En fond . cliche rallye Citroen au Congo |
(Ed. Gallimard Continents Noirs, 225 p)
Attention : livre unique !
Scholastique Mukasonga est une rescapée du génocide de la population tutsie au Rwanda qui a décimé sa famille en 1994.
Dans son roman, elle raconte une année scolaire dans un
pensionnat pour jeunes filles au Rwanda, sis au sommet d’une montagne afin de
décourager les visiteurs indésirables. Les jeunes filles, la plupart de bonne
famille et issues de l’ethnie hutue, filles de diplomates, de militaires,
banquiers et riches hommes d’affaires, sont là pour acquérir une certaine
éducation qui leur ouvrira toutes grandes les portes d’un beau mariage. Voilà
l’affaire !
Mais le pensionnat de Notre-Dame du Nil, accueille aussi un « quota » de
filles tutsies, et petit à petit se forge la distanciation entre les jeunes
filles de chaque ethnie et la montée des tensions au sein de cette petite
communauté fermée que forme le pensionnat. Celle qui porte haut et fort le
message de haine, c’est la terrifiante Gloriosa, fille d’un ministre hutu
auto proclamée chef de guerre au pensionn comnien l'oat, convertie à la nécessité de
l’épuration ethnique. Et la peur grandit chez celles qui n’appartiennent pas à
« l’ethnie majoritaire », qualifiées d’Inyenzi (cafards). Veronica et
Virginia représentent les deux jeunes filles tutsies de cette classe de
terminale aux côtés de 18 jeunes hutues.
Pendant ce temps, les religieuses, l’aumônier et les
professeurs belges ferment les yeux…
Le roman se déroule probablement dans les années ’70 (l‘époque
n’est pas précisée) alors que les Hutus ont pris le pouvoir dans cette ancienne
colonie belge devenue indépendante en 1962.
Chapitres : ils égrennent le cheminement vers l'horreur
"Notre-Dame du Nil - La rentrée - Des travaux et des jours - La pluie - Isis - Le sang de la honte - Les gorilles - Sous le manteau de la vierge - L'umuzimu de la reine - La file du roi Baudouin - Le nez de la vierge - L'école est finie"
J’ai apprécié le style d’écriture de l’auteur, simple et
précis. En filigrane, nous découvrons la culture rwandaise, entre traditions et
modernité, les dérives de l’occupation coloniale, l’attachement cocasse de la
population à la famille royale belge, et le quotidien de jeunes étudiantes séparées
de leurs familles, leurs débrouilles et leurs embrouilles... Mais Scholastique
Mukasonga brosse dans son roman les prémices du génocide, à l’échelle d’une
petite communauté isolée de jeunes lycéennes. C’est terrifiant.
Je ne regrette pas d'avoir lu ce livre. Il m'a marquée et m'a fait réaliser combien l'on oublie vite ces drames de l'histoire : est-ce que la jeune génération a entendu parler de ce génocide ?
- p88 : "se déhutuhiser" - p89 : "se détutsiser"
- p94 : "Il y aura peut-être un jour un Rwanda sans Hutu ni Tutsi"- p125 : "Virginia était étudiante, et quand on est étudiante, pensait-elle, c'est comme si on n'était plus ni hutu ni tutsi, comme si on accédait à une autre "ethnie" : celle que les Belges appelaient naguère les évolués."
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