jeudi 18 décembre 2014

Jean-François Beauchemin : "Le jour des corneilles" (Québec)

***** 2004 (Ed. Les Allusifs, 154 p.)
Voici ma première lecture du défi Québec'o trésor... 
Pas une très bonne pioche à mon goût, dois-je reconnaître.

Au commencement, je fus ébaubie par le style : le roman est écrit en « français médiéval », et j’ai eu l’impression de parcourir quelque livre de Rabelais. Puis rapidement l’histoire m’a fait penser à « L’enfant sauvage ». Voilà, je m’apprêtais à entrer dans l’univers d’un « enfant sauvage » s’exprimant cependant dans la langue de Rabelais.

Ce langage surprenant m’a plu heureusement d’emblée, car l’histoire m’accrochait moins. 
Un couple vit dans une cahute isolée en pleine forêt, loin du village où vivent « les bourgeois ». La femme accouche d’un petit garçon et meurt en couches. 
Le père perd un peu la raison (des « gens » visitent « son casque »), et se retrouve seul à seul pour élever son enfant. Elever est un bien grand mot, car le père ne cesse de houspiller, battre, punir son garçon. Les coups pleuvent notamment quand le père est « visité par les gens ». Certaines scènes de punition sont d’une réelle violence.
Le gamin dans tout cela tente d’esquiver autant qu’il le peut mais finit toujours roué de coups, sanguinolent et abandonné loin de la cabane. Ses moments de douceur ne tiennent qu’au souvenir de sa mère, et aux apparitions fantomatiques de celle-ci. Confronté en permanence à la brutalité sauvage de son père, la gamin se demande si ce père nourrit un peu d’amour pour lui, et cette question finit par l’obséder.

La fin du livre est d’une violence inouïe, c’est tout juste si l’on n’est pas pris d’un haut le cœur en lisant le texte. C’est tout simplement monstrueux. Et j’ai vite refermé le livre en espérant oublier ce que je venais de lire.

En conclusion : un livre qui sort du lot par son style intéressant, mais une histoire hélas cauchemardesque qui l’emporte sur le style et file la nausée. (et oups j'étais dans les transports en lisant la fin, parcourue de frissons d'horreur)

Extrait : à sa naissance, l’enfant est enfourné par son père dans le trou d’une marmotte… c'est son unique souvenir d'un moment affectueux dans sa vie
"S’emparant de ma personne, père me mena par-delà la forêt jusqu’au champ de Monsieur Ronce, où se trouvait un trou de marmotte peu aprofond. J’y fus enfourné puis laissé à moisir, séjournant là pour l’équivalence d’une course de soleil, pleuroyant extrêmement de désarroi, de soifs et d’appétits. Caillasses me griffaient l’échine. Poussiers et sables m’emplissaient esgourde, œil et bouche. Paille se tissait à ma maigriotte chevelure."

En espérant que ma prochaine découverte dans le cadre du défi  Québec'o Trésors sera plus avenante... Ce devrait être "L'énigme du retour" de Dany Laferrière...

--> Chronique "Québec"

1 commentaire:

  1. Un auteur que je veux découvrir et je pensais choisir ce titre, mais là tu me fais hésiter! Je vais peut-être en choisir un autre...

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