"Au mois de septembre, j'ai reçu, à mon domicile, une lettre qui provenait d'Iran."
Après avoir découvert l'écrivaine d'origine iranienne Chahdortt Djavann avec son très beau roman "Je ne suis pas celle que je suis" (2011), j'ai lu ce petit roman, "La muette", paru en 2008.
La construction de ce petit livre m'a un peu déroutée, en ce que l'auteur prête à croire qu'il s'agit d'une histoire vraie basée sur le journal tenu en prison d'une petite iranienne condamnée à mort. Figurent même à la fin une note du traducteur, qui se révèle donc totalement fictive. J'aurais souhaité que l'auteur ou l'éditeur clarifie ce point : roman ou récit tiré d'une histoire vraie.
Cela étant, l'histoire ici contée semble criante de vérité. Comme je l'avais commenté pour "Je ne suis pas celle que je suis", Chahdortt Djavann met en mots le "no woman's land" iranien.
Je ne crois pas que la période soit vraiment précisée mais des références aux cassettes vidéos ou au lave-vaisselle amènent à penser que l'histoire se situe dans les années '90. Et pourtant, les faits décrits et l'environnement miséreux où vit Fatemeh et sa famille font penser au moyen-âge.
Fatemeh, c'est cette jeune iranienne de 12 ans qui se prend d'affection pour sa tante paternelle, devenue muette enfant après avoir été battue par son père et vu celui-ci tuer sa mère. "La muette" ne porte pas le voile (elle ne sort jamais non plus) et se comporte de façon parfois audacieuse. Elle a 29 ans, est belle et se découvre un amour fulgurant et lascif pour l'oncle maternel de Fatemeh.
La mère de Fatemeh nous apparaît comme une femme insipide, voire malveillante, et portée sur la religion et l'obéissance au mollah.
Dans son petit cahier qu'elle tient en prison, Fatemeh raconte la vie étriquée que mène la famille dans cette petite cahute, et les manipulations de sa mère qui vont conduire à l'arrestation de la muette et de l'oncle. Condamnée à la lapidation, la muette voit sa peine commuée en pendaison, "mort plus douce", en échange de la promesse du père de Fatemeh de donner sa fille en mariage au mollah.
Une issue cruelle pour Fatemeh, déjà dévastée par la mort de sa tante bien-aimée. La haine et la vengeance se conjuguent pour mettre fin à ce destin terrible.
Une famille balayée par la misère et l'intégrisme.
Espérons que la fin de l'embargo occidental sur l'Iran permettra l'ouverture du pays (la ré-ouverture plutôt) vers plus de libertés et une amélioration de la condition de la femme.
--> Sur l'Iran : "Poulet aux prunes" et "Broderies" de Marjane Satrapi
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire