J'ai lu ce livre alors que l'association Handicap International "fête" ses 30 années d'existence, et rappelle à cet égard que "plus de 80 pays sont encore pollués par des mines antipersonnel et 44 par des bombes à sous-munition (les "BASM"). Il y aurait 22 à 132 millions de sous-munitions qui n'auraient pas explosé à l'impact. Un tiers des victimes des mines sont des enfants." (In 20 Minutes, 13/07/2012)
Un petit roman de littérature jeunesse qui se laisse aussi lire par les adultes.
Le grand écrivain suédois Henning Mankell raconte des fragments de l'histoire déchirée et déchirante d'un pays d'Afrique qu'il connaît bien, le Mozambique. Il y réside une partie de l'année, et dirige bénévolement une troupe de théâtre locale à Maputo.
Dans Le secret du feu, Henning Mankell aborde les traumatismes de la guerre civile au Mozambique, la souffrance des populations pauvres et désemparées devant cette violence, et le sort qui peut s'acharner sur les enfants. C'est aussi une description de la misère des villageois, du travail harassant du matin au soir, des conditions de vie précaires (la paille disjointe des cases, qu'il faudrait rafistoler chaque année, l'eau à aller chercher au puits...). La mort et la vie sont constantes dans le roman, et la maman Lydia, déjà si fatiguée et miséreuse, tombe enceinte d'un vaurien alcoolique.
Sofia a une dizaine d'années quand son village est massacré par les Bandits, son père tué. Lydia, la maman, Sofia et sa soeur Maria, et le petit frère Alfredo, parviennent à s'enfuir. La fuite rime avec la peur au ventre, la faim, le désespoir, la fatigue. Au bout du chemin, un nouveau village accueille la petite famille.
"(...) leur fuite n'aurait pas eu seulement de mauvais côtés, avait pensé Sofia. Il en résulterait quelque chose de bien, malgré tout. Elle avait vu la mer. Elle irait peut-être à l'école." p.37
Sofia et Maria sont deux soeurs inséparables. Elles vont pouvoir aller à l'école quelques heures par jour - le reste du temps, elles aident Lydia aux travaux des champs.
Le maître d'école, le père José Maria, met en garde enfants et parents contre le danger des mines antipersonnel encore dissimulées sous terre : on ne doit marcher que sur les sentiers existants et sans risque. Mais un jour, les gamines en jouant s'éloignent du bord du chemin. Sofia "sauta à cloche-pied sur la jambe gauche. Puis elle posa son pied droit pour revenir sur le sentier. Alors la terre se déchira." (p.64)
Maria perd la vie. Sofia est amputée des deux jambes. Après des mois de douleurs, de chagrin, de remords, Sofia entame une rééducation dans le petit hôpital si dénué de tout et délabré de la grande ville. Le docteur Raul s'occupe particulièrement de cette petite fille qu'il a dû amputer. Sofia a la chance de pouvoir bientôt disposer de deux prothèses jambaires. Ses fausses jambes deviennent ses meilleures amies, mais pas question d'en faire état ou étalage, Sofia dissimule le bas de son corps dans une grande cape, et cache la douleur que lui impose les lanières sur les cuisses.
Le récit nous amène de nouveau au village où la maman Lydia s'est mise en ménage avec un homme buveur, violent et sans travail, qui ne veut pas d'une estropiée dans son entourage.
Sofia va puiser dans sa force physique et morale pour retourner à la ville et se débrouiller. Grâce au Docteur, elle est hébergée contre petits services par une matrone de la ville. Et surtout Sofia réussit à trouver un travail d'apprentie couturière qui correspond à sa vocation.
Par la suite, ses efforts constants sont récompensés : Sofia succède au vieux couturier du village, et retrouve sa mère qui s'est séparée du terrible beau-père.
Ce pourrait être une fin trop heureuse pour y croire... Pourtant dans son introduction, Henning Mankell dédie son livre à la petite Sofia Alface, dont il loue le courage (Sofia est okuvlig : invincible en suédois) devant toutes les épreuves traversées. (Ed Castor Poche, trad. A. Ségol, 192 p)
Voir aussi : Lectures d'Afrique et Livres nordiques et la rubrique "Enfants"
Voir aussi : Lectures d'Afrique et Livres nordiques et la rubrique "Enfants"
j'ai lu le livre et je ne l'ai pas aimé. Trop gybg gnah
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