jeudi 2 juillet 2015

Variations sur l'Algérie en bande dessinée

Je viens de finir deux bandes dessinées parlant de l'Algérie - de la région de Constantine - dans des styles absolument différents, mais chacune présentant son propre intérêt.
Toutefois, la première a ma préférence...
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***** Joël ALESSANDRA : "Le miracle de Constantine" 
(roman graphique publié dans la revue XXI, n°27, été 2014)

L'auteur est fils de pieds-noirs rapatriés d'Algérie aux côtés de 800000 autres en 1962. Lui est né 5 ans plus tard à Marseille et n'a jamais connu la vie de "là-bas"... Il s'étonne quand, chez ses grands-parents, le papi hurle à s'en étouffer à toute apparition de De Gaulle à la télé "le traître !"

Joël A. construit sa vie en gardant dans un coin de l'esprit l'entêtant questionnement sur le comportement de sa famille en Algérie : étaient-ils intolérants, racistes, à l'esprit colon abscons ?
Ce n'est que des années plus tard qu'à la faveur d'une invitation de l’Institut français de Constantine, Joël Alessandra se lance sur les traces de sa famille, muni de quelques photos de la demeure familiale et des bâtiments (dont le cinéma municipal) édifiés grâce au savoir-faire de cette famille d'architectes.
Sa démarche est intéressante, et m'a fait penser à mon mari avec lequel nous avions entrepris il y a une dizaine d'années un pèlerinage sur les traces de sa jeunesse en Tunisie : sa maison, son école, son quartier... 

Joël est ainsi chaleureusement accueilli par les Algériens, en particulier ceux qui ont connu ses aïeux. Il part à la découverte de Constantine et des Algériens, et découvre que sa famille est respectée pour sa contribution à l'architecture de la ville et la protection qu'elle a accordée à des employés arabes pendant la guerre d'Algérie.

Ce roman graphique est superbement illustré d'aquarelles rendant hommage à la ville de Constantine, aux magnifiques bâtiments Art déco ou à l'architecture mauresque, comme l'hôtel Circa où il loge, ou l'Institut Français. Joël Alessandra livre en toute pudeur sa découverte de l'Algérie post '2010 : surveillance policière, étonnement face à la présence essentiellement masculine le soir dans les rues, et gentillesse des habitants et beauté ineffable de la ville et du pont Al Kantaoui et des forteresses.
"De son ancien nom Cirta, capitale de la Numidie, Constantine porte depuis 17 siècles le nom de l'empereur Constantin Ier qui la reconstruisit en 313. Constantine est également surnommée la « ville des ponts suspendus », « ville du vieux rocher », « Ville des oulémas », aussi « ville des aigles » ou bien « Ville du malouf », version constantinoise de la musique arabo-andalouse, elle est la capitale régionale de l'Est du pays." (Source : wikipedia)
--> Voir aussi, s'agissant des pages d'histoire de la colonisation et de l'indépendance de l'Algérie, l'excellent et bouleversant "Dans l'ombre de Charonne", de Désirée et Alain Frappier
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***** Jean-Charles KRAEHN & Sylvain VALLEE : "Gil St André" L'Intégrale Cycle 2, (Ed. Glénat, 2007)
Tome 6 : "Soeurs de larmes" - T7 : "Prisonnières" - T8 : "Le sacrifice"

Après avoir légèrement survolé "L'intégrale Cycle 1" (un bon moment... sans plus), j'ai davantage goûté "Le cycle 2".
Certainement parce que l'histoire se déplaçait en Algérie, dans la région de Constantine, et que cela m'a rappelé des souvenirs d'un périple effectué en mai 1993 à Constantine, Oran, Sidi Bel Abbès, Timimoun, Alger... à une époque particulière.
Ce volume "cycle 2" se concentre sur Djida, la jeune policière du commissariat de Lyon, qui s'est émancipée de sa famille très attachée aux traditions, ou plutôt de ses deux frères, qui ne supportent pas de la voir adopter un mode de vie occidental et se conduire en "femme libérée". C'est donc la petite soeur, Drissia, qui se retrouve sous la houlette de la fratrie, décidés à la marier de force en Algérie avec un notable qui se révèle être un cheikh intégriste.

"La nuit est tombée depuis longtemps sur Aïn Beda, le village perdu dans les montagnes de la petite Kabylie, à cent kilomètres à l'ouest de Constantine. la route qui y mène est un cul de sac. Pour que sa vie ne finisse pas de la même manière, Drissia serait prête à mourir. Pour l'heure, il s'agit surtout de ne pas se couper sur les tessons de bouteille qui ornent le mur ceinturant le jardin de la maison familiale des Feschaoui."

Djida s'envole pour l'Algérie pour récupérer sa petite soeur, comptant sur l'aide de Gil St André qui lui doit bien ça.
Les planches montrant les paysages algériens sont très belles. 
L'histoire est palpitante. En parallèle au récit algérien, se greffent à nouveau les événements concernant Sylvia, la femme de Gil et Viviane sa belle-soeur, ancienne prostituée traquée par les proxénètes belges. Du suspense, de l'action, et l'intérêt de découvrir les pages algériennes.

--> voir pages "Algérie" et pages "BD"

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