Un très très beau film, très émouvant, merveilleusement joué par de tous jeunes ados chiliens, sur l'amitié et la réalité politique, le gouffre des classes sociales qui fracture les chiliens, y compris les enfants, et sur l'histoire du Chili au moment de la transition tragique Allende/Pinochet. Un film aussi sur l'usure d'un couple à laquelle assiste l'enfant de 11 ans.
Quel beau personnage que le père McEnroe, qui justement s'efforce de gommer les différences et qui permet ainsi à Gonzalo, enfant de famille aisée, de rencontrer Pedro Machuca, gosse de bidonville. Et une amitié improbable de naître.
Séquences des manifs et des petits drapeaux que les gamins revendent à chaque bord politique sans trop comprendre... sauf la mature Silvana...
Séquence où la mère pète les plombs justement en pleine manif de casseroles...
"Le pari, parfaitement tenu, de Mon ami Machuca, est de mettre en relation la petite et la grande histoire sans que jamais la seconde écrase la 1e. Cela tient évidemment au choix d'une focalisation interne générale sur le personnage de Gonzalo, pratiquement présent dans toutes les séquences, censé assister à chaque événement. La mise en scène renforce cette focalisation à travers le regard de Gonzalo. Nous n'appréhendons les événements de la "grande Histoire" qu'à travers la perception qu'en a Gonzalo" (que l'on aperçoit pratiquement sur chaque plan). [source : Wikipédia]
"Andrés Wood raconte ici une enfance bouleversée, comme la sienne, par les batailles politiques qui aboutirent au coup d'Etat du général Pinochet, en 1973.
Ses personnages ont 11 ans cette année-là, et ils vont faire brutalement l'expérience des choses de la vie : l'amitié, l'amour, la confrontation au monde et à la mort. Ces gamins sont aussi au coeur d'un conflit de classes sociales : Gonzalo fréquente un collège catholique pour gosses de riches, dirigé par un prêtre irlandais qui a décidé d'y laisser entrer les défavorisés, comme le petit Pedro Machuca.
Andrés Wood nous touche en prenant le parti des enfants face à des adultes qui, à l'exception du prêtre, cultivent préjugés et hypocrisie, dans la famille de Gonzalo comme dans celle de Machuca.
Le film décrit une société chilienne minée par les tensions. Même le flirt de Machuca avec sa jeune cousine perd son innocence, quand l'initiation sentimentale croise le destin tragique de tout un pays. Cette manière décalée d'aborder la réalité historique fait toute l'originalité du film, même si le passage des destins individuels à l'histoire collective manque un peu de lyrisme. Andrés Wood a en tout cas une générosité du regard où l'on sent l'influence (revendiquée) de Truffaut et de Louis Malle. On pense en l'occurrence beaucoup à Au revoir les enfants. Référence heureuse. (F. Strauss, Télérama, 31/03/2007)
A propos du Chili des années de la dictature, voir dans la rubrique livres : Antonio Skarmeta / La rédaction *****, Le cycliste de San Cristobal ****, T'es pas mort ***
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