***** "El tango de la Guardia Vieja" - 2012 (Ed. fr. Seuil, trad. F. Maspero, 544 p.)
Réf. géogr : Espagne (auteur) / Argentine / France / Italie
Réf. géogr : Espagne (auteur) / Argentine / France / Italie
Me voici revenue à bord d'un paquebot transatlantique voguant vers Buenos Aires dans les années '20 (voir l'élégant roman "Argentina" de Dominique Bona)... Et ça me plait !
Arturo Perez-Reverte, dont c'est mon 2e livre après "La patience du franc-tireur", nous livre un joli roman un peu long mais foisonnant. La construction est un rien surprenante, puisque les époques alternent sans repère et couvrent quarante années ; un petit temps d'adaptation m'a été nécessaire.
Max Costa, danseur mondain, et Mecha de Troeye, riche et belle aristocrate, se rencontrent sur le paquebot Cap Polonio, où ils entament leurs premiers tangos, sous le regard appréciateur du mari de Mecha. A Buenos Aires, Max fait découvrir au couple le tango originel, celui de la Vieille Garde, qui ne perdure que dans certains bas-quartiers populaires et "underground".
"C'est ici, dit Max Costa. La voiture - une limousine Pierce-Arrow couleur aubergine avec l'insigne de l'automobile Club sur le radiateur - s'était arrêtée au bout d'un long mur en brique, à une trentaine de pas de la gare de chemin de fer de Barracas. La lune ne s'était pas encore levée et, quand le chauffeur eut éteint les phares, ne brillèrent plus que la lumière solitaire d'un réverbère et les quatre ampoules jaunes sur la haute marquise de l'édifice. Vers l'est, dans les rues aux maisons basses qui conduisaient à la rive gauche et aux docks du Riachuelo, la nuit effaçait un dernier vestige de clarté rougeâtre dans le ciel noir de Buenos Aires.- Charmant endroit, commenta Armando de Troeye.- Vous vouliez un tango, répliqua Max." (p.124)
Qui est donc ce Max ? Danseur émérite de tango, il a grandi dans ces quartiers pauvres de Buenos Aires, et s'est façonné un personnage de faux gentleman, mais vrai gigolo et détrousseur. Un gentleman cambrioleur.
Max disparaît du jour au lendemain de la vie de Mecha, non sans s'être lesté du magnifique collier de perles de la belle.
Max disparaît du jour au lendemain de la vie de Mecha, non sans s'être lesté du magnifique collier de perles de la belle.
Presque dix ans ont passé quand les deux se retrouvent à Nice au moment de la guerre d'Espagne et à l'avant-veille de la 2e guerre mondiale. Gentleman toujours, cambrioleur encore plus... Max se trouve mêlé contre son gré au vol de documents compromettants du gendre de Mussolini, le comte Ciano, dans une villa de Nice appartenant à une amie de Mecha. Leurs retrouvailles sont brèves et l'adieu rapide...
Troisième période, 1966, guerre froide : Max a perdu de son allant, la soixantaine, fatigué, sans le sou et sans perspectives, il est devenu chauffeur du riche propriétaire d'une villa à Sorente, en Italie.
Le hasard fait que, dans cette ville, est programmé un tournoi international d'échecs opposant un champion russe à un jeune sud-américain, qui n'est autre que le fils de Mecha. Max et Mecha se retrouvent mais le temps a fait son travail d'usure. On s'interroge sur la vraie nature de leurs sentiments.
Le hasard fait que, dans cette ville, est programmé un tournoi international d'échecs opposant un champion russe à un jeune sud-américain, qui n'est autre que le fils de Mecha. Max et Mecha se retrouvent mais le temps a fait son travail d'usure. On s'interroge sur la vraie nature de leurs sentiments.
"Toute ma vie a été nourrie de ces moments, Max. De notre tango silencieux dans le salon d'hiver du Cap Polonio... Du gant que j'ai mis dans ta poche, à La Ferroviaria, et que le lendemain je suis venue chercher dans ta chambre de la pension de Buenos Aires." (p.522)
Renouant avec les travestissements et l'illégalité, Max finit par se plier à une demande peu scrupuleuse de Mecha.
"- Incroyable, commente Max. (...) Ton fils. Sa manière d'être. De se comporter.- Tu penses au postulant au titre de champion du monde d'échecs ?- Exactement.- J'imagine que tu t'attendais à un garçon pâle et fuyant la société, vivant en permanence dans un nuage de soixante-quatre cases." (p.242)Un bon livre, où le tango est roi.
(quelques autres livres autour du tango : "La vie rêvée d'Ernesto G." (J-M. Guenassia ), "La vie est un tango" (Lorenzo Lunar), "La garçonnière" (H. Grémillon), "Le retour du professeur de danse" (H. Mankell), "Encore une danse" (V. Hislop, livre que j'ai abandonné rapidement)...
--> voir "Mes lectures d'Amérique latine" et une page récapitulative sur la "littérature latino-américaine"
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