samedi 6 février 2021

Emil Ferris : "Moi ce que j'aime c'est les monstres" (BD)

 ***** (My Favorite Thing Is Monsters), d'Emil Ferris (Ed. Monsieur Toussaint Louverture, 2018) 💙💚💛💜

La claque. 
Cet album est absolument extraordinaire
Que ce soit du point de vue de l'histoire que du graphisme, incroyable. 
L'auteur est une femme (oui, Emil...) née à Chicago où elle était illustratrice quand à 40 ans elle contracta le virus du Nil occidental à la suite d'une piqure de moustique, qui la laissa paralysée durant des années. En fauteuil roulant elle décide de suivre un cours de creative writing, peinant au début à tenir un stylo qu'elle devait faire tenir avec un bout de scotch.
"Quand un événement aussi étrange s’abat sur vous, tout devient clair : le monde vous lance un défi, il vous rend spéciale. J’étais la seconde personne en Illinois à être infectée par ce virus. Statistiquement… Le jour de mon anniversaire en plus. C’est un message de l’univers. Du coup, il faut répondre. Il faut devenir sérieusement badass." (Extrait d'une intéressante interview intime parue dans Libération)
De sa persévérance est né au bout de six ans cet album de 400 pages, un ovni dans la production de romans graphiques. Les dessins sont réalisés au stylo bic quatre couleurs. C'est sidérant, d'une beauté à tomber. Chaque nouvelle page est uppercut pour les yeux, j'ai été scotchée tout du long.

L'histoire m'a happée également. 
Le livre se présente comme le journal d'une petite fille de dix ans, Karen, qui habite dans une banlieue de Chicago dans les années '60, avec son frère Deeze, ultra gominé et dissimulant une part ténébreuse, et sa mère, malade.
Complexée par son physique et bousculée à l'école pour ça, Karen se réfugie auprès des monstres qui peuplent son imagination, et dévore les magazines d'horreur de son frère. 
Elle rêve de se faire mordre par un loup-garou pour enfin devenir elle-même un monstre. 
Un jour, la jolie voisine du dessus, Anka, est retrouvée morte : suicide disent tous, sauf Karen qui décide de mener sa propre enquête. 

La deuxième partie de l'album évoque la vie d'Anka, jeune juive dans l'Allemagne des années '30, qui échappe à la déportation pour atterrir dans un bordel. Deux époques en miroir avec leur lot de violences, de racisme, de pauvreté, d'antisémitisme.
Le tome deux vient de paraître en anglais... Trop hâte de me jeter dessus.
C'est ma découverte BD de l'année 2020, peut-être de la décennie cela mérite que j'y réfléchisse.

--> la chronique "BD"...

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