Attention : livre compliqué, voire complexe !
Cela me fait penser au commentaire que j'avais écrit après la lecture de "Peste et choléra" du même auteur : "à lire si vous êtes téméraire (soit ouvert à un style neutre et doublé d'une construction déroutante sans aucune chronologie) et avez le goût des voyages lointains."
Il m'a fallu quand même un certain temps pour venir à bout des 220 pages de "Viva", tant le texte suit une construction aléatoire, et recèle de références à foison à des personnages tantôt liés à l'histoire de Trotsky et tantôt liés à la vie et l'oeuvre de Malcolm Lowry. Le tout s'enchaînant quasiment sans transition, basculant d'une époque à une autre et d'une histoire à l'autre. Il faut parfois s'accrocher dur.
Les toutes premières pages m'ont par exemple rendue perplexe : cela parlait du Trésor de la Sierra Madre de cet auteur allemand B. Traven / Ret Maru dont je n'avais guère entendu parler (si ce n'est par l'adaptation cinématographique de son roman). Une entrée en matière déroutante.
Les toutes premières pages m'ont par exemple rendue perplexe : cela parlait du Trésor de la Sierra Madre de cet auteur allemand B. Traven / Ret Maru dont je n'avais guère entendu parler (si ce n'est par l'adaptation cinématographique de son roman). Une entrée en matière déroutante.
Donc "Viva" est un portrait alterné de deux figures "en exil" au Mexique : Trotsky "le proscrit" qui y est accueilli par le président Cardenas en 1937 et qui résidera dans les premiers temps (avant leur fâcherie) chez Diego Rivera et Frida Kahlo, et Malcolm Lowry, l'écrivain anglais alcoolique et instable qui s'attelle tant bien que mal à la rédaction de son futur chef d'oeuvre "Au-dessous du volcan".
Pas du tout de portraits croisés puisque ces deux hommes ne se croiseront jamais au Mexique. Alors quelle drôle d'idée que d'écrire un roman sur leurs destinées parallèles en terre mexicaine...
Ces deux-là, s'ils ne se croisent pas, croiseront la route de moult personnages qui seront égrenés au fil du livre : la photographe Tina Modotti, Antonin Artaud, André Breton et sa femme Jacqueline, Kotov et Caridad Mercader, mère de Ramon Mercader l'assassin de Trostky, Graham Green, le fantôme d'Oscar Wilde...
Ces deux-là, s'ils ne se croisent pas, croiseront la route de moult personnages qui seront égrenés au fil du livre : la photographe Tina Modotti, Antonin Artaud, André Breton et sa femme Jacqueline, Kotov et Caridad Mercader, mère de Ramon Mercader l'assassin de Trostky, Graham Green, le fantôme d'Oscar Wilde...
Il faut reconnaître à Patrick Deville un effort de recherches documentaires stupéfiant. Et d'accompagner ses références des souvenirs de ses déambulations sur les pas des personnages, dans les hôtels où ils ont séjourné de par le monde, ou les lieux qu'ils ont visité. Il a même emprunté l'Orient-Express pour rouler sur les rails de l'exil de Trostky. J'ai trouvé passionnante la rencontre avec le petit-fils de Trotsky, qui a fait sa vie au Mexique.
"Por Leon Trotsky con todo cariño dédico esta peintura, el dia 7 de Noviembre de 1937 Frida Kahlo" (Guély/Viné-Krupa, p56) |
"Trotsky voit devant lui le sourire de la belle Frida aux sourcils très noirs, au merle sur le front, la blouse indienne multicolore, les lèvres rouges qui peut-être fredonnent. Il est jaloux déjà de Rivera. La jolie princesse et le gros crapaud. (...) Il a cinquante-sept ans et c'est bien la dernière chose à laquelle il s'attendait". (p.47)
"C'est la nuit et la tempête. Le Consul libère le cheval volé du pelado et frappe sa croupe. Les fascistes lui tirent une balle dans le ventre et il tombe. Le cheval emballé s'enfuit sous l'orage. au hasard de la forêt, il piétinera Yvonne partie à la recherche du Consul. Riders on the Storm. On jette le corps du Consul au fond de la barranca et un chien mort après lui. This is the End. Le vieux violoniste prie pour lui la Virgen de la Soldedad, abogada de los que no tienen a nadie." (p.199)
Diego Rivera : Jeune homme au pull gris / Jacques Lipchitz (Moma, 04/08/14) |
Sur Frida Kahlo, je commence à accumuler les portraits...:
- "Frida Kahlo aimait tant la beauté des enfants chinois que..."
- Leonardo Padura : "L'homme qui aimait les chiens"
- M. Guély & R. Viné-Krupa : "Un ruban autour d'une bombe, une biographie textile de Frida Kahlo"
- Barbara Kingsolver : "The Lacuna"
- Gérard de Cortanze : "Frida Kahlo, la beauté terrible"
- JMG le Clézio : "Diego et Frida"
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