samedi 24 octobre 2020

Au Brésil

En écho au billet sur le roman d'Idra Novey qui se déroule au Brésil ("Le jour où Beatriz Yagoda s'assit dans un arbre"), quelques instantanés d'un voyage dans l'Etat de Sao Paulo et celui du Rio Grande do Sul, en mai 2003
Un déplacement professionnel axé sur le secteur agricole, mais comme à mon habitude, l'appareil photo toujours greffé à la main dès la moindre sortie dans la rue, par la fenêtre d'un taxi ou le balcon de l'hôtel. 

Itu (Etat de Sao Paulo) : Eglise Bom Jesus - Façade art déco

RIBEIRAO PRETO et ITU :
Le point de chute du séjour fut la petite ville de Ribeirao Preto, connue pour son gigantesque salon du machinisme agricole Agrishow. Pendant cette période, tout est surbooké, plus une chambre de libre ni une place de resto. C'était boulot dodo direct, avec un plat surgelé réchauffé au micro-ondes de l'espèce de petit motel dans lequel je logeais dans un placard donnant sur le parking souterrain. 400 US$ pour 4 nuits. Appareil photo au repos forcé !
Mon "guide-interprète" était un jeune étudiant en tourisme qui montait sa petite agence de tourisme, c'est lui qui m'avait trouvé la chambre-placard dans le motel. 

Il me proposa de "voir un peu de pays" en-dehors des machines agricoles, et tout fier, il m'invita donc à la visite... du zoo de Ribeirao Preto (!), que j'ai acceptée d'abord pour ne pas froisser mon jeune guide touristique en herbe qui faisait ses premières armes sur moi, et ensuite parce que j'aime les animaux. Il est clair que je n'aurais jamais choisi de moi-même d'aller visiter le zoo d'une ville lambda lors d'un séjour à l'autre bout du monde (avec des enfants, je ne dis pas, mais seule, compte tenu de tout ce qu'il y peut y avoir d'autre à voir...).
Ce parc zoologique comporte une partie jardin dont un jardin japonais offert à la ville par des donateurs nippons (forte communauté japonaise dans la région). J'ai pu observer un chien sauvage, en cage, en voie d'extinction car confondu avec les renards, des tortues d'eau côtoyant nonchalamment un petit croco... et une drôle de bestiole qui gonfle ses poils épines quand elle est dérangée. Voilà... visite du zoo.

Puis, profitant un autre jour de quelques heures de répit, mon fameux guide en herbe me promit la "sortie" touristique ultime de la région, et nous partîmes passer quelques heures dans la ville d'ITU.
Un choix à nouveau un peu surprenant... 
ITU - En haut : des oies qui semblent répéter une pièce de théâtre 😄
On a envie de leur ajouter des bulles de dialogue !
En bas : à la fenêtre d'une galerie d'art, ces visages sont si expressifs
Je suppose que bien d'autres lieux sympathiques et plus touristiques font florès alentour, plutôt que cette petite ville qui se gausse de posséder des répliques d'objets géants. Okay, j'ai pris une photo de la cabine téléphonique géante (l'orelhao de Itu) de 7 mètres de hauteur située sur la place centrale Praça Padre Miguel, et souri devant le feu tricolore géant... Mais tout cela ne casse pas vraiment des briques.
La balade dans cette petite ville fut certes agréable, comparée aux allées poussiéreuses du salon Agrishow : beaux spécimens de l'architecture du 19e siècle, diverses églises, il faisait beau, les jeunes étaient d'humeur joyeuse... 

Mais surtout, brève halte au Parque Geológico do Varvito. Pour le coup, ce site est intéressant mais nous y sommes passés en coup de vent, le temps de faire quelques photos et pfffui. J'ai tout de même pu observer les empreintes de crustacés sur les sédiments et glaner un bris de roche stratifiée.

Je regrette tant, compte tenu de mon intérêt depuis toute petite pour la géologie (biberonnée aux visites des carrières de la région de Fontainebleau et aux prélèvements en tous genres, toujours religieusement conservés dans mon bureau), de ne pas avoir eu d'informations préalables sur ce parc géologique, j'y aurais consacré bien plus de temps.

D'après la Revue de Micropaléontologie (Volume 53, Issue 2, April–June 2010, pp. 69-83), le « Parc des Varvites de Itu » offre les meilleurs affleurements de rythmites glaciaires du Bassin du Paraná et représente un site géologique classique pour la glaciation gondwanienne du Paléozoïque Supérieur. 
"Nos résultats palynologiques portent sur des niveaux biens corrélés au sein du Parc des Varvites de Itu. Le matériel analysé a été prélevé dans deux carrières de la région de Itu, ainsi que dans le sondage IT-IG-85 (échantillons à 171 et 228m) foré près de cette ville dans le centre-est de l’État de São Paulo (Brésil). Les palynomorphes et les éléments de microphytoplancton autochtones recueillis sont bien conservés. Ils incluent 15 espèces de spores et 19 espèces de pollen, y compris trois taxons (Verrucosisporites cf. V. andersonii, Convolutispora arkangelskyi et Caheniasaccites verrucosus) signalés pour la première fois dans la partie brésilienne du bassin du Paraná. Les microalgues comprennent des prasinophycées (Leiosphaeridia sp., Tasmanites sp. et Deusilites tenuistriatus), des chlorophycées (Botryoccocus braunii) et des zignematacés (Tetraporina). L’assemblage palynologique confirme l’âge Pennsylvanien tardif (Kasimovien/Gzhelien) de ces rythmites qui, grâce à la présence du pollen index éponyme et à celle de Scheuringipollenites maximus, sont attribuées à la Zone d’intervalle de Crucisaccites monoletus. La présence de certaines algues prasinophycées suggère un environnement marin faiblement salé."

POLLUTION FLUVIALE...
La scène qui m'avait le plus impressionnée, pour ne pas dire estomaquée, lors de ce voyage fut la vision de cette gracieuse petite ville au pied de laquelle coulait une rivière couverte de mousse blanche : une banquise de détergents flottant sur les eaux tranquilles de cette bourgade. 
La première fois que je découvrais de visu les ravages de la pollution des eaux.
Cela se passait entre Itu et Sao Paulo, dans l'Etat de Sao Paulo.
Sympathique, ce reflet coloré dans la rivière, s'il n'y avait ces icebergs moutonneux qui stagnent sur l'eau
"Et au milieu coule une rivière..."  Au milieu d'une banquise de détergents
PORTO ALEGRE
Après cette première étape dans l'Etat de Sao Paulo, direction l'Etat du Rio Grande do Sul, et sa capitale, Porto Alegre, pour des rencontres avec des fabricants d'équipements agricoles et visites d'usines.
Porto Alegre est située sur la rive gauche du fleuve Guaiba, ce fleuve qui fit d'elle un gigantesque entrepôt agricole et industriel.
Une mégalopole qui fait la part belle aujourd'hui aux gratte-ciels et bâtiments modernes.
Porto Alegre : grande carcasse rouillée sur le fleuve Guaiba

Ma visite fut hélas chamboulée par certains soucis intestinaux... Je pus assurer tant bien que mal les rendez-vous professionnels. Et durant les quelques temps libres, je me suis traînée, littéralement (munie des fidèles compagnons coca cola, imodium, ercéfuryl et smecta) à quelques encablures de l'hôtel heureusement bien situé.
Une halte au Centro de cultura Mario Quintina, centre culturel aménagé dans le superbe ancien hôtel Majestic, datant de 1900, où je me souviens surtout m'être jetée sur une assiette de riz et un thé à la cafétéria sinon réputée pour sa vue imprenable sur le fleuve, ah ce ventre...
Tout de même je pus apercevoir la Fontaine aux azulejos en face du Palacio municipal après une journée de RV organisée par la BRDE, et la cathédrale, la résidence du gouverneur d'Etat... Et, faute de pouvoir continuer à marcher, je me suis réfugiée sur un bateau pour une petite promenade sur le rio Guaiba et vers les îles. Une accalmie apaisante avant le vol de retour.

La musique dans tout ça ? Découverte d'une chanteuse brésilienne de bossa nova, Bïa, autour d'un album délicieux "Carmin" (2003), dont voici le lien vers le morceau Mariana. A écouter aussi, en duo exceptionnel avec Lhassa, décédée si jeune du cancer du sein, sur la merveilleuse chanson de Mercedes Sosa : Los Hermanos.

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