***** Russian Ink (2013) Réf. Géogr : France / Italie / Russie – Genre : Trois jours au soleil ou les démêlés d'un écrivain vaniteux face à la page blanche
J’ai apprécié ce livre, je ne peux dire que je l’ai aimé… Pourtant je me réjouissais à l'avance de cette lecture.
Ce fut une lecture plaisante, l’intrigue est légère et le style de Tatiana de Rosnay toujours aussi enlevé au moins dans la version française (elle a écrit son roman en version anglaise car comme elle l’expliqué dans la presse "Because I am Franglaise. J'ai toujours écrit en anglais. J'ai appris les deux langues en même temps, père français, mère anglaise. Quand j'ai commencé à écrire des romans à l'âge de 11 ans, ils sont "venus " en anglais.").
L’histoire n’est pas compliquée et le roman se lit donc rapidement. Tout tourne autour de Nicolas Duhamel/Kolt, khâgneux qui ramait à ses débuts comme prof de philo auprès d’élèves peu perméables, et qui, en renouvelant son passeport, apprend qu’il lui faut prouver sa nationalité française puisque ses parents… sont d’origine étrangère. Il découvre ainsi les origines russes de son père, né à Saint-Pétersbourg. Cela va constituer le sujet de son 1er roman « L’enveloppe », dont le succès mondial va le propulser sur les volutes de la jetset, des cocktails, hôtels 5*, rencontres sans lendemain, et faire de lui une star et un addict des réseaux sociaux.
Le retour de boomerang de cette célébrité et vie toute superficielle, c’est le syndrome de la page blanche qui l’empêche de commencer ne serait-ce qu’une phrase de son prochain livre, 2e opus que toute la planète attend, à commencer par son éditrice.
Le récit accorde la part belle au microcosme d’un grand palace de bord de mer en Italie, à la description des people ou simples clients des plus fortunés : du lever au coucher, nous saurons tout de leurs activités, tenues, boissons etc. Un peu pesant à la longue pour qui n’en fait pas sa tasse de thé.
Et le lecteur devra suivre Nicolas jusque dans les recoins des toilettes où il peut à loisir surfer sur les réseaux à l’affut de son image ou échanger des mails érotiques avec une fan lectrice allemande. Idem : au bout d’un moment, ça devient longuet… A force de décrire la superficialité de ce microcosme, des personnages à commencer par l’écrivain, le roman en est devenu lui-même superficiel.
La fin qui met en scène le naufrage du Concordia sur la côte italienne fait figure de « pièce rapportée » : à croire que l’auteur était elle-même confrontée à une panne d’inspiration et qu’elle a fait feu de tout bois avec ce fait divers récent.
Au-delà de la vie intime de Nicolas Kolt, le roman aborde les thèmes de la quête identitaire, des secrets de famille, mais aussi du métier d’écrivain et de la célébrité. On ne peut dire que le suspense sur la quête de ses origines par Nicolas Kolt soit prenant, et la partie consacrée au voyage en Russie laisse quelque peu sur sa faim (j'ai cependant appris que Fiodor en russe correspond à Théodore en français). Et j'ai découvert la nouvelle législation et le fameux Pôle de la nationalité française.
Quelques références habilement distillées ici et là dans le livre m'ont tout de même rendue complice avec l'auteur : un chapitre intitulé "You're so vain, you probably think this song is about you (Carly Simon)", ce qui décrit si bien le personnage de Nicolas, "Keyser Söze, l'énigmatique truand de son film préféré Usual Supects", "Ses parents, Emma et Théodore à 20 ans : "Un couple de rock stars, une version eighties de Patti Smith et Robert Mapplethorpe", "La Mrs Danvers de Rebecca"...
Mais j'ai cherché en vain à retrouver la patte de l’auteur du roman si prenant et émouvant "Elle s'appelait Sarah".
Mais j'ai cherché en vain à retrouver la patte de l’auteur du roman si prenant et émouvant "Elle s'appelait Sarah".
En conclusion, un roman qui se lit vite sans se dévorer, mais dont je ne devrais pas garder grand souvenir. Je tâcherai néanmoins de lire le roman "Rose" de T. de Rosnay, avant de décider si j'abandonne ou non cette veine littéraire.
(Ed. Héloïse d'Ormesson, 2013, trad. R. Clarinard, 350 p.)
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