Bien aimé ce petit récit pour les jeunes, de mon auteur fétiche de polars Caryl Férey (attention, ses romans "adultes" sont d'une violence... parfois déconcertante).
Ici, j'ai apprécié plusieurs thèmes disparates : en début de roman, le quotidien d'Alice jeune ado de 14 ans dont s'occupe le père (un papa au foyer : première surprise) pendant que la mère, géographe, sonde les sols de la région de Ouarzazate au Maroc.
La meilleure amie d'Alice, c'est Atika ("celle qui sauve la vie" !), une des 6 enfants d'une famille berbère marocaine immigrée - et qui n'a jamais visité son pays d'origine.
La maman d'Alice téléphone du Maroc pour informer la famille que le meurtre de son technicien spécialiste de la qualité de l'eau la contraint de rester sur place. Alors Alice, le papa et Atika s'en viennent passer les vacances de Pâques (tombées à point nommé) au Maroc.
"Les gorges du Dadès étaient heureusement préservées de la foule : une route sinueuse serpentait entre les falaise de roches rouges et roses qui dominaient la vallée." (p63)
Or moi-même... toute jeune diplômée du bac (il y a belle lurette), j'ai eu le bonheur de partir sac au dos au Maroc en passant par les gorges du Dodra et du Dadès (des frayeurs quand le bus frôlait le ravin...) avec mon frère, et mes potes de lycée Joëlle et Arjen - l'argent de poche planqué dans les "pataugas", les "gazelles" à tout va, un peu d'insécurité pour de jeunes voyageant alors tous seuls en trains et bus locaux mais compensée par une immense générosité et convivialité des Marocains.
Caryl Férey distille au jeune lecteur des informations sur Marrackech, le tourisme, la vallée des roses, la précarité, les rapts, un détour dans le désert et la palmeraie de figuiers dépérissants (pourtant seule ressource du vieux chef berbère Driss), le sort obligé de la fille de Driss à 12 ans : renoncer à l'école pour se consacrer aux travaux de la palmeraie.
Sans dévoiler le fin mot des péripéties de la famille, j'ai apprécié que l'auteur intéresse les jeunes lecteurs aux ambitions des multinationales agricoles ("Bonsanto"...) d'ensemencer en cultures OGM les surfaces de la région, en essayant par tous moyens de soumettre les paysans locaux, y compris en menaçant cette ressource si capitale dans la région que constitue l'eau...
"Rachid Mouteblika était le principal propriétaire terrien de la région du Dadès. il s'était allié avec BONSANTO, une entreprise multinationale spécialisée dans la culture d'OGM. (...) Mais un problème de taille se dressait sur leur route : l'eau." (p.103)Un bémol : la couverture du livre : aurait pu faire mieux ! (Ed. Syros/Souris noire, 2009, à partir de 10 ans, 112 p.)
--> voir aussi : "Lectures d'Afrique" et rubrique "enfants"
et de l'écrivain Caryl Férey, mes billets sur "Mapuche", "Zulu" et la rubrique "polars"
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