Un livre particulier, très dense à lire, parfois confus, déroutant... à l'image de son auteur : tout part dans tous les sens, Marek Hlasko écrit sur sa jeunesse, ses petits boulots - toujours assortis de petites combines -, la Pologne et le monde bipolaire des années 50, ses rencontres etc. Et rien ne semble trouver grâce à ses yeux.
L'écriture est confuse, le récit n'est pas structuré mais écrit au fil des idées de l'auteur, sans recul, sans effort. Et souvent afin de provoquer ou le lecteur, ou ses contemporains avec lesquels il paraît souvent en désaccord (du reste, il avoue après avoir quitté la Pologne qu'il n'y laisse qu'une dizaine de vrais amis...).
D'après le résumé en 4e de couverture, je m'étais attendue à une critique plus structurée de la situation politique du "bloc de l'Est", mais M. Hlasko fait tellement passer son goût de la provocation et de la dérision au-dessus du reste qu'on ne sait trop penser de ce qu'il écrit... "Moi je n'ai rien contre les Commies. Tant qu'ils feront leurs saloperies et que je pourrai m'en servir pour écrire, ça me va."
De fait, on découvre rapidement que l'auteur est obnubilé par la quête de l'oeuvre littéraire, cela le transcende et la réalité historique ou sa vie sont de simples munitions qu'il espère ré-utiliser dans un LIVRE. Il admet que si à 40 ans, il n'a pas réussi à écrire un bon livre, alors il "passera à autre chose" et pourra exercer un des 17 métiers qu'il connaît (maçon, chauffeur...). Il écrit ces lignes à l'âge de 32 ans, ce qui lui laisse "huit années d'essai". Marek Hlasko a fait de sa vie un compte à rebours pesant.
Il est difficile de saisir le don littéraire de cet auteur au travers d'un récit autobiographique, fourre-tout, et déroutant - il aurait fallu pouvoir lire une de ses nouvelles. Tout banalement, quand il raconte par exemple qu'il se retrouve embauché par la revue Pro Prostu, mais sans parvenir à se rappeler dans quelles circonstances - sauf peut-être en y étant allé pour demander une vodka et un hareng... Pour moi, ce genre de remarques n'est pas de la grande littérature.
D'après le résumé en 4e de couverture, je m'étais attendue à une critique plus structurée de la situation politique du "bloc de l'Est", mais M. Hlasko fait tellement passer son goût de la provocation et de la dérision au-dessus du reste qu'on ne sait trop penser de ce qu'il écrit... "Moi je n'ai rien contre les Commies. Tant qu'ils feront leurs saloperies et que je pourrai m'en servir pour écrire, ça me va."
De fait, on découvre rapidement que l'auteur est obnubilé par la quête de l'oeuvre littéraire, cela le transcende et la réalité historique ou sa vie sont de simples munitions qu'il espère ré-utiliser dans un LIVRE. Il admet que si à 40 ans, il n'a pas réussi à écrire un bon livre, alors il "passera à autre chose" et pourra exercer un des 17 métiers qu'il connaît (maçon, chauffeur...). Il écrit ces lignes à l'âge de 32 ans, ce qui lui laisse "huit années d'essai". Marek Hlasko a fait de sa vie un compte à rebours pesant.
Il est difficile de saisir le don littéraire de cet auteur au travers d'un récit autobiographique, fourre-tout, et déroutant - il aurait fallu pouvoir lire une de ses nouvelles. Tout banalement, quand il raconte par exemple qu'il se retrouve embauché par la revue Pro Prostu, mais sans parvenir à se rappeler dans quelles circonstances - sauf peut-être en y étant allé pour demander une vodka et un hareng... Pour moi, ce genre de remarques n'est pas de la grande littérature.
Et l'auteur justement (qui paraît-il était le sosie de James Dean) s'écoute parler, ou plutôt écrire, en émaillant ses petites histoires de références cinématographiques, et tant de nombrilisme m'a fatiguée. Ainsi que des remarques gratuites ou volontairement provocatrices comme : "Les bourreaux m'ont toujours intéressé. Je suis curieux de savoir à quoi ressemblent les gens qui arrachent les ongles et les cheveux aux autres ou qui leur cassent les côtes. On m'a mis en relations avec lui et je suis allé le voir. C'était un monsieur qui avait l'allure d'un fanatique et il le savait. Il discourait bien, c'était un excellent comédien, et si je devais le comparer à un acteur ce serait à Marlon Brando, avec sa façon de s'exprimer très lentement, comme s'il faisait un immense effort (...)."
A noter quand même, son insolite aveu que son personnage préféré, auquel il s'identifie pleinement, est "Goofie the dog" (le chien Dingo en français). Et M. Hlasko d'ajouter : "J'espère qu'on ne verra là ni orgueil ni exagération si je déclare :"Goofy c'est moi", à l'instar de Flaubert et de son "Madame Bovary, c'est moi".
Dans sa période la plus "goofiesque" et pro-américaine, il ("I, Goofy the dog") demande à s'enrôler dans l'armée américaine, et apprend qu'il lui faut d'abord obtenir un visa et émigrer... Certes, M. Hlasko livre des commentaires intéressants sur l'actualité internationale vue depuis la Pologne ou de son exil, sa découverte de la littérature américaine... Mais le sérieux est rapidement rattrapé par des considérations "absurdes" : Hlasko s'en va ainsi débattre de la meilleure façon, pour un écrivain exilé en Europe, d'abuser du système du pays hôte, en Allemagne notamment, afin d'obtenir le coucher et le couvert : "simuler l'alcoolisme coûte cher et prend du temps; la meilleure solution reste donc le suicide." Après avoir bien entendu raté sa tentative, le patient joue à l'idiot, organise son séjour en dealant de la benzedrine et simulant des cauchemars terribles qui laissent les psychiatres pantois. Puis il passe aux autres façons de vivoter pour pas un sou, par exemple en goûtant à la prison munichoise, ou en essayant de jouer les proxénètes. Quels sont les lecteurs qui apprécieront ce récit ? Où l'on perçoit que le "beau gosse" est plutôt illuminé... La belle jeunesse ???
"Si mon œuvre littéraire m’autorisait à donner des conseils aux jeunes, je leur dirais : chacun de vous devrait travailler pendant quelques temps pour la police secrète afin de peaufiner son style et d'aiguiser sa pensée. Il faut écrire les livres comme on écrit une dénonciation, en ne perdant pas de vue qu’une délation stupide peut surtout conduire à notre propre ruine."
La partie du récit qu'il consacre aux adaptations selon lui ratées de son roman m'a peu intéressée. Encore trop de nombrilisme... Plus intéressante fut le rapport avec l'administration pour obtenir un visa pour l'Europe, puis un visa de retour en Pologne : mais pour quoi donc ? (on ne saura pas vraiment : esbroufe ou sincérité?). De fait, à la lecture de l'ouvrage, on finit par réaliser que l'auteur a souvent mené le lecteur en bateau en s'inventant par exemple plusieurs mariages, que n'a-t-il inventé d'autres ?
Ce n'est que vers la fin du livre que Marek Hlasko décrit son expérience en Israël : là encore : quoi de véridique dans toutes les aventures qu'il relate... Le fait est qu'il aime boire, et boit beaucoup avec ses copains de beuverie slaves rencontrés à Eilat. Se souvient-il de tout ensuite ? C'est très certainement arrangé...
Dans l'avion qui le mène à Paris, il se dit : "Moi, lugubre et convaincu que je ne tiendrais pas le coup longtemps loin de la Pologne. Je ne savais pas encore que le monde se divise en deux moitiés égales, à ceci près que l'une est invivable et l'autre insupportable. Une remarque vaut alors tout son pesant d'or dans ce livre, M. Hlasko feuillette les petites annonces du journal et lit une annonce pour une "porte d'armoire, à deux battants, en verre". Et cette annonce lui fait réaliser qu'elle contenait "beaucoup plus de vérité sur la vie qu'il avait laissée derrière lui que dans les centaines de pages qu'il avait écrites."
Ce livre comporte beaucoup de regrets, de déceptions : l'une des plus grandes qui semble avoir marqué l'auteur est le peu de considération qu'il recueille à l'étranger en tant qu'écrivain opposant politique. Comme il le dit, "on ne s'intéressait à la Pologne que comme à une banlieue de la Russie".
Marek Hlasko est mort 3 ans après la rédaction de La belle Jeunesse, d'un mélange d'alcool et de drogues. Il lui restait encore 5 ans pour écrire "le bon livre" dont il rêvait. La Belle Jeunesse est finalement un roman très amer.
Ce livre comporte beaucoup de regrets, de déceptions : l'une des plus grandes qui semble avoir marqué l'auteur est le peu de considération qu'il recueille à l'étranger en tant qu'écrivain opposant politique. Comme il le dit, "on ne s'intéressait à la Pologne que comme à une banlieue de la Russie".
Marek Hlasko est mort 3 ans après la rédaction de La belle Jeunesse, d'un mélange d'alcool et de drogues. Il lui restait encore 5 ans pour écrire "le bon livre" dont il rêvait. La Belle Jeunesse est finalement un roman très amer.
Ed. Noir sur Blanc, 2012, 242 p.
A propos d'écrivain polonais, voir sur ce blog Witold Gombrowitcz et son "Cosmos" (écrit en 1965) et les Lectures d'Europe de l'Est