Jo Nesbo est né en 1960 en Norvège. Avant de devenir auteur à succès en 1997 avec les enquêtes de
l'inspecteur Harry Cole, Jo Nesbo a été musicien et journaliste économique : un homme polyvalent et doué !
Jo NESBO - L'homme chauve-souris ***** 1997
Il s'agit donc du 3e livre que je lis de cet auteur, et je n'ai pas été déçue comme je le fus par L'étoile du diable alors que j'avais beaucoup aimé Les cafards...
J'avais donc déjà lu 2 enquêtes de l'inspecteur norvégien Harry Hole, et j'étais familiarisée avec ce policier assez solitaire, ex-alcoolique toujours sur le fil de la récidive, amoureux malchanceux ou maladroit, en bisbille avec la hiérarchie... mais un policier sympathique, fragile, humain.
L'homme chauve-souris est le 1er récit de la série (j'ai donc pris les choses à l'envers) : Harry est envoyé en Australie enquêter sur le meurtre sauvage d'une compatriote, serveuse dans un bar de Sydney.
Nous sommes tout de suite mis dans l'ambiance quand le commissaire lui adjoint un flic "borderline", Andrew Henderson, sympa, bizarre, grand, fort, très à l'aise avec les milieux chauds de la ville... et aborigène - le seul de l'équipe (pour respecter les quotas de l'administration, il a eu cet honneur).
Je dois préciser que, étant allée une seule fois à Sydney pour le boulot, je pensais quand même avoir un petit aperçu correct de la ville. Remballé l'aperçu : le roman de Jo Nesbo ne décrit qu'une ville ou ses quartiers les plus chauds, les parcs dangereux, les bars louches, la coke, l'héro, les prostituées et homosexuels omniprésents dans le roman. Et parfois, des détours en province, Brisbane, Nimby... dans les milieux interlopes où sévirait un violeur et serial killer.
Avec quand même quelques minces allusions, vraiment fugaces, à l'Australie charmante et touristique (Bondi Beach, Les Blue Mountains, Cairns...).
Ce livre nous plonge dans les bas-fonds de Sydney ET nous apporte des précisions sur la culture aborigène : voilà pour la partie touristique !!!
En ce qui me concerne, je m'étais déjà beaucoup documentée sur la culture aborigène et l'histoire terrible de ce peuple : donc les éléments d'infos apportés par l'auteur ne m'ont pas éclairée davantage sur ce sujet historique. En revanche, après lecture de ce livre, je ne conserve de Sydney que des images de bas-fond, de lieux de trafics, de prostitution... Un peu réducteur, ce que je regrette, mais peut-être est-ce le vrai visage de cette mégalopole la nuit comme cela peut l'être de Paris... (je ne me suis pas aventurée seule le soir dans les bars ou parcs de Sydney).
L'intrigue ? Elle patine de plus en plus au fil des chapitres ! Fausses pistes, digressions, états d'âme des personnages : foin de rebondissements mais une étude de chaque personnage, qu'il soit capital ou vague témoin, propre à agrémenter le récit de détails sur la culture aborigène, les croyances ancestrales, les habitudes de la communauté homosexuelle, la vie des jeunes touristes étrangers attirés par le rêve australien et échoués comme serveurs ou strip teaseuses, les tournées de cirques et de combats de boxe appréciées depuis des lustres dans ce vaste pays. Une intrigue qui prend son temps... lecteurs avides de rebondissements, passez votre chemin !
Notre inspecteur Harry, en interrogeant les collègues de la serveuse assassinée, tombe amoureux d'une beauté rousse et suédoise, presqu'une compatriote. Avec ses longs cheveux roux, il la compare d'ailleurs à une méduse. Leur histoire occupe les chapitres nocturnes, tandis que le jour l'enquête piétine, l'interpellation d'un suspect sérieux tourne au cauchemar sanguinolent avec un homme guillotiné et un autre pendu par un fil électrique... C'est l'un de ces mauvais jours, tout est parti à vau-l'eau, Harry craque et rompt son abstinence, s'enfonçant dans une cuite sans fin. Heureusement, sa jolie "méduse" le reprend en main.
Je ne vous raconte pas la fin, pour ne pas dévoiler l'identité du tueur.
Cependant, les derniers chapitres ou plutôt les dernières pages contrastent avec le reste du livre: là tout est mené tambour battant, plus le temps de réfléchir, la méduse est kidnappée, une folle course contre la montre confronte le tueur et la police, et la scène finale est digne d'un James Bond avec chasse à l'homme dans l'aquarium à requins de Sydney...
Evidemment, notre Harry s'en sort, mais il y a des dégâts collatéraux...
Le tueur ? un peu tiré par les cheveux quand on repense à son personnage : un personnage pas assez fouillé, les raisons l'ayant conduit à commettre ces tueries sont peu explicites - alors qu'un des suspects (le dealer professionnel) a eu droit à un examen exhaustif de son enfance, ses relations, son rapport avec sa mère etc. Finalement, du vrai tueur, le lecteur ne sait pas grand-chose, c'est un peu dommage.
Donc un bon roman policier, au rythme inégal, qui donne un petit aperçu de la culture aborigène, et plonge le lecteur dans le "hot" Sydney.
Extraits : - "Elle tourna vers le large son visage constellé de taches de rousseur, et le vent rabattit ses cheveux roux en arrière. Elle ressemblait à une méduse. Il ne savait pas que les méduses pouvaient être aussi belles."
- Description de Brisbane par Andrew : "la ville est à l'image d'une cuisine fraîchement briquée, au beau milieu d'une ferme: brillante, tracée au cordeau et fonctionnelle - entourée de tout plein de vaches occupées à ruminer."
- "Tu viens souvent dans ce parc, Joseph ? Ouais, souvent. Joseph enclencha à nouveau son regard kilométrique, et il ne fut plus là."
(Ed. Folio policier, Trad. Langen & Fouillet, 473 p. - belle couverture photo Fogden/Corbis)
Pour qui s'intéresse à la culture aborigène :
- le film "Rabbit-proof fence" ("Le chemin de la liberté" en français),
- les romans policiers d'Arthur Upfield, mettant en scène le détective Napoleon Bonaparte (voui !), de mère aborigène et père européen - ce sont d'excellents polars écrits il y a plus de 50 ans, qui se déroulent dans le bush, et les déductions et enquêtes de Napoleon sont tellement savoureuses que l'on avale ses récits à la chaîne (faut que je fasse une chronique !).
Jo NESBO - Les cafards *****
Premier livre de cet auteur que je découvrais. Et bonne lecture, avec un suspense prenant et, cerise sur le gâteau, une découverte de la Thaïlande pour qui ne connaît pas le pays (comme moi...).
L'inspecteur norvégien Harry Hole, ex-alcoolique, est envoyé à Bangkok résoudre le meurtre de l'ambassadeur de Norvège, poignardé dans une maison de passe. Il s'avère que l'ambassadeur détenait des photos pédophiles sur son ordinateur : là, je reconnais avoir craint que le roman ne vire trop facilement aux clichés sur la Thaïlande et les réseaux pédophiles... mais j'ai poursuivi la lecture pour profiter il est vrai de la visite de Bangkok, détaillée à loisir par l'auteur.
De fait, on "découvre" Bangkok en même temps que Harry dès sa sortie de l'aéroport : la chaleur, l'humidité, la pollution, les embouteillages, la circulation complexe, la prostitution, la pauvreté, le cercle des expatriés, les soupes thaïes, les combines ...
Donc notre Harry doit collaborer avec la police thaïlandaise, et, ce qui met du piment dans la soupe (!), avec une policière musclée moitié thaïlandaise moitié américaine, personnage haut en couleurs et sympathique.
Pas facile quand même de collaborer avec la police locale quand, en prime, on n'a pas l'air d'être soutenu par sa hiérarchie en Norvège... Mais Harry tient bon, il lutte contre la bouteille et ne lâche pas l'affaire, et heureusement il a aussi ses propres intuitions...
L'intrigue est passionnante, on apprend à sympathiser avec la famille atypique de l'ambassadeur assassiné: une veuve un peu barjot, mais surtout la fille ado paumée, fragile, handicapée, heurtée par la vie et qui est un personnage vraiment attachant.
Nous sommes bringueballés de fausses pistes en fausses pistes, mais l'intrigue est tellement alambiquée, faut-il reconnaître, que je doute qu'un seul lecteur ait trouvé la clé avant le dénouement !
Le meurtrier est un courtier norvégien anodin qui a échafaudé un plan diabolique pour faire accuser du meurtre un autre norvégien, businessman pourri et pédophile... et faire assassiner en même temps la fille de l'ambassadeur pour pouvoir épouser la veuve, héritière de tout... et n'ayant pu que 6 mois à vivre. Le courtier aurait alors touché le super gros lot...
Je dois reconnaître que j'ai beaucoup apprécié ce livre car il m'a fait découvrir Bangkok de long en large, et j'aime les "livres-voyages". (J'ajouterais en bémol qu'il était un peu trop facile d'insérer la pédophilie à une intrigue se déroulant dans cette capitale... Mais le sujet est bien mené et hélas reconnu.) (Ed. Folio policier)
Jo NESBO - L'étoile du diable ***** (2005)
Bon... Ce titre de Jo Nesbo se laisse lire bien sûr mais je l'ai lu avec moins d'enthousiasme que "Les cafards", un de ses précédents romans que j'avais dévoré.
L'intrigue se déroule cette fois-ci en Norvège, mais je n'y ai pas retrouvé la verve et le niveau d'intrigue des "Cafards".
Certes, l'auteur nous plonge dans un univers que peu d'entre nous connaissent : Oslo, la capitale écrasée sous une canicule historique, et en proie à un serial killer qui coupe un doigt de ses victimes et laisse traîner un diamant à côté.
J'ai refermé le livre en me faisant cette remarque : pas aussi exceptionnel ou novateur quand on a lu les Mankell ou autres policiers nordiques... J'abandonnerai vite la série...
(Ed. Folio policier)
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