samedi 31 octobre 2020

Día de Muertos, a casa

En 2017, un an exactement après notre fabuleux voyage en famille au Mexique, j'avais préparé les anniversaires de mon mari (1er novembre) et de mon fils (ses 18 ans le 4 novembre !!!) en décorant la maison à la mexicaine. 
En effet, exactement un an auparavant, nous déambulions à Oaxaca puis à Puebla pour fêter le Día de Muertos, c'était magique, fabuleux.

LA DECO pour ce jour de fête : 
--> merci à Pinterest pour l'idée de peindre l'intérieur de bouteilles de bière mexicaine : le résultat est top et très coloré. Les invités étaient babas ! 
Bon, la réalisation ne s'avère tout de même pas si simple que cela paraît sur Pinterest. 
On verse de la peinture acrylique dans la bouteille et on remue ou on tourne jusqu'à ce que toute la paroi soit recouverte. 
Le problème, c'est qu'ensuite en faisant sécher la bouteille - que ce soit à l'horizontale ou à la verticale - la peinture dégoulinait vers le fond (merci Newton !) et les coulures n'étaient pas forcément très esthétiques. Mon mari est devenu obsédé par ses bouteilles jaunes, qu'il a retournées chaque soir pendant plusieurs jours. La peinture ne séchait tout simplement pas et continuait de dégouliner vers le bas. Patience donc, et ne pas diluer la peinture avant (ou très peu) !
Bien entendu, avant de se lancer dans cet atelier déco de bouteilles, il avait fallu se sacrifier pour vider quelques Coronas et Cubanistos...
Aussi, des bougeoirs un peu partout pour rendre l'ambiance encore plus féérique. Et j'avais fait des guirlandes de dessins de calaveras colorées suspendues d'un bout à l'autre du salon, à partir de photos tirées de Pinterest, et posé ici et là des photos de Catrinas (squelettes de vieilles femmes vêtues de jolies robes colorées et de grands chapeaux fleuris). Evidemment, tous les souvenirs rapportés du voyage mexicain s'étalaient dans la pièce. L'ambiance était vraiment là.

LE REPAS :
Fajitas, guacamole, purée de haricots rouges, salade. Mousse au chocolat et crumble fruits rouges.

LES BOISSONS :
- En apéro, on s'est lancés dans les margaritas (2 cl citron vert, 3 cl de Cointreau et 5 cl de Tequila - verre "ensalé") et c'était bien bon !
- Sur Internet, j'avais déniché des bières "Modelo Negro & Lager" (comme là-bas, dit...), "Death Becomes You Amber Ale", "One-Two Knockout Punch Double IPA", et anniv' de mon mari oblige, 3 bières Motörhead (Imperial Pale Lager, Road Crew, Bastards Lager). La Corona, on en trouve partout, donc pas besoin du Web.

Ce fut une fête des morts très joyeuse, très colorée.
Je termine par un petit clin d'oeil aux crânes magnifiques de Niki de Saint Phalle (exposition au Grand Palais, 2015) :

Cette année : confinés... et une partie de nos jeunes sont à Londres. Donc pas de célébration particulière de ce Día de Muertos 2020

En revanche, je me suis régalée en découvrant le dessin animé "Coco" des studios Pixar/Disney, un petit chef d'œuvre d'animation ! 💚💀Festival de couleurs, de musique, d'humour, de tendresse et de poésie, sublime restitution de la fête des morts au Mexique. 
Quand viendra le jour des petits-enfants, Coco passera en boucle à la maison !

lundi 26 octobre 2020

Bienvenue à l'anthidie, tisserande ou belle endormie

Anthidium manicatum / anthidie à manchettes / Wool carder bee

Une abeille solitaire de la famille des mégachiles, qui porte le doux surnom d'abeille cotonnière parce qu'elle gratte les poils cotonneux des feuilles... : telle une tisserande, elle carde puis transporte la boule de poils végétaux pour en garnir son nid.
Pour ce faire, ses plantes fétiches sont la molène bouillon-blanc ou l'épiaire laineuse (oreilles de lapin).
C'est justement sur des fleurs d'épiaire laineuse que j'ai aperçu deux ou trois individus le 22 juin 2020. 
Voici la vidéo en vol (vol stationnaire), d'une anthidie manicatum posée sur une fleur d'épiaire laineuse, puis posée à proximité sur une pierre, au soleil.
Anthidie manicatum en vol stationnaire puis posée (Sud de Paris, 22/06/2020)

Anthidium septemspinosum / Anthidie épineuse
Autre anthidie vue au jardin il y a quelques années : l'anthidium septemspinosum. 
J'avais pu la prendre en photo sous toutes les coutures ou presque car la belle était endormie sur une fleur de campanule raiponce (les petites campanules sauvages).
Cette anthidie peut rester endormie toute une nuit, accrochée à la fleur par ses mandibules
Contrairement à l'anthidie manicatum, les pattes de Septemspinosum sont noires.
Gros dodo... Anthidium septemspinosum endormie (04/07/2012)
Première fois que je contemplais à loisir un insecte endormi au bout d'une fleur. 
Je n'aurais pas pensé qu'une telle scène pouvait m'être offerte, d'un insecte incarnant l'abandon total au sommeil, en plein jour, à découvert sans se soucier du monde alentour 😊.

Campanule raiponce goulûment visitée par une abeille
Campanule raiponce et ail décoratif
Et je profite d'avoir évoqué la campanule raiponce pour saluer cette petite fleur des champs qui est une merveille au jardin : 

elle se ressème toute seule, à profusion, et fleurit tout l'été, pointant ses petites clochettes violettes plus ou moins foncées, parfois violet très pâle, au beau milieu des massifs ou de la pelouse. 

Et elle plait aux abeilles ! 

dimanche 25 octobre 2020

Alice Zeniter : "Comme un empire dans l'empire"

***** (2020, Ed. Flammarion)
« « On a dit beaucoup de choses de moi mais jamais que j’étais banal, le Ciel m’en préserve ! » avait un jour lancé le député pour qui travaillait Antoine. »

Ca me chagrine de me contenter de mettre une seule étoile à ce roman d'Alice Zeniter, mais il serait malhonnête d'en mettre une de plus dans la mesure où ma lecture n'a tenu que jusqu'à la page 65 (sur 393 pages).
Nulle petite étincelle d'intérêt pour les personnages, ni (le début de) l'histoire.
Le récit ultra-documenté a vite pesé sur mon confort de lecture. Trop de détails, trop d'explications sur tout et en continu, en particulier sur les méandres du dark web et les ressorts du hacking. J'en ressortais noyée.
Antoine, l'assistant parlementaire déçu par le système, et L. la jeune étudiante qui devient hackeuse et ne vit plus que pour ça : je me suis arrêtée de lire avant même leur rencontre.
Une grosse déception, je me faisais toute une fête de lire ce nouveau roman d'Alice Zeniter, après l'euphorie ressentie en lisant "L'art de perdre", ce roman magistral ayant l'Algérie pour toile de fond, qui occupe une place de choix dans mes coups de cœur littéraire.

Numériser des photos papier

Découvert une solution facile pour numériser des photos argentiques... : télécharger Google PhotoScan (gratuit), prendre une photo avec son smartphone du cliché sur tirage papier puis juxtaposer 4 petits cercles là où Photoscan vous guide, et cliquer.
L'appli supprime les reflets, c'est magique.
Voilà, ultra rapide, ultra simple, résultat assez correct : je me suis fait la main sur les photos qui agrémentent l'article "Au Brésil".

samedi 24 octobre 2020

Au Brésil

En écho au billet sur le roman d'Idra Novey qui se déroule au Brésil ("Le jour où Beatriz Yagoda s'assit dans un arbre"), quelques instantanés d'un voyage dans l'Etat de Sao Paulo et celui du Rio Grande do Sul, en mai 2003
Un déplacement professionnel axé sur le secteur agricole, mais comme à mon habitude, l'appareil photo toujours greffé à la main dès la moindre sortie dans la rue, par la fenêtre d'un taxi ou le balcon de l'hôtel. 

Itu (Etat de Sao Paulo) : Eglise Bom Jesus - Façade art déco

RIBEIRAO PRETO et ITU :
Le point de chute du séjour fut la petite ville de Ribeirao Preto, connue pour son gigantesque salon du machinisme agricole Agrishow. Pendant cette période, tout est surbooké, plus une chambre de libre ni une place de resto. C'était boulot dodo direct, avec un plat surgelé réchauffé au micro-ondes de l'espèce de petit motel dans lequel je logeais dans un placard donnant sur le parking souterrain. 400 US$ pour 4 nuits. Appareil photo au repos forcé !
Mon "guide-interprète" était un jeune étudiant en tourisme qui montait sa petite agence de tourisme, c'est lui qui m'avait trouvé la chambre-placard dans le motel. 

Il me proposa de "voir un peu de pays" en-dehors des machines agricoles, et tout fier, il m'invita donc à la visite... du zoo de Ribeirao Preto (!), que j'ai acceptée d'abord pour ne pas froisser mon jeune guide touristique en herbe qui faisait ses premières armes sur moi, et ensuite parce que j'aime les animaux. Il est clair que je n'aurais jamais choisi de moi-même d'aller visiter le zoo d'une ville lambda lors d'un séjour à l'autre bout du monde (avec des enfants, je ne dis pas, mais seule, compte tenu de tout ce qu'il y peut y avoir d'autre à voir...).
Ce parc zoologique comporte une partie jardin dont un jardin japonais offert à la ville par des donateurs nippons (forte communauté japonaise dans la région). J'ai pu observer un chien sauvage, en cage, en voie d'extinction car confondu avec les renards, des tortues d'eau côtoyant nonchalamment un petit croco... et une drôle de bestiole qui gonfle ses poils épines quand elle est dérangée. Voilà... visite du zoo.

Puis, profitant un autre jour de quelques heures de répit, mon fameux guide en herbe me promit la "sortie" touristique ultime de la région, et nous partîmes passer quelques heures dans la ville d'ITU.
Un choix à nouveau un peu surprenant... 
ITU - En haut : des oies qui semblent répéter une pièce de théâtre 😄
On a envie de leur ajouter des bulles de dialogue !
En bas : à la fenêtre d'une galerie d'art, ces visages sont si expressifs
Je suppose que bien d'autres lieux sympathiques et plus touristiques font florès alentour, plutôt que cette petite ville qui se gausse de posséder des répliques d'objets géants. Okay, j'ai pris une photo de la cabine téléphonique géante (l'orelhao de Itu) de 7 mètres de hauteur située sur la place centrale Praça Padre Miguel, et souri devant le feu tricolore géant... Mais tout cela ne casse pas vraiment des briques.
La balade dans cette petite ville fut certes agréable, comparée aux allées poussiéreuses du salon Agrishow : beaux spécimens de l'architecture du 19e siècle, diverses églises, il faisait beau, les jeunes étaient d'humeur joyeuse... 

Mais surtout, brève halte au Parque Geológico do Varvito. Pour le coup, ce site est intéressant mais nous y sommes passés en coup de vent, le temps de faire quelques photos et pfffui. J'ai tout de même pu observer les empreintes de crustacés sur les sédiments et glaner un bris de roche stratifiée.

Je regrette tant, compte tenu de mon intérêt depuis toute petite pour la géologie (biberonnée aux visites des carrières de la région de Fontainebleau et aux prélèvements en tous genres, toujours religieusement conservés dans mon bureau), de ne pas avoir eu d'informations préalables sur ce parc géologique, j'y aurais consacré bien plus de temps.

D'après la Revue de Micropaléontologie (Volume 53, Issue 2, April–June 2010, pp. 69-83), le « Parc des Varvites de Itu » offre les meilleurs affleurements de rythmites glaciaires du Bassin du Paraná et représente un site géologique classique pour la glaciation gondwanienne du Paléozoïque Supérieur. 
"Nos résultats palynologiques portent sur des niveaux biens corrélés au sein du Parc des Varvites de Itu. Le matériel analysé a été prélevé dans deux carrières de la région de Itu, ainsi que dans le sondage IT-IG-85 (échantillons à 171 et 228m) foré près de cette ville dans le centre-est de l’État de São Paulo (Brésil). Les palynomorphes et les éléments de microphytoplancton autochtones recueillis sont bien conservés. Ils incluent 15 espèces de spores et 19 espèces de pollen, y compris trois taxons (Verrucosisporites cf. V. andersonii, Convolutispora arkangelskyi et Caheniasaccites verrucosus) signalés pour la première fois dans la partie brésilienne du bassin du Paraná. Les microalgues comprennent des prasinophycées (Leiosphaeridia sp., Tasmanites sp. et Deusilites tenuistriatus), des chlorophycées (Botryoccocus braunii) et des zignematacés (Tetraporina). L’assemblage palynologique confirme l’âge Pennsylvanien tardif (Kasimovien/Gzhelien) de ces rythmites qui, grâce à la présence du pollen index éponyme et à celle de Scheuringipollenites maximus, sont attribuées à la Zone d’intervalle de Crucisaccites monoletus. La présence de certaines algues prasinophycées suggère un environnement marin faiblement salé."

POLLUTION FLUVIALE...
La scène qui m'avait le plus impressionnée, pour ne pas dire estomaquée, lors de ce voyage fut la vision de cette gracieuse petite ville au pied de laquelle coulait une rivière couverte de mousse blanche : une banquise de détergents flottant sur les eaux tranquilles de cette bourgade. 
La première fois que je découvrais de visu les ravages de la pollution des eaux.
Cela se passait entre Itu et Sao Paulo, dans l'Etat de Sao Paulo.
Sympathique, ce reflet coloré dans la rivière, s'il n'y avait ces icebergs moutonneux qui stagnent sur l'eau
"Et au milieu coule une rivière..."  Au milieu d'une banquise de détergents
PORTO ALEGRE
Après cette première étape dans l'Etat de Sao Paulo, direction l'Etat du Rio Grande do Sul, et sa capitale, Porto Alegre, pour des rencontres avec des fabricants d'équipements agricoles et visites d'usines.
Porto Alegre est située sur la rive gauche du fleuve Guaiba, ce fleuve qui fit d'elle un gigantesque entrepôt agricole et industriel.
Une mégalopole qui fait la part belle aujourd'hui aux gratte-ciels et bâtiments modernes.
Porto Alegre : grande carcasse rouillée sur le fleuve Guaiba

Ma visite fut hélas chamboulée par certains soucis intestinaux... Je pus assurer tant bien que mal les rendez-vous professionnels. Et durant les quelques temps libres, je me suis traînée, littéralement (munie des fidèles compagnons coca cola, imodium, ercéfuryl et smecta) à quelques encablures de l'hôtel heureusement bien situé.
Une halte au Centro de cultura Mario Quintina, centre culturel aménagé dans le superbe ancien hôtel Majestic, datant de 1900, où je me souviens surtout m'être jetée sur une assiette de riz et un thé à la cafétéria sinon réputée pour sa vue imprenable sur le fleuve, ah ce ventre...
Tout de même je pus apercevoir la Fontaine aux azulejos en face du Palacio municipal après une journée de RV organisée par la BRDE, et la cathédrale, la résidence du gouverneur d'Etat... Et, faute de pouvoir continuer à marcher, je me suis réfugiée sur un bateau pour une petite promenade sur le rio Guaiba et vers les îles. Une accalmie apaisante avant le vol de retour.

La musique dans tout ça ? Découverte d'une chanteuse brésilienne de bossa nova, Bïa, autour d'un album délicieux "Carmin" (2003), dont voici le lien vers le morceau Mariana. A écouter aussi, en duo exceptionnel avec Lhassa, décédée si jeune du cancer du sein, sur la merveilleuse chanson de Mercedes Sosa : Los Hermanos.

dimanche 18 octobre 2020

Idra Novey : "Le jour où Beatriz Yagoda s'assit dans un arbre" (Brésil/EU)

 ***** "Ways to Disappear" (2016)

Un arbre dans la ville
(Porto Alegre, 2003)

"Dans un parc délabré au bout du bout délabré de Copacabana, une femme s'arrêta sous un amandier avec une valise et un cigare."

J'ai d'abord été happée par ce roman. L'histoire, insolite et fantasque, d'Emma, traductrice américaine d'une romancière brésilienne, qui sent poindre une vie planplan à Pittsburg aux côtés d'un futur mari obsédé par le jogging et d'une belle mère en mal de mariage et petits-enfants.

"Entre la plume foncée et l'immense bord blanc du chapeau, Emma avait un peu l'air d'une folle, ou peut-être juste l'air d'une femme ayant le sens de l'humour, qui refusait d'attendre quelque alignement des étoiles impossible pour profiter de la vie." 

Alors, quand Beatriz Yagoda, sa romancière fétiche, disparaît de son domicile à Rio de Janeiro, pour être entraperçue réfugiée dans un arbre tenant valise et cigare, Emma accourt sur place.

"Quand elle émergea enfin de l'aéroport international Galeao de Rio, Emma absorba le relent familier d'aisselles, de pots d'échappement et de goyaves qui l'assaillit lorsqu'elle sortit de la zone de retrait des bagages et que l'air extérieur s'abattit sur elle."
Sao Paulo, 2003

Débarquant au débotté chez les enfants de Beatriz, Marcus (le beau gosse en vogue) et Raquel (qui au travail tient la dragée haute aux syndicats mais en famille est en pleine déroute psychologique), Emma se met en quête d'indices puisés dans les romans de l'écrivaine pour partir sur sa trace. La cohabitation est d'abord pénible, puis une attirance mutuelle rapproche Emma et Marcus au grand dam de Raquel. De toutes façons, Emma avait succombé au virus brasiliensis... 

Le pays entier se passionne pour les recherches.
L'histoire se corse quand la famille découvre que Beatriz s'est enfuie pour échapper à de pharamineuses dettes de poker contractées auprès d'un gros bras local.
Or, au Brésil, on ne plaisante pas avec les dettes de jeu, surtout dans un certain milieu : enlèvement, menaces, doigts ou oreilles coupées, rançon...
Bientôt la famille et la traductrice deviennent la cible épouvantée de ce gros bras.

"A cette pensée, Raquel s'obligea à rejoindre le trottoir. Un homme à vélo passa telle une tache floue, et elle poussa un cri de peur. De la colline protubérante d'une favela voisine, on entendit le bégaiement de tirs d'un fusil d'assaut. Pendant une seconde, l'unique couture de lumière qui parcourait la favela brilla avec plus d'intensité. Puis la couture se replia dans l'obscurité."

"Le temps qu'Emma et Raquel se précipitent à l'intérieur, tout ce qu'il restait de Marcus était un grand verre échoué au bar au milieu d'une mare de caïpirinha. Par terre, un fatras de glaçons et de citrons."

S'entremêle à la quête de Beatriz des extraits de ses premiers romans et de son tout dernier projet, dans lequel elle révèle certain secret sur le viol qui avait précédé la naissance de Raquel..

Camaïeu architectural (Porto Alegre)
Le récit est régulièrement entrecoupé de digressions sur des explications de mot ou de texte. J'avoue à cet égard ne pas avoir accroché à ce procédé littéraire.
Et puis, au fil du roman, une certaine fatigue m'est venue, je trouvai compliqués les extraits des romans de Beatriz, je commençai à décrocher. C'est peut-être l'âge, l'agilité intellectuelle nécessaire pour prendre pleinement la mesure du roman jusqu'à sa fin a fini par s'émousser.  Des 4 étoiles que j'aurais attribuées à ce livre pendant la première partie de lecture, encore réjouie par le style alerte d'Idra Novey, je suis descendue à 3 * au cours de la seconde partie...

"Et puis midi arriva. Le genre de midi brésilien, éclatant, aveuglant."

"Et puis midi arriva..." (Itu, SP, 2003)


En illustration, quelques photos d'un voyage professionnel dans l'Etat de Sao Paulo et le Rio Grande do Sul en 2003. 

Cela faisait un bout de temps que je n'avais pas lu de roman sur le Brésil. A noter qu'Idra Novey est traductrice et spécialiste de l'oeuvre de Clarice Lispector. Il me reste du pain sur la planche : voici la petite liste des livres ayant trait au Brésil, déjà lus (en noir) ou à découvrir, un jour... (en vert). 

Abreu, Caio Fernando : Qu'est devenue Dulce Veiga ?
Amado, Jorge :  Cacao *****, Bahia de tous les Saints, Dona Flor et ses deux maris ****, Gabriela, Girofle et cannelle ****, Tocaia Grande ****, La boutique aux miracles, Les deux morts de Quinquin-la flotte, Le pays du Carnaval,
Andrade, Mario de : Aimer, verbe intransitif 💚 ***** 1927Macounaïma
Angot, Christine (Fr.) : Pourquoi le Brésil ? ***
Betto, Frei : Hotel Brasil
Blas de Roblès, Jean-Marie (Fr.) : Là où les tigres sont chez eux
Carvalho, Bernardo : Le soleil se couche à Sao Paulo
Coelho, Paolo : L'alchimiste *** 1988,
Delfino, Jean-Paul (Fr.) : Pour tout l'or du Brésil, Zumbi, Dans l'ombre du condor, Corcovado, Samba triste
de Pontes Peebles, Frances ( Br./E-U) : La couturière
Fagundes-Telles, Lygia : L'heure nue, La structure des bulles de savon, Les pensionnaires, Un thé bien fort et trois tasses, La discipline de l'amour, La nuit obscure et moi,
Fermine, Maxence (Fr.) : Amazone 2004
Garcia-Roza, Luis Alfredo : Bon anniversaire Gabriel !
Guimaraes Rosa, Joao : Diadorim *****, Buriti,
Lapouge, Gilles (Fr.) : Equinoxiales💚 *****
Lins, Paolo : La cité de Dieu
Lispector, Clarice : Le bâtisseur de ruines
Melo, Patricia : Eloge du mensonge, O Matador *** (tellement dur...), Monde perdu
Rezende, Maria Valeria : Le vol de l'ibis rouge
Rufin, Jean-Christiophe (Fr.) : Rouge Brésil💚 *****La salamandre
Studart, Heloneida : Le bourreau, Les huit cahiers, Le Cantique de Meméia,
Vasconcelos, Jose Mauro de : Mon bel oranger💚 ***** 1971, Le palais japonais ****Allons réveiller le soleil💚 ***** 1974, Loin de la terre 1977

samedi 17 octobre 2020

Sur les traces d'un périple de jeunesse au Maroc

Dans le sillage du confinement lié à la pandémie Covid-19, j'ai comme beaucoup fini par m'attaquer aux années de rangement sempiternellement délaissées, repoussées aux calendes, et découvert de belles trouvailles... (ICI).
Ainsi, un petit carnet de voyage ne payant vraiment pas de mine (offert par la Sté Lafarge à mon père qui travaillait dans le secteur des mines et carrières) datant de l'année post-bac, 1984, avec des notes d'un voyage au Maroc entamé la veille de mes 19 ans en compagnie de mon frère aîné et de deux amis du lycée, Joëlle et Arjen. Grâce à la fabuleuse carte InterRail, le sésame des jeunes on the road...

La première page de ce carnet ne manque pas de m'interpeller : j'avais osé recopier le blabla qu'on lisait dans le train de la Renfe (la SNCF espagnole). Peut-être enthousiasmant pour la jeune routarde d'hier (les consignes du train en espagnol comme un joyeux signe de dépaysement)... aujourd'hui ringard mais touchant. 
Arrivée sur le sol marocain, Tanger... Dans le carnet, Tanger c'est la première corne de gazelle, le premier sandwich au thon, le premier thé à la menthe, les premières vagues atlantiques, le premier gâteau aux amandes, la première chorba, les premières brochettes, les premières figues de Barbarie...
La découverte de ces drôles de fruits, que j'appelle "figues berbères" dans le carnet, certainement faute d'avoir bien compris leur nom qui nous était à l'époque inconnu. Elles n'ont de fait rien à voir avec la Berbérie des Berbères...

Une des deux théières souvenir du voyage

7 aout 1984 : Espagne-Tanger/Asilah
J'ai osé recopier le baratin en espagnol de la Renfe !
Voilà, brève escale à Tanger. "If you see her, say hello, she might be in Tangiers", Bob Dylan...
Hélas je n'avais pas encore "fait la connaissance" de Paul Bowles ; le beau film de Bertolucci tiré de son roman Un thé au Sahara (avec Debra Winger et John Malkovich) ne sortirait que six ans plus tard.
J'ignorais que Kessel, Morand ou Loti, mes futurs dieux écrivains voyageurs, avaient vécu à Tanger, ou que Truman Capote s'y était aussi arrêté...
Cela, je l'ai découvert plus tard, trop tard pour marcher sur leurs traces dans la ville.
Récemment, c'est en découvrant (sur le tard encore... mieux vaut t... que jamais 😉) le SUBLIME film de Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive, que j'ai eu l'impression de m'évader à nouveau dans les rues de Tanger.
Tanger restera donc la ville de ma première figue de Barbarie : pas rien dans une vie, hein ! Je me souviens encore du vendeur ambulant qui les épluchait les mains gantées de gants style mappa.
Aussi, premières amitiés marocaines au camping, à mots couverts nous découvrons les réticences des Marocains à évoquer le souverain en règne. En revanche, les jeunes nous parlent avec fierté d'un athlète marocain que nous ne connaissons pas, il doit s'agir (au vu des dates) de Saïd Aouita, vainqueur du 5 000 mètres aux Jeux olympiques de l'été 1984 à Los Angeles.

Rabat, notre première auberge de jeunesse marocaine... Tour Hassan II, palais de Mohammed V, remparts de la médina, kasbah... Nous les deux filles achetons notre premier nécessaire de khôl dans la médina... Je n'ai jamais jamais su l'utiliser, mais j'ai toujours en souvenir le petit flaconnet de bois et son bâtonnet.
Enfin, les premières discussions politiques sérieuses avec un instituteur berbère, à l'abri des oreilles indiscrètes.
Visites du Palais Royal, désert, de la Chellah. Notre premier jus d'amandes...
Mohammedia, ville de riches sans âme (nous ne devions pas avoir de guide du routard avec nous sinon nous aurions probablement sauté cette étape).
Imilchil, point de rencontre entre l'Est et l'Ouest du Haut Atlas. 2160 mètres d'altitude. Célèbre pour son "Moussem" des fiançailles, que j'évoque dans mon carnet par le biais d'une légende recopiée en anglais... Etonnant, certainement l'attrait du dépaysement linguistique comme pour les consignes en espagnol de la Renfe.

9-12 août 1984 : Rabat (+ Mohammediah)
Discussion avec un instituteur berbère aux aguets...

Bref arrêt à Casablanca, le temps de laisser mon frère chez un ami, et nous repartons pour Marrakech
Les galères pointent le nez. Arjen est victime d'un pickpocket. Un marocain enroule d'office un serpent autour du cou de Joëlle sur la place Jema el Fna : dans mon souvenir, Joëlle crie très fort 😱... Les "Eh oh les gazelles" sont incessants dès que nous mettons le pied dehors et cela devient pesant... Mes deux amis décident de fuir Marrakech la désolante pour Ouarzazate. Je reste pour attendre mon frère, le patron de l'auberge de jeunesse me sermonne de voyager seule et promet de veiller sur moi. Pas question de laisser une jeune gazelle seule dans Marrakech. Il n'empêche que je subis alors, le temps d'une courte absence du dortoir, la première fouille complète de mon sac à dos ; heureusement, mes pataugas, à l'intérieur desquelles est cousu le sachet avec mes billets en francs étaient aux pieds. Mon frère me rejoint et nous décidons de dormir sur le toit-terrasse de l'auberge, c'est magique.
Achat du premier tamtam de ma vie ! Depuis un bon lot de tamtams du monde entier s'en est venu tenir compagnie à ce premier coup de coeur marocain. Le tamtam sera vite rejoint par l'autre achat incontournable de ce voyage : des théières !
Nous sympathisons avec un groupe d'Allemands et Autrichiens qui deviennent nos nouveaux compagnons de route. Dorénavant, nous baragouinons beaucoup pour communiquer.

13-14-15 août 1984 : Marrakech
Joëlle et Arjen nous quittent, mon frère et moi sympathisons avec un petit groupe d'Autrichiens
(tiens, déjà 😉 mais "il" n'est pas dedans, "lui" ce sera en Espagne un an plus tard, toujours grâce à InterRail !)
Dernier jour à Marrakech. Visite des tombeaux saadiens du 16e siècle. Figues de barbarie 😋. Fontaine Mouassine, la Koubba, le minaret de la mosquée Ben Youssef. Le quartier des tanneurs, où domine une drôle de couleur verdâtre qui nous déçoit, tant nous avions imaginé que nous serions éblouis de couleurs éclatantes. 
Départ en bus pour Ouarzazate via la route qui serpente dans l'anti-Atlas, petit col de montagne, à plus de 2000 mètres d'altitude, paysages superbes, chèvres, mulets, figuiers de barbarie énormes 😋.
Ouarzazate, désertique, la route des milles kasbahs, yogourt vanille, jus d'oranges pressé, palais du Glaoui, coca cola, fait tellement chaud...
16-18 août : Marrakech/Ouarzazate
Ca alors, "On rigole bien : j'ai marché en sandalettes dans le caca d'un mulet" : c'est tout moi ça !
Le groupe se sépare ; mon frère et moi partons pour Tineghir, l'une des dix plus belles oasis au monde (ce que nous ne savions probablement pas à l'époque) et passons la nuit au camping du lac dans la palmeraie, ouvert à tous vents.

19-20 août : Ouarzazate/Tineghir (dans la vallée du Todgha, au sortir du Haut Atlas et face au djebel Saghro)
Etrange comme ce carnet s'interrompt brutalement au mardi 21 août...
Ce dont je me souviens, c'est que le couple de Français rencontrés sur la route nous a pris en stop et amenés jusqu'à Zagora, la porte du désert. Camping, à la belle étoile, mon frère et moi n'ayant pas de tente ; j'étais littéralement morte de trouille la nuit allongée dans mon sac de couchage, avec bien sûr aux pieds les pataugas contenant les derniers billets ! 
Et mon frère atrocement malade d'une tourista carabinée... Souvenir impérissable du "cabinet" de toilettes du camping : un petit cabanon avec à l'intérieur une sorte de pyramide (assez haute), avec des marches, qu'il fallait grimper jusqu'en haut pour s'asseoir sur le trône 😉. Pauvre frérot, vraiment pas à la noce. Pour ma part, à force de rester chaussée de mes énormes pataugas tirelires, infection au pied progressant à chaque pas, jusqu'à terminer à l'hôpital où je fus soignée par un médecin ayant fait son internat de médecine à ... Fontainebleau (suis bellifontaine). Je me souviens avoir été surprise de ne devoir rien payer pour ces soins, prodigués à l'hôpital public.
Nous poursuivîmes notre périple via les splendides gorges du Dadès et du Todra, en autobus local 😰... Trouillomètre très élevé sur cette route de montagne très très escarpée, pour le coup la vue est plongeante dans les gorges ! 
Puis (je passe vite car le carnet s'est tu) Beni Mellal, Meknès, Fès, Tanger, le ferry pour Algesiras, à nouveau cette chère Renfe puis sa cousine française... et retour à la maison.

Ce voyage a fait naître en moi une passion pour les déserts, assouvie au travers des romans et récits (Isabelle Eberhardt, Pierre Loti, Joseph Kessel, René Caillié, Théodore Monod, Ella Maillart, Odette Du Puigaudeau, Roger Frison-Roche, J.M.G. Le Clézio...), des beaux livres (photographies de Jean-Marc Durou), de la géologie et des voyages.

Le Maroc sur ce blog : 
- Laurent Merlin : L'enfant du Sahara (film)
- Carmen Posadas : Cinq mouches bleues ****
- Caryl Férey : Alice au Maroc ***
- Douglas Kennedy : Mirage/The heat of betrayal ***
Pour d'autres idées de lecture : Lectures d'Afrique / Maroc

dimanche 11 octobre 2020

Jean Harambat : "Opération Copperhead" (BD)

***** (2018, Ed. Dargaud, 175 p.) - Prix René Goscinny au festival d'Angoulême.

Deuxième bande dessinée de Jean Harambat que je lis, après "Le detection Club", dont l'action se déroulait également au Royaume-Uni.
Le sujet d'"Operation Copperhead" présente un certain intérêt historique : pendant la seconde guerre mondiale, Churchill met en scène un sosie du général Montgomery pour faire diversion et laisser croire à l'ennemi que le débarquement aura lieu sur les plages du Sud-est de la France... 
De fait, le lieutenant-colonel David Niven (himself) et le soldat Peter Ustinov, (himself aussi) furent chargés de transformer un acteur inconnu, Clifton James, en parfaite doublure de Monty.
Cette BD présente aussi l'intérêt de donner un aperçu (sommaire) de la vie à Londres pendant le Blitz, et des soirées au cabaret.
Les dialogues sont parfois drôles, notamment quand David Niven se fait régulièrement voler la vedette par Laurence Olivier. Cependant, les dessins ne m'ont vraiment pas emballée, j'ai trouvé l'ensemble vieillot, à l'instar de ce que j'avais ressenti avec "Le Detection Club". 
Il semble que cet auteur ne soit pas ma tasse de thé, passons à d'autres découvertes...

Mes petits poupons du jardin : les larves de cétoine dorée

En rempotant un yucca au jardin, j'ai découvert dans son pot cinq de ce que l'on appelle communément de gros vers blancs. Il faisait trop sombre pour les identifier, alors, pour ne pas prendre le risque de confondre dans l'obscurité larves de cétoine dorée (auxiliaire du jardin) et larves de hanneton (hélas nuisibles au jardin), je les ai toutes cinq rapportées dans mon bureau.

Evidemment au grand dam de certains humains de la maisonnée...

Le jeu en valait la chandelle car j'ai de suite identifié cinq gentillettes larves de cétoine dorée, ma belle amie à carapace vert mordoré, qui me rend fidèlement visite chaque année sur le même arbre près de la terrasse. Réveillées par la chaleur de ma lampe, elles se sont mises à gigoter et m'ont gratifiée d'une belle démonstration de déplacement sur le dos, ce que la larve de hanneton n'est pas capable de faire. Vite, je m'en suis allée réinstaller mes cinq petits poupons au jardin, très heureuse de les y savoir présentes.

Larves de cétoine dorée (27/09/2020)

They made my day... 💚


Voir aussi sur ce blog :

mardi 6 octobre 2020

Jardin et canicule...

Magnolia Grandiflora
...grillé (08/2020)

Cet été, comme partout ailleurs, notre jardin a été grillé par la canicule ; ce fut au-delà de ce que nous avions connu ces dernières années.
Cela étant, il ne s'agit que d'un jardin, si peu de chose au regard des conséquences dramatiques des intempéries partout dans le monde.

Trois semaines de vacances, et quasi tout a grillé ou dépéri, à l'exception de quelques plantes que j'ai surnommées mes warriors et qui seront prioritaires à l'ordre de jour de mes futures nouvelles plantations : sauges arbustives, sauge de Jérusalem, valériane, gauras, eupatoires, lavande, géraniums vivaces, euphorbes, convolvulus, oeillets, coquelourdes, solidagos, achillée, lavatère, campanule grandiflora, plumbagos, phytolaque, agapanthe, chèvrefeuille, fenouil...
A l'avenir, la messe est dite, je privilégierai ces plantes "dures à cuire" ! Cet épisode m'aura vaccinée contre les achats de plantes et arbustes trop délicats.

Le magnolia en 2013...

Au rang des disparues (irrémédiablement ou en sursis je ne sais pas... dans l'attente du printemps prochain...) : plusieurs heuchères, toutes les anémones du japon, tous les hortensias, penstemons, phlox, marguerites, asters, chrysanthèmes, coréopsis, gaillardes, le petit pommier d'amour, des potées de houx, moult fleurs achats coup de coeur de jardinerie dont je n'ai même pas trop eu le temps de retenir le nom...

Voilà pour les plantes et fleurs.
Pour les arbres et arbustes : des feuillages certes desséchés, un aucuba totalement grillé, ainsi qu'un joli altéa (hibiscus) et un lilas d'Espagne en pot et ma dernière lubie d'anniversaire : un petit saule crevette... 
Mais, surtout, quel choc en découvrant notre splendide magnolia grandiflora à feuillage persistant, qui était une véritable œuvre d'art in progress plantée il y a dix ans voire plus (il faut que je recherche, ça me titille), toujours couvert de ses feuilles mais celles-ci absolument TOUTES entièrement grillées. Un choc, lui qui arborait toujours avec sa prétention naturelle de superbes feuilles brillantes lisses et vertes. La vision nous a semblé tellement incongrue, j'ai pensé qu'il avait subi l'attaque fulgurante d'un redoutable parasite. Je ne pensais pas pouvoir perdre un arbre "de soif" en 3 semaines d'absence estivale.

Sur ce sujet, j'ai lu un article inquiétant au sujet de la Forêt de Fontainebleau, ma terre natale : le risque d'embrasement de cette forêt de Seine-et-Marne rejoint presque de nos jours celui de la garrigue méditerranéenne...
A Fontainebleau, "les hêtres roussissent, les fougères se dessèchent", la foudre ou un mégot négligent font le reste. "
Pour 10 hectares brûlés, 100 HECTARES D'ARBRES ONT SÉCHÉ SUR PIED. Sans flammes ni ciel orange (comme en Californie...), la mort subite du pin sylvestre, déshydraté par la sécheresse, est terrifiante mais silencieuse." (Télérama, 23/09/2020)

dimanche 4 octobre 2020

Construction du nouvel enclos de tortues

Vite, des nouvelles des tortues avant qu'elles n'entrent en hibernation...
J'en étais restée à relater la cohabitation délicate entre chien et tortues dans la maisonnée.
le nouvel enclos à partir de serres clapet

Il faut savoir que la cohabitation peut s'avérer tout aussi délicate entre tortues.
Outre le fait que les 🐢ont besoin d'espace et adorent cavaler (oui, elles rouellent ! quelques secondes d'inattention et elles ont tôt fait de se faire la malle aux quatre coins du jardin), se pose également le problème de la cohabitation avec certaines 🐢 mâles. 

Or, il semble s'avérer que nos deux grosses 🐢sont deux mâles, ainsi que l'une des deux petites... C'est encore une supposition, mais leur comportement parfois très agressif l'une envers l'autre (elles se coursent, se mordent les pattes ou la carapace... c'est désarmant 😧) semble le corroborer.

Alors, nous avons lancé au printemps dernier le chantier de la construction d'un nouvel enclos pour isoler les deux petites juvéniles Aglaé et Sidonie, en remplacement de l'ancien enclos fait de bric et de broc, qui ressemblait surtout à un bunker anti-🐾🐾. Certes les 🐢 y étaient bien, mais pour nous, la croix la bannière pour y accéder, soulever les armures de grillages et les murs de briques et tuiles...
Et pour tout dire, qu'il avait piètre mine cet enclos !

Au préalable, longue étude de marché de ma part, recherches sur les forums, comparaison de prix et d'avis sur la qualité du bois, etc. Comme nous ne nous sentions hélas pas d'attaque pour construire nous-mêmes ex-nihilo un enclos, j'ai finalement sélectionné des serres clapets de la marque VidaXL.
Par chance, les serres ont été livrées au tout début du confinement. Nous avons donc pu profiter du confinement pour mettre en œuvre le chantier. 
Ces serres potagères sont très pratiques, nous avons remplacé le plexiglass sur trois d'entre elles par du grillage et conservé une serre intacte pour constituer un abri isolé de la pluie au-dessus de la maisonnette. Pour plus de résistance aux intempéries, passage d'une couche de lazure sur les parois.
Les séparations entre les 3 serres ont été découpées à la petite scie électrique afin qu'elles soient toutes réunies en continu. L'enclos mesure 6 mètres de long.
Tous nos visiteurs s'accordent à trouver cet enclos très joli...

Déroulement du chantier avec le contrôleur général teckel en poste

Dans tout cela me direz-vous : où sont donc installées les deux aînées, Dorée et Morfalou ?
Ah ah, elles ont eu droit à leur chantier elles aussi, cet été ! Moins de travaux cependant... nous avons aménagé une partie de mes plates bandes de fleurs en enclos de plein air. A découvrir bientôt sur le blog 😉

jeudi 1 octobre 2020

Jean Harambat : "Le Detection Club" (BD)

***** (Dargaud, 2019, 130p.)
"Promettez-vous que votre détective résoudra les crimes qui lui sont présentés en utilisant  l'esprit que vous avez bien voulu lui accorder, et de ne pas utiliser la révélation divine, l'intuition féminine, la tricherie, la coïncidence ou tout acte de Dieu ?"
Une BD sympathique, à laquelle j'ai eu du mal à m'accrocher au début car moyennement séduite par le graphisme, trop sobre et épuré à mon goût. Et puis je m'y suis faite et suis entrée de bon allant dans cette enquête à la Cluedo. C'est finalement charmant, sans être enthousiasmant. J'imagine tout-à-fait cette petite histoire en pièce de théâtre. Et tiens, ça a allumé une flamme de nostalgie pour les parties de Cluedo de jadis...
Les sept membres du Detection club, association d'illustres auteurs de "detective novels" (G.K. Chesterton, Agatha Christie, Dorothy Sayers, le major A.E.W. Mason, la baronne Emma Orczy, le père Ronald Knox, l'Américain John Dickson Carr) sont invités par un milliardaire dans sa villa sur une île de Cornouailles. Ce personnage excentrique entend révolutionner la résolution des enquêtes policières grâce à un robot, Eric. Mais voilà, le milliardaire est découvert "suicidé" sur son île...
Chacun des maîtres du roman policier s'évertuera à suggérer des pistes et un coupable. Les moments que j'ai préférés sont les courses poursuites sur la lande (où les couleurs des dessins sont les plus remarquables), et au loin la villa surplombant la mer, en bord de falaise. 
Quelques dialogues sont assez savoureux, mettant en avant le flegme britannique, le particularisme américain (Un thé Monsieur ? A moi ?... non je suis américain ! - Ah, un bourbon alors)... La prime aux conversations entre les deux compères Agatha Christie et Gilbert K. Chesterton :
- Gilbert, vous vous prendriez les pieds dans un arc-en-ciel.
- J'y étais presque !
- Quand donc sortirez-vous de l'enfance, mon cher ?
- J'en suis sorti d'un point de vue administratif.
- Alors, votre cœur joue de la batterie ?

Agatha Christie est une figure centrale de cette BD, on assiste même à son remariage avec Max Mallowan en épilogue. A ceux qui apprécient cette écrivaine, je recommande vivement une délicieuse BD "la vie rêvée d'Agatha Christie", un de mes grands coups de 💗 BD. (En revanche, ne surtout pas lire le livre de B. Kernel "Agatha Christie, le chapitre disparu", très mauvais).

Par ailleurs, j'eus la surprise d'apprendre en lisant "Le Detection Club" que l'écrivain tchèque Carel Čapek  était l'inventeur du mot "robot", qu'il a utilisé dans sa pièce de théâtre de science-fiction R. U. R. (Rossumovi univerzální roboti / Rossum's Universal Robots) en 1920. L'ami Wiki indique pour sa part que c'est "son frère Josef qui aurait inventé le mot à partir du mot tchèque robota, qui signifie «travail» ou «servage»".

NB : le Detection Club existe toujours et compte parmi ses membres John Le Carré, Ian Rankin, Val MacDermid, Robert Goddard... En furent aussi membres Ruth Rendell et P.D. James.

New York toujours, mais en images

Deux très belles bandes dessinées sur New York... Mon coup de cœur : l'ouvrage absolument magnifique de Sempé 💗💚💛

  • SEMPE A NEW YORK, de Jean-Jacques Sempé (Denoël, 2009)


Ce livre grand format est de toute beauté. Un bel objet qui ne coûte que 28 euros. Une fort belle idée de cadeau... La définition parfaite du "beau livre".

Sempé a réalisé plus de cent couvertures du magazine The New Yorker, réunies en pleines pages dans cet ouvrage qui comporte aussi un entretien avec l'ancien directeur de Télérama, Marc Lecarpentier. Sempé y confie son attrait de longue date pour le prestigieux magazine américain, et la chance qui lui fut accordée de collaborer depuis quarante ans à ce monument de la culture américaine. Il put ainsi régulièrement visiter cette ville qui l'impressionne tant, se repaître des petites boites de jazz, aller aux concerts ou voir des spectacles de danse classique, circuler à vélo au milieu d'une foule palpitante, assister au marathon, et, last but not least, occuper dans le vénérable immeuble du journal le petit bureau d'un ami dessinateur aux côtés de la fourmilière de rédacteurs, dessinateurs, employés. L'apothéose.

Son seul mais pesant regret : ne pas parler anglais. Ce qui n'a pas manqué de limiter ses rencontres et son univers.

Pêle-mêle dans cette interview, Sempé rend compte des rouages de la sélection des "unes" du journal, parfois surprenants. Ainsi, un jour, le directeur craqua pour l'un de ses dessins représentant... une grosse poule. La partie texte du livre nous permet de découvrir un artiste attachant, féru de jazz et de musique classique, arpentant, aux anges, trottoirs et parcs de la Grande Pomme. Dans ses dessins, Sempé se campe souvent dans un petit personnage d'allure désuète, nez au vent, souriant, heureux, qu'il contemple une vitrine de bijouterie, chemine au milieu des feuilles mortes ou s'ébroue dans l'eau.

Chaque couverture se doit d'être en phase avec la saison de parution. Aussi défilent les saisons en images. Les lumières de Noël, au loin le manteau neigeux, le printemps avec des bouts de jardin croqués dans des tons pimpants et revigorants, où l'on plante, arrose ou contemple les fleurs. L'été, avec des instantanés fleurant les vacances, les pique-niques. L'automne et ses couleurs chatoyantes, ses envolées de feuilles mortes, une cour où l'on s'attelle à repeindre les chaises de jardin. Et souvent, un petit clin d'œil à l'art, que ce soit une répétition de danse classique ou  d'orchestre, un cours de musique pour des enfants, un trompettiste qui répète en solitaire sur le balcon... 

Beaucoup de poésie dans ces esquisses. Et de-ci de-là... un chat 😉

Evidemment, l'architecture typique de New York est mise à l'honneur. La ville apparaît gigantesque avec vue de loin une fourmilière de New-Yorkais évoluant à pied ou en auto. Des personnages lilliputiens. Mais sans jamais donner l'impression qu'ils sont écrasés par leur environnement, par les immeubles, par la nature exubérante, au contraire, une harmonie se dégage. J'aime beaucoup la couverture avec vue plongeante sur le petit personnage les pieds dans l'eau au bord d'une immense piscine dans un écrin de verdure luxuriant : il est tout petit tout petit, mais respire le bonheur, un sourire béat aux lèvres.

Les couleurs sont magnifiques, pétantes ou douces selon le thème, qu'il neige ou fasse grand soleil. Du reste, Sempé confie avoir été subjugué par la couleur qui caractérise selon lui New York : "c'est très coloré, il y a des maisons rouges, vertes, jaunes... alors que Paris est gris bleu."

En conclusion, ce livre est une petite œuvre d'art en soi, que tout amoureux de NY prendra plaisir à feuilleter. Certains dessins sont aussi universels et ne se cantonnent pas à l'atmosphère strictement new-yorkaise.

Pour passer un excellent moment à rêver devant les couvertures du New Yorker, je vous conseille de visiter le site des archives de ces couvertures (on y voit certaines Unes dessinées par Folon) : https://condenaststore.com/collections/new+yorker+covers 


  • NEW YORK TRILOGY, de Will Eisner (Delcourt)

A la différence des dessins "muets" de Sempé à NY, la New York Trilogy d'Eisner est ce que l'on dénomme dorénavant un roman graphique...

Les butins secrets des grilles d'aération
et une très belle perspective de la Skyline
de NY

Will Eisner dépeint dans sa trilogie new yorkaise (1933) "la ville", "l’immeuble" et "les gens". A partir de saynètes, la ville nous apparaît dans ses détails si particuliers tels que les bouches à incendies, les grilles d'aération réceptacles fortunés de bagues, clés, sous, couteaux..., les poubelles en fer blanc qui s'envolent au moindre vent, les perrons où s'agglutinent gamins, voisins, amoureux, pauvre hère..., les fenêtres entrouvertes sur les scènes de ménage, l'adultère, la solitude..., le bruit, le métro bondé... 

"L'essence même de la ville se trouve dans les crevasses de son sol et les recoins de son architecture, là où le quotidien s'insinue".

"L'immeuble" ressemble au Flat Iron, et au travers de quatre personnages, son apogée puis sa destitution nous sont contées. Trop coûteux à remettre aux normes, il sera donc démoli... 

La tonalité de cet opus est assez sombre. Celle des "gens" l'est encore plus. Elle met en scène trois histoires où l'humour noir rivalise avec le tragique. Ce repasseur invisible aux yeux de tous, qui apprend soudain son décès dans le journal, perd son travail ; cette femme qui s'est toujours occupée de son vieux père, enfin délivrée, se marie pour se heurter à une belle-mère retors dont elle finira par s'occuper comme au temps de son vieux père ; ce guérisseur qui gêne la communauté médicale...

Les dessins sont en noir et blanc, épurés.

Les scènes du métro bondé valent leur pesant d'or.


--> Voir aussi ma petite chronique "BD"

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