Un très joli roman d'une auteure canadienne, Jocelyne Saucier, née au Nouveau-Brunswick et qui habite au Québec, en Abitibi, à 700 kms au nord de Montréal.
Une photographe découvre un sujet méconnu de l’histoire du Canada : les Grands Feux qui ont ravagé le nord de l’Ontario au début du XXe siècle. Captivée par ce sujet, elle part en quête des derniers survivants pour leur tirer le portrait. Ce parcours l’amène dans une contrée reculée où elle espère « débusquer » Ted Boychuck, l’un des derniers rescapés. Hélas elle arrive une semaine après le décès du vénérable Ted. Ce sont ses deux acolytes, deux vieillards qui vivent en ermite chacun dans sa cabane, qui l’accueillent provisoirement et avec méfiance : ne serait-elle pas une engeance du gouvernement ? Une envoyée des redoutés services sociaux ?
Car Charlie et Tom ont trouvé ici dans ce coin perdu refuge pour couler des jours heureux en toute liberté, loin de toute contrainte sociale, administrative, médicale… Ils vivent au jour le jour, à commencer par les patates au lard le matin avec un thé bien sucré. Chacun a son chien, et ça leur suffit.
Cette photographe qui débarque de la ville, ça les perturbe. Et voilà que débarque une autre femme ! Mais là, il s’agit de Marie-Desneige, une congénère au visage délicat auréolé de cheveux blancs soyeux, une petite mamie fragile qui a passé toute sa vie internée dans un asile, et qui cherche un refuge et de l’humanité.
Petit à petit, les deux vieux ermites se font à la compagnie des dames.
Ils se lâchent et acceptent d’évoquer leur ami Ted. Ted n’était pas causant, il peignait à longueur de journée de « drôles de tableaux » qui illustrent en fait les épisodes du Grand Feu de Matheson que Ted a vécu enfant. Et la photographe va finir par soulever le voile de l'histoire d'amour de Ted et des deux jumelles embarquées sur un radeau pour fuir les grands feux... Une histoire dans l'histoire.
Un roman en forme de conte, d'ode à la nature et à la vieillesse.
Ma deuxième lecture du défi Québec-o-trésors
Coïncidence, le précédent roman québécois que j’ai lu se déroulait aussi dans les bois… (« Le jour des corneilles » de Jean-François Beauchemin), mais la nature occupe une telle place dans cette contrée que ce n’est pas vraiment un hasard…
Sur la culture sauvage de pavot au Québec (cannabis dans le roman de Jocelyne Saucier): voir aussi "Crimes horticoles" de Mélanie Vincelette .
--> Chronique "Québec"
Lu il y a quelques années, gros coup de coeur!
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