Katya et Toby contemplent dans un luxueux jardin de Cape
Town un arbre emmailloté dans une couche de bestioles… grouillant de chenilles.
Une intrigue originale autour d’une jeune femme de trente
ans que l’on découvre petit à petit cabossée par la vie. Elle s’est donc créé
une armure : sa combinaison d’éradiqueuse de bestioles, une combinaison
verte je crois (qui m’a fait imaginer Katya cheminant telle le teletubby Dimpsy).
Drôle de métier, mais c’est de famille, toutefois Katya en a développé une
version écologique et douce puisque sa petite société « Painless
Pests Relocation » capture les bestioles (insectes, lézards, pigeons,
mangoustes, rats, etc.) pour les relâcher en pleine nature (ou presque).
C’est ainsi qu'à l'occasion de son dernier contrat, nous découvrons « Ninive », un
complexe d’habitation luxueux mais encore inhabité car infesté par des colonies
d’une bestiole mystérieuse et dangereuse semble-t-il. Katya s’emballe pour
cette mission, mettant tout le reste de côté pour traquer ces étranges goggas. Elle
a l’art et la manière de retourner un appartement pour découvrir ne serait-ce
qu’une puce. Mais elle bute devant ces goggas qui restent invisibles, à tel
point qu’elle doute de sa mission. L’insuccès lui pèse, ravive de vieux
souvenirs, son enfance, son drôle de père, la disparition de la mère, le
comportement surprenant de sa soeur.
Katya décide d’explorer plus à fond l’univers de Ninive pour
tenter de débusquer les goggas. C’est alors de belles pages qui s‘ouvrent au
lecteur, dans un monde semi-aquatique mystérieux, un entre-deux mondes d’ailleurs.
Ce monde aquatique m’a fait penser de façon assez inattendue au si beau roman de Maurice Magre « Le
poison de Goa » paru dans les années 20.
Katya tourne finalement et irrémédiablement une grande page dans sa vie. Nous en avons quelques signes avant-coureurs avec sa maison qui se fissure chaque jour davantage, et la fin du roman où elle adopte un way of life tellement surprenant... avec "le" chien et la camionnette ! Détachée du passé et prête pour l'avenir.
Ce roman « Ninive » nous fait aussi découvrir la ville du Cap
sous un angle méconnu, les marécages des environs, les taudis adjacents, et le
luxe qui sort du désert (ici c’est l’eau) au milieu de tout cela. Une approche très différente du Cap de Deon Meyer (que j'apprécie au demeurant beaucoup).
Un roman insolite et attachant. Merci aux éditions Zoe et à
Masse Critique pour cette découverte.