C'est une petite BD d'une dessinatrice française vivant à Montréal, née en 1992. La très belle couverture m'a tout de suite happée, ainsi que le titre, si surprenant "C'est comme ça que je disparais".
Mirion Malle a connu la dépression. Elle indique dans une interview que le déclic pour écrire sur le sujet lui est venu en voyant une émission où un chanteur québécois (Hubert Lenoir), avouant que parfois il n’avait pas le goût de vivre, a créé la stupeur sur le plateau et le sujet fut vite clos. On ne doit pas évoquer ces choses-là, non mais...
Alors Mirion Malle a mis en dessin l'histoire de Clara, jeune attachée de presse loin de s’épanouir dans son job, et qui a récemment rompu avec son amie, tout en étant hantée par une relation traumatique vécue plusieurs années auparavant avec un garçon.
Petit à petit, on voit Clara se refermer comme une huître dans son petit appartement, après avoir en vain tenté de se faire aider par une psychiatre elle-même on ne peut plus fermée... Clara se ferme à ses amis, ses collègues, et ne finit plus que par "dialoguer" avec son téléphone et scruter les réseaux sociaux, s'enfonçant davantage chaque jour dans la dépression.
"Je suis vide, je ne ressens rien, juste du vide."
"Je ne sais pas ce qui m'arrive. Je suis toute seule ! Personne sait ! J'en peux plus. J'y arrive plus."
"Au secours."
La planche suivante est d'une force inouïe.
Dans le refuge qu'est devenu son lit, Clara navigue sur son téléphone et retombe sur une note qu'elle avait préparée pour ses proches au cas où elle disparaîtrait. Puis elle se prend la tête dans les mains, et l'on perçoit Le cri d’Edgard Munch qui la submerge.
Elle n'a plus que son lit pour refuge ultime, elle s'enfouit sous sa couette et susurre, seule, "Au secours".
Le salut finira par venir de la sororité.
Sortie karaoké, virée au chalet, recherche d'un nouveau thérapeute (témoignage effarant sur le parcours du combattant et les coûts de prise en charge...)... Mirion Malle déroule la chute libre de la jeune fille qui a perdu le goût de vivre, et sa lente reprise.
La dernière planche est magnifique.
Le graphisme est sobre, en noir et blanc, tout en étant très expressif.
D'aucuns ont regretté la simplicité des dessins, mais cela ne m'a pas gênée. (Ed. La ville brûle, 2020)
APARTÉ SUR LE MAL DE VIVRE DU CHANTEUR DE BOSTON...
Je ne sais plus trop comment de fil en aiguille je suis tombée il y a peu sur les quelques mots d'adieu écrits par le chanteur de BOSTON, Brad Delp, qui s'est suicidé le 9 mars 2007 à 55 ans. Il explique, dans ces mots qu'il avait éparpillés dans la maison, avoir perdu son désir de vivre (la première phrase est écrite en français) :
"J’ai une ame solitaire. I am a lonely soul."
“To whoever finds this I have hopefully committed suicide. Plan B was to asphyxiate myself in my car.”
“I take complete and sole responsibility for my present situation. I have lost my desire to live.”
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire