***** Réf. Géogr : Etats/Unis
& Canada (Ed. de l'Olivier, 2013)
Première phrase du roman :
« D’abord, je vais raconter le hold-up
que nos parents ont commis. Ensuite les meurtres, qui se sont produits plus
tard. C’est le hold-up qui compte le plus, parce qu’il a eu pour effet
d’infléchir le cours de nos vies à ma sœur et à moi. Rien ne serait tout-à-fait
compréhensible si je ne le racontais pas d’abord.
Nos parents étaient les dernières
personnes qu’on aurait imaginées dévaliser une banque. Ce n’étaient pas des
gens bizarres, des criminels repérables au premier coup d’œil. Personne
n’aurait cru qu’ils allaient finir comme ils ont fini. C’étaient des gens
ordinaires, même si, bien sûr, cette idée est devenue caduque dès l’instant où
ils ont bel et bien dévalisé une banque. »
Un roman qui prend son temps… Le
portrait captivant de l’Amérique des années 50 et 60, d’une famille de la
middle class, d’un couple « mixte » (un Américain du Sud des EU et
une immigrante juive polonaise) qui se désunit. Un air de Bonnie and Clyde.
J’ai
trouvé cette lecture aisée et intéressante, sans que ce soit toutefois un coup
de cœur. Là encore, les critiques dithyrambiques dans la presse m’ont étonnée :
certes un bon livre, mais pas un roman d’exception… Or "Canada" a été couronné du prix Femina du meilleur roman étranger 2013. (je file un mauvais coton avec les prix Femina cette année !)
Dell Parsons et sa jumelle Berner
ont 15 ans et vivent à Great Falls dans le Montana.
Père, Bev, ancien pilote de
l’armée, remercié pour avoir traficoté des livraisons de viande avec la
communauté indienne…
Neeva la mère, juive, prof, l’air
revêche et un peu asociale, qui a tenu à élever ses enfants en les tenant
« à l’écart », sans créer d’attaches.
Le père se laisse entraîner dans
des combines foireuses de trafic de viande volée par les Indiens et revendue au
chef noir des wagons-lits… Jusqu’au hic, quand le voilà incapable de payer une
grosse livraison aux Indiens, qui le menacent alors de mort, lui et sa famille.
Il déprime un peu le paternel,
d’avoir mis bêtement en danger sa famille. Il gamberge et soudain hop, la
solution la plus simple lui vient à l’esprit : braquer une banque dans
le North Dakota voisin ! En enrôlant tant qu’à faire sa pauvre femme comme
complice ! Du reste, s’il avait pu, il aurait enrôlé son fiston, mais la
mère a mis le holà…
Le récit du cambriolage est
burlesque… Dès le lendemain, la police vient cueillir les deux parents. Et les
enfants se retrouvent seuls dans la maison, ne sachant même pas cuisiner un
steak congelé… La sœur minaude auprès de son petit ami, et s’enfuit loin de
cette ville et de cette vie qu’elle a toujours détestées. Reste Dell, qu’une
amie de sa mère transborde de l’autre côté de la frontière dans un bled paumé
du Saskatchewan. Le Canada où nombre d’outlaws américains se réfugient, et Dell
en fait quelque sorte partie. Surtout après être devenu une seconde fois
victime du destin et mêlé bien malgré lui à deux meurtres.
L’histoire est racontée par Dell,
un ado attachant qui aime lire et dévore son encyclopédie, passionné d'échecs et d’apiculture, et qui rêve d’aller à la foire agricole de Great Falls visiter les
stands d’apiculteurs. Son père le lui a promis, mais la promesse n’est pas tenue…
Dell aime aussi l’école, mais à 15 ans s’en trouve privé. Il devient un petit
naufragé, solitaire, isolé, apprenti guide de chasse aux oies, et bientôt
complice de meurtre en cavale.
On le retrouve 50 ans plus tard,
devenu enseignant, lui qui à un moment de sa vie s’était retrouvé déscolarisé
contre son gré : il a finalement su retourner le sort et tracé sa voie.
--> voir mes autres "lectures d'Amérique du Nord"...
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