mardi 14 février 2012

Marina Lewycka : "Deux caravanes" (R-U, Ukraine)



Marina Lewycka - Deux caravanes (2007) ***** 💚💛
Grande-Bretagne/Ukraine
Un bon roman sur le parcours de quelques immigrés clandestins d'Europe de l'Est (entre autres) venus tenter leur chance en Angleterre, avec un zoom sur les filières mafieuses qui les exploitent, la précarité, la solitude...
Mais pas pour nos personnages principaux qui découvrent la solidarité, l'aventure et l'amour...La pointe d'originalité du roman (ou l'une d'elles) tient aux interventions du "Chien" dans la construction du récit, et dans l'histoire ! "Je suis un chien je cours je cours....".

Voir d'autres livres "avec" chien(s) : Lectures canines
 
Irina et Andrei, tous deux Ukrainiens, se retrouvent par hasard à faire le ramassage de fraises dans le Kent, pendant l'été... Arrivés là via une filière clandestine, à leur corps défendant : ils pensaient obtenir un droit de séjour en bonne et due forme pour tenter une vie meilleure "à l'ouest"...
Les cueilleurs clandestins forment une communauté disparate, entassés dans deux caravanes qui rouillent sur un parking désert, une pour les hommes et l'autre pour les femmes. Bientôt un chien errant les rejoint. Chacun arrange un minuscule coin dans le peu d'espace et disputes, broutilles, clins d'oeil en coin sont le lot commun de la promiscuité. En revanche, l'atmosphère se détend par magie (et petite bière) au moment du repas commun.
Nous suivons plus particulièrement les deux personnages ukrainiens, Irina, la jolie jeunette de Kiev, et Andréi, originaire d'une famille de mineurs du Donbass, leur attirance à rebrousse-poil... quand survient un vaudeville rocambolesque avec mort du fermier et fuite des cueilleurs... Irina et Andrei parviennent à s'échapper avec quelques-uns de leurs compagnons d'infortune (cueilleurs de fraises aussi - un Botswanais, 2 Chinoises, un Polonais...) dans le 4x4 des bandits à laquelle est arrimée une des caravanes, "la précieuse maison" . Pris en filature par les mafiosi de la filière, le groupe éclate... mais les chemins se recroisent au fil d'aventures diverses et farfelues, toujours tragi-comiques.
Chacun de ces immigrés clandestins dans une Angleterre policée se sent finalement soudé à la petite communauté de la caravane.

Le style de l'auteur, qui est née dans un camp de réfugiés ukrainiens en Allemagne et a grandi en Angleterre, est très spontané et "sans façons" - elle fait s'exprimer les différents personnages en empruntant leur peu de maîtrise de la langue mâtiné d'expressions de leur langue d'origine : j'ai trouvé ce parti pris sympathique et réaliste, même si parfois les dialogues peuvent paraître "hachés".

Pas une seconde d'ennui en lisant le roman, tellement le récit foisonne de rebondissements quelquefois ubuesques : il ne faut pas s'attendre à un ouvrage "sérieux" de bout en bout mais à l'habillage cocasse, inventif, extravagant du récit de la dure réalité des immigrés clandestins en Angleterre.

LE CHIEN DANS LE RECIT :

Le chien a fait irruption au campement des cueilleurs de fraises et s'est retrouvé "adopté" et appelé "Le Chien".
Il avait de même fait irruption dans le récit : l'auteur a inséré des paragraphes en retrait par rapport au reste du récit, écrits en majuscules et sans aucune ponctuation.
De sorte qu'à la lecture du premier paragraphe (ils commencent tous par : "JE SUIS UN CHIEN JE COURS JE COURS"), on se pose des questions sur cette irruption dans le récit. C'est une vraie surprise, et je me suis amusée à relire plusieurs fois les paragraphes "Chien" pour bien comprendre le sens (sans ponctuation et avec un langage parlé retranscrivant les pensées du chien !).

Finalement, le Chien devient un "personnage" incontournable dans l'histoire, il était en fuite lui aussi et se retrouve arrimé à ce groupe hétéroclite, tout en élisant l'un d'entre eux (Andrei) comme étant "son homme", tandis qu'il se réfère (gentiment) à Irina comme à "la femelle plus bête qu'un mouton" ou à Tomasz le Polonais comme à "l'homme à la bonne odeur de pieds" (tout le contraire...).
Le Chien est toujours là pour rapporter au groupe un pigeon ou un lapin de la forêt, voire un poulet congelé ! et agrémenter les repas communs. Il est là pour donner l'alarme quand un incendie éclate dans la maison de retraite où nos protagonistes ont atterri. Et il est encore là pour sauver la vie à "son homme" aux prises avec l'affreux et dangereux mafioso...

Un extrait parmi d'autres :
"JE SUIS UN CHIEN JE COURS JE COURS SEUL UN CHAMP UNE HAIE UNE ROUTE IL FAIT TOUT NOIR JE VOIS UNE LUMIERE BLEUE CLIGNOTER JE FLAIRE J'ECOUTE J'ENTENDS HURLEMENTS DE ROUES PON PIN PON JE COURS UN CHAMP UNE RIVIERE JE BOIS DES PETITS ANIMAUX DETALENT ODEUR D'HERBE DE TERRE DES CHOSES MORTES QUI POURRISSENT ODEUR D'ANIMAUX DE PISSE FRAICHE BLAIREAU RENARD BELETTE LAPIN JE COURS UNE ROUTE UN CHAMP UNE FORET UNE ROUTE UNE FORET STOP SNIFF JE SENS DES PIEDS UNE BONNE ODEUR DE PIEDS JE VAIS CHERCHER L'ODEUR DES PIEDS JE COURS JE COURS JE SUIS UN CHIEN"
("Deux caravanes"/ Editions des Deux Terres, 2010)

Je recommande vivement la lecture de ce roman... après avoir bien entendu commencé par le premier livre de Marina Lewycka : "Une brève histoire du tracteur en Ukraine" (vraiment excellent !).
Voir aussi sur ce blog :

vendredi 10 février 2012

Lectures d'Algérie




       Instants d'Alger (2005)


C'était notre terre par Belezi
Mathieu Belezi - C'était notre terre (2008) *****
Réf. pays : Algérie
 Un excellent roman, à la construction intéressante, chacun des membres de la famille s'exprimant tour à tour dans un chapitre et le lecteur cheminant ainsi vers une compréhension globale du puzzle. Et très bien écrit...
"Le domaine de Montaigne, quelque part en Kabylie : 600 ha de collines, de champs de blé, d'orangers, d'oliviers et de vignes. La terre de la famille de Saint-André depuis un siècle Au coeur de ce petit royaume, une maison de maître et ses dépendances entourées de palmiers, d'acacias, de pins et de figuiers. Six personnages : le père, la mère, les 3 enfants (dont un a embrassé la cause du FLN) et la domestique kabyle. Tout au long du roman, leurs voix s'interpellent et se répondent, se prennent pour ce qu'elles ne sont pas, tempêtent, supplient, invectivent des fantômes, se souviennent. Le passé, c'est le quotidien du colon dans sa colonie, cette façon de régner en maître sur un pays qu'il a « fait » et des gens à qui il « apporte la civilisation ». Le présent de ces voix, c'est la difficulté et l'amertume de l'exil dans une France hostile, bien peu disposée à ouvrir les bras. Et c'est aussi la souffrance d'un déracinement insurmontable. Saga des de Saint-André avant, pendant et après l'indépendance de l'Algérie-, composé de scènes fortes - guerre, sexe, sentiments exacerbés, haines viscérales-, ce roman, comme ceux de Faulkner, traduit le chaos de la grande histoire, se dit à travers les passions de ceux qui font la petite. Le souffle qui porte de bout en bout cette saga, la profonde originalité de sa structure polyphonique et de son rythme incantatoire donnent à l'oeuvre un caractère unique : on croit entendre, en la lisant, le chant funèbre des déracinés de tous les temps."

Les amants désunis par Benmalek
Anouar Benmalek - Les Amants désunis (1998) *****
Réf. pays : Algérie
Un très très bon roman...
Anna est suissesse. Elle retourne, âgée, en Algérie à la recherche de Nassreddine, avec qui elle s’était mariée 40 ans auparavant. Ils avaient eu 2 enfants ensuite sauvagement assassinés par le FLN.
Anna s’était alors exilée en Suisse et remariée.
En 1996, elle revient à Alger, en pleines années de braise et règne de la terreur islamiste. Elle se fait kidnapper et sauvagement détenir par les "barbus", mais heureusement est libérée et retrouve le vieux Nassreddine à la fin.
(L'auteur, né en 1956, a publié ce roman en 1998).

L'Enfant du peuple ancien par Benmalek
Anouar Benmalek - L'Enfant du peuple ancien (2000) *****
Réf. pays : Algérie/Australie
Un très bon roman "algéro-australien" (quelle rareté !).
"Queensland, nord-est de l’Australie, déc.1918. Kader regarde le corps défait de sa femme Lislei et repense à Tridarir, leur fils adoptif aborigène. Il se souvient de leur rencontre à tous les trois : Lislei déportée en nouvelle Calédonie au moment de la Commune, lui, Algérien, envoyé par les Français colonialistes qu’il a combattus comme prisonnier au bagne, et Tridarir, dont les parents ont été tués et dépecés par des chercheurs avides d’ossements à vendre au musée. Tridarir et ses parents étaient les derniers survivants des Aborigènes de Tasmanie, suite à la politique d’épuration ethnique du gouvernement britannique. ».
Le rapt par Benmalek
Anouar Benmalek - Le rapt (2009) *****
Réf. pays : Algérie
J'ai trouvé ce livre quasiment insoutenable d'horreur...Il faut dire qu'il est question de l'enlèvement d'une adolescente, torturée, de la descente aux enfers de la famille confrontée à une violence qui se révèle liée à une vengeance du passé...
"Follement épris de sa femme. Aziz n'en est pas moins un homme détaché et caustique. Seul moyen qu'il ait trouvé pour se préserver des tensions et des violences qui agitent l'Algérie. Mais lorsque sa fille de quatorze ans est enlevée, il comprend que l'ironie ne lui sera plus d'aucun secours. Entré en contact avec la famille, un étrange ravisseur menace sa victime des pires atrocités si la police est prévenue. De toute façon, qui aurait envie de s'en remettre aux autorités algériennes ? Aziz ne peul compter que sur lui-même. Et sur Mathieu, le beau-père de sa femme. Mais ce Français au lourd passé sera-t-il une providence ou l'artisan du malheur ? Pourquoi est-il demeuré en Algérie après l'indépendance ? Qu'a-t-il fait pendant la guerre ? Et quel est ce grand tabou de l'histoire de l'Algérie qui scelle jusqu'à présent toutes les lèvres ? Avec ce thriller de la vengeance et de l'amour, Anouar Benmalek impose à ses héros de choisir entre le mal et le moindre mal, entre leur survie et celle de leur conscience."
  
Timimoun par BoudjedraRachid Boudjedra - Timimoun (1994) *****
Réf. pays : Algérie
Bien aimé ce petit livre qui relate un voyage d'Alger à Timimoun d'un groupe de touristes conduits en bus par le narrateur, un ancien pilote de chasse chassé de l'armée pour alcoolisme et reconverti dans le tourisme. "Il" (je crois que jamais son nom n'est précisé)  a touché à son premier verre de vodka à 16 ans, quand son frère aîné est mort "écrasé" par un tramway (suicidé ?) et n'a pas arrêté depuis. Aujourd'hui, à 40 ans, il pense beaucoup à la peur (il est une cible des terroristes - le roman se passe dans les années de braise), il pense au suicide, et il pense à l'une des jeunes touristes, Sarah, dont il s'amourache, mais qui, elle, regarde ailleurs. Il n'a jamais connu de femme de sa vie ("il est passé à côté"). Il assiste aux amours passagères de Sarah avec un autre, cela le mortifie, lui fait boire des litres de vodka... jusqu'à la fin du roman où il a une révélation : ce n'est pas Sarah qu'il aime ("elle est laide tout d'un coup, comme morte pour moi") : c'est l'image que renvoie Sarah du copain de jeunesse du narrateur, dont il a souvent  évoqué leurs moments communs durant le récit. Un amour refoulé, qui lui explique le pourquoi du déroulement chaotique de sa vie... Lire la suite


La répudiation par Boudjedra
Rachid Boudjedra - La répudiation (1969) *****
Réf. pays : Algérie
"Un jeune Algérien raconte à son amante étrangère les péripéties hallucinées de son histoire marquée par la répudiation de sa mère. Ce roman met à nu la société traditionnelle où la sexualité débridée, la superstition et l'hypocrisie forment la trame romanesque - transcendée par une écriture flamboyante - d'une enfance saccagée." (résumé éditeur)
Topographie idéale pour une agression caractérisée par Boudjedra
Rachid Boudjedra - Topographie idéale pour une agression caractérisée (1975) ***** Réf. pays : Algérie/France
Lu alors qu'étudiante, je "découvrais" Paris... le roman date de 1975. Il m'avait paru saisissant...
"Voici l'odyssée pathétique d'un émigré qui se retrouve piégé dans les boyaux dédaléens du métro. Cette descente aux enfers prend ici un relief saisissant grâce à un style superbe et à une technique romanesque parfaitement appropriés aux lieux où se déroule - à huis clos - la mise à mort de l'étranger."
  
La Voyeuse interdite par Bouraoui
Nina Bouraoui - La voyeuse interdite (1993) *****
Réf. pays : Algérie
Bien...
"Dans les rues d'Alger, les hommes s'étreignent. Derrière leurs portes closes, les femmes s'ennuient. Séparée de la ville par un rectangle de verre, une jeune fille observe. Un mur sale, un trolley bondé, une enfant imprudente lui donnent les mots d'une nouvelle histoire. Elle invente. Elle s'invente. Elle est pubère, son père ne lui parle pas depuis deux ans. La mère prépare l'intrigue, les sœurs se taisent. L'ennui ronge la capitale. Personne n'y échappe. Pas même le soleil !
Les hommes attendent. Ils l'attendent. L'amour et l'espoir n'existent pas. Les pensées se cognent contre un espace amputé de son temps.
Cachée derrière sa fenêtre, avide de savoir, la voyeuse force sur la réalité. Un voile s'éloigne, une petite fille meurt sous les pneus d'un camion. Les trous de serrure s'élargissent, la voyeuse dérobe la vie des autres. Le rêve s'impose. La mort guette. Toutes deux se convoitent, s'invitent, se rejettent. Le sang se faufile entre les mots et les maux."

Le voyage à Timimoun par BrunelSylvie Brunel - Le voyage à Timimoun (2010) *****
Réf. pays : Algérie/France
Bien car je suis allée à Timimoun...un récit léger, assez plaisant à lire mais parfois des remarques sur la vie privée de l'auteur, personnage public puisqu'ex-femme d'Eric Besson, m'ont un peu gênée. Au moins Sylvie Brunel se dévoile-t-elle complètement dans son livre, mais un peu plus de retenue aurait été bienvenu selon moi. Sinon, c'est bien écrit et le point de vue de la géographe sur la région est intéressant.
"Laura s’envole pour l’Algérie le cœur lourd : après trente ans de vie commune, Marc, son mari, est parti refaire sa vie avec une jeunette, Schéhérazade. Les relations entre les hommes et les femmes sont-elles forcément vouées à l’incompréhension et à l’échec ? se demande-t-elle face à ce qu’elle vit comme la destruction d’une existence. Ses compagnons de voyage sont journalistes, tour-opérateurs. Tous ensemble, ils vont réouvrir l’oasis saharienne de Timimoun, longtemps fermée au tourisme après les années douloureuses qui ont coupé l’Algérie du reste du monde. Récit d’une double renaissance, celle d’un pays qui se reconstruit après la cendre et la terreur, celle d’une femme fragilisée qui comprend que la vie réserve toujours des surprises inattendues à qui sait ouvrir son cœur, Le Voyage à Timimoun est une fiction fondée sur des faits réels, qui puise dans l’actualité sa vérité et sa force." (résumé JC Lattès)


Albert Camus - L'étranger***** & Noces***** & L'été***** & La peste***** 
Réf. pays : Algérie/France 
L'Etranger par CamusAlbert Camus. Noces. Suivi de l'Été par CamusL'été (extraits) par CamusLa peste par Camus
"Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile: "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier."

L'Etoile d'Alger par ChouakiAziz Chouaki - L'étoile d'Alger (2002) *****
Réf. pays : Algérie
Très bon livre, mais effrayant : on vit avec Moussa, un apprenti chanteur populaire, la montée de l’intégrisme en Algérie, le raz de marée du Fis à Alger en 1988, et la fin de la liberté et de l’insouciance. Pour Moussa, c'est l'effondrement, le désespoir à tel point qu'à la fin, Moussa «fatigue», renonce (?) et finit intégriste fanatique. Deux mots forts : - Ziambreto : mélange d’alcool à brûler et de jus de grenadine auquel se shootent les jeunes. - Trabendo : marché noir.
Citation : "Il se retrouve à Bab el Oued. Incroyable, ce que ça a changé. Poubelles, gosses, barbes, kamis, comme toute l’Algérie, format national standard."

Le Silence des armes par ClavelBernard Clavel - Le silence des armes
Réf. pays : France/Algérie
"Guérit-on jamais de la guerre ? De quel combat meurtrier l'homme peut-il être fier ? Engagé pour 5 ans, Jacques Fortier a cru un temps à la noblesse des armes. Blessé, moralement détruit par les atrocités vécues en Algérie, il revient dans son village du jura pour quelques jours de convalescence. Repartir dans les Aurès, c'est accepter la haine et le sang, admettre l'absurde. C'est renier l'enseignement d'un père incompris, refuser les leçons de sa terre natale. Jeter son uniforme, c'est dire non à l'horreur, choisir la vie, mais aussi devenir traître et déserteur aux yeux de la société. Assassin ou proscrit, Jacques doit choisir. "Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis. " Cette phrase résume le drame du Silence des armes, l'une des œoeuvres majeures de Bernard Clavel." (résumé éditeur/ Babelio)

Vigiles (les) par DjaoutTahar Djaout - Les vigiles (1991) *****
Réf. pays : Algérie
«Dans une paisible ville de la banlieue d’Alger, un jeune professeur invente une machine à tisser inspirée du savoir ancestral de sa grand-mère.
Quand il veut la faire breveter, il se heurte aux pires difficultés : jugé suspect, dangereux, il devient l’objet de tracas, non renouvellement de passeport, espionnage,.. jusqu’au jour où sa machine est primée au salon de Heidellberg.. Ses ennemis trouvent alors un bouc émissaire qui devra se suicider pour endosser l’erreur commise. Un roman corrosif sur la sté algérienne d’aujourd’hui, mais sans anathème ni violence. Le livre d’un juste.»
Tahar Djaout a 37 ans quand il publie ce livre. Il sera assassiné par les intégristes en juin 1993…deux ans après la publication de ce roman à l'histoire édifiante, mais au style qui m'a moins inspirée...


Les généraux du crépuscule par DeforgesAlger, ville blanche par DeforgesRégine Deforges - Alger, ville blanche  *****
Réf. pays : Algérie/France
"Après l'Argentine, l'Indochine en plein chaos et la Havane révolutionnaire, Léa, intrépide héroïne de la "Bicyclette bleue" est de retour en France. La guerre qui fait rage en Algérie, agite le pays. Le Général de Gaulle charge François Tavernier d'évaluer la situation sur place. Restés à Paris, Léa et son fils adoptif prennent le parti de l'indépendance et s'engagent dans de dangereuses opérations de soutien aux militants algériens. Alors que la rébellion de janvier 1960 précipite Alger au bord du gouffre, Léa rejoint François pour échapper à la DST. Les voici projetés au coeur d'événements dramatiques qui, mettront à l'épreuve leurs convictions autant que leur amour.  (résumé éditeur/ Babelio)

Isabelle Eberhardt  *****
Réf. pays : Algérie/France
Yasmina et autres nouvelles algériennesLettres et journaliers par EberhardtEcrits intimes par EberhardtAmours nomades par Eberhardt
«Tous les matins, à l'heure où le soleil se levait, je venais m'asseoir sous le porche de la zaouïa Sidi Abd er Rahman, à Alger. J'ai ressenti là, à l'ombre antique de cette mosquée sainte de l'islam, des émotions ineffables au son de la voix haute et forte de l'imam psalmodiant ces vieilles paroles de la foi musulmane en cette belle langue arabe, sonore et virile, musicale et puissante comme le vent du désert où elle est née...» (résumé éditeur) 

Elise ou la vraie vie par EtcherelliClaire Etcherelli - Elise ou la vraie vie ***** (1973)
"Un concert fracassant envahit la rue. \" Les pompiers \", pensai-je. Arezki n'avait pas bougé. Les voitures devaient se suivre, le hurlement s'amplifia, se prolongea sinistrement et s'arrêta sous la fenêtre. Arezki me lâcha. Je venais de comprendre. La police. Je commençai à trembler. Je n'avais pas peur mais je tremblais tout de même. Je n'arrêtais plus de trembler : ; les sirènes, les freins, le bruit sec des portières et le froid, - je le sentais maintenant - le froid de la chambre."
Réf. pays : Algérie

Le dernier chameau et autres histoires par Fellag
L'allumeur de rêves berbères par Fellag

Roger Frison-Roche - Tous superbes *****
Que n'ai-je passé, enfant, des moments inoubliables en cheminant avec Frison-Roche à travers le désert saharien...(et de même dans la neige, la glace, et le froid de ses romans de montagne et du Grand-Nord...).

La Piste oubliée par Frison-RocheLa montagne aux EcrituresLe rendez vous d'essendilene par Frison-Roche


Djebel Amour par Frison-RocheL'esclave de Dieu

Fort saganne par Gardel Louis Gardel - Fort Saganne***** (1980)
Lu le livre après avoir été captivée par le film, avec Sophie Marceau, actrice fétiche! En réalité, contrairement au film tourné dans le Sahara mauritanien, les exploits du lieutenant Saganne eurent lieu dans le Tassili en Algérie.
"Un " bâtisseur d'empire ", un " Français d'épopée ", tel apparaît, à distance, le lieutenant Charles Saganne. Ses exploits au Sahara avant 1914, notamment son combat contre le chef Sultan Ahmoud, lui vaudront d'être chanté par les poètes touareg et célébré par les journaux parisiens. Qui est-il, ce jeune homme qui se méfie des sentiments, mais qui sera sur le point de renier tout ce à quoi il croit pour l'amour d'une femme ?" (Résumé éditeur Babelio)

Le club des incorrigibles optimistes par GuenassiaJean-Michel Guenassia - Le club des incorrigibles optimistes*****
Réf. pays : France/Algérie
"Michel Marini avait douze ans en 1959. C'était l'époque du rock'n'roll et de la guerre d'Algérie. Lui, il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l'arrière-salle du bistrot, il a rencontré Tibor, Léonid, Sasha, Imré et les autres. Ces hommes avaient tous passé le Rideau de fer pour sauver leur vie. Ils avaient abandonné leurs amours, leur famille, leurs idéaux et tout ce qu'ils étaient. Ils s'étaient tous retrouvés à Paris dans ce club d'échecs d'arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie de Michel. Parce qu'ils étaient tous d'incorrigibles optimistes.
Roman de génération, reconstitution minutieuse d'une époque, chronique mélancolique d'une adolescence : Jean-Michel Guenassia réussit un roman étonnant tant par l'ampleur du projet que par le naturel dont il s'en acquitte"
(Résumé éditeur /Babelio)

Le dingue au bistouri par KhadraYasmina Khadra - Le dingue au bistouri *****(1990)
" Alger en hiver. Ce jour-là, le commissaire Brahim Llob est d'humeur maussade, et le coup de téléphone qu'il reçoit n'arrange rien: un mystérieux correspondant le prévient qu'il va commettre un crime... Le Dingue au bistouri frappe ainsi les premiers coups de sa sinistre carrière de tueur en série. Est-ce un fou? Un pervers? Ce n'est pas l'avis de Llob. Bien au contraire, chaque meurtre est froidement prémédité, minutieusement exécuté, et toujours signé. L'homme torture ses victimes, leur arrache le coeur, ensuite il dépose une étoile noire sur le cadavre. (...)" (Résumé éditeur Baleines) "II doit encore tuer 5 personnes. Et le commissaire sait qu'il ira jusqu'au bout. Commence alors un dialogue de fous entre Llob et le Dingue, triste et tragique rejeton d'Alger la désolée." (complément source : Amazon/Babelio)

Double blanc par KhadraYasmina Khadra - Double blanc*****(1997)
"Le tonnerre éructe de toutes ses forces dans la nuit. De temps à autre, les lumières éblouissantes de l'éclair ricochent sur le bas quartier, peuplant les recoins de visions cauchemardesques. Il est vingt-deux heures, et pas un chat ne se découvre assez de cran pour se hasarder dans les rues. C'est l'heure où les gens s'autoséiquestrent pour se forger des alibis, la conscience cadenassée, un sommeil opaque sur les yeux. Le moindre friselis est perçu comme un cri d'agonie. Alger retourne en enfer." (Résumé éditeur /Babelio)

Les agneaux du Seigneur par KhadraYasmina Khadra - Les agneaux du seigneur***** (1998)
"Ghachimat est un village de l'Algérie d'aujourd'hui : on se connaît depuis l'enfance, on se jalouse et on se jauge. On s'affronte en secret pour obtenir la main d'une fille. On déteste ceux qui ont réussi, on méprise ceux qui sont restés dans la misère. On étouffe sous le joug d'une tradition obsolète. On ne s'émeut guère des événements qui embrasent la capitale. Mais il suffit du retour au pays d'un enfant fanatisé, pour que les habitants de Ghachimat basculent dans le crime collectif, portés par le ressentiment et la rancoeur. Et c'est ainsi que, progressivement, des garçons bien tranquilles deviennent des tueurs en série." (résumé éditeur Pocket)
Morituri par KhadraYasmina Khadra - Morituri *****
" Da Achour ne quitte jamais sa chaise à bascule. Chez lui, c'est une protubérance naturelle. Une cigarette au coin de la bouche, le ventre sur ses genoux de tortue, il fixe inlassablement un point au large et omet de le définir. Il est là, du matin au soir, une chanson d'El Anka à portée de la somnolence, consumant tranquillement ses quatre-vingts ans dans un pays qui déçoit. Il a fait pas mal de guerres, de la Normandie à Diên Biên Phu, de Guernica au Djurdjura, et il ne comprend toujours pas pourquoi les hommes préfèrent se faire péter la gueule, quand de simples cuites suffisent à les rapprocher." (résumé éditeur/Babelio)
L'Imposture des mots par KhadraYasmina Khadra - L'imposture des mots***** (2002)
J'ai trouvé cet ouvrage... pas très bien écrit et peu agréable à lire : un livre pour les inconditionnels...(j'ai pourtant lu beaucoup de ses livres, mais pas du tout accroché sur celui-ci). YK publie ce livre en 2002. Il avait révélé l'année précédente son identité : officier supérieur de l'armée. Il se heurte alors à la suspicion des lecteurs notamment français qui mettent en avant son implication ou plutôt sa proximité en tant que militaire avec les exactions qui ont touché l'armée algérienne.


 La Part du mort par KhadraYasmina Khadra - La part du mort*****(2004)
"En voulant empêcher la justice algérienne de gracier un dangereux psychopathe, le commissaire Llob va devoir se plonger dans l'histoire tragique de son pays et remonter jusqu'à cette nuit du 12 au 13 août 1962, où furent massacrées des familles de harkis. S'enchaînent alors manipulations, meurtres et intimidations jusqu'à la révélation de l'enjeu véritable de ce complot diabolique. A travers ce roman terrible et fascinant, Yasmina Khadra poursuit son implacable autopsie de la société algérienne." (résumé éditeur/Babelio)

 Ce Que le Jour Doit a la Nuit par KhadraYasmina Khadra - Ce que le jour doit à la nuit ***** (2008)
Réf. pays : Algérie
"Dans l'Algérie coloniale, le jeune Younes est confié à son oncle, pharmacien, afin d'échapper à la misère que connaît sa famille. Il grandit au milieu de jeunes Blancs, oubliant presque ses origines arabes. Ses amis européens et lui forment une bande d'inséparables. Mais, un jour, une Française beaucoup plus âgée que lui posera un geste aux conséquences imprévisibles..." (résumé éditeur) Lire ma critique complète


Nedjma par YacineYacine Kateb  - Nedjma*****
Réf. pays : Algérie
Très bien...
"Nedjma est jeune et belle. Elle est née de père inconnu et d'une mère considérée comme une étrangère. Courtisée par tous, fruit de l'adultère et du crime, elle bouillonne d'une révolte superbe et tragique, à l'image même d'une Algérie à la fois jeune et âgée, musulmane et païenne, savante et sauvage..." (résumé éditeur/Babelio)
LA CHRYSALIDE par AICHAAïcha Lemsine - La chrysalide***** 
Réf. pays : Algérie
Très bien...
"La Chrysalide saisit et fixe; à travers l'histoire d'une famille comme mille autres, l'injustice et la douleur qui sont le lot quotidien de la femme. (...) Les droits du père, du mari, en terre arabe; sont sans limites. Aïcha Lemsine donne à voir et s'élève contre le mariage forcé, la répudiation, la polygamie. - LE MONDE - La Chrysalide est un livre qui, de page en page, vous fera rire et vous fera pleurer. LE NOUVEL OBSERVATEUR" (résumé Babelio)

De la barbarie en général et de l'intégrisme en particulier par MimouniRachid Mimouni - De la barbarie en général et de l'intégrisme en particulier
Réf. pays : Algérie






Le Petit Prince par Saint-Exupéry
Antoine de Saint-Exupéry - Le petit prince*****
Réf. pays : le SAHARA ....
Tellement bien...




Voir aussi : Lectures d'Afrique

mardi 7 février 2012

Le zarbi du mardi 7 fév. 2012

 ... Portrait de nos dernières acquisitions fishophiles, suite à des décès réguliers et inexpliqués dans notre aquarium.
Pourtant, il y a eu contrôle de la qualité de l'eau, le filtre fonctionne, l'eau est changée "de temps en temps".., et les chérubins sont nourris chaque jour, avec force gentilles paroles et dialogue ("bonjour les petits...coucou c'est maman...comment ça va ce matin ?... etc.) - dialogue auquel les chérubins répondent avec amour en montant à la surface tout  en secouant leur popotin et en  ouvrant grand la bouche...

Donc, après plusieurs achats successifs de nouveaux poissons rouges, aussitôt baptisés (Mandarine2, Falco2, Chiboune2, Michael...), suivis de décès traumatisants et inexpliqués au bout de quelques jours... Nico a exigé de bannir le magasin "grande surface" où je me fournissais et obtenu d'aller chez un aquariophile respecté de la région.
Un magasin merveilleux !!! des bassins magiques, remplis de poissons exotiques, coraux vivants, escargots d'eau, crevettes incroyables, etc. : une simple visite dans ce magasin nous offre un voyage par les yeux dans les mers du sud...
Et nous avons donc adopté 3 nouveaux poissons rouges normaux, 3 bébés, 2 escargots jaunes et 2 escargots noirs..
Longue vie à nos nouveaux chérubins d'eau... et coucou à leurs cousins de Shenzhen !

dimanche 5 février 2012

Cette semaine au jardin (5 février)

Eh oui, la première semaine de février est fidèle aux traditions : il a fait froid !!!
Ce dimanche matin, première neige de l'hiver, mais seulement quelques flocons qui ne se sont pas attardés: un simple voile de neige chez nous (tandis qu'ailleurs cela tombait dru, même à Alger, Rome, Grasse, aux Baléares...).

- 8° à l'abri la nuit, et pas bien chaud au matin :  le jardin tirait grise mine, les plantes étaient gelées, noircies et pétrifiées...
Je n'ai pas pu déplacer des pots de fleurs : ils ne faisaient plus qu'un avec la terre gelée... Des remords en voyant ces pauvres formes avachies et noircies :
n'aurais-je pas dû mieux les protéger, toutes ??? (toutes ?!!autant couvrir le jardin d'une immense bâche...)
Alors vite séance de rattrapage avec cartons, journaux etc. pour protéger au moins davantage les rocailles...
Et au milieu de ce jardin en désolation, il y avait une rose qui avait récemment fleuri, si jolie avec ses pétales couverts de cristaux de neige.

Puis passage en revue rapide des refuges de mes coccinelles : plusieurs avaient dû faire profil bas et tellement se rencogner ... que je ne les vis plus, quelques autres avaient bravement gardé leur position, aggripées sous des feuilles d'euphorbes qui, elles, avaient l'air bien piteux, toutes ratatinées par le froid...

Voir les autres chroniques de "L'hebdo officiel de la vie de mon jardin"

Tom Robbins : "Un parfum de Jitterbug" (EU)

Un parfum de Jitterbug par Robbins ***** (2010) - Réf. pays : Etats-Unis/France/Bohême...

4e de couverture Ed. Gallmeister : «Une serveuse de tacos qui joue les apprenties chimistes à Seattle, une parfumeuse déchue de la Nouvelle-Orléans qui prépare son come-back, et un excentrique« nez » des hautes sphères de l’industrie parisienne s’interrogent : qui donc leur envoie ces mystérieuses betteraves sans laisser de traces ni le moindre message ? La clé du mystère se trouve peut-être au cœur de l’épopée d’Alobar, roi du VIIIe siècle, qui, fuyant la mort, se retrouve en compagnie d’une jeune Indienne fascinée par les essences en Bohême, où il découvrira le secret de l’immortalité. Un Parfum de Jitterbug est un roman épique à l’imagination débordante dans lequel tom Robbins célèbre les joies de l’existence et agite au shaker toutes les croyances de ce monde pour nous livrer les secrets d’un parfum perdu. L’auteur génial de « Même les cow-girls ont du vague à l’âme » nous entraîne une nouvelle fois dans un récit hilarant et explosif».

Mon avis :     Un parfum un peu lourd(aud) et qui manque de sillage !
Hum... Pour une première prise de connaissance avec Tom Robbins ("Un des meilleurs romanciers américains" selon le NY Times), je reste sur ma faim...
Et j’ai abandonné la lecture quasiment aux deux-tiers, n’en pouvant plus de ces alternances de chapitres : 
  • L’un qui nous plonge dans la vie de cette jeune serveuse de tacos, qui bricole avec des éprouvettes de labo dans son petit appartement de Seattle, avec clins d’oeil de sa collègue homo qui en bave pour elle…
  •  l’autre consacré au devenir d’un roi du VIIIe siècle, Alobar, qui entreprend donc un voyage à travers le temps et les continents dès l’apparition de premiers…cheveux blancs… A peine le temps de m’habituer à ce personnage et à la galerie de servants, amants, maîtres, conseillers qu’il côtoie que le chapitre «Alobar» se termine…
  • et on se retrouve propulsé à Paris dans une entreprise de parfumerie familiale…(là, mon intérêt s’est réveillé au souvenir de la visite de la parfumerie Fragonard à Grasse…), dont certains responsables ont des visées sur un développement particulier de la cosmétique, mais pas « le nez », le frère au don particulier… On sent venir les grosses brouilles de familles…
  • Puis nouveau chapitre qui nous ramène à La Nouvelle Orléans chez une vieille parfumeuse, et sa «seconde», qui à partir de ses anciens alambics et de jasmin de contrebande s’essaie à recréer un élixir particulier…

Ici et là, Tom Robbins sème de petits repères ténus nous permettant d’entrevoir un lien entre les différents personnages, au-delà des continents et du temps.
Avec toujours ce fil rouge insolite des betteraves offertes aux divers protagonistes…
Mais hélas pour moi, autant les chapitres contemporains se laissaient agréablement lire et (j’arrivais à suivre !), autant les chapitres relatifs à l’épopée d’Alobar dans le temps, dans l’histoire et à travers le monde  m’ont au bout d’un moment lassée, j’en suis venue à sauter des pages et des pages de chapitres «Alobar» pour finalement me résigner à arrêter le livre.
Mais sans regrets : l’intrigue ne m’a pas vraiment passionnée et je ne suis même pas titillée pour connaître le fin mot de l’histoire… : Peu m’en chaut !
Je laisserai quand même à Tom Robbins une 2e chance de remonter dans mon estime en lisant "Une étrange attraction" (qui date de...1971), dont les critiques furent si positives... mais cet écrivain ne devient plus une priorité dans ma LAL ! 
Quoique...
... mon sentiment est partagé depuis que j'ai lu une interview de lui dans "Lire" d'oct. 2010 (p.48-53):
  • Certes, il y répète à l'envie que les "drogues psychédéliques ouvrent l'esprit" . Elles lui ont "permis de comprendre que chaque fleur présente dans un champ a une identité tout aussi forte que la mienne. Une fois que vous avez ressenti et compris cela, votre vie ne peut qu'en être bouleversée." Moi qui aime mes fleurs, les dorlote et leur fais la conversation, je relativise quand même "l'identité" de mes plantes...
  • En revanche, il se rattrape en jurant être totalement sobre, clean, décaféiné etc. quand il est en pleine écriture de livre. Et là, c'est un autre homme qui parle : un écrivain qui écrit au stylo sur du papier (pas sur ordi!), et qui "ne lâche jamais une phrase tant qu'elle n'est pas parfaite", qui "progresse très lentement, mot par mot, phrase par phrase", et ne revient plus sur ce qu'il a écrit...


Quelques extraits plus ou moins savoureux (ou déjantés !) :
  •  Nez en sous-marin de poche, sperme de chérubins... "Quand Lily Devalier colla le sous-marin de poche qui lui servait de nez le long du quai de la couche de concentration, oh !, une chaleur nocturne lui enveloppa le cerveau, l’inondant d’étoiles, de sperme de chérubins translucide, et de ces sirops bleus de minuit que sucent les papillons nocturnes sur les tropiques. Elle fut emportée par la dévorante délicatesse de ce jasmin, mais pas au point de ne pas détecter une légère sensation de surchauffe, ainsi qu’une faible trace de solvant."

  • L'escargot claudiquant..."Elle avait des cuisses épaisses, des hanches larges et une poitrine lourde, mais sa taille était si mince qu’un escargot claudiquant aurait pu faire le tour de sa ceinture en 2 minutes piles (…)."

  • L'apiculteur, les abeilles, le ciel et les étoiles..."Alobar sortit et alla marcher dans la nuit himalayenne – l’obscurité en haut de l’escalier. L’air vif et limpide qui portait les psalmodies des lamas vibrait comme une ruche. Les étoiles blanches brillaient et faisaient penser à une éruption de boutons sur l’atmosphère. Il était facile d’imaginer que ces étoiles étaient des abeilles, qu’elles étaient la source du bourdonnement omniprésent des lamas. Il était facile d’imaginer que le pâle croissant de lune était la spatule de l’apiculteur, qui plongeait dans le ronronnement et le miel."

  • L'huître !!!"Lorsque nous acceptons des petites merveilles, nous nous rendons aptes à imaginer de grandes merveilles. Ainsi, si nous admettons qu’une huître – radieuse, molle, succulente et sereine – peut sortir d’une coquille, nous sommes prêts à imaginer Aphrodite émergeant d’une adresse identique. Qui plus est, nous pourrions imaginer, si toutefois nous avions cette tournure d’esprit, Aphrodite exsudant sa coquille, construisant son studio, ses valves, ses charnières et ses spires, avec ses propres sécrétions, comme le fait une huître, mais il faut reconnaître qu’une imagination moyenne n’irait probablement pas aussi loin.(…)-Ah non, M’dame Lily, je ‘efuse de mettr’ une huît’ toute c’ue dans ma bouche ! (…) je ‘efuse de manger de la bave visqueuse. (…). (…)Elle but une gorgée. Elle examina le cercle de coquillages, chaque masse informe et raffinée luisant sur le plancher (ou le plafond) irisé de sa propre architecture intime, géométrie solidifiée de son propre désir. L’huître était une créature digne de La Nouvelle-Orléans, dont les maisons étaient de la même façon et tout aussi résolument fermées à un monde extérieur dont on ne pouvait attendre qu’il fasse preuve de la sensibilité requise à l’égard des délicatesses sécrétées à l’intérieur."

  • De la betterave et autres légumes :"La betterave est le plus profond de tous les légumes. Le radis, convenons-en, est plus fiévreux, mais le feu du radis est un feu froid, ce n'est pas le feu de la passion, c'est celui du mécontentement. Les tomates ne manquent pas de vigueur ; toutefois, il court en elles une veine de frivolité. Les betteraves, elles, sont terriblement sérieuses.""Les peuples slaves doivent leurs caractéristiques physiques aux pommes de terre, leur inquiétude sourde aux radis, et leur sérieux aux betteraves."
Voir aussi : Lectures d'Amérique du Nord
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