l'eau le coquillage trouvé près de leur maison. Mais au quotidien, cet homme marche seul.

--> chronique "BD"... 

lundi 10 août 2015

Vive le plumbago dentelaire parme


Dans le micmac de fleurs desséchées et racornies auquel ressemble mon jardin en plein mois d'août, le plumbago dentelaire parme est l'une des rares à tirer son épingle du jeu aux côtés de mes fidèles gauras, des sauges arbustives, de la superbe (mais je n'en ai qu'un plant...) agapanthe et des indétrônables roses trémières. Ah aussi mes plantes grasses Drosanthème florifère (ou Ficoïde ou Glaciale) elles-aussi originaires d'Afrique du Sud. La phytolaque quant à elle est encore timide...
Toujours à l'oeuvre mais "sur leur fin", les achillées jaunes...

Plumbago dentelaire en graines
Je regrette de ne pas avoir eu le temps de semer les annuelles de l'été... Tous mes géraniums vivaces ont cessé de fleurir et ne reste que le feuillage un peu tristounet.

Je reviens à mon plumbago : c'est une vivace coriace, dont j'avais prélevé quelques plants sur le friche attenant au parking de la gare : c'est tout dire...
Elle produit quantité de fleurs violettes en épis, aux corolles en entonnoir. 

La plante, une fois fanée, n'est en revanche pas très gracieuse. Comme les roses trémières qui perdent tout attrait après la floraison et enlaidissent le jardin plus qu'autre chose.

Mon interrogation : est-ce un plumbago capensis (du Cap) ou un plumbago europaea L. ?

--> Chronique "Jardin" et ma page "récap' jardin"...

V. del Arbol : "Toutes les vagues de l'océan"

***** Victor del Arbol : "Un millon de gotas" - 2014
(Ed. fr. Actes Sud, 600 p.) - Réf géogr. : Espagne / Russie

"Après la pluie, le tracé du paysage était plus accusé et les couleurs de la forêt plus violentes."

Troisième livre que je lis de Victor del Arbol, et troisième roman noir avec toujours en toile de fond les heures sombres de la guerre d’Espagne et du franquisme. « Toutes les vagues de l’océan » dépasse cependant les frontières de l’Espagne pour se dérouler en partie dans la Russie soviétique.

Le roman est un puzzle de 600 pages, où alternent les chapitres se déroulant dans la Barcelone des années 2000, autour du personnage de Gonzalo Gil, un avocat un peu terne mené à la baguette par sa riche belle-famille, et ceux qui se déroulent dans la Russie des années ‘30 à 50, autour d’Elias Gil, le père de Gonzalo, communiste de la première heure et pourtant victime des arrestations arbitraires et purges staliniennes qui le mèneront au goulag de l’île de Nazino, « l’île aux cannibales ».

La petite vie de Gonzalo bascule quand il est informé que sa sœur Laura aurait assassiné un tueur de la mafia russe avant de se suicider. Il plonge alors dans la vie de Laura et découvre le combat acharné que sa sœur a mené contre les réseaux mafieux de prostitution enfantine et, à leur sommet, la Matriochka russe. Petit à petit, page après page, passé et présent s’imbriquent, l’un aussi chargé de violence que l’autre. Et l’on découvre en même temps que Gonzalo la face intime et cachée du père, Elias, dont l’image de héros du communisme et de la résistance au franquisme se craquelle jusqu’à l’explosion finale de cette famille condamnée par le destin.

--> Du même auteur : "La tristesse du samouraï" **** (2011) - "La maison des chagrins" ** (2014)
--> Le goulag de l'île de Nazino en proie au cannibalisme est également évoqué dans "Le divan de Staline", de Jean-Daniel Baltassat

jeudi 6 août 2015

Chahdortt Djavann : "La muette"

***** 2008 (Ed. Flammarion, 117 p.) - Réf géogr : Iran
"Au mois de septembre, j'ai reçu, à mon domicile, une lettre qui provenait d'Iran."

Après avoir découvert l'écrivaine d'origine iranienne Chahdortt Djavann avec son très beau roman "Je ne suis pas celle que je suis" (2011), j'ai lu ce petit roman, "La muette", paru en 2008.

La construction de ce petit livre m'a un peu déroutée, en ce que l'auteur prête à croire qu'il s'agit d'une histoire vraie basée sur le journal tenu en prison d'une petite iranienne condamnée à mort. Figurent même à la fin une note du traducteur, qui se révèle donc totalement fictive. J'aurais souhaité que l'auteur ou l'éditeur clarifie ce point : roman ou récit tiré d'une histoire vraie.

Cela étant, l'histoire ici contée semble criante de vérité. Comme je l'avais commenté pour "Je ne suis pas celle que je suis", Chahdortt Djavann met en mots le "no woman's land" iranien.  
Je ne crois pas que la période soit vraiment précisée mais des références aux cassettes vidéos ou au lave-vaisselle amènent à penser que l'histoire se situe dans les années '90. Et pourtant, les faits décrits et l'environnement miséreux où vit Fatemeh et sa famille font penser au moyen-âge.

Fatemeh, c'est cette jeune iranienne de 12 ans qui se prend d'affection pour sa tante paternelle, devenue muette enfant après avoir été battue par son père et vu celui-ci tuer sa mère. "La muette" ne porte pas le voile (elle ne sort jamais non plus) et se comporte de façon parfois audacieuse. Elle a 29 ans, est belle et se découvre un amour fulgurant et lascif pour l'oncle maternel de Fatemeh. 
La mère de Fatemeh nous apparaît comme une femme insipide, voire malveillante, et portée sur la religion et l'obéissance au mollah. 

Dans son petit cahier qu'elle tient en prison, Fatemeh raconte la vie étriquée que mène la famille dans cette petite cahute, et les manipulations de sa mère qui vont conduire à l'arrestation de la muette et de l'oncle. Condamnée à la lapidation, la muette voit sa peine commuée en pendaison, "mort plus douce", en échange de la promesse du père de Fatemeh de donner sa fille en mariage au mollah.
Une issue cruelle pour Fatemeh, déjà dévastée par la mort de sa tante bien-aimée. La haine et la vengeance se conjuguent pour mettre fin à ce destin terrible. 
Une famille balayée par la misère et l'intégrisme.

Espérons que la fin de l'embargo occidental sur l'Iran permettra l'ouverture du pays (la ré-ouverture plutôt) vers plus de libertés et une amélioration de la condition de la femme.

--> Sur l'Iran : "Poulet aux prunes" et "Broderies" de Marjane Satrapi

Fred Vargas : "Temps glaciaires" & "Dans les bois éternels"

Un marcassin sur la couverture de l'un, un cerf sur l'autre...

"Temps glaciaires" ***** - 2015 (Ed. Flammarion)

Haletant ! Fred Vargas nous promène de Paris à la Vallée de Chevreuse et nous ferons même une excursion jusqu'en Islande aux pieds du cercle polaire.
Bien sûr y a des morts, donc une enquête... puis deux enquêtes en parallèle. Tous ces morts qui ont en commun un mystérieux dessin en forme de H ou plutôt de guillotine. Eh oui la guillotine : nous voilà donc plongés en pleine Révolution française entre la Plaine et la Montagne, à écouter le tribun Robespierre discourir à l'Assemblée.
Un grand plaisir à retrouver toutes nos connaissances du commissariat dirigé "par flottement" par Jean-Baptiste Adamsberg : Retancourt, Estalère, le chat La Boule, Veyrenc, Noël... Et Danglard qui fait sérieusement la tête dans cet épisode.
Un très bon cru. Et mention spéciale à "Marc" le sanglier !

1ère phrase : "Adamsberg attrapa son téléphone, écarta une pile de dossiers et posa les pieds sur la table, s’inclinant dans son fauteuil." 


"Dans les bois éternels" ***** - 2006 - (Ed. Viviane Hamy, 443 p.)

Ayant juste fini "Temps glaciaires" le dernier Fred Vargas en date, j'étais tellement imprégnée de l'atmosphère de ce commissariat et de sa brigade si particulière, que j'ai décidé de mettre à jour mes lectures : je m'étais arrêtée à "Sous le vent de Neptune", paru en 2004 et qui se déroulait au Québec. Ah non, que dis-je ! J'avais lu et pas aimé "Un lieu incertain" (!!!) paru en 2007.

"Dans les bois éternels" est la suite de ce voyage au Québec. Adamsberg et Camille sont séparés mais toujours en contact par la force des choses : le bébé Tom que le commissaire doit régulièrement garder quand Camille part en concert.
L'intrigue est comme toujours riche à foison, s'épaississant au fil des chapitres... Deux morts à La Chapelle à Paris, probablement tués par une femme de 1m62 selon Ariane la séduisante légiste. Des cerfs massacrés en Normandie, éventrés et le coeur écrabouillé. Des tombes de femmes vierges profanées. Une vieille infirmière tueuse en série en cavale...
On apprend plein de choses comme toujours encore : il y a un os dans le groin du porc et dans le coeur du cerf et dans la verge du chat.

J'ai beaucoup aimé. Des scènes devraient rester en mémoire (un temps) : Adamsberg et les galets polis qu'il ramasse pour son équipe dans son ruisseau au Béarn, l'apéro des petits vieux dans le bistro en Normandie, les bois de cerf que les petits vieux lui offrent, et qu'il ne faut surtout pas séparer !

1ère phrase : "En coinçant le rideau de sa fenêtre avec une pince à linge, Lucio pouvait observer le nouveau voisin mieux à son aise."

--> "Polars"
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...