***** Réf. géogr : R-U (The Sense of an Ending,
2011) Ed. Mercure de France, traduit par J-P Aoustin, 208 p. - Genre : tromperie sur la marchandise !
Angleterre années '60. Quatre copains au lycée, leurs
discussions sur la philo, la littérature (Camus et le suicide…), les filles...
Un début sympathique, des histoires
potaches, l’apprentissage de la vie de jeune adulte. Puis la séparation pour
des études supérieures distinctes. Et le suicide soudain de l’un des quatre,
Adrian, le plus intello et le plus doué. Le plus prometteur.
Voici la 1e partie du
roman. La 2e partie nous projette… 40 ans plus tard, quand l’un des "quatre",
Tony, retraité très ordinaire limite pathétique de désoeuvrement, reçoit par
testament une lettre de la mère de sa 1e petite amie d’il y a 40 ans
(Veronika, une nana totalement antipathique !) lui offrant 500 £ et le journal intime d’Adrian le suicidé.
S’ensuit une remontée dans le
temps jusqu’à ces années de lycée, la chasse aux souvenirs de jeunesse, l’incertitude,
les pannes de mémoire ou les réajustements mécaniques des faits… Le roman est
censé d’après les critiques explorer les méandres de la mémoire : mouais,
si on veut… c’est beaucoup dire quand même.
Un constat tristounet : les anciens copains inséparables ne se sont ensuite plus fréquentés. Il y a la vie d'avant et la vie d'après...
Un constat tristounet : les anciens copains inséparables ne se sont ensuite plus fréquentés. Il y a la vie d'avant et la vie d'après...
Là où la lecture a commencé à m’agacer,
c’est quand l’auteur (par la voix du narrateur qui n’est autre que Tony) laisse
entendre que Tony lui-même aurait sa part de responsabilité dans le suicide d’Adrian
40 ans auparavant. Et que le journal intime du suicidé apportera la clé de cette
histoire tragique.
Sauf que… l’auteur nous mène en
bateau, manipule son lecteur en faussant l’intrigue. Les ficelles sont grosses.
La fin est inepte et arrive comme un cheveu sur la soupe. Julian Barnes s’est
selon moi bien moqué de son lecteur. Tony n’est pas plus responsable que ça
dans la mort de son ami, et en fait il n’y avait aucune intrigue tragique le
concernant. Le lecteur s'est retrouvé mis en haleine pour rien : trompé, manipulé pour en avoir le coeur net... à l'avant-dernière page !
Et le coup des 500 £ en héritage, faudra m'expliquer...
Et le coup des 500 £ en héritage, faudra m'expliquer...
Quant au style : une
écriture simple qui ne casse pas des briques, mais une lecture fluide et
facile.
Conclusion : un roman anodin
et trompeur, à oublier. Mais dire qu’il a obtenu le Man Booker Prize
britannique… c’est bien curieux. Cela me fait penser à ma déception quant aux prix Fémina de cette année ("La saison de l'ombre" et "Canada"...).
Amusant, j’ai enchaîné cette
lecture par le fabuleux « Une histoire d’hommes » de Zep qui se
penche aussi sur l’amitié de quatre copains qui se perdent de vue, et leurs
retrouvailles 20 ans plus tard. Là, le poids des souvenirs est autrement mieux
traité, tout en finesse, et le récit prenant. Et c’est une BD… Moi, j’aurais
donné à « Une histoire d’hommes » le Man Booker Prize les yeux fermés !
Extraits choisis d'Une fille, qui danse :
- "Nous avançons tant bien que mal,
nous laissons la vie s’imposer à nous et nous nous constituons peu à peu une
réserve de de souvenirs. Il y a la question de l’accumulation (…) – juste
les simples additions de l’existence. Et comme l’a fait remarquer le poète, il
y a une différence entre addition et accroissement. Ma vie s’était-elle accrue,
ou seulement accumulée ?" p.118
- "Écoute, Tony, dit-elle. Je
ne suis pas du genre à stagner."
J’ai réfléchi un peu à ça, ou
essayé de le faire. Mais je ne voyais qu’une image d’eau stagnante, avec une
écume verdâtre et une nuée de moustiques."p.51
- "Et pourtant Adrian n’avait
même pas pu envisager cette solution conventionnelle. "Tu crois que c’était
parce qu’il était trop intelligent ?" avait demandé ma mère, d’une
façon irritante. Non, rien à voir avec l’intelligence ; et encore moins
avec le courage moral. Il n’avait pas noblement refusé un don existentiel ;
il avait peur du landau dans le vestibule." p.184
--> voir les autres "lectures d'Europe"...
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