***** (Casterman, 2019, 400 p.)
L'auteur relate cette douloureuse histoire de sa petite amie atteinte en pleine jeunesse d'un cancer des os et de leur amour naissant puis condamné. Elle adorait surfer, et s'efforcera dans le temps qui lui est accordé d'insuffler cette passion à son amoureux.
L'océan est au coeur de l'album, qui s'étale sur des aplats couleur turquoise, et le surf encore davantage, avec des parenthèses (en planches couleur sépia), à cent ans d'intervalle, sur l'histoire de ce sport autour de deux de ses pionniers, l'hawaïen Duke Kahanamoku et Tom Blake l'inventeur de la hollow board, une planche légère et transportable.
C'est une histoire bien sûr triste et émouvante.
AJ Dungo distille par petites touches éparses, entrecoupées des pages sur l'histoire des dieux du surf, sa première rencontre avec Kristen, ses premières déceptions de garçon éconduit, puis l'intérêt timide que lui manifeste Kristen quand il skate avec son frère. Enfin, le moment précis où leur histoire a commencé, quand Kristen apprend qu'elle a un cancer et doit se faire amputer de la jambe.
Il tombe amoureux, elle tombe malade. L'un surfe, l'autre regarde assise depuis la plage ou la maison. Kristen fait preuve de sérénité et de courage face à la maladie. Puis son état de santé empire, le temps est compté et les jeunes décident de faire une liste des choses à faire "avant que". Ils ne pourront que réaliser le voyage vers Portland, Oregon.
Kristen décède en 2016, à 25 ans. Leur histoire d'amour aura duré huit ans.
AJ Dungo dépeint cette tragédie avec beaucoup de retenue et de délicatesse. Il a su composer un récit à double niveau, son histoire avec Kristen et un précis d'histoire du surf, les deux s'imbriquant harmonieusement sans jamais de rupture de rythme.
Ce roman graphique a remporté de nombreux prix. Néanmoins, si je l'ai apprécié, ma lecture n'a pas été aussi enthousiaste que les critiques dithyrambiques. Les dialogues sont très concis et les dessins (simples mais expressifs) très étirés, ce qui m'a peut-être amenée à tourner trop rapidement les pages et à ne pas savourer à leur juste valeur les planches et le récit. Il y a peut-être aussi les attentes trop fortes à l'égard d'un ouvrage couronné par des prix prestigieux, faisant que quelque part la marche est apparue trop haute.
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