jeudi 20 juin 2013

Carlos Ruiz Zafon : "L'ombre du vent - Le jeu de l'ange - Le prisonnier du ciel" (Barcelone)

L'ombre du vent ***** - Réf géogr. : Espagne (La sombra del viento, 2001) - Genre : Le cimetière des livres oubliés, t1


A Barcelone, en 1945, le jeune Daniel est invité pour ses 10 ans par son père, libraire, à choisir un livre dans le cimetière des livres oubliés… Ce sera « L’ombre du vent » de l’écrivain Julian Carax. Et le jeune Daniel décide de partir sur les traces de ce mystérieux écrivain du passé dont tous les livres ont fini brûlés… Par qui ? Pourquoi ?

Le roman de C. Zafon nous plonge au cœur d’une Barcelone lugubre, fouettée par le vent et battue par la pluie, où se dressent de fantomatiques villas en ruines. L’intrigue nous transporte des années ‘20 aux années ’60, en s’arrêtant sur les épisodes de la guerre civile. Toutefois, les références à l’histoire sont moins prégnantes que dans l’excellent roman La tristesse du Samouraï écrit par son compatriote Victor del Arbol.
Les personnages : Daniel Sempere et son père libraire, Fermin Romero de Torres l'ancien clochard, le cruel flic Fumero, Clara la jeune aveugle, Nuria et Pénélope...
Je peux dire que j’ai apprécié la lecture de ce livre, mais je n’ai pas connu cet envoûtement dont parlait la presse...
En revanche, je n’ai pas aimé les 2 autres opus du Cimetière des livres oubliés… voir ci-après !
Extraits :
« Nous étions aux premiers jours de l’été 1945, et nous marchions dans les rues d’une Barcelone écrasée sous un ciel de cendre et un soleil fuligineux qui se répandait sur la ville comme une coulée de cuivre liquide. »
« Ce lieu est un mystère, Daniel, un sanctuaire. Chaque livre, chaque volume que tu vois, a une âme. L’âme de celui qui l’a écrit, et l’âme de ceux qui l’ont lu, ont vécu et rêvé avec lui. Chaque fois qu’un livre change de mains, que quelqu’un promène son regard sur ses pages, son esprit grandit et devient plus fort. » (p12)
« L’après-midi touchait à sa fin et s’éclipsait presqu’en traître, avec une haleine glacée et un manteau de pourpre qui s’insinuait dans les recoins les plus infirmes des rues. Je pressai le pas, et 20 minutes plus tard, la façade de l’Université émergea comme un navire ocre échoué dans la nuit. » (p21)
« Je pourrais essayer de te raconter l’histoire, mais ce serait comme décrire une cathédrale en disant que c’est un tas de pierres qui se termine en pointe. » (p37)


Le jeu de l'ange ***** (El juego del angel, 2008)

Quelle déception… L’impression que ce 2e roman n’est qu’une pâle copie du 1er, mais avec le défaut totalement rédhibitoire, en ce qui me concerne, de sombrer dans le fantastique.

Soit Barcelone à nouveau, mais dans les années 20 au moment de l’Exposition internationale, et toujours étouffée sous la brume, battue par le vent et la pluie… sombre et lugubre…
Cette fois-ci, nous effectuons un petit voyage dans le temps par rapport à L’ombre du vent. Nous retrouvons la librairie Sempere mais découvrons les personnages du père et du grand-père du petit Daniel (l'enfant au début du 1er volet). Le personnage principal est ici David Martin, un jeune écrivain peu glorieux qui accepte un pacte avec un mystérieux éditeur (Corelli) : en échange d’une fortune et de la bonne santé, il devra écrire le livre d’une nouvelle religion. Déjà à ce moment de l’intrigue, j’ai commencé à décrocher. Puis je me suis carrément ennuyée, et forcée à aller jusqu’à la fin en survolant moult pages. Trop long, trop de personnages, trop d’événements imbriqués, trop de fantastique surtout ! et des morts à la pelle vers la fin, une fin grotesque du reste…
Les personnages : David Martin, le père et le grand-père de la librairie Sempere, Don Pedro Vidal, Cristina, Isabella, Diego Malasca, Corelli, Fermin Romero de Torres...
L'auteur signale que ses livres peuvent être lus dans n'importe quel ordre... Je pense que non, tellement j'ai trouvés en les lisant dans l'ordre assez compliqués les repères par rapport aux personnages communs durant différentes époques. J'accorde une étoile à ce livre pour la qualité d'écriture et de traduction, c'est tout.
Extrait : "Un labyrinthe colossal de passerelles, de passages et de rayonnages remplis de centaines de milliers de livres, se dressait devant moi, formant une gigantesque bibliothèque aux perspectives impossibles. Un écheveau de tunnels traversait l’immense structure qui montait en spirale vers une grande coupole vitrée d’où filtraient des rideaux de lumière et de ténèbres. (…) Ignatius B. Samson, bienvenue dans le Cimetière des livres oubliés." (p.167)


Le prisonnier du ciel ***** (El prisionero del cielo, 2011) 343 p

Un peu meilleur que le précédent mais largement en-deçà de L’ombre du vent.
Nous suivons là le personnage de Fermin Romero de Torres qui est l’un des plus sympathiques de la trilogie, gouailleur, altruiste, coquin mais empreint de mystère…
Une bonne partie de l’intrigue se déroule au sein de l’effroyable prison du fort de Montjuïc, où nous assistons aux tortures et à la déchéance des prisonniers. Fermin se révèle un en réalité un évadé tel le comte de Monte Christo de cette forteresse redoutable. L'aurait-on jamais su (et la famille Sempere aussi) si ce chameau de Fermin à la veille de convoler avec Bernarda n'avouait qu'il ne pouvait attester de son identité puisqu'il usurpait le nom d'un homme mort depuis lurette...
Une intrigue plus prenante que Le prisonnier du ciel, mais sans plus : pour moi, la sauce avait tourné et le fumet ne goûtait plus grand-chose... j'ai failli m'étrangler en lisant à la dernière page qu'une suite se profilait : au secours, too much !
Les personnages : Fermin Romero de Torres, Daniel Sempere et son père libraire, David Martin, Sebastian Selgado, Bernarda la fiancée de Fermin, le cruel flic Fumero...

Je pense en rester définitivement là avec M. Zafon après ces trois premiers essais. Ah non c'est vrai que je me suis promis de lire son précédent roman "Marina" qui se déroule aussi à Barcelone (je suis dans mon trip Barça" en este momiento).  En revanche, à bientôt cher Victor del Arbol !

Extraits :
"A contre-jour, sa silhouette ressemblait à un tronc d’arbre fouetté par le vent. Le visiteur portait un costume noir de coupe archaïque sur un corps contrefait et s’appuyait sur une canne. "(p21)
"Ce furent des jours d’un calme trompeur, car, sous la surface, j’avais succombé à un courant trouble et obscur qui m’entraînait lentement vers les  profondeurs d’un sentiment nouveau et irrésistible, la haine." (p266)

  *******************
Carlos Ruiz Zafon écrit remarquablement... et la traduction par François Maspero me semble excellente. Ainsi, je me suis amusée à noter quelques mots ici et là dans ces deux romans, qui m'interpellaient et sollicitaient une petite visite au dico. Par exemple :

- Apophtegmes : parole mémorable ayant valeur de maxime (adage, aphorisme, précepte…)
- Aphorisme : sentence prétentieuse et banale
- Homoncule : petit être vivant à forme humaine que les alchimistes prétendaient fabriquer

- Céans : ici dedans (ben oui que je le connaissais celui-là !)

- "Ses gonades sont en révolution" (organe reproducteur qui produit les gamètes)
- Stupre : débauche honteuse, humiliante. Vivre dans le stupre
- Vistemboir : ?
- Offrande propitiatoire (de propitius/propice): qui a pour but de rendre Dieu propice
- Prosodie (poésie)
- "Pris du prurit justicier" : désir irrépressible (démangeaison)
- Assumer le rôle du rhapsode (chanteur Grèce antique)
Prosopopée : discours d’une véhémence emphatique
- Ploutocratie : gouvernement par les plus riches (eh oui, je ne l'utilisais plus guère ce terme)
- Faire le faraud : fanfaron..
- Le factotum de la cérémonie : intendant, qui s’occupe de tout
- Trouver une argutie / raisonnement pointilleux, subtilité de langage
- Apocryphe : que l’Eglise ne reconnaît pas / dont l’authenticité est douteuse
- Gaudriole : grivoiserie

---> Voir mes notes de lectures "Livres d'Europe"...

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