(Editions du Mauconduit, 192 p. 170
Planches - 2014)
- 1981 - 1983 : l'écran TV le soir du 10 mai - les radios libres - Joe Jackson - Indiana Jones - Téléphone - Le "look" en mode - Yannick Noah - "Vive la crise"...
--> ma p'tite chronique "BD"
Quelle
formidable bande dessinée (ou roman graphique, comme on veut) !.
Pour tous ceux qui ont connu ces années là, de 1981 à 1987, c'est comme de les revivre en live. Et pour les autres, c'est une belle leçon d'histoire de la société française.
Tout y est quasiment, superbement mis en scène, en images et en musique ! Cet ouvrage est lui-même superbe de toutes façons, et je n'ai qu'un conseil : l'offrir à ses proches, et ses amis !
Désirée et
Alain Frappier emmènent le lecteur sur un petit tapis volant pour traverser une
partie de la décennie des années 80 et partager la tranche de vie de la jeune
Désirée, justement.
Non
seulement le rendu des années 80 est incroyable, précis, documenté tout en
restant fluide, sans jamais de lourdeur malgré toute la documentation et le travail
d’archives qu’il y a derrière tout cela… Mais en outre, l’histoire de cette
jeune femme qui monte à Paris, galère dans les boulots précaires, parvient à imposer
sa vocation (couturière passionnée), se met en couple et élève sa petite fille,
retape un logis/atelier en ruines, monte sa société (quelle galère, la SARL !)
etc. eh bien l’histoire de Désirée est passionnante !
Toujours
souriante, optimiste et réaliste à la fois, s’habillant en T.shirt « mort
aux cons » ou aux motifs têtes de mort, elle reste élégante, bien mise. Coiffée
de son éternel serre-tête maison (avec fermeture de cartable), elle est
toujours impeccable ! J’ai trouvé que la jeune Désirée nous donnait une
belle leçon d’optimisme et de courage.
Désirée
travaille toute la journée, elle coud, customise des vêtements, se spécialise
dans les costumes de scène (elle vit avec Arto, musicien et père de Mélo, qui
lui présente des clients de la scène). Mais difficile de joindre les deux
bouts.
Les
relations de Désirée avec ses beaux-parents (« Sa mère m’énerve »)
sont gentiment décrites et tellement réalistes. La petite Mélo… quel
charmant personnage aussi : « j’ai de la patamolé ».
Le livre
brosse les relations au quotidien avec les voisins, dans cet immeuble aux
locataires si disparates, dont Alfonso, exilé vénézuelien et tous les autres. C’est
le fil rouge emprunté à "La vie mode d’emploi" de George Pérec (qu’il faut que je
relise, grâce à cette BD : merci aussi pour cela !)
On y voit
quand même la solidarité des gens qui éclate en miettes quand Arto est victime
d’une erreur policière et qu’aucun voisin n’est là pour témoigner. P151 :
« Vivre au RDC et se sentir seule avec 6 étages au-dessus de soi »
Les auteurs ont en plus accompli la prouesse de coller
une bande-son à leurs images et textes. Les paroles de Marcia Baila ou de Sweet
Dreams se déroulent en totale symbiose avec les événements du moment.
« La
Vie Sans Mode d'Emploi - Putain d'Années 80 ! » nous replonge dans les temps forts de l’époque, notamment :
- 1981 - 1983 : l'écran TV le soir du 10 mai - les radios libres - Joe Jackson - Indiana Jones - Téléphone - Le "look" en mode - Yannick Noah - "Vive la crise"...
- 1984 : la mort de Marvin Gaye, Marcia Baila, le sida, la catastrophe de Bhopal, Longwy
- 1985 :
Gorbatchev et la perestroika, les otages au Liban, le Rainbow Warrior,
l’affaire Gregory
- 1986 :
vague de froid, accident du Paris-Dakar et décès de Daniel Balavoine et Thierry
Sabine
« Femmes des années 80 » de Sardou
26 avril
1986 : Tchernobyl. Désinformation – Libération : « Le mensonge
radioactif » - la véritable politique nucléaire de Mitterrand
Le groupe
Téléphone se sépare
Projet de
loi Devaquet sur les universités / sélection
Sweet
Dreams d’Eurithmics
L’ikéalisme
p. 122 ("mai 68 on refait le monde, mai 86 on refait la cuisine", p.120)
Robert Smith/ concert The Cure
“Touche
pas à mon pote” autocollant main jaune
04/12/86 :
marche pour l’égalité et contre le racisme
6
décembre 1986 : mort de Malik Oussekine
Caroline
Loeb : « C’est la ouate »
Serge
July/Libé – Tapie en super homme d’affaires et chanteur
- Fin de
l’histoire p.181, en 1987, nous sommes propulsés 26 ans plus tard… Vivement la suite de ce récit !
Mille mercis à Masse critique et aux éditions du Mauconduit pour cette découverte formidable.
Mille mercis à Masse critique et aux éditions du Mauconduit pour cette découverte formidable.
--> ma p'tite chronique "BD"