lundi 7 décembre 2020

Des romans en BD : "Nymphéas noirs", "Les Indes fourbes", "Karoo"

La tendance de ces dernières années est d'adapter en bande dessinée ou roman graphique des livres à succès. S'il s'agit d'un roman que j'ai particulièrement apprécié, la curiosité m'incite à découvrir l'adaptation dessinée, et cela permet de raviver le plaisir de lecture.
Parfois, il m'arrive de succomber à la solution de facilité qui consiste à lire l'adaptation graphique plutôt ou avant la version écrite (par exemple pour le roman de Steve Kesich "Karoo").

***** "Nymphéas noirs" de Fred Duval et Didier Cassegrain, d'après Michel Bussi (Dupuis/Aire Libre, 2019)

Très bonne adaptation du polar de Michel Bussi, à l'histoire si alambiquée, qui se déroule dans le beau village de Giverny pris d'assaut par les hordes de touristes affamés de Monet money. 
La BD se lit fort bien et sait restituer l'atmosphère du roman.
Même en ayant lu le roman, on reste toujours tourneboulé par cette fin inattendue. 
Sacré manipulateur ce Bussi, pour notre grand plaisir.

***** "Les Indes fourbes" d'Alain Ayroles et Juanjo Guarnido (Ed. Delcourt, 2019)

Suite imaginaire du roman picaresque du XVIIe siècle "El Buscón" / "Vie de l’aventurier Don Pablos de Ségovie", de Francisco de Quevedo (1580-1645)Des dessins somptueux, des couleurs magnifiques, un livre au format hors normes qui en fait un fort bel objet. Tout cela traduit un travail certes titanesque pour adapter ce roman foisonnant. Mais au bout du compte, j'ai trouvé cet ouvrage un peu trop très dense, voire touffu, émaillé de tant de sauts dans le temps que je perdais parfois mes repères. 
Le personnage de Pablos est haut en couleurs, un gredin, né "gueux" et converti dès son enfance à la paresse et à la roublardise, on ne peut plus opportuniste, qui se met en quête de l'eldorado. L'album est découpé en trois parties, dont la dernière amène une fin surprenante et comme on dit plutôt "capillotractée". 

Si l'on peine à s'attacher à cette fripouille, en revanche le graphisme magnifique de l'album ferait se tourner toutes seules les pages (160 !). Un travail d'orfèvre couronné de très nombreux prix qui ferait un joli cadeau, mais pas à moi, soulagée de l'avoir seulement emprunté.

***** "Karoo" de Bézian, d'après Steve Tesich (Ed. Delcourt, 2019)

Saul Karoo est un script doctor appelé à la rescousse pour extraire de plus ou moins banales ou plus ou moins singulières productions hollywoodiennes la substantifique moelle qui les transformera en pépites commerciales. Il triture les films pour en faire des blockbusters. Personnage imposant, fumeur, alcoolique, cynique, divorcé, père sans le savoir, il traîne sa lourde carcasse comme une épave au milieu des cocktails branchés du tout-hollywood, s'écharpe avec son ex-femme, néglige son fils adoptif, s'interroge sur le sens de sa vie... La fin est un vrai choc. Peu de zones de lumière dans cette sombre histoire. 
Malheureusement, j'ai été handicapée dans cette lecture par ma difficulté à distinguer les personnages les uns des autres ; certes dans la vraie vie, je ne suis pas du tout physionomiste, mais de là à ce que cela m'arrive à ce point dans une BD... Et je n'ai pas du tout aimé le graphisme, aux traits si acérés ou pointus. 
Déçue donc de cette adaptation d'un roman que je n'ai pas lu et que malheureusement la BD a défloré sans allumer de petit flamme d'intérêt. Je doute de jamais lire le livre qui fut pourtant auréolé de critiques à sa sortie en 2012.

C'est pour bientôt : hâte de découvrir les adaptations de "Vernon Subutex", "Voyage au bout de la nuit" et "Des souris et des hommes"

--> D'autres adaptations BD de romans, sur ce blog :

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