Happée par ce livre...
Cela se passe à Buenos Aires, fin des années '80, sous la présidence de Raul Alfonsin, qui, ai-je appris grâce à ce livre, est à l'initiative des deux lois "Punto final" (impunité aux militaires) et "Obéissance due" ("qui absout aussi les militaires de rang inférieur au nom de principe hiérarchique") p.143 .
Je dirais que c'est l'histoire de deux femmes :
- Lisandra, la jeune épouse du psychanalyste Vittorio Puig, que l'on ne connaîtra que morte défenestrée dès le début du roman ;
- Eva Maria, une patiente du même psychanalyste, mère d'un garçon Esteban qu'elle délaisse car trop confinée dans la perte de sa fille Stella qu'elle suppose "desaparecida", jetée d'un avion dans le Rio de la Plata par la junte argentine.
Le roman est finement bâti autour du suspense de la mort de Lisandra. D'office, le mari est soupçonné, et d'office la patiente Eva Maria prend fait et cause pour le défendre et mène sa propre enquête, en commençant par écouter les enregistrements du psy avec chacun de ses patients.
Aussitôt le roman m'a fait penser à celui de l'auteure iranienne Chahdortt Djavann : "Je ne suis pas celle que je suis", que j'avais beaucoup apprécié. Je n'ai cessé de dresser des parallèles entre les deux récits au fil de ma lecture, cela m'a intéressée.
Revenons à "La garçonnière" : certains enregistrements qu'écoute Eva Maria sont si troublants... Ce Miguel grand pianiste racontant ses séances de torture. Ce Felipe qui s'embrouille dans ses propos et dont on devine qu'il a collaboré avec la junte et adopté un bébé volé à des "desaparecidos"...
Eva Maria analyse à son tour et entrevoit d'éventuels coupables. Mais son enquête la mène à des révélations ambiguës sur le couple que formaient Vittorio et Lisandra. "Un desamor". Elle s'interroge sur la relation entre le mari psy et la magnifique danseuse de tango...
Impossible d'en dire plus.
Les amateurs de suspense psychologique seront ravis, voilà tout.
Et le roman livre des pans de cette page douloureuse de l'histoire argentine.
Et des séquelles de l'enfance qu'il apparaît impossible d'enfouir quelque part.
On ne comprend le titre qu'à la fin, c'est glaçant.
J'ai hâte de lire le précédent et premier roman d'Hélène Grémillon, "Le confident".
(Le plus people : ça alors, la belle Hélène (36 ans) est l'épouse de notre Julien Clerc national !)
--> "Lectures d'Amérique latine"...
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