jeudi 23 août 2012

D'Eva Gonzalès à Federico Zandomeneghi


Par erreur, j'avais attribué à la peintre impressionniste Eva Gonzalès un tableau réalisé par le peintre italien Federico Zandomeneghi, représentant une enfant endormie. Je remercie le bloggeur qui m'a alertée et permis de m'intéresser davantage à ce peintre italien né en 1841 à Venise et mort à Paris en 1917. Il rencontra le groupe des Impressionnistes à Paris et participa à 4 de leurs salons.



Federico Zandomeneghi : In bed (1878)
Je trouve magnifique le tableau représentant cette enfant endormie, certainement par temps de forte chaleur.
La reproduction du papier peint, de l'édredon, l'allure si naturelle de la jeune dormeuse, les cheveux remontés épars sur l'oreiller, les plis de la chemise, de l'oreiller et de l'édredon, le galbe du bras. Impressionnant de réalisme. Pour faire court : impressionniste ! ce tableau m'impressionne vraiment.


A compter de ma rencontre avec Berthe Morisot grâce à l'exposition qui lui fut consacrée à Paris en 2012, de fil en aiguille, je remontai jusqu'à Eva Gonzalès grâce au "Fifre" du romancier cubain Eduardo Manet. Puis je découvris le "Journal de Julie Manet", fille de Berthe Morisot et Eugène Manet (frère d'Edouard).

Justement, dans son journal, je me souvins que  Julie Manet faisait à plusieurs reprises référence à notre peintre italien Zandomeneghi.
En effet, la jeune Julie Manet, orpheline de père à 15 ans et de mère à 16 ans, put compter sur l'amitié et la sollicitude de proches de la famille tels que le poète Stéphane, Mallarmé, les peintres Degas et Renoir.
Ces peintres avaient un avis assez tranché sur la personne de M. Zandomeneghi... Les remarques le concernant reproduites dans le journal de Julie sont en effet très acerbes !

Dans son journal, Julie évoque les propos (p.71) que tint Renoir sur Federico Zandomeneghi :
"(...) M. Renoir nous conta comment M. Zandomeneghi était brouillé avec lui parce qu'il ne comptait pas les visites, habitant dans la même maison, mais M. Zandomeneghi ne rendait pas deux visites pour une. M. Renoir l'imitait admirablement avec son accent italien - lui montrant ses tableaux, M. Renoir, trouvant toujours cela affreux, lui disait: "C'est très joli, mais il y a un bleu dans le fond qui est un peu vif" - "C'est justement pour ce bleu que j'ai fait ce tableau", répond M. Zandomeneghi, qui le porte chez Durand-Ruel; là, toute la maison se moque de son bleu et il est obligé de rentrer l'effacer." M. Renoir nous a raconté bien d'autres histoires sur lui, mais qui n'auraient pas de charme dites autrement que par par M. Renoir, avec l'accent du nez du peintre italien."

p.72 (chez Edgar Degas) :
"La conversation roula sur M. Zandomeneghi, M. Degas fait son portrait et il ne veut poser que deux heures environ chaque semaine ! "Je travaille", dit-il, etc. Tout le monde part sur son désagréable caractère."

p.76 : (chez Edgar Degas) :
(...) dit M. Degas en enlevant les linges qui couvrent le buste de M. Zandomeneghi. Celui-ci ne vient plus poser et est de plus en plus désagréable. "ce cochon-là dit : tout le monde fait toutes les volontés de Degas, Bartholomé est à ses ordres, moi, je ne lui céderai pas." On commence à voir apparaître le grand nez un peu de travers de Zandomeneghi, puis sa tête tout entière, c'est une merveille. "Que sa gueule est belle", dit M. Renoir, en effet il y a dans le mouvement de la bouche, sa moustache, quelque chose de superbe. Il a une vie extraordinaire. M. Degas paraît content (cela se comprend) de son portrait, il se penche et regarde de près son buste. "Nom d'un petit bonhomme, dit l'autre, que je voudrais avoir une tête d'imbécile comme cela, c'est moi qui viendrais poser."
Voilà donc des propos plutôt durs et condescendants sur ce peintre italien qui me semble pourtant avoir réalisé de belles oeuvres...
Mais la lecture du journal de Julie Manet nous éclaire sur les avis fort tranchés portés sur tel ou tel artiste ou personnalité de l'époque par leurs confrères. Le pire ayant trait à l'affaire Dreyfus avec des commentaires incroyablement antisémites de Renoir, pris pour argent comptant par Julie... Effrayant quand on met en parallèle le cheminement de l'histoire.
Ci-contre, je ne puis me retenir de reproduire le tableau d'Eva Gonzalès, "Le sommeil" qui, je trouve, se marie si bien au tableau de F. Zandomeneghi.
Eva Gonzalès : Le sommeil (1876)
Federico Zandomeneghi : In bed (1878)



1 commentaire:

  1. Truly lovely association. If you like Eva Gonzales you might like this:- (surprise?)
    (http://coquelicoquillages.blogspot.fr/2012/08/deva-gonzales-federico-zandomeneghi.html
    Best wishes, James (Gorin von Grozny).

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