Ed. Thot, 2015, 120 pages
Au tout début, il y a une couverture, absolument magnifique (qui me fait penser au Douanier Rousseau), et, en main, un bel ouvrage, d'une édition soignée : pour moi qui n'ai pas encore franchi le pas de la liseuse électronique, l'objet "livre" reste très important.
Puis, il y a le tout premier paragraphe... :
"A l'horizon du Cap-Haïtien,se profile une enfilade de mornes défigurés, lacérés de ravines dégoulinantes de galets. Sur leurs flancs, les broussailles ont progressivement pris l'ascendant sur les arbres. Une poussière crayeuse s'élève des routes dépourvues d'asphalte, pour mieux les engloutir. La nationale est cerclée de pentes raides sur lesquelles s'amoncellent des cases insalubres, faites de parpaings ou de bouts de tôles, défiant les lois de la gravité. Les anciennes mangroves, qui protégeaient les côtes et absorbaient l'énergie furieuse de la rivière, ont été remblayées à l'aide de déchets. (...)" (p.9)
J'ai de suite apprécié le style de l'auteure, sa maîtrise originale de la langue française : belle, riche, poétique, et en même temps très "parlante". Priscilla Laulan-Carret a réussi à amener la lectrice que je suis dans les pas de la bande de gamins des rues, se faufilant au milieu de la foule du marché, mendiant auprès de la boulangerie, se chamaillant sous des bouts de tôle, ou retournant au village voir "la mère". Le style de cette auteure contribue énormément au plaisir de lire son livre, cela revigore de constater que de si jeunes écrivains déploient une telle richesse de la langue.
Après, je me suis dit, étant complètement "téléportée" à Haïti au fur et à mesure de l'avancée du livre, que Priscilla L.-C. devait être une enfant du crû, ayant grandi et vécu l'histoire de l'île.
Que nenni, Priscilla est une pépite humanitaire et sociale et environnementale... et littéraire et douée, et digne d'une admiration sans bornes. Toute jeune (elle m'en a l'air), et déjà si entreprenante, et si méritante et débordante de projets "qui visent à ré-enchanter le monde".... Je lui prédis un bel avenir littéraire si elle parvient à conserver un peu de son temps à l'écriture. En tout cas, chapeau bas pour aujourd'hui.
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