De très bonnes pépites, du cinéma français comme américain. Ce qui ressort de cette sélection, c'est, sans préméditation, la place et le rôle réservés à des personnages féminins hors du commun : Jennifer Lawrence dans Winter's Bone, Catherine Deneuve dans Elle s'en va, Karin Viard dans Lulu femme nue, Marion Cotillard dans Deux jours, une nuit, Cate Blanchett dans Blue Jasmine...
Et à côté de ces pépites, des films surcotés, mais blockbusters, dont j'aurai très vite oublié le scénario...
- 😁"Winter's Bone" de Debra Granik (2010), avec Jennifer Lawrence, Kevin Breznahan, John Hawkes, Dickon Hinchliffe
***** Premier film où je découvre la fameuse Jennifer Lawrence (que je ne connais que des rubriques "people" !) : eh bien bluffée par son interprétation de Ree, une ado de 17 ans, qui tient les rênes de la maisonnée et subvient aux besoins de sa fratrie et de sa mère malade, dans la forêt des Ozarks, au coeur du Missouri. Le père a mis les bouts. Ree décide de le rechercher car la maison va être saisie. On assiste aux scènes du quotidien d'une famille américaine pure laine très pauvre, qui vivote tant bien que mal portée par la force de cette ado qui remplace à la fois père et mère.
Certaines scènes du film m'ont fait penser au climat péquenaud délétère de "Délivrance".
Un film dur, mais marquant contrairement à d'autres productions que je cite infra dont rien ne me restera d'ici peu de temps. Je le recommande vivement.
- 😁"Lulu femme nue", de Solveig Anspach (2013) avec Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac
***** J'ai adoré ! scotchée par la performance de Karin Viard et de tous les autres acteurs. Une mère de famille postulant à des jobs, refoulée, pas assez d'expérience. Alors elle se sent vide, déjà que c'est dur avec la maison et les ados. D'où sur un coup de tête, sa fuite vers ailleurs, la mer, les rencontres à droite à gauche avec des gens dont elle réalise leur humanité et le besoin qu'elle a de se raccrocher à ça : un quinqua "délinquant" sorti de tôle et ses frères, une mamie, une jeune serveuse harcelée par sa patronne...
Très beau film. A voir et revoir. La réalisatrice Solveig Anspach est décédée en août 2015 d'un cancer, elle qui avait déjà filmé Karin Viard dans un rôle émouvant, une jeune femme malade du cancer qui veut aller au bout de sa grossesse ("Haut les coeurs" - 1999).
- 😁"Deux jours, une nuit", des frères Dardenne (2014), avec Marion Cotillard, Fabrizio Rongione
***** Révélation : film admirable. Porté par un casting admirable, hyper réaliste, qui prend aux tripes tant on croit à tous les dialogues et réactions des uns et des autres. Sandra, après une dépression, retourne à son travail, mais sans plus grand-chose à faire : tout a été réorganisé en conséquence. Elle est donc confrontée à la menace de licenciement sauf si les employés acceptent de renoncer à leur prime de 1000 €. Alors, durant un weekend complet, Sandra, soutenue par son mari, va faire du porte à porte auprès de tous ses collègues pour plaider sa survie dans l'entreprise, admettant perdre sa dignité en quémandant l'abnégation des autres. De faible elle devient forte. Les collègues de pleutres ou distants évoluent aussi. Mais le film traduit la grande difficulté économique d'une petite ville belge où l'emploi est précieux.
En tout cas, un combat de femme subjuguant. Marion Cotillard parfaite. - 😁"Elle s'en va", d'Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve, Nemo Schiffman, Gérard Garouste
***** Dans la lignée de "Lulu femme nue", mais avec une génération d'écart, le portrait d'une femme qui fait le pari de tout quitter et de partir sur la route, vers ailleurs.
J'ai grâce à ce film eu la révélation de l'immense talent de Catherine Deneuve, que je regardais comme faisant un peu partie des meubles de notre cinéma... (par exemple dans Huit femmes, elle jouait bien, mais quoi c'était notre Catherine D...). Ici, elle transcende chaque scène, quand elle souffle sur sa cigarette, conduit, boit un coup, téléphone, fait la cuisine : elle est magnifique et nous happe par son jeu si réaliste et beau.
- 😏"Blue Jasmine", de Woody Allen (2013) avec Cate Blanchett, Alec Baldwin, Sally Hawkins
*** Le film est entièrement porté par Cate Blanchett, pâle, translucide et lumineuse à la fois. Débarquant sans un sou avec ses valises Vuitton et sa veste Chanel chez sa soeur elle-même sans sou vaillant, elle détone. Ruinée, perdant la boule, mais toujours incomparablement impeccable et viscéralement snob, elle se console au Martini et au xanax, et cherche à "se réinventer" en se décrétant designer du jour au lendemain. Woody Allen a créé une femme vivant dans l'illusion, paumée et mythomane, déracinée, dont on se demande quel peut être l'avenir. Est-elle une victime des fraudes fiscales de son mari (le film serait inspiré du scandale Maddoff) ? Jasmine n'est pas tout-à-fait l'oie blanche que l'on croyait, elle a eu aussi sa part sombre et doit en porter le fardeau. W. Allen signe là le retour à ses bons films, car dernièrement que de bluettes ou trucs insipides il nous avait infligés...
- 😊"Big Eyes", de Tim Burton (2014), avec Amy Adams, Christoph Waltz...
**** Hallucinant d'autant que tiré d'une histoire vraie. Un peintre passera sa vie à usurper le talent de sa femme en prétendant être l'auteur des portraits des personnages aux grands yeux ("Big Eyes") : richesse, renommée... Procès. Un film passionnant.
- 😊"Whiplash", de Damien Chazelle (2013) avec Miles Teller, J.K. Simmons, Paul Reiser, Melissa Benoist, Jayson Blair, Austin Stowell, Chris Mulkey
**** Au début, âmes sensibles s'accrocher : nous sommes aux prises avec un professeur de conservatoire, sadique qui humilie et pousse à bout ses jeunes musiciens. Un tortionnaire, les gars craquent ou finissent les mains en sang, vidés de toute force. Derrière les prouesses musicales, l'histoire de ce fou de jazz qui fait peu de cas de la vie, du bien-être ou de l'avenir de ses élèves. Glaçant. Mais diablement bien joué. On ressort sonné par le solo de batterie final.
- 😏"Kingsman : Services secrets", de Matthew Vaughn (2014) avec Colin Firth, Samuel L. Jackson, Taron Egerton*** Alors là, grosse rigolade, super fun (vu avec le fiston !) avec ce film parodie des Bond and Co. J'adore de toutes façons sans exception Colin Firth, que ce soit dans les Bridget Jones ou Le discours d'un roi... et dans "Kingsman", il est succulent ! Vivement la suite... même si... Sniff (non, je ne spoilerai pas...).
- 😏"Love, Rosie", de Christian Ditter (2014), avec Lily Collins, Sam Claflin, Christian Cooke*** Réalisateur et acteurs inconnus pour moi... Résultat : une comédie romantique sympa, sans prétention. Deux enfants anglais copains comme cul et chemise, Rosie et Alex, manquent le coche aux 18 ans de Rosie. Les chemins se séparent, lui Harvard, elle enceinte par accident d'un imbécile et contrainte de renoncer aux études et à toute carrière. Quasi 20 ans plus tard, les chemins se recroisent... Pour les fleurs bleues !
- 😑"The Place Beyond the Pines" de Derek Cianfrance (2013), avec Ryan Gosling, Bradley Cooper, Eva Mendes, Ray Liotta** Thriller, film noir... Très bien joué. Mais au-delà de cela, que m'en restera-t-il ? Hormis des frissons et un goût amer.
- 😒"Gone Girl", de David Fincher (2014), avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris* Cf. commentaire ci-dessus, puissance 10 : quelques mois après j'ai eu un mal fou à me souvenir de l'histoire, de la fin... 2h30 de la vie de ce couple dont l'épouse disparaît le jour de leur 5e anniv' de mariage. Évidemment mari suspect idéal, évidemment épouse mystérieuse. Très bof. Ce film en est même à me faire renoncer à lire le best seller Les Apparences de Gillian Flynn, dont il est tiré...
- 😞"Interstellar" de Christopher Nolan (2014) avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain, Michael Caine
-- J'ai vu "Interstellar" peu de temps après avoir découvert "Gravity", et j'admets que j'ai eu ma dose de voyage dans l'espace avec ces deux films presque coup sur coup. Ce fut long, long..., compliqué, futuriste... et assez bizarrement je conserve surtout des images de champs de maïs. - 😐"Respire" de Mélanie Laurent (2014), avec Joséphine Japy, Lou de Laâge, Isabelle Carré, Claire Keims
** 1/2 Amitié naissante de deux ados en terminale, Sara débarquant du Nigeria, frondeuse, émancipée, culottée, et Charlie, sérieuse, timide, fragilisée par la séparation de ses parents et la dépression de sa mère. Sara se dévoile en mante religieuse, toxique et rouée ; Charlie subit, se rencogne, périclite. Jusqu'à ce que... De très bonnes actrices. Un film qui laisse une boule au ventre, un peu comme le suivant... - 😟"Despues de Lucia" (film mexicain), de Michel Franco (2012) avec Tessa Ia, Hernán Mendoza* Nous avons regardé à peu près les 2/3 du film, la boule au ventre de voir cette pauvre adolescente se faire harceler au lycée. Le titre est sombre : "Après Lucia", la mère de cette ado morte dans un accident d'auto, dont on présume que c'est justement sa fille, Alejandra, qui conduisait pour apprendre. Le père et la fille déménagent pour une nouvelle vie à Mexico, essayer de tourner la page du deuil et de la solitude. Au lycée, des bandes de jeunes fils et filles à papa font la fête et régner leur sorte de loi, et Alejandra tombe facilement dans leurs filets. Des photos d'elle circulent sur le net, on l'agresse et la violente sans arrêt, et elle, reste muette et cache tout à son père.De voir cette gamine harcelée sans fin nous a coupé l'envie de poursuivre le film. Abandon car moral à zéro devant un film aussi noir. Quand on s'est renseigné sur l'issue du film, pas de regrets d'avoir arrêté la peine avant.
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