mardi 12 juin 2012

Henning Mankell : "Le Chinois"... quelle déception

 ***** 2008
Réf. géographique : Suède, Chine, Etats-Unis, Zimbabwe, Mozambique
Genre : "Policier qui a perdu son intrigue policière"

Grosse déception. Pour une fan de Mankell de la première heure, ce livre me laisse un goût amer : décousu, bourré de longueurs, truffé d'invraisemblances, des ficelles lourdaudes, une construction bancale...
J'ai de la peine à croire que Henning Mankell en soit vraiment l'auteur.

L'intrigue disparaît rapidement puisque l'auteur nous livre la clé des meurtres sauvages dès la deuxième partie. Les personnages sont fades, la psychologie qui animait les enquêtes de l'inspecteur Wallander et de sa fille Lisa a disparu.
Le roman est sans cesse interrompu par des digressions sur le maoïsme.
Les cheminements des personnages sont bâclés (pourtant le livre fait 559 p.), le pompon étant l'arrivée de la chinoise Ho en fin de roman, cela n'a ni queue ni tête.
Les chapitres consacrés à l'exploitation des ouvriers chinois aux Etats-Unis pour la construction du chemin de fer et aux flash-backs concernant les trois frères et le destin du fameux San arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe. Tout est prétexte à références historiques, mais Mankell en abuse et cela alourdit son texte et gâche la lecture.
Et l'auteur n'aurait-il pas tendance à mettre en exergue un "péril jaune" ? Un détail : la juge suédoise se fait à un moment donné la réflexion que les Chinois sont partout à Londres... C'est une remarque assez déroutante.

D'évidence, Henning Mankell, qui se partage entre la Suède et le Mozambique, aurait souhaité écrire un essai ou document sur la Chinafrique, et a tiré parti de son roman pour y inclure des réflexions géopolitiques et des rappels historiques. Mais il a complètement noyé l'intrigue policière et bâclé tout ressort dramatique.

A sa décharge, tout de même, il prend à bras le coeur un problème qu'il constate au quotidien sur le continent africain : la dépossession des richesses locales (minerais, terres agricoles...) au profit de puissances étrangères. L'auteur indique ainsi qu'après la spoliation des pays lusophones par la puissance coloniale portugaise, ces pays subissent une deuxième vague de colonisation par la puissance chinoise. Accompagnée d'un mouvement d'immigration de main-d'oeuvre asiatique qui prive les locaux d'emplois dans le bâtiment, les TP, l'agriculture etc.
Henning Mankell a voulu transformer son roman policier en plaidoyer contre la mondialisation et les méfaits du capitalisme sauvage ou non, mais le résultat est un récit décousu et abracadabrant.
(Ed.  Seuil policiers, trad. par Rémi Cassaigne, 559 p.)

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