mercredi 21 octobre 2015

Agatha Christie : une vie rêvée en BD

***** "Agatha, la vraie vie d'Agatha Christie"
A. Martinetti, G. Lebeau & A. Franc, Ed. Marabout, 128p., 2014

J'ai beaucoup aimé cette BD. Le personnage d'Agatha Christie est fascinant et cette BD fort bien faite nous la rend éminemment sympathique. (NB : une excellente idée de cadeau...)

Avis aux amateurs de planches colorées, ou surchargées ou remplies de somptueuses aquarelles : le dessin est ici très simple. Cela surprend au début, mais on se fait vite à la silhouette peu apprêtée d'Agatha et de ses comparses de création Hercule Poirot, Miss Marple ou Tommy et Tuppence Beresford. Car c'est là une des trouvailles du livre : faire intervenir avec moult humour les personnages créés par Agatha tout au long de sa vie. 

Agatha Christie (1896-1976) et moi avant cette BD ?
Eh bien, on a passé des moments formidables toutes deux durant toute mon enfance ! J'étais addict des intrigues de Lady Agatha, qui m'ont fait voyager dans tant de pays.  "Le Train Bleu" (1928), "Le Crime de l'Orient-Express" (1934), "Pourquoi pas Evans ?", "A.B.C. contre Poirot" (1935), "Meurtre en Mésopotamie" (1936), "Mort sur le Nil" (1937), "Dix petits nègres" (1939), "N. ou M. ?" (1941), "Cinq petits cochons" (1942), "La maison biscornue" (1949), "Le miroir se brisa" (1962)...

Diaporama "Souvenirs du Nil en felouque" (cliquez pour faire défiler les photos)


Quelle magie plus récemment d'avoir descendu le Nil en felouque avec la petite famille et croisé le fameux bateau "Steam Ship Sudan" sur lequel voyagea Agatha en 1933, et qui lui inspira "Mort sur le Nil"...
Cela fait partie des moments exceptionnels dans une vie, isnt'it ?
Ci-joint le diaporama de notre dérive sur le Nil en felouque, et un aperçu des diverses embarcations croisées.
Quels gens souriants et chaleureux nous avons rencontrés.


Grâce à cette bande dessinée, j'ai découvert le cheminement d'Agatha Miller, de son enfance dans un manoir victorien du Torquay (Devon), sa passion pour la lecture, les voyages qu'elle effectue avec sa mère après la mort de son père, en Egypte (euh ben oui... c'est désarmant, mais Agatha semble s'ennuyer à mourir face à la Grande Pyramide de Gizeh !!!), en Italie...

Passionnante aussi son expérience d'infirmière pendant la première guerre mondiale, où elle s'intéresse aux remèdes et potions, et s'initie aux effets de poisons biologiques comme le curare ou chimiques comme l'arsenic, et autres poisons qu'elle utilisera ensuite dans ses romans. Elle aurait même obtenu un diplôme de pharmacienne...

Agatha et son mari auront une fille unique, Rosalind, en 1919. Il ne m'a pas semblé qu'Agatha débordait d'amour maternel, elle si prompte à laisser sa fille chez sa mère dès qu'un voyage se profile...
Déjà une femme de forte tête, un premier mariage, où, se découvrant trompée, elle organise sa propre disparition et jubile que les soupçons se portent sur son époux adultère. 


On est abasourdi d'apprendre combien elle est une femme exceptionnelle. En voyage en Australie, elle aurait été la première européenne à faire du surf, sur la plage de Waikiki.

Puis Agatha rencontre un archéologue de 15 ans son cadet, qu'elle épouse en 1930, Max Mallowan, et se passionne pour les fouilles, elle participe à ses côtés à la découverte d'Ur en Irak, et développe un procédé personnel pour nettoyer les vestiges : avec sa crème pour le visage !
(cf. Meurtre en Mésopotamie -1936)

Gourmande et potelée, Lady Agatha ne se formalise pas du regard d'autrui et profite de ces petits plaisirs.

Elle apparaît dans cette BD biographique surprisingly dépendante des rentrées financières de ses oeuvres. Et l'enjeu me semble énorme : "A Christie for Christmas", soit un rythme d'écriture d'un roman par an !!! Ce qui explique une bibliographie plus que prolifique avec 66 romans, 154 nouvelles et 20 pièces de théâtre.

Agatha Christie par O. Kokochka
J'ai aussi appris que son petit-fils avait sollicité le peintre tchèque Oscar Kokochka pour faire son portrait (en mai 1968), moyennant un cachet de 15000 livres !

Actuellement, je suis plongée dans la lecture de la biographie de Daphné du Maurier ("Manderley forever"). 11 ans d'écart avec Agatha mais je vois de nombreuses similitudes dans la vie et la personnalité de ces deux femmes. Toutes deux éprises de littérature, elles ont fait leurs Finishing Schools en France. Elles ont commencé à publier à une paire d'années près : "La Mystérieuse Affaire de Styles" (starring Hercule Poirot) en 1920 à 30 ans pour Agatha et "The Loving Spirit" en 1921 à 24 ans pour Daphné.
Toutes deux ont un penchant pour les intrigues à suspense, mais sous un habillage plus romanesque et historique chez Daphné du Maurier (bien qu'en milieu de parcours, elle souhaite s'émanciper de cette étiquette), tandis qu'Agatha s'en tient à la résolution de son intrigue policière sans marivaudages ou galanterie. La palme du voyage revient toutefois sans conteste à Lady Agatha, qui a parcouru le monde tandis que Daphné s'en est tenue à la proche Europe.
Se seraient-elles jamais croisées ?

--> voir la chronique "polars" et "voyages"...

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