"Poulet aux prunes" est le dernier "roman graphique" publié par Marjane Satrapi depuis 10 ans, après son précédent opus, "Broderies", publié en 2003.
C'est une petite merveille. L'histoire pourtant triste de Nasser Ali, musicien habité par son art et son tar, dont la vie se brise en 1958 quand son épouse qu'il n'a jamais aimée casse ce précieux et fidèle instrument.
Désespérant de ne jamais retrouver un instrument au son aussi pur, Nasser Ali décide que sa vie n'a plus d'importance, il se réfugie dans sa chambre pour se laisser mourir, tandis que la vie continue dans les autres pièces : cris et rires de ses deux enfants, vociférations de son épouse. Son épouse qui tentera le pardon en lui concoctant son plat favori, le poulet aux prunes, auquel Nasser Ali ne daigne toucher.
Durant les huit jours que va durer son agonie, Nasser Ali consacre chacune de ces journées à différents souvenirs, des événements divers mettant en scène les membres de sa famille, et son amour de jeunesse Irâne.
Le propos n'est pourtant pas mélancolique, car Marjane Satrapi saupoudre son récit d'une bonne dose d'humour. En même temps, elle nous donne à voir l'Iran des années '50, les prémices de la révolution iranienne, l'exil de certaines familles aux Etats-Unis.
Les dessins toujours en noir et blanc, la patte de Marjane Satrapi, sont toujours aussi beaux.
Le hasard le plus bienvenu a programmé dans la foulée de ma lecture le film adapté de "Poulet aux prunes", par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (2011).
Ce film est un petit bijou de poésie et d'humour, avec une distribution éblouissante : Mathieu Amalric (Nasser Ali), Maria de Medeiros (l'épouse), Golshifteh Farahani (Irâne), Edouard Baer (l'ange de la mort Azraël), Chiara Mastroianni (la soeur fumeuse invétérée), Isabella Rosselini (la mère de Nasser Ali), Djamel Dbouze (vendeur au souk).
Vraiment un très beau film, doté d'une mise en scène très originale.
Il est temps que je m'attaque sérieusement à Persépolis !
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